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Ha'aretz
Revendications de la population arabe :
droit
de veto sur certaines décisions et autonomie culturelle
Yoav
Stern
Haaretz, 6 décembre
2006
www.haaretz.co.il/hasite/pages/ShArtPE.jhtml?itemNo=797641
Version
anglaise (partielle) : Israeli
Arabs seek autonomy and veto on government decisions
www.haaretz.com/hasen/spages/797699.html
Le Comité Supérieur Arabe Israélien de
Surveillance a présenté un document : « Vision future
des Arabes en Israël »
La
communauté arabe d’Israël revendique un droit de veto sur des
décisions de l’Etat au niveau national et une autonomie dans la
gestion des matières culturelles, de religion et
d’enseignement. Le document « Vision future des Arabes palestiniens en Israël », qui a été
présenté hier dans les bureaux du Comité Supérieur Arabe de
Surveillance, à Nazareth, déclare qu’au cours des deux décennies
à venir, la communauté arabe d’Israël exigera, en fait, d’Israël
de se transformer en un Etat binational, avec un partenariat entre
les Juifs et les Arabes, et cela à côté d’un Etat palestinien
indépendant.
Au
Comité de Surveillance, on insiste sur le fait que ce document,
dont l’initiative a été lancée par le président du Comité,
Shawki Hatib, et dont la préparation a été organisée par le
Comité des Chefs des Autorités locales, grâce au financement du
PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement), est un
document fondateur dans l’histoire de la communauté arabe en
Israël, dans la mesure où il est produit dans le cadre général
du Comité de Surveillance au sein duquel sont représentés tous
les courants politiques de la communauté arabe. Shawki Hatib a déclaré
que « l’objectif
essentiel était de déclencher l’étincelle d’un débat
public pour tout ce qui touche à l’avenir des Arabes
palestiniens en Israël ». Selon lui, l’importance du
document découle du patronage du Comité de Surveillance et du
Comité des Chefs des Autorités locales, deux organes qui représentent
l’ensemble de la communauté arabe.
Chacun
des huit chapitres du document présente cette vision pour les
deux décennies à venir, en matière de politique des terres, de
développement économique, d’enseignement, etc. Dans le
chapitre qui s’intéresse aux rapports à l’Etat, il n’est
pas écrit que la communauté arabe reconnaît le caractère juif
d’Israël, mais qu’elle est disposée à considérer ce pays
comme « patrie commune »
aux deux peuples. Le Dr Assad Ghanem, qui a assumé la rédaction
de ce chapitre, a dit hier qu’il accordait une grande importance
à cette expression. « L’explication
de la chose est que nous reconnaissons les droits qu’a le peuple
juif en Israël, individuellement et collectivement. Mais pas sur
le compte des Arabes », a-t-il dit.
Un
autre changement que le document exige porte sur les symboles de
l’Etat. « Après 60
ans, il est temps de mûrir et de dire la vérité. Cet Etat doit
inclure les deux groupes à tous les échelons. Que les Juifs
aient des symboles sionistes dans leur espace. J’appuie la
chose. Mais pourquoi faut-il m’imposer ces symboles ? »,
a dit hier le Dr Ghanem. Les chapitres qui ont été présentés
hier font partie d’un livre à paraître qui détaillera la
vision que des Arabes d’Israël ont de la conduite de leurs
affaires et leurs rapports à l’Etat, au reste du peuple
palestinien et au monde en général.
Comme
il l’a déjà été rapporté ces derniers jours, un certain
nombre de groupes et de responsables ont travaillé à la préparation
de documents présentant la vision de la communauté arabe sur
différents sujets. La semaine dernière a vu la publication du
document juridique du centre Mossawa qui présentait la demande de
faire revenir les réfugiés de l’intérieur (en Israël) dans
les villages abandonnés d’où ils venaient. Le 16 décembre, le
centre Adalah est censé présenter le « Livre
des Droits », document juridique où seront exposées
les revendications en matière de droits de la communauté arabe.
Un groupe d’intellectuels arabes, travaillant en coordination
avec le centre d’études « Mada Al-Carmel », prépare
encore un autre document, la « Convention
de Haïfa », qui se penche sur la manière dont la
communauté arabe d’Israël se voit elle-même.
Ce
qu’il y a de commun à tous ces documents, c’est la vision de
la communauté arabe d’Israël comme une communauté unie,
oeuvrant en commun face à l’Etat afin de se voir accorder ses
droits. Dans le document du Comité de Surveillance, on peut lire
que l’Etat d’Israël doit reconnaître la minorité arabe
comme minorité autochtone, qui a, comme telle, le droit d’être
représentée dans les forums internationaux. Shawki Hatib a dit,
hier, qu’il n’y avait aucune raison pour que la communauté
juive voie dans tout ça une menace. « Même
la Commission Or a établi que la faiblesse de la communauté
arabe tenait à un manque de droits communautaires. Là, c’était
écrit par un Juif et cela n’a menacé personne, mais lorsque
des Arabes livrent leur opinion, cela devient menaçant »,
a-t-il dit.
Dans
un chapitre qui traite de l’Etat palestinien, il est écrit que
la communauté arabe appuie la création d’un Etat palestinien
à côté d’Israël. L’Etat palestinien appartiendra au peuple
palestinien, tandis qu’Israël sera un Etat binational
puisqu’il s’y trouve une majorité juive et une forte minorité
arabe. Le chapitre appelle à l’instauration d’un régime de
« démocratie régulée »
qui constitue en fait une coalition entre Juifs et Arabes au sein
d’Israël. Selon le document, chaque groupe possédera un droit
de veto sur les décisions de l’autre groupe, et gérera ses
propres affaires de manière autonome.
Dans
l’introduction à ce chapitre, est exposé le regard arabe sur
Israël comme Etat créé par un colonialisme. De même, on peut y
lire qu’Israël a mis en œuvre une politique colonialiste à
l’égard de ses citoyens arabes, incluant l’expropriation de
terres et la judaïsation de l’espace. Dans le chapitre traitant
des rapports à l’Etat, il est écrit que la communauté arabe
ne considère pas le régime existant aujourd’hui en Israël
comme étant une démocratie. Israël, est-il écrit, est un Etat
« ethnocratique », comparable à la Turquie, au Sri Lanka, à la
Lettonie, etc. « Ces régimes
octroient aux minorités une égalité partielle et ne les
associent que de manière limitée à la vie politique (…) à un
degré qui n’équivaut jamais à celui dont bénéficie la
majorité », dit le texte.
Points essentiels du document
* La communauté arabe appuie la création d’un
Etat palestinien à côté d’Israël. Israël sera un Etat
binational puisqu’il s’y trouve une majorité juive et une
forte minorité arabe
* Instauration d’un régime de « démocratie
régulée », qui constitue une coalition entre Juifs et
Arabes ; chaque groupe possédera un droit de veto sur les décisions
de l’autre groupe
* Israël est un Etat « ethnocratique » et non démocratique – un régime qui
octroie aux minorités une égalité partielle et une
participation limitée à la vie politique
* La communauté arabe est disposée à considérer
Israël comme « patrie
commune » aux deux peuples – il n’est pas écrit
qu’il y avait reconnaissance du caractère juif d’Israël
(Traduction
de l'hébreu : Michel Ghys)
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