Haaretz, 3 décembre
2006
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dans les villages abandonnés, autonomie dans le domaine de
l’enseignement et modification du drapeau et de l’hymne
national : telles sont les revendications de la communauté
arabe d’Israël, reprises dans un document juridique qui a été
présenté avant-hier à Nazareth, par le centre « Mossawa »
([i]).
D’autres points du document traitent en outre de l’octroi de
droits collectifs nationaux à la communauté arabe, dans l’Etat.
Le document devrait être présenté pour discussion au Parlement.
Sur
fond de crise de confiance prolongée entre la communauté arabe
d’Israël et les institutions de l’Etat, et devenue plus aiguë
suite aux événements d’octobre 2000, se manifestent
actuellement différentes initiatives arabes visant à prendre à
bras-le-corps la non-reconnaissance officielle par Israël de la
minorité arabe en tant que collectif dont les citoyens représentent
un cinquième des habitants du pays.
« Notre
but est de parvenir à un compromis historique avec la communauté
juive d’Israël. Le déménagement des réfugiés de 48 dans
leurs villages ne modifiera pas la balance démographique et ne
met pas les Juifs en danger. Contrairement aux réfugiés dans les
pays arabes, nous sommes ici », a dit hier le président
de Mossawa, Jafar Farah. Les « réfugiés
de l’intérieur » (ces habitants qui ont été forcés
d’abandonner leurs villages en 1948 et se sont établis dans
d’autres localités arabes, en Israël) représentent
aujourd’hui environ un quart de la communauté arabe d’Israël.
Le
centre Mossawa a pris l’initiative de rédiger ce document, en
complète coordination avec le Comité Supérieur Arabe Israélien
de Surveillance. Les chiffres ont été rassemblés par le Dr
Youssef Jabarin et présentés lors d’une journée de
discussions juridiques qui s’est tenue, la semaine dernière à
Nazareth, dans le cadre du festival de cinéma et de débats des
« Journées de Mossawa ».
Selon
Jafar Farah, la rédaction du document procède d’un sentiment répandu
au sein de la communauté arabe qu’il lui faut dire son mot en
un temps où, en Israël, divers organismes s’activent à l’élaboration
d’une Constitution : « Nous nous sommes trouvés dans une situation absurde où des Juifs décident
de ce qui est bon pour les Arabes, parce que l’élite arabe
n’est pas associée aux discussions. Maintenant, les décideurs
devront prendre en considération notre opinion »,
a-t-il dit.
Ce
document en dix points insiste sur la nécessité d’octroyer des
droits collectifs à la communauté arabe. Il est, entre autres,
question de l’instauration du bilinguisme, d’égalité et
d’impartialité en matière d’immigration en Israël, d’une
juste répartition des ressources de l’Etat et d’une adéquate
représentation des Arabes. A propos des symboles de l’Etat, il
est écrit : « Les symboles de l’Etat, son drapeau et son hymne, sont des ressources
publiques émotionnellement chargées. Il revient à l’Etat de
donner une expression qui soit aussi en adéquation avec la présence,
en Israël, de citoyens arabes et leur appartenance historique. »
De
nombreux juristes ont pris part à la journée de débat, dont un
juge de la Cour Suprême, Salim Joubran, qui a déclaré que pour
achever la protection constitutionnelle des minorités, il y avait
lieu de compléter les lois fondamentales présentes dans la loi
fondamentale de citoyenneté. Il a rappelé son opposition à la
loi de citoyenneté qui limite le droit des habitants arabes à épouser
des Palestiniens. Un autre participant de la journée de débat,
le juriste Raef Zreik, a dit que le document n’incluait pas la
position de la communauté arabe à l’égard de la majorité
juive. Selon lui, la communauté arabe d’Israël ne peut reconnaître
officiellement le droit de la communauté juive à un Etat que
dans le cadre d’une paix pour tout le peuple palestinien.
Parallèlement
à l’initiative de Mossawa, d’autres groupes s’efforcent de
rédiger des documents en vue d’une « nouvelle
organisation » de la communauté arabe. Le centre Ibn
Khaldoun, dirigé par le Dr Assad Ghanem, a organisé la semaine
dernière une conférence à Oum el-Fahm sur le thème de l’élection
directe du Comité de Surveillance, devant conduire à
l’instauration d’une sorte de parlement indépendant pour la
communauté arabe.
Cette
semaine, au Comité Supérieur de Surveillance, sera présenté un
document contenant la « Vision
future des Arabes palestiniens en Israël ». Dans le
courant du mois, sera présenté le « Document
de Haïfa », conçu par des intellectuels arabes israéliens,
et qui discute, entre autres choses, de leur lien à la communauté
palestinienne des Territoires et de la diaspora.
(Traduction
de l'hébreu : Michel Ghys)
[i]
ONG œuvrant à la promotion de l’égalité des citoyens
arabes/palestiniens en Israël.