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Parti antisioniste
Le printemps du
monde arabe...
Yahia Gouasmi
Photo: P.A.S.
Vendredi 4 février 2011
Le mardi 1er février
a marqué un tournant important dans le processus engagé en
Égypte. La « Journée du million » (destinée à faire
manifester au moins 1 million d’Égyptiens) a largement démontré
que les Égyptiens ne veulent plus de Hosni Moubarak et de son
système. La veille de cette journée, l’armée a fait savoir
qu’elle ne tirerait pas sur les manifestants, et que les
revendications de ces derniers étaient légitimes.
La position de l’armée est positive, mais ne doit pas faire
oublier trois points. Tout d'abord, l’armée est le pivot du
régime depuis 1952 (date du coup d’État des « Officiers
Libres »), et elle profite d’énormes privilèges, en
particulier dans le secteur économique où elle intervient
directement : agriculture, tourisme, commissions sur les achats
d’armements... Ensuite, les officiers de cette armée ont
toujours soutenu Moubarak. Ce ne sont pas eux qui pleurent
environ 300 morts, mais bien le peuple égyptien. Enfin, cette
armée est essentiellement formée et équipée par les États-Unis.
De même, tout l’appareil policier et de renseignement égyptien
est sous le contrôle de la CIA et du Mossad.
Voilà donc quelques données qu’il est bon de garder à l’esprit
en ces moments d’euphorie. L’armée est, en réalité, l’ultime
carte dont dispose l’USraël pour préserver ce qui est le plus
important aux yeux de Washington et Tel Aviv : maintenir
l’Égypte dans leur camp. Cette carte peut être utilisée de deux
façons : pour faire un bain de sang, ou, plus subtilement, pour
encadrer et canaliser le mouvement populaire. Les deux solutions
sont envisagées simultanément, l’une n’excluant pas l’autre.
C’est pourquoi, l’armée se présente comme un arbitre de la
situation, la seule force pouvant assurer une « transition »
tout en préservant l’ordre. Il lui faut donc faire oublier
qu’elle est au pouvoir depuis 1952, et que Hosni Moubarak sort
de ses rangs…
Dès le lendemain, mercredi 2 février, Moubarak a lâché contre
les manifestants ses milices : policiers en civil, agents de
renseignement, et la pègre cairote. Ces bandes ont attaqué les
manifestants qui occupent la place Tahrir, devenue le symbole de
la contestation démocratique et patriotique contre le régime.
L’armée n’a pas – ou que mollement – réprimé ces hommes de main
de Moubarak, se contentant de séparer les forces en présence.
L’armée reste, pour l’instant, la seule force organisée dans le
pays.
Deux questions se posent.
La première concerne le départ de Moubarak. Après le lâchage du
dictateur tunisien Ben Ali par la Maison Blanche, le même
lâchage du dictateur égyptien réduirait à presque zéro la
crédibilité des États-Unis auprès des autres régimes arabes à
leur solde, notamment dans le Golfe. Israël et l’Arabie Saoudite
veulent le maintien de Hosni Moubarak, pas tellement par
sympathie personnelle, mais pour forcer Barack Obama à répondre
à cette interrogation : les dirigeants arabes alliés de
Washington et de Tel Aviv seront-ils défendus jusqu’au bout, ou
alors lâchés après quelques dizaines ou centaines de morts parmi
les manifestants ? Selon la réponse apportée par
l’administration américaine, c’est tout l’équilibre régional
– dont Israël demeure la clé de voûte aux yeux des États-Unis –
qui est en jeu. Et la partie est serrée pour Obama, car s’il ne
veut pas opter pour le bain de sang, il devra trouver une
formule de rechange qui satisfasse tout le monde, alors que
l’opposition égyptienne exige le départ préalable de Hosni
Moubarak. Seule l’armée, se présentant comme un arbitre
sympathisant avec le peuple, permet à Barack Obama de gagner le
temps nécessaire pour démobiliser la rue, et sortir de la manche
une solution politicienne acceptable.
Et là se pose la deuxième question : est-il encore possible de
trouver une solution politique qui éviterait un bain de sang ?
Le peuple égyptien, après le succès de la journée de mardi, ne
veut pas se démobiliser et organise déjà une nouvelle
manifestation monstre pour ce vendredi, jour de la prière
collective chez les Musulmans. Que fera l’armée dans les heures
et les jours qui suivront ?
Sauf démission anticipée d'Hosni Moubarak, ou provocation
sanglante du pouvoir agissant sur conseil du Mossad, c’est donc
cette journée de vendredi qui sera décisive. L’armée – et Obama
– ne pourront pas tergiverser très longtemps, car l’heure du
choix est arrivée. Soit Moubarak quitte le pouvoir, et la preuve
aura été faite que les États-Unis ne sont plus une garantie.
Auquel cas c’est toute la corporation des « dictateurs Kleenex »
qui se sentirait en péril, entraînant immédiatement une phase
d’instabilité qui, tôt ou tard, conduirait à une intervention
israélienne. Soit Moubarak est maintenu au pouvoir par l’armée
jusqu’en septembre (seule elle en a les moyens), et alors la
colère des Égyptiens sera d’autant plus forte et violente qu’ils
auront l’impression d’avoir été trahis.
Israël est conscient du danger en cours. Le quotidien israélien
Maariv parle déjà de « la balle dans le dos de
l’Oncle Sam » au sujet des hésitations de Barack Obama. La
récente déclaration du Premier ministre israélien Benyamin
Netanyahou, disant craindre une « évolution à l’iranienne »
en Égypte, est un avertissement et un chantage adressés à Obama.
Autrement dit : « faites le nécessaire, sinon nous le ferons, et
notre lobby aux États-Unis vous obligera à suivre…». A moins
qu’il n’y ait un partage des rôles entre les deux
administrations, américaine et israélienne, comme cela s’est
souvent vu jusqu’à maintenant. Dans les deux cas, l’embrasement
de la région, laquelle est vitale pour l’économie mondiale, est
à craindre. L’intervention – chaque jour plus directe et plus
insolente – de l’administration Obama dans les affaires
intérieures de l’Égypte, et les menaces d’Israël montrent bien
aux Égyptiens qui sont leurs véritables ennemis : l’USraël.
Les jours à venir vont être déterminants. Mais, d’ores et déjà,
la situation est complètement changée : l’initiative historique
est passée du côté des peuples arabes. C’est le sionisme et ses
caniches locaux, mais également ceux des États-Unis et de
France, qui sont aux abois ! Dans le monde arabe, le
Printemps des peuples arrive avant mars !
Yahia Gouasmi
Président du Parti Anti Sioniste
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