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Réseau Voltaire - Enquête
La biographie cachée
des Obama :
Une famille au service de la CIA (1ère partie)
Wayne Madsen
De 1983 à 1984, Barack Obama
exerça en tant qu’analyste financier
au sein de la Business International Corporation, connue comme
société écran de la CIA.
Lundi 30 août 2010
Le journaliste d’investigation Wayne Madsen a compilé plusieurs
archives de la CIA établissant les liens entre l’Agence et des
institutions et des personnes ayant eu des relations étroites
avec Barack Obama, ses parents, sa grand-mère et son beau-père.
La première partie de son dossier souligne l’implication de
Barack Obama senior dans les actions menées par la CIA au Kenya.
Ces opérations visaient à contrer la montée du communisme sous
influence sino-soviétique dans les cercles étudiants ; au-delà,
elles avaient également pour objectif de faire obstruction à
l’émergence de leaders africains non-alignés.
Business International Corporation, la société écran de la
CIA dans laquelle exerçait le futur président des États-Unis,
organisait des conférences réunissant les dirigeants les plus
puissants et employait des journalistes comme agents à
l’étranger. Le travail qu’y a mené Barack Obama à partir de 1983
concorde avec les missions d’espionnage au profit de la CIA qu’a
remplies sa mère, Stanley Ann Dunham dans les années 1960, après
le coup d’État en Indonésie, pour le compte d’autres sociétés
écrans de la CIA, dont l’East-West Center de l’Université de
Hawaii, l’Agence des États-Unis pour le développement
international (United States Agency for International
Development, USAID) [1]et
la Fondation Ford [2].
Dunham rencontra et épousa Lolo Soetoro, le beau-père d’Obama, à
l’East-West Center en 1965. Soetoro fut rappelé en Indonésie en
1965 en tant qu’officier de haut rang afin d’assister le général
Suharto et la CIA dans le sanglant renversement du président
Sukarno [3]
Barack Obama senior rencontra Dunham en 1959 lors de cours de
russe à l’Université de Hawaii. Il figurait parmi les heureux
élus d’un convoyage aérien entre l’Afrique de l’Est et les
États-Unis pour faire entrer 280 étudiants dans diverses
institutions universitaires états-uniennes. Selon un rapport de
l’agence Reuters de Londres du 12 septembre 1960, cette
opération bénéficiait simplement d’une « aide » de la
seule Fondation Joseph P. Kennedy. Elle visait à entraîner et
endoctriner de futurs agents d’influence en Afrique, un
continent alors en passe de devenir le terrain de la lutte de
pouvoir entre les États-Unis, l’Union soviétique et la Chine
pour peser sur les régimes des pays nouvellement indépendants ou
sur le point de le devenir.
Lors du choix des étudiants expatriés, Masinda Muliro, le
vice-président de l’Union démocratique africaine du Kenya
(Kenyan African Democratic Union, KADU), avait dénoncé les
préférences tribales favorisant la majorité ethnique des Kukuyus
et du groupe minoritaire des Luo. Ce favoritisme privilégiait
les sympathisants de l’Union nationale africaine du Kenya
(Kenyan African National Union, KANU), dirigée par Tom Mboya, au
passé nationaliste et syndicaliste. C’est Mboya qui choisit
d’envoyer Barack Obama senior étudier à l’Université de Hawaii.
Obama senior, alors marié, père d’un enfant et en attente d’un
deuxième enfant au Kenya, épousa Dunham sur l’île de Maui le 2
février 1961. Dunham était enceinte de Barack Obama depuis trois
mois au moment de son union avec Obama senior. Celui-ci devint
le premier étudiant africain à intégrer une université
états-unienne.
Toujours selon Reuters, Muliro aurait également déclaré
vouloir envoyer une délégation aux États-Unis pour enquêter sur
les étudiants kenyans ayant reçu des « présents » de la part des
États-Uniens et pour « s’assurer que les cadeaux faits aux
étudiants à l’avenir [soient] gérés par des personnes
sincèrement soucieuses du développement du Kenya. »
La CIA habría reclutado a Tom Mboya
en el marco de un programa llamado « liberación selectiva »,
programa que fue generosamente financiado con el objetivo de
aislar al presidente Kenyatta,
el fundador de la República de Kenia, considerado por la agencia
de inteligencia estadounidense
como siendo una persona « que no se puede confiar ».
Mboya reçut à l’époque une subvention de 100 000 dollars de
la part de la Fondation Joseph P. Kennedy, dans le cadre du
programme d’invitation d’étudiants africains, après avoir refusé
la même offre de la part du Département d’État. À l’évidence,
Mboya s’inquiétait des soupçons qu’aurait éveillés une
assistance états-unienne directe chez les politiques kenyans
procommunistes, déjà suspicieux de ses liens avec la CIA. Le
programme fut financé par la Fondation Joseph P. Kennedy et par
la Fondation des étudiants afro-américains. Obama senior ne
faisait pas partie du premier groupe acheminé par avion aux
États-Unis mais de l’un des suivants. Ce programme d’aide aux
étudiants africains, organisé par Mboya en 1959, incluait des
étudiants originaires du Kenya, de l’Ouganda, du Tanganyika, de
Zanzibar, de la Rhodésie du Sud et du Nord et au Nyassaland
(l’actuel Malawi).
Reuters rapporte également que Muliro accusait le favoritisme
présidant à la sélection des bénéficiaires de l’aide
états-unienne « de perturber et d’aigrir les autres étudiants
africains. » Muliro affirmait que « l’avantage était
donné aux tribus majoritaires [les Kikuyus et les Luo] et que de
nombreux étudiants sélectionnés par les États-Unis avaient
échoué aux examens d’admission alors que d’autres étudiants
non-sélectionnés faisaient état de meilleures recommandations. »
Tout juste dépêché à Hawaii par la
CIA, Barack Obama senior (portant des leis hawaiiens,
les colliers de fleurs traditionnels) pose en compagnie de
Stanley Dunham (à la gauche d’Obama senior),
le grand-père maternel du Président Barack Obama.
Obama senior était l’ami de Mboya et originaire de la tribu
des Luo. Après l’assassinat de Mboya en 1969, Obama senior
témoigna au procès du meurtrier présumé. Obama senior affirma
avoir été la cible d’une tentative de meurtre en pleine rue
après sa comparution au tribunal.
Obama senior quitta Hawaii pour Harvard en 1962 et divorça de
Dunham en 1964. Il épousa une étudiante de Harvard, Ruth
Niedensand, une Etats-unienne juive, avec qui il retourna au
Kenya et eut deux enfants. Leur union se termina également par
un divorce. Obama senior travailla au ministère des Finances et
au ministère des Transports kenyans ainsi qu’au sein d’une
compagnie pétrolière. Obama senior se tua dans un accident de
voiture en 1982 ; les principaux hommes politiques kenyans
assistèrent à ses funérailles, dont Robert Ouko, qui deviendra
ministre des Transports et sera assassiné en 1990.
Les documents de la CIA indiquent que Mboya était un
important agent d’influence pour le compte de la CIA, non
seulement au Kenya mais dans toute l’Afrique. D’après un rapport
hebdomadaire secret de la CIA (CIA Current Intelligence
Weekly Summary) en date du 19 novembre 1959, Mboya était
chargé de surveiller les extrémistes lors de la deuxième
Conférence panafricaine de Tunis (All-Africa People’s Conference,
AAPC). Le document rapporte que « de sérieuses frictions
[s’étaient] développées entre le Premier ministre du Ghana,
Kwame Nkrumah, et le nationaliste kenyan Tom Mboya qui
[avait] activement participé en décembre [1958] à la
surveillance des extrémistes lors de la première Conférence
panafricaine à Accra. » Les termes « activement participé »
semblent indiquer que Mboya coopérait avec la CIA, dont le
rapport fut établi par ses agents sur le terrain à Accra et à
Tunis. C’est pendant cette période de « collaboration » avec la
CIA à Accra et à Tunis que Mboya alloua à Obama senior une
bourse d’études et lui offrit la possibilité de s’expatrier et
d’entrer à l’Université de Hawaii, où il rencontra et épousa la
mère de l’actuel président des États-Unis.
Dans un rapport hebdomadaire secret de la CIA plus ancien,
daté du 3 avril 1958, apparaissent ces mots : « [Mboya] reste
l’un des dirigeants africains les plus prometteurs. » La
CIA, dans un autre rapport hebdomadaire secret, daté du 18
décembre 1958, qualifie le nationaliste kenyan MBoya de
« jeune porte-parole capable et dynamique » lors de sa
participation aux débats de la Conférence panafricaine ; il fut
perçu comme un opposant aux « extrémistes » tels que
Nkrumah, soutenu par « les représentants sino-soviétiques. »
Dans un document de la CIA déclassifié sur la Conférence
panafricaine de 1961, le conservatisme de Mboya, à l’instar de
celui du Tunisien Taleb Slim, est clairement défini comme le
contrepoids à la politique de gauche du clan Nkrumah. Les
procommunistes avaient été élus à la tête du comité organisateur
de la Conférence panafricaine lors de la conférence du Caire en
1961, à laquelle assista Mboya. Dans le rapport de la CIA, le
nom de plusieurs de ces dirigeants sont cités : celui du
Sénégalais Abdoulaye Diallo, le Secrétaire général de la
Conférence panafricaine, de l’Algérien Ahmed Bourmendjel, de
l’Angolais Mario de Andrade, de Ntau Mokhele du Basutoland
(ex-Lesotho), du Camerounais Kingue Abel, d’Antoine Kiwewa du
Congo belge (l’actuelle RDC), du Ghanéen Kojo Botsio, du Guinéen
Ismail Touré, de T. O. Dosomu Johnson du Liberia, du Malien
Modibo Diallo, du Marocain Mahjoub Ben Seddik, de Djibo Bakari
du Niger, de Tunji Otegbeya du Nigeria, de Kanyama Chiume du
Nyassaland, du Somalien Ali Abdullahi, du Sud-Africain Tennyson
Makiwane, et de Mohamed Fouad Galal des Émirats arabes unis.
Les seuls participants ayant reçu l’approbation de la CIA
furent Mboya (dont tout porte à croire qu’il était un indicateur
de la CIA), Joshua Nkomo, originaire de Rhodésie du Sud, B.
Munanka du Tanganyika, le Tunisien Abdel Magid Shaker et
l’Ougandais John Kakongé.
Nkrumah sera finalement limogé en 1966, après un coup d’État
militaire organisé par la CIA, alors qu’il effectuait une visite
d’État en Chine et au Nord-Viêt-Nam. Cette opération fut mise en
œuvre un an après celle que l’Agence mena contre le président
Sukarno, autre coup d’État militaire dans lequel la famille
maternelle d’Obama joua un rôle. Certains éléments donnent à
penser que l’assassinat de Mboya en 1969 fut organisé par des
agents chinois agissant pour le compte des factions
gouvernementales chargées par le président kenyan, Jomo
Kenyatta, de lutter contre Mboya et par là même, d’éliminer un
homme politique africain pro-états-unien de premier plan. Toutes
les ambassades de Nairobi avaient mis leurs drapeaux en berne en
hommage à Mboya, sauf une, celle de la République populaire de
Chine.
Jomo Kenyatta, premier président du
Kenya.
L’influence qu’exerça Mboya sur le régime de Kenyatta se
prolongera longtemps après sa mort, quand Obama senior était
toujours en vie. En 1975, Josiah Kariuki, un socialiste membre
du parti KANU (parti dont il aida à la mise en place avec Mboya
et Obama senior) était assassiné. Après ce meurtre, Kenyatta
renvoya du gouvernement trois ministres insoumis qui
« étaient liés personnellement soit à Kariuki, soit à Mboya. »
Cette information fut d’abord classée secrète (niveau de
classification Umbra) ; elle apparait dans plusieurs notes de
service de la CIA au Moyen-Orient, en Afrique et en Afrique du
Sud. Elle fut par la suite diffusée sur le réseau COMINT le 24
juin 1975. Les renseignements figurant dans ce rapport, comme le
montre son niveau de classification, proviennent d’écoutes
effectuées par le ministère de l’Intérieur kenyan. Personne n’a
jamais été accusé du meurtre de Kariuki.
La mise sur écoute des associés de Mboya et de Kariuki est
une preuve que la NSA et la CIA maintinrent leur surveillance
sur Barack Obama senior ; un individu, en sa qualité de
ressortissant étranger aux États-Unis, qui était susceptible
d’être soumis occasionnellement à la mise sur écoute légale,
dont se chargent la NSA et le Government Communications
Headquarters (GCHQ, le service de renseignement électronique du
gouvernement britannique).
(À suivre…)
Wayne Madsen, Ancien
contractant de la National Security Agency (NSA), devenu
journaliste spécialisé sur le renseignement électronique, puis
sur le renseignement en général. Il a notamment été chef de
rubrique de la revue française Intelligence Online
jusqu’à son rachat par Le Monde. Il publie le Wayne
Madsen Report et intervient régulièrement sur la chaîne
satellitaire Russia Today.
Traduction Nathalie Krieg
Sur l’ingérence de Barack Obama dans la vie politique kenyane :
« Le
dessous du prix Nobel de la paix 2009 », par Thierry Meyssan,
Réseau Voltaire, 13 octobre 2009.
[1]
« L’USAID
et les réseaux terroristes de Bush »,
par Edgar González Ruiz, Réseau
Voltaire, 17 août 2004.
[2]
« La
Fondation Ford, paravent philanthropique de la CIA »
et « Pourquoi
la Fondation Ford subventionne la contestation »,
par Paul Labarique, Réseau Voltaire,
5 et 19 avril 2004.
[3]
« 1965 :
Indonésie, laboratoire de la contre-insurrection »,
par Paul Labarique, Réseau Voltaire,
25 mai 2004.
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