Opinion - Counterpunch
30 000 bombes, 60
000 morts : une sacrée mission
humanitaire
Thomas C. Mountain
© RIA
Novosti
Dimanche 4
septembre 2011
Après environ 8.000 raids
aériens, et une estimation de 4
bombes lancées par attaque,
l’OTAN a déjà largué plus de
30.000 bombes sur la Libye. Ca
fait pratiquement 200 bombes par
jour pendant 6 mois, soit des
dizaines de milliers de tonnes
d’explosifs puissants. Avec une
estimation de 2 Libyens tués par
bombe et aucune victime du côté
de l’OTAN, les régimes
occidentaux ont massacré environ
60.000 Libyens au cours des six
derniers mois alors que les
rebelles eux-mêmes annoncent
50.000 morts. Une sacrée mission
humanitaire, n’est-ce pas ?
Le déroulement de la « guerre
civile » en Libye peut être
mieux décrit par les événements
du 21 août. Ce dimanche
après-midi, une équipe de
télévision de la BBC a montré
une colonne rebelle en train de
s’enfuir de Zawiya, dans les
environs de Tripoli. Battant
pitoyablement en retraite,
jetant des regards effrayés par
dessus l’épaule et fuyant à
toutes jambes sur la route par
laquelle ils étaient arrivés –
même la « presstituée » de la
BBC qui était sur place n’a pas
pu se retenir d’exprimer son
dégoût devant la scène. Une fois
de plus, confrontés à une
résistance déterminée, les
rebelles ont fui et montré leur
véritable nature.
Le lendemain matin, une
journaliste de France24 a
raconté comment, plus tard dans
la nuit de ce même dimanche,
elle avait accompagné ces mêmes
rebelles lorsqu’ils ont traversé
Zawiya sans rencontrer la
moindre résistance jusqu’à la
Place Verte au centre de
Tripoli, en croisant cette
fois-ci une enfilade de ruines
d’immeubles bombardés qui
brûlaient encore.
Voilà ce qu’aura été la
guerre de l’OTAN et si le monde
ne le comprend pas, les
rebelles, eux, ne le comprennent
que trop bien.
Un problème majeur pour
l’OTAN et sa Ligue de Traîtres
Libyens, connue aussi sous le
nom de Conseil National de
Transition, est que la majorité
des militaires rebelles sont
sous les ordres du Groupe
islamique combattant en Libye
(GICL), un groupe qui se
présente comme affilié au groupe
Al-Qaeda du Maghreb. (voir
détails déjà rapportés ici
http://www.legrandsoir.info/comment-al-qaeda-est-arrive-a-re...
– NdT)
(…)
Tandis que d’anciens
terroristes de GICL devenus
« combattants de la liberté »
vont de maison en maison pour
arrêter et exécuter des
« supporters de Kadhafi » et
des « mercenaires africains » à
Tripoli, la vie quotidienne pour
les habitants de la ville s’est
transformée en une opération de
survie. Sans eau depuis près de
deux semaines, sans gaz pour
cuisiner ou de combustible pour
les véhicules et avec la
nourriture qui commence à
manquer, l’avenir pour la
population de Tripoli paraît
incertain.
Certains médias
internationaux ont affirmé que
la Grande Rivière Artificielle
(GRA), le système d’irrigation
qui fournit presque la totalité
de l’eau du nord de la Libye, a
été bombardée par l’OTAN.
D’autres prétendent que les
« loyalistes de Kadhafi »
contrôlent toujours les puits du
sud et qu’ils ont coupé l’eau –
si c’est le cas, alors même
Benghazi manquera d’eau. Tripoli
devra donc importer son eau
pendant un certain temps et le
fait de savoir comment une ville
de près de 2 millions
d’habitants pourra vivre avec de
l’eau importé par
camions-citernes est un sujet
que les médias n’abordent plus.
Le « Conseil National de
Transition » désormais reconnu
comme le « gouvernement légitime
de la Libye » par les
gouvernements de l’OTAN et leurs
alliés est composé de nombreux
anciens hauts officiels du
gouvernement Libyen et se trouve
de plus en plus dans une
position délicate. Avec l’Union
Africaine qui tente d’empêcher
le déblocage des fonds du
gouvernement Libyen détenus dans
les banques occidentales il n’y
a plus beaucoup de temps à
perdre si ce CNT veut pouvoir
continuer d’exister.
Le président de l’Afrique du
Sud, Jacob Zuma, a condamné les
dirigeants du CNT qualifiés
d’escrocs et exigé la
restitution des dizaines de
millions de dollars que les
hauts dirigeants ont volé
lorsqu’ils étaient en fonction
dans le gouvernement Libyen
avant que l’Union Africaine ne
lève son opposition au déblocage
des fonds du gouvernement de
Kadhafi.
Les dirigeants de l’OTAN
doivent se démener pour
maintenir le CNT à flots. Les
images de palettes chargées sur
deux mètres de haut de 200
millions de dinars Libyens
acheminés par avion depuis
Londres montre la fragilité de
l’influence du CNT. Alors que le
cirque des « amis de la Libye »
organisé par l’OTAN et qui se
tient à Paris promet de libérer
les milliards de dollars Libyens
détenus en otage par l’Occident,
la mise en application de ces
promesses est une toute autre
affaire. La corruption et
l’incompétence sont la marque
des dirigeants du CNT et il ne
sera pas surprenant d’entendre
parler plus tard de
détournements massifs de fonds.
La grande question est de
savoir combien de temps les
dirigeants du GICL/AQM
laisseront-ils le pouvoir à
leurs anciens ennemis jurés au
sein du CNT. Déjà le
« gouvernement » rebelle dans la
ville portuaire de Misrata a
annoncé qu’il ne reconnaissait
pas l’autorité du CNT et on y
signale la tenue de
manifestations quasi
quotidiennes pour exiger
l’expulsion du CNT des anciens
fonctionnaires du gouvernement
Libyen.
Pendant ce temps, de vastes
étendues du désert Libyen dans
le sud n’ont pas été conquises
par l’OTAN et pratiquement toute
l’eau et une partie du pétrole
échappe au contrôle du CNT.
Avec de centaines de villages
et de petites villes éparpillées
à travers un territoire immense,
le Colonel Kadhafi et ses
supporters ont encore une vaste
zone à leur disposition. Avec
l’Algérie qui combat Al Qaeda du
Maghreb, sa frontière avec la
Libye reste ouverte et offre un
terrain de repli aux opposants
aux rebelles de l’OTAN. Le CNT a
déjà sonné l’alarme quant à une
insurrection à long terme qui
pourrait s’implanter dans le sud
de la Libye et qui utiliserait
l’Algérie comme base arrière.
Jusqu’à présent les
dirigeants Al-Qaeda et les gros
bras de l’occident au sein du
CNT n’ont pas encore commencé à
s’entredéchirer mais une guerre
interne paraît inévitable. Il se
pourrait que nous assistions à
des bombardements par l’OTAN de
ses anciens alliés.
Une chose qui est claire est
que la tragédie Libyenne ne fait
que commencer et la capture de
pratiquement tout le nord de la
Libye par les rebelles de l’OTAN
n’est que le début. 30.000
bombes sur le pays et la mort de
quelques 60.000 Libyens marquent
plutôt le début que la fin de
cette catastrophe.
Thomas C. Mountain
http://www.counterpunch.org/2011/09/02/30000-bombs-over-liby...
Traduction "combien de
morts pour sauver combien de
vies, déjà ?" par VD pour le
Grand Soir avec probablement les
fautes et coquilles habituelles.
© LE GRAND SOIR -
Diffusion non-commerciale autorisée et
même encouragée.
Merci de mentionner les sources.
Publié le 4 septembre 2011
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