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Réseau Voltaire
1982-1996 : L'écologie de marché
Thierry Meyssan
Jeudi 22 avril 2010
Cet article fait suite à :
1.
« L’écologie
de guerre »
1982 : Nairobi, le second « sommet de
la Terre » et le leadership de Margaret Thatcher
Progressivement, le débat se déplace du
Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) vers le
Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) où il donnera
lieu à des affrontements entre les États-Unis d’un côté, le
Saint-Siège et l’Iran de l’autre, à propos de la morale
sexuelle. Au sein du camp capitaliste, les néo-malthusiens
perdent de l’influence au profit des partisans de la
dérégulation. Le président Ronald Reagan traite avec dédain le
second « sommet de la terre » (Nairobi, 1982) qui passe
inaperçu. Il n’est pas prévu de convoquer de nouvelle
conférence.
Pour Jessica Mathews (WRI), ce ne sont pas le
capitalisme et les multinationales qui sont responsables de la
dégradation environnementale. Au contraire, ce sont les grandes
entreprises et le marché qui ont la solution.
Les démocrates états-uniens prennent les
choses plus au sérieux. James Gus Speth, ex-conseiller
Environnement de Jimmy Carter, et Jessica Mathews (ex-adjointe
de Zbignew Brzezinski au Conseil de sécurité nationale et
administratrice de la Rockefeller Foundation) fondent un think
tank écologiste destiné à influencer la Banque mondiale, le
World Resources Institute. Financé par des multinationales, il
sera le premier organisme de ce type à consacrer de gros budgets
à l’étude politique du climat. Il met en cause la capacité des
États à répondre aux défis environnementaux et préconise une
gouvernance globale qui, selon lui, passe par le marché et non
par l’ONU. Les traités sont inutiles. C’est aux multinationales
de faire avancer ces dossiers et elles ne le feront que lorsque
leurs actionnaires y trouveront un intérêt.
Après l’échec de la conférence de Nairobi,
les Nations unies réduisent leurs ambitions et se contentent de
négocier la Convention de Vienne et le Protocole de
Montréal sur l’interdiction des chlorofluorocarbones,
responsables du « trou dans la couche d’ozone ».
Pour Gro Harlem Bruntland (Commission mondiale sur
l’Environnement et le Développement), l’accés aux ressources est
tout autant un problème environnemental qu’une question de
justice sociale.
Pour relancer le débat qui lui échappe, le
secrétaire général de l’ONU, le Péruvien Javier Pérez de Cuéllar,
nomme une Commission mondiale sur l’environnement et le
développement, dont la présidence échoit au ministre d’État
norvégien (c’est-à-dire Premier ministre), le docteur Gro Harlem
Bruntland, et le secrétariat général à Jim MacNeill. Cet
organisme, dont Maurice Strong est membre parmi d’autres, rend
un rapport pessimiste et ambiguë, Notre avenir à tous [1].
Il innove en prenant en compte les préoccupations du
Tiers-monde. Dans cette optique, il évoque pour la première fois
dans un document international la notion de « développement
soutenu » (ultérieurement traduite par « développement
durable »). La croissance industrielle n’est pas l’ennemie du
genre humain, mais elle doit être régulée de sorte à ne pas
hypothéquer les droits des générations futures. Ce qui implique,
certes, que l’activité humaine ne doit pas détruire son
environnement, mais aussi qu’elle ne doit pas créer des
inégalités telles que des enfants puissent naître sans avenir
dans un pays pauvre. La problématique de l’accès aux ressources
naturelles et de leur gestion échappe aux néo-malthusiens pour
prendre une dimension révolutionnaire que tout le monde ne
comprend pas de la même manière : pour les tiers-mondistes, les
Etats doivent légiférer pour garantir l’accès de tous aux biens
communs, tandis que pour les capitalistes, ils doivent au
contraire déréguler pour garantir l’accès des multinationales.
Cette double lecture inquiète certains États
développés, mais deux facteurs vont les inciter à s’investir
dans la suite des négociations.
L’alarmiste James Hansen remet au goût du jour la
théorie de l’effet de serre. Il permet à son employeur, la NASA,
de se trouver une nouvelle utilité : l’observation satellitaire
du climat.
En 1986, la navette Challenger se désintègre
en vol, 73 secondes après son décollage. Les États-Unis décident
l’interruption immédiate des vols. La NASA entre dans une phase
d’introspection et de réorganisation. Pour sauver son budget,
elle envisage de se reconvertir dans l’observation par satellite
des changements climatiques.
Le directeur de l’institut de climatologie de la NASA, James
Hansen, dramatise le problème lors de son audition par une
commission du Sénat [2].
Grâce à lui, le mouvement écologique états-unien trouve une
caution scientifique et la NASA récupère son budget.
Hansen relance la théorie de « l’effet de serre » : la présence
dans l’atmosphère de certains gaz, dont le CO2, augmenterait la
température globale de la surface terrestre ; un concept formulé
en 1896 par le physicien et chimiste suédois Svante Arrhenius.
Ce scientifique scientiste avait émis l’hypothèse que l’humanité
pourrait échapper à un nouvel âge glaciaire grâce à la chaleur
de ses usines. Sa démonstration s’était avérée improvisée et
l’idée avait été abandonnée. James Hansen la reprend —sans la
vérifier—, pour en tirer la conclusion inverse : le
développement industriel va provoquer un réchauffement
climatique préjudiciable à l’humanité.
Margaret Thatcher s’empare à son tour de la
question climatique et s’impose rapidement comme le leader
mondial en la matière. En 1987, Maumoon Abdul Gayoom, président
des Maldives, s’adresse à ce sujet au sommet du Commonwealth à
Vancouver. Son pays, dit-il, disparaîtra si le climat se
réchauffe et les eaux montent. En 1988, le Canada et la Norvège
organisent à Toronto une conférence ministérielle mondiale sur
le thème : « Notre atmosphère change : implications pour la
sécurité globale » [3],
pour la première fois, on y traite des déplacements possibles de
population et on y évoque des objectifs précis de réduction des
gaz à effet de serre.
Les Premiers ministres canadien et britannique Brian Mulroney et
Margaret Thatcher convainquent leurs partenaires du G7
(États-Unis, France, Allemagne et Italie) de financer un Groupe
inter-gouvernemental d’étude sur l’évolution du climat (GIEC)
sous les auspices du PNUE et de l’Organisation météorologique
mondiale, qui ont déjà initié un programme de recherche commun [4].
Peu après, Madame Thatcher délivre un important discours à la
Royal Society [5].
Elle affirme que les gaz à effet de serre, le trou de la couche
d’ozone et les pluies acides exigent des réponses
intergouvernementales. En 1989, elle s’adresse à l’Assemblée
générale des Nations unies. Elle sonne l’alarme et appelle à une
mobilisation générale. Elle annonce que le Royaume-Uni a déjà
pris une série d’initiatives pour moderniser son industrie et
qu’il mettra à disposition des chercheurs du monde entier les
outils informatiques nécessaires à l’étude du climat [6].
De retour à Londres, elle créée le Hadley Center for Climate
Prediction and Research, qu’elle inaugure solennellement [7].
Dans la lancée, elle participe à la conférence mondiale sur le
climat à Genève où elle plaide pour la rédaction d’une
Convention globale [8].
Le GIEC ne prend tout son sens qu’avec le
Hadley Center. Lady Thatcher n’a pas voulu créer une académie
scientifique internationale, mais un organe politique, chargé
d’encadrer la recherche ; et ce d’autant plus facilement que les
savants qui y participent ont besoin du Centre Hadley pour
poursuivre leurs travaux. Son objectif n’était pas de fabriquer
une fausse science pour appuyer une ligne politique, mais
d’orienter la recherche fondamentale pour qu’elle devienne une
recherche appliquée, utile à une nouvelle révolution
industrielle qu’elle appelait de ses voeux.
Margaret Thatcher aborde le défi climatique comme une
occasion pour le Royaume-Uni de prendre le leadership de la
recherche scientifique mondiale et d’entamer une nouvelle
révolution industrielle (ici, lors de l’ouverture du Hadley
Center, 25 mai 1990).
La volonté de lady Thatcher, ancienne
chercheuse en chimie organique, de fonder la prospérité et le
rayonnement de son pays sur son leadership scientifique ne fait
pas de doute. À l’opposé des néo-malthusiens, elle pose que les
progrès scientifiques doivent permettre de résoudre le défi
climatique. Elle cite en exemple la manière dont la ville de
Londres s’est débarrassée du fog, cet épais nuage formé
par les fumées d’usine rabattues au sol par le brouillard. Loin
de condamner l’industrialisation, elle entend réaliser une
nouvelle révolution industrielle qui hissera à nouveau son pays
en tête de l’économie mondiale. Elle ferme les mines de charbon,
s’appuie sur le pétrole de la mer du Nord et prépare l’avenir
avec le nucléaire.
Cette grandiose ambition, qu’elle poursuit dans le plus total
mépris de la classe ouvrière et en imposant une marche forcée à
la classe dirigeante, se fracasse sur les dissensions du Parti
conservateur qui se révolte contre son autoritarisme et la
contraint à la démission.
1992 : Rio, le troisième « sommet de
la Terre » et le triomphe de Maurice Strong
Au cours des dernières années, Maurice Strong
a quitté la fonction publique canadienne. Il est devenu
milliardaire. Il a été nommé directeur de Petro-Canada et a
accumulé une impressionnante fortune personnelle. Avec le
marchand d’armes saoudien Adnan Kashoggi, il créé American Water
Development, une société qui achète la vallée de Saint-Louis en
vue d’exploiter les réserves d’eau du Colorado. Mais ils doivent
faire face à la colère des habitants qui craignent de voir cette
région verdoyante transformée en désert.
L’entrée du « Vaisseau Terre » au Haidakhandi Universal
Ashram de Crestone. Maurice Strong a installé au Baca Ranch des
sanctuaires hindou, bouddhiste, chamanique, juif et chrétien.
Soudain, Strong renonce. Selon ses dires, un
sage lui aurait révélé les propriétés mystiques de ce lieu sacré
pour les Indiens. Avec son épouse Hanne, persuadée d’être la
réincarnation d’une prêtresse indienne, ils créent la Manitou
Foundation, dont elle est présidente et lui trésorier. Ils
investissent 1,2 million de dollars. Ils construisent au Baca
Ranch de Crestone un vaste complexe de spiritualité New Age où
se côtoient temples hindous et bouddhistes, temples juifs et
églises chrétiennes, chamans et autres sorciers, selon un
urbanisme ésotérique. De hautes personnalités membres du très
sérieux Aspen Institute (Rockefeller, Kissinger, etc.) viennent
y méditer afin que toutes les religions ne fassent plus qu’une.
Laurance Rockefeller (frère de David) fait un don de 100 000
dollars. Cette étrange aventure prend fin aussi subitement
quelle avait commencé, sans que l’on ait jamais su si elle
relevait du délire collectif ou si elle faisait partie d’un plan
de communication pour adoucir l’image de requins de Maurice
Strong et de ses amis.
Au demeurant, le Baca Ranch aura servi de laboratoire pour
élaborer la vulgate écologiste : une religiosité branchée,
fondée sur le mythe biblique du déluge, enrobé de divers
emprunts culturels, notamment bouddhistes. L’homme pécheur a
succombé à la tentation industrielle et doit assumer le
châtiment divin. A cause du réchauffement climatique qu’il a
provoqué, les eaux bientôt recouvriront la surface de la Terre.
Seul Noé l’écologiste survivra au déluge et avec lui les plantes
et les animaux qu’il aura sauvés.
Selon James Lovelock, la planète Terre se comporte comme
un être vivant.
C’est Gaïa, la déesse mère.
Cette croyance s’appuie sur une cosmogonie
inspirée des travaux du chimiste James Lovelock (élevé à la
dignité de Commandeur de l’Empire britanique par Margaret
Thatcher) : la théorie Gaïa. Le scientifique anglais s’est
attaché à démontrer que la composition de l’atmosphère terrestre
est régulée par les êtres qui y vivent. Sur cette base, déjà
sujette à caution, les créateurs du Baca Ranch posent que la
planète Terre se comporte comme un organisme vivant : c’est
Gaïa, la déesse-mère de la mythologie grecque. Aussi absurde
qu’elle puisse paraître, cette cosmogonie s’est imposée dans
l’imaginaire contemporain. Ainsi, on ne parle plus de « sauver
l’humanité » de la dégradation de son milieu naturel, mais de
« sauver la planète » alors même que personne ne conteste que
cet astre mort a quelques milliards d’années d’existence devant
lui.
Quoi qu’il en soit, les Anglos-Saxons
parviennent à faire élire Maurice Strong à la présidence de la
Fédération mondiale des associations des Nations unies (WFUNA).
Cette position lui permet de mener une campagne pour que l’ONU
organise un nouveau sommet de la Terre. Lorsque la décision est
prise, il n’a pas de difficulté, vu son rôle à Stockholm et son
passage au PNUE, à s’en voir confier le secrétariat général.
Pour préparer le sommet de Rio, Maurice
Strong s’adjoint d’abord un conseiller spécial, son ami Jim
MacNeill qui avait été le directeur Environnement de l’OCDE,
puis le rédacteur du rapport Brundtland. Comme Strong, MacNeill
est membre de la Commission trilatérale que David Rockfeller a
créé avec Zbignew Brzezinski. Dans ce cadre, il rédige le
rapport préparatoire de la conférence, Beyond Interdependence
(Au delà de l’interdépendance) [9],
dont Strong rédige la préface. L’idée principale qui traverse le
rapport de la Rockefeller Foundation avant la conférence de
Stockholm, le rapport de la commission onusienne après celle de
Nairobi et celui de la Commission trilatérale avant celle de Rio
est qu’il ne faut pas opposer intérêts économiques et
préoccupations environnementales en accusant les multinationales
de polluer sans vergogne. Au contraire il faut unir industriels
et environnementalistes, l’écologie pouvant être un business
lucratif. Reste à faire avaler cette couleuvre à l’opinion
publique.
Maurice Strong flatte les associations
écologistes en les invitant à présenter leurs suggestions pour
le sommet et en les traitant avec beaucoup d’égards.
Simultanément, il accorde une place stratégique aux
multinationales, nommant le milliardaire suisse Stephan
Schmidheiny conseiller principal pour la préparation du sommet.
Considéré comme le plus grand pollueur à l’amiante du
monde, Stephan Schmidheiny dirige le WBCSD,
un syndicat de multinationales « vertes ».
Schmidheiny rassemble au sein du World
Business Council for Sustainable Development (WBCSD) les
principales multinationales craignant que le sommet ne débouche
sur une mise en cause de leurs pratiques. Il leur propose de
mener des actions de lobbying pour prévenir toute réglementation
internationale qui entrave leurs activités et pour faire avancer
la globalisation économique sous couvert d’écologie.
Schmidheiny, que l’on célèbre mondialement
comme un philanthrope écolo, a fait sa fortune avec la société
de matériaux de construction Eternit. Mis en examen par le
procureur général de Turin (Italie), Rafaelle Guariniello, il
sera jugé en 2010. Il est accusé d’être le plus grand pollueur à
l’amiante du monde. Il aurait sciemment contaminé ou laissé
contaminer la ville de Casale où se trouvaient ses usines,
provoquant la mort de 2 900 personnes et la contamination de 3
000 autres.
Maurice Strong inaugurant, en qualité de secrétaire
général adjoint de l’ONU,
l’Eglise de Scientologie de New York (25 septembre 2004).
Pendant que Maurice Strong et ses amis
préparent la conférence, de nombreux scientifiques manifestent
leur gêne devant la tournure des choses. Le journaliste français
Michel Salomon réunit 3000 universitaires et 72 récipiendaires
du Prix Nobel autour de l’Appel d’Heidelberg. Faisant
allusion aux sanctuaires du Baca Ranch et aux théories de Gaïa,
ils dénoncent « l’émergence d’une idéologie irrationnelle qui
s’oppose au progrès scientifique et industriel et nuit au
développement économique et social ». Observant la mobilisation
du WBCSD, ils affirment « l’absolue nécessité d’aider les pays
pauvres à atteindre un niveau de développement durable et en
harmonie avec celui du reste de la planète, de les protéger
contre des nuisances provenant de nations développées et
d’éviter de les enfermer dans un réseau d’obligations
irréalistes qui compromettent à la fois leur indépendance et
leur dignité ». Enfin, ils concluent que « les plus grands maux
qui menacent notre planète sont l’ignorance et l’oppression et
non pas la science, la technologie et l’industrie dont les
instruments, dans la mesure où ils sont gérés de façon adéquate,
sont des outils indispensables qui permettront à l’humanité de
venir à bout, par elle-même et pour elle-même, de fléaux tels
que la faim et les surpopulations ».
Strong et Schmidheiny recrutent alors le
cabinet de relations publiques Burson-Marsteller. La spécialité
de son Pdg, Harold Burson, est d’identifier les segments de
population qui peuvent être utilisés pour une cause, de les
organiser en associations, puis de les utiliser pour défendre à
leur insu les intérêts de ses clients. Il a par exemple créé des
associations de malades pour faciliter l’accès à des médicaments
fabriqués par ses clients (au lieu de militer pour l’accès aux
médicaments les plus efficaces), ou encore des associations de
fumeurs pour lutter contre les lois anti-tabac (au lieu de
lutter pour des cigarettes non-toxiques), etc. Il va transformer
le sommet de Rio en une gigantesque foire associative ce qui
donnera une apparente légitimité populaire à des décisions
prises en amont et en secret par un syndicat de
multinationales [10].
Cette technique de manipulation est devenue classique. Elle a
été reproduite depuis pour de nombreuses conférences
internationales.
Le sommet de la Terre à Rio de Janeiro : l’écologie est
un besoin, l’écologie est un marché.
172 délégations, comprenant une centaine de chefs d’État
et de gouvernement, participent au sommet de Rio (3 au 14
juin 1992). De nombreux documents sont adoptés dans une
ambiance de liesse. La Déclaration de Rio [11]
énonce 27 principes, dont celui de précaution : « l’absence
de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de
prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures
effectives visant à prévenir la dégradation de
l’environnement » [12].
La Déclaration est le fruit d’une véritable négociations
entre États. Elle affirme le droit des générations futures
au développement durable, ce qui implique non seulement que
la croissance économique ne doit pas se faire au détriment
de l’environnement, mais aussi qu’elle ne doit pas perpétuer
les inégalités Nord-Sud. En droit international,
l’environnement devient une question de justice sociale.
Pour l’application de ces principes, les États membres sont
renvoyés à un autre document, Action 21 [13].
C’est un programme détaillé explicitant la relation entre
développement et environnement, listant les principaux
problèmes environnementaux, précisant les groupes et
institutions à mobiliser, et multipliant les bonnes
intentions. Mais ce second document a été vidé de ses
références à des situations conflictuelles. Les États-Unis
et Israël ont notamment obtenu de rayer toute mention des
droits des « peuples soumis à l’oppression, la domination et
l’occupation ». Surtout, la guerre n’apparaît plus comme le
facteur premier des atteintes au développement et à
l’environnement. C’est le triomphe de Maurice Strong et de
l’écologie bobo. Les multinationales peuvent continuer à
piller la planète pourvu qu’elles restent propres dans les
pays développés. Le Pentagone, qui vient de ravager une
première fois l’Irak, peut continuer ses destructions sans
états d’âme : elles ne comptent pas.
(A suivre : « 1997-2010 :
L’écologie financière »)
Thierry Meyssan,
Analyste politique français,
président-fondateur du
Réseau Voltaire et de la conférence
Axis for
Peace. Il publie chaque semaine des chroniques de politique
étrangère dans la presse arabe et russe. Dernier ouvrage
publié :
L’Effroyable imposture 2, éd. JP Bertand (2007).
Source
Odnako (Russie)
[1]
Français :
Notre avenir à tous. English :
Our Common Future. Español :
Nuestro Futuro Común.
[2]
Greenhouse Effect and Global Climate Change, audition de James
Hansen par la Commission sénatoriale de l’Énergie et des
Ressources naturelles, 23 juin 1988.
[3]
« Our Changing Atmosphere : Implications for Global Security ».
[4]
Déclaration économique, G7, Toronto, §33.
[5]
Speech to the Royal Society, par Margaret Thatcher,
27 septembre 1988.
[6]
Speech to United Nations General Assembly (Global Environment)
par Margaret Thatcher, 8 novembre 1989.
[7]
Speech opening Hadley Centre for Climate Prediction and
Research, par Margaret Thatcher, 25 mai 1990.
[8]
Speech at 2nd World Climate Conference, par Margaret
Thatcher, 6 novembre 1990.
[9]
Beyond Interdependence : The Meshing of the World’s Economy
and the Earth’s Ecology, par Jim MacNeill, Pieter Winsemius
et Taizo Yakushiji, Oxford Paperbacks, février 1992.
[10]
« Burson-Marsteller, Pax trilateral and the Bruntland Gang
versus the Environment » par Joyce Nelson, et « Poisoning the
Grassroots » par John Dillon, Covert Action quaterly,
printemps 1993.
[11]
Texte intégral de la
Déclaration de Rio.
[12]
Le principe de précaution, tel qu’il est formulé par la
Déclaration de Rio ou par la Charte française de l’environnement
vise à accroitre la base juridique de l’action politique en
faveur de l’environnement, face aux expertises scientifiques
fournies par les multinationales. Il a par la suite souvent été
renversé pour justifier une forme de passivité politique dans
n’importe quel domaine d’activité.
[13]
Texte intégral d’Action
21 .
Le
dossier écologie
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