Après plus de cinq ans d’attente, le Département d’Etat
américain a pris la décision, dans un document signé par la
Secrétaire d’Etat Hillary Clinton, de ne plus considérer comme
recevables les raisons qui m’empêchaient d’entrer aux
Etats-Unis.
Comme le relève l’Union américaine pour la défense des droits
civils (ACLU) – qui, avec les institutions American Academy for
Religion, American Association of University Professors et PEN
American Center, a poursuivi le Gouvernement américain - il
s’agit d’une victoire majeure pour les libertés civiles aux
Etats-Unis. Sous l’Administration Bush, les exclusions de
professeurs et d’intellectuels s’étaient multipliées sous des
prétextes fallacieux et de fausses raisons de sécurité. La
nouvelle Administration Obama montre ainsi une volonté de
s’ouvrir au monde à nouveau et de permettre les débats
critiques.
Après près de six ans de recherches et d’investigations,
l’ordre donné par la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton, vient
confirmer ce que j’avais dit et répété depuis le premier jour :
les premières accusations de liens avec le terrorisme (qui
furent ensuite écartées), puis les donations à des organisations
de solidarité en faveur des Palestiniens, n’étaient que des
prétextes pour m’empêcher d’exprimer mes critiques quant à la
politique du gouvernement américain sur son sol. Cette décision
met enfin un terme à une période récente assez sombre de la
politique américaine qui a consisté, au nom de la sécurité, a
empêché la critique et les débats à coup d’exclusion et de
stigmatisation infondées.
Je suis heureux aujourd’hui de cette décision de mettre un
terme à mon exclusion des Etats Unis après presque six ans. Je
n’ai jamais confondu le gouvernement américain (et notamment
l’Administration Bush) avec la société civile, les institutions
académiques et les intellectuels. Je tiens à remercier toutes
les institutions et les individus qui m’ont soutenu et qui ont
travaillé pendant des années pour mettre un terme à cette
exclusion idéologique anticonstitutionnelle. J’espère qu’il sera
possible bientôt de visiter les Etats-Unis et de pouvoir à
nouveau m’engager dans un débat ouvert, critique et constructif
avec les universitaires et les intellectuels américains.
C’est une étape importante dans mon engagement dans le
dialogue entre les civilisations, les religions, les peuples et
les consciences. Le vrai dialogue est forcément critique,
politique et idéologique et rien ne doit empêcher les opinions
de s’exprimer et de débattre. Je n’ai jamais cessé de le faire
et je ne cesserai point. D’autres gouvernements – en Orient –
m’excluent encore de leur territoire et m’interdisent de
m’exprimer librement : il faut saluer les progrès aux Etats Unis
– tout en restant vigilant et critique sur les avancées
effectives de la politique américaine – et il importe de
continuer à résister à toute tentative d’intimidation par
l’exclusion, la menace, la diffamation ou la calomnie.
La route est longue. Il est des victoires significatives qui
redonnent de la force. Celle-ci en est une qui rappelle - à
celles et ceux qui ont fait usage de cette exclusion pour me
calomnier ou me stigmatiser de façon mensongère et/ou cynique –
qu’on ne gagne le débats des idées qu’avec des idées et que la
dignité d’une cause finit toujours par avoir, d’une façon ou
d’une autre, gain de cause.