Opinion
Les «zéros» de la
révolution tunisienne
Tarak
Arfaoui
Jeudi 29 septembre
2011
Les héros de la révolution tunisienne
sont morts, fatigués ou simplement
dégoûtés. Ce sont les zéros qui
aujourd’hui pavoisent en haut de
l’affiche et sur les plateaux de
télévision.
Depuis quelques
mois on n’entend plus parler des héros
de la révolution, les vrais, ces jeunes
chômeurs à la condition précaire qui se
sont soulevés d’un seul élan contre la
dictature Zaba depuis le centre sud du
pays et qui ont payé le prix fort pour
la liberté. Une nouvelle catégorie
d’individus vient malheureusement
occuper le devant de la scène, celle des
révolutionnaires de la 25ème heure,
politicards, ripoux, magouilleurs et
opportunistes de tout bord. Ce sont les
«zéros» de la révolution.
Les
opportunistes au premier plan
Les zéros de la
révolution, ce sont les dirigeants de
certains partis politiques, dont la
transparence n’a d’égale que la
couardise du temps de Zaba, ayant pour
la majorité pris la poudre d’escampette
à l’étranger et qui tentent actuellement
de confisquer les fruits de la
révolution en essayant d’occuper la
place politique à moindre frais ou avec
de gros frais provenant de l’étranger,
en profitant les uns de l’inculture
politique des Tunisiens, les autres de
la fibre religieuse et du bigotisme
d’autres.
Les zéros de la
révolution, ce sont aussi certains
syndicalistes, qui ne doivent leur
autorité qu’à la bienveillance de Zaba
qui les a nommés et encouragés et qui se
pavanent actuellement sur les plateaux
de télévision en se permettant le luxe
de donner des leçons de politique au
gouvernement en brandissant sur la tête
du premier ministre le couperet de la
grève et du désordre social à chaque
fois que leurs intérêts égoïstes sont en
jeu.
Les zéros de la
révolution, ce sont les sit- inneurs de
tout bord qui pour un oui ou pour un
non, pour des futilités et des
revendications farfelues, occupent les
administrations, prennent les citoyens
en otage, et mettent à genou l’économie
du pays. Ce sont aussi les pauvres
citoyens, les laissés pour compte de
l’ère de Zaba, coupeurs de route et de
voies ferrées, organisateurs de
guet-apens, dont la précarité sociale
n’a d’égale que l’inculture politique et
dont les instincts tribaux refoulés ont
miraculeusement refait surface les
amenant à s’entretuer comme au bon vieux
temps des années médiévales.
Les diables
défenseurs de l’orpheline révolution
Les zéros de la
révolution ce sont beaucoup d’avocats et
certains magistrats corrompus jusqu’à la
moelle qui mangeaient dans la main de
Zaba, qui l’ont soutenu dans toutes ses
manigances, qui défendaient le diable au
lieu de la veuve et de l’orphelin, et
qui se découvrent brutalement une âme de
militants sous un masque de fourberies
constitutionnelles.
Les zéros de la
révolution sont sans aucun doute aussi
les Zorros de la révolution dont les
masques sont tombés.
Je parle de
certains agents de l’ordre, ripoux de la
première heure, adeptes du droit de
cuissage, qui étaient le bras répressif
de Zaba, maintenus au pouvoir grâce à
leur appui, et qui essayent de se
refaire une virginité révolutionnaire en
faisant du chantage pour camoufler leurs
anciennes dérives et exactions, en se
croyant au dessus du lot.
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Publié le 29 septembre 2011 avec
l'aimable autorisation de Kapitalis
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