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ILS ÉTAIENT DES MILLIERS À DESCENDRE HIER
DANS LA RUE
Alger crie
sa colère
Tahar Fattani
Samedi 10 janvier 2009 Banderoles, drapeaux
palestinien et algérien, keffiehs, posters de dirigeants de la
résistance palestinienne faisaient partie du décor nécessaire
pour marquer l’événement.
L’agression de l’armée israélienne contre la
bande de Ghaza a permis à Alger de transgresser l’interdiction
des marches. Le cœur de la capitale algérienne a battu hier pour
la terre de Palestine agressée, martyrisée. A l’instar des
autres capitales arabes, des dizaines de milliers d’Algérois
sont sortis hier dans les rues pour manifester contre
l’agression israélienne à Ghaza. Les manifestants ont battu le
pavé aux cris de «Allah Akbar, ouvrez-nous les portes pour
aller combattre à Ghaza». Rien de spontané dans tout cela.
En effet, on avait l’impression que tout était organisé pour
qu’Alger manifeste sa colère en solidarité avec les frères
palestiniens.
Banderoles, drapeaux palestinien et algérien, keffiehs, posters
de dirigeants de la résistance palestinienne, le décor était
planté pour marquer les événements dramatiques de Ghaza et la
tragédie vécue par les Palestiniens depuis le 27 décembre. Il
était environ 13h45 lorsque les fidèles sortaient de la mosquée
Khaled Ibn El-Walid située dans le quartier de Belcourt, après
la prière du vendredi.
Des groupes de manifestants commençaient, alors, à se former.
Quelques minutes plus tard, les rues de ce quartier d’Alger
devenaient noires de monde. Jeunes, adolescents, vieux, toutes
classes d’âge confondues se sont retrouvées pour une seule et
même cause: la Palestine.
Empêchés de marcher un certain moment par les forces de l’ordre,
les manifestants ont réussi à rompre, à plusieurs reprises, le
cordon de sécurité mis en place pour prévenir tout débordement.
Hormis quelques slogans hostiles aux pays arabes qui
entretiennent des relations diplomatiques avec Israël, à
l’instar du président égyptien Hosni Moubarak, les manifestants
ont fait preuve d’une maturité qui a surpris plus d’un
observateur. Aucun dégât majeur n’a été signalé.
Dans leur progression, les manifestants ont pacifiquement
investi la place du 1er-Mai: haut-lieu des regroupements.
Soutenus par les youyous des femmes algéroises qui fusaient du
haut des balcons, l’ambiance fut surchauffée. «Avec notre âme
et notre sang, nous mourrons pour toi Ghaza.» Certains
étaient au bord de la crise de nerfs, alors que d’autres, des
jeunes femmes en particulier, ne pouvaient retenir leurs larmes.
La foule devenait de plus en plus dense. Combien étaient-ils?
10.000, 20.000, 30.000...Une chose est, néanmoins, sûre, les
grandes artères de la capitale, à l’instar de la rue Hassiba Ben
Bouali, du boulevard Amirouche, de la rue Didouche, du boulevard
Abane Ramdane, n’ont pas connu une telle affluence depuis de
nombreuses années. Les Algérois ont réappris à battre le pavé.
D’autres groupes de manifestants venus des quartiers populaires
de Bab El Oued ont fait jonction avec le cortège qui s’est
ébranlé de Belcourt. A l’unisson et à se rompre les cordes
vocales, cette foule soudain unie, scandait: «A mort Israël,
à bas Bush.» L’Etat hébreu et le président des Etats-Unis
ont été tous deux vilipendés, c’est pour dire si les
manifestants ont bien maîtrisé les tenants et les aboutissants
de la sauvage agression israélienne. Il est à signaler,
cependant, que certains manifestants ont tenté de faire des
massacres des Palestiniens de la bande de Ghaza, une
récupération politique. Il s’agit bien évidemment de
sympathisants islamistes qui tentent de revenir sur le devant de
la scène politique nationale à travers la tragédie
palestinienne. Autrement dit, ces derniers ont réussi à
manipuler les manifestants en les poussant à proférer des
slogans hostiles au pouvoir. «Etat islamique, Allayha nahia
oua Allayha namoute», on se croirait, un court moment,
revenus au début des années de braise. Des images de triste
mémoire pour le moins inattendues de cette manifestation de
solidarité avec le peuple palestinien martyrisé.
Tahar FATTANI
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Publié le 10 janvier 2009 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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