Opinion
La tournée du
patriarche au Sud : l'image du Liban uni
et soucieux de son indépendance
Soraya Hélou
Mgr
Béchara Raï
Mercredi 28 septembre
2011
Contrairement aux rumeurs qui avaient
sciemment circulé dans les milieux
politiques, le patriarche maronite
Béchara Raï poursuit ses tournées
pastorales dans toutes les régions
libanaises, avant de se rendre aux
Etats-Unis à la rencontre des
communautés libanaises dans ce pays.
Après la Békaa, Kesrouan et le Metn, il
a donc passé trois jours au Sud et il
compte se rendre prochainement au Akkar
et à Tripoli, après la tenue du sommet
religieux à Dar el Fatwa. A chacune de
ses étapes, le patriarche Raï a répété
ses appels à l’unité et au dialogue,
ainsi que son souci de préserver la
présence chrétienne dans la région.
A
chacune de ses initiatives, il apparaît
de plus en plus clairement que le
patriarche maronite est porteur d’une
grande
mission celle d’appliquer les
recommandations du synode des Eglises
d’Orient, organisé par le Vatican à
l’automne dernier et qui conseillait aux
chrétiens de la région de rester sur
place et de se rapprocher de leur
environnement musulman pour rester
ensemble solidaires face aux plans
d’effritement de la région. Au Sud,
comme en France d’ailleurs, ou encore à
Dar el Fatwa, le patriarche Raï tient
donc le même discours rassembleur. Ni
les critiques directes et voilées des
instances internationales, ni les
tentatives de pression en menaçant
d’annuler sa visite aux Etats-Unis, ni
encore les discours plus ou moins clairs
de certaines personnalités chrétiennes
n’y changeront rien. Béchara Raï a pris
parti pour une vision globale de la
situation des chrétiens et nul ne le
poussera à ne voir que les intérêts
particuliers d’un camp précis.
C’est
donc dans cet esprit que le patriarche
maronite s’est rendu au Sud et y a passé
trois jours, inspectant chaque village
et chaque église dans cette contrée. Au
cours de cette tournée, le patriarche a
touché du doigt l’émotion des habitants
auxquels un patriarche maronite fait
pour la première fois depuis
l’indépendance du Liban l’honneur de
visiter la région. Il a aussi vu de près
la coexistence islamo-chrétienne dans
ces villages qui jouxtent la Palestine
occupée, tant de fois détruits par les
agressions israéliennes et reconstruits
à la sueur du front des habitants.
D’ailleurs, tout au long de cette
visite, Mgr Raï n’a pas été avare en
discours, répondant à l’émotion des gens
par des propos venus du cœur, loin de la
rigidité du protocole. Chef d’Eglise, il
a eu aussi la réaction d’un simple
citoyen qui découvre pour la première
fois des gens chaleureux et courageux,
prêts à donner leur vie pour leur terre.
Impressionné, le patriarche maronite n’a
donc pas pu s’empêcher de saluer les
résistants tombés sur ce sol ainsi que
la ténacité et la détermination des
habitants qui n’ont jamais voulu quitter
leurs villages, en dépit des menaces
israéliennes et de l’absence d’intérêt
de la part de l’Etat libanais pendant
des années.
Par
cette seule visite et le temps qu’il a
pris à visiter tous les recoins du Sud,
de Hasbaya à Khiam, de Naqoura à Tyr et
de Nabatiyé à Rmeich et Msaïleh, Mgr Raï
a effacé des années d’oubli et avec la
bonté de ceux qui la moindre attention
touche profondément, les habitants,
chrétiens, chiites, druzes et sunnites
lui ont aussitôt ouvert leurs cœurs,
soucieux de l’entendre et de se faire
entendre de lui. Par cette démarche, le
patriarche a répondu indirectement à
tous ceux qui soulèvent encore la
question des armes du Hezbollah en
vérifiant sur place l’importance de ces
armes face aux menaces israéliennes,
puisque quelque part ce sont ces armes
qui ont permis aux habitants de rester
chez eux, de reconstruire leurs maisons
et de mener une vie normale à quelques
kilomètres de l’ennemi israélien. Il a
ainsi clairement signifié à ceux qui
l’ont critiqué que pour réclamer le
désarmement de la résistance, il faut
d’abord éliminer les raisons de son
existence, c’est-à-dire l’occupation.
Raï est
venu au Sud et dans toutes les autres
régions du pays en messager de l’amour
et de l’unité, de cette fameuse
communion qu’il a choisi de mettre dans
sa devise à côté de l’amour. Et du Sud,
il est reparti en ayant conquis les
cœurs et en ayant conforté ses arguments
contre ses détracteurs locaux et
étrangers. Parler de coexistence est une
chose et en palper l’importance et la
solidité sur le terrain en est une
autre. Mgr Béchara Raï a été sensible à
chaque manifestation d’amitié et de
respect et aussi bien les représentants
d’Amal que ceux du Hezbollah les ont
multipliées au cours de sa tournée au
Sud, réservant dans chaque localité et à
chaque étape un accueil chaleureux au
prestigieux visiteur et laissant la
foule sincère exprimer réellement ses
émotions.
C’est
donc accompagné en permanence par les
carillons des églises et les prières du
muezzin que le patriarche maronite a visité le Sud, guidé aussi
bien par Amal et le Hezbollah que par
les évêques et les curés de la région.
Il est revenu à Bkerké avec au cœur
l’image d’un Liban uni, fraternel,
soucieux de défendre sa terre, son
intégrité et son
indépendance…Bref, l’image de ce Liban
qui protège la fameuse équation peuple,
armée et résistance »…
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