Opinion
Un mois de Ramadan
décisif...
Soraya Hélou
Mardi 9 août
2011
La déclaration de
l'ancien Premier ministre Saad Hariri
sur « l'impossibilité de rester
silencieux face à ce que subit le peuple
syrien à Hama » a donné le ton et a
signé le début d'une nouvelle phase dans
la campagne contre le régime syrien.
C'est un peu comme si cheikh de son exil
volontaire en France a eu une soudaine
pensée pour les insurgés de Hama. Il a
donc publié sa fameuse déclaration et
aussitôt, les positions critiques à
l'égard du régime syrien se sont
multipliées en cascades, au Liban, en
Occident mais aussi fait nouveau dans le
monde arabe.
Bien entendu, il ne s'agit pas de dire
que cheikh Saad est un chef d'orchestre
mondial, mais simplement que son soudain
réveil après des mois au cours desquels
il insistait officiellement pour ne pas
« intervenir dans les affaires internes
syriennes » s'inscrit de la vaste
campagne internationale contre le régime
syrien. Et, comme selon certaines
sources, Walid Joumblatt l'aurait
entendu au cours d'une de ses visites à
l‘étranger, le mois de Ramadan semble
l'occasion d'un forcing systématique
pour augmenter les pressions sur Bachar
Assad.
La récente tempête lancée par le 14 mars
contre la visite du ministre de
l'Energie Gebrane Bassil, suivie de
celle du ministre des AE Adnane Mansour
à Damas et leurs rencontres respectives
avec le président syrien s'inscrit aussi
dans ce cadre. Le 14 mars et plus
particulièrement le Courant du Futur
pousse à fond leurs efforts pour
exacerber le conflit confessionnel, en
Syrie, mais aussi au Liban, peu soucieux
des conséquences de leurs déclarations
(voire de leurs actes) sur les pays et
les populations qu'ils prétendent
défendre.
A ce sujet, on peut se poser la question
suivante : pourquoi cheikh Saad n'a-t-il
été ému au point de réagir que devant
les émeutes de Hama ? Deraa, Jisr el
Choughour et les autres localités
syriennes n'ont-elles aucune importance
à ses yeux ? En réalité, il a parlé de
Hama parce que cette localité a des
consonances sunnites et évoque des
événements qui se sont déroulés il y a
près de 30 ans et il en a parlé la
semaine dernière parce que c'est le
début du mois de Ramadan que l'Occident
espère décisif contre le régime, tentant
ainsi d'aiguiser la colère des sunnites
pour réaliser le fameux projet
israélo-américain.
Cheikh Saad a-t-il été satisfait en
voyant les images des manifestations de
Tripoli au Liban « en guise de
solidarité avec Hama » ? L'armée
libanaise multiplie les mesures pour
maintenir le calme au Nord, mais la
tension ne cesse de monter entre les
différentes composantes de la société au
Nord. Est-ce dans l'intérêt du Liban de
chercher à diviser la population, de
monter les Libanais les uns contre les
autres et de soulever des polémiques sur
tous les sujets sensibles ? De quel sens
national s'agit-il là qui pousse aux
réactions extrêmes, en prenant des
risques pour la stabilité du pays, pour
la seule raison que l'on a perdu le
pouvoir dans le cadre des règles
constitutionnelles et démocratiques ? Le
Liban ne tombera pas dans ce piège et ne
fera pas le jeu de ceux qui par
inconscience, maladresse ou volonté
délibérée veulent le déstabiliser pour
atteindre la Syrie. Non pas à cause du
sens des responsabilités de
l'opposition, mais de celui de la
majorité, des responsables et de l'armée
qui ont compris le jeu des nations et
qui savent que dans un contexte aussi
complexe, l'intérêt du Liban est de
préserver son unité et sa stabilité
internes et que celle-ci passe par le
maintien de ses relations privilégiées
avec la Syrie.
Le sommaire de Soraya Hélou
Le
dossier Liban
Dernières mises à jour
|