Entretien avec Jürgen
Cain Külbel
Le journaliste d’investigation face aux
manipulations des services secrets
Silvia Cattori
30 juillet 2007
Jürgen Cain Külbel,
enquêteur allemand et collaborateur du Réseau Voltaire, met en
évidence, dans l’entretien accordé à Silvia Cattori, les
difficultés auxquelles peut se heurter un journaliste
d’investigation. Son témoignage révèle certaines pratiques
utilisées par les divers pouvoirs que dérangent les enquêtes
citoyennes remettant en question des « vérités »
officielles.
Le Réseau Voltaire n’a pas pour habitude d’étaler dans ses
colonnes les difficultés auxquelles ses collaborateurs sont
confrontés. S’il a décidé de publier le témoignage de Jürgen
Cain Külbel —qui n’est pas un cas isolé, mais la règle—,
c’est que celui-ci s’accompagne de documents irréfutables sur
l’espion Saïd Dudin.
Silvia
Cattori : Montrer avec quelle
facilité l’administration états-unienne a manœuvré pour
faire aboutir des résolutions porteuses de nouvelles guerres au
Moyen Orient, fournir des éléments permettant de faire le lien
avec le Mossad pour nombre d’assassinats immédiatement attribués
à la Syrie par les médias dominants, jeter le doute sur le sérieux
des enquêteurs mandatés par l’ONU, tout cela vous a attiré
estime et considération auprès d’un public avide de connaître
la vérité. Mais aussi l’inimitié de ceux que vos
investigations dérangent. Les médias ont-ils mentionné
l’existence de votre livre Le Dossier Hariri [1]
?
Jürgen Cain
Külbel : En Allemagne les « grands » médias
ont passé sous silence —avec succès— l’existence et le
contenu de mon livre. Les médias internationaux en ont fait des
comptes-rendus complets. L’édition en langue arabe a suscité
un grand intérêt auprès du public de l’Orient arabe où mes
recherches ont été considérées comme une étape importante
pouvant conduire vers les véritables commanditaires de ce lâche
attentat contre Hariri.
Silvia
Cattori : Mais, dans votre pays,
outre le fait que ni les autorités ni les journaux n’ont parlé
de votre contre-enquête, un journaliste du Spiegel n’a-t-il
pas essayé de vous discréditer en vous accusant d’antisémitisme ?
Jürgen Cain
Külbel : Pour les autorités allemandes il n’y a
qu’une vérité, à savoir : celle que le procureur Detlev
Mehlis avait présentée sur la base de l’échafaudage douteux
qu’il avait bâti [2].
Il a d’ailleurs reçu des mains du président de la République
Horst Köhler, la Croix fédérale du Mérite [3],
en récompense.
Quant au journaliste du Spiegel
auquel vous faites allusion, il s’agit de M. Henryk M. Broder.
Au début, quand il m’a traité à plusieurs reprises —vous
devez savoir que j’attribue un rôle important au Mossad dans
l’assassinat d’Hariri— d’« antisémite » et de
« fasciste rouge », j’avais pris cela au sérieux.
En fait, je n’aurais pas dû donner de l’importance à ce
qu’il disait, car M. Broder fait partie de ces journalistes
qui tournent au vent comme des girouettes et qui n’ont pas
d’autres arguments que de crier à l’« antisémitisme »
ou à l’« islamophobie ».
Silvia
Cattori : Que s’est-il passé avec
le journaliste palestinien Saïd Dudin qui devait assurer la
promotion de votre livre ?
Jürgen Cain
Külbel : Avant d’évoquer le rôle de Saïd Dudin,
permettez-moi de vous livrer quelques extraits de documents le
concernant, émanant du Ministère de la sûreté de l’État de
la RDA [4].
En février 1983, il semble que les fonctionnaires de ce ministère
seraient arrivés à la conclusion que Dudin pouvait travailler
pour le KGB [5].
Mais, deux mois plus tard, en avril 1983, ils s’avisaient que
Dudin serait un agent de l’Allemagne de l’Ouest et/ou de la
CIA et notaient que « Dudin a des possibilités
d’espionnage excellentes dans l’OLP. En outre, la possibilité
d’un double jeu en collaboration avec le MfS, doit absolument être
considérée » [6].
Silvia
Cattori : M. Said Dudin ne se
serait donc pas trouvé sur votre chemin par hasard !?
Jürgen Cain
Külbel : Le rapport de l’ancienne sûreté de
l’État de la RDA, daté du 13 mars 1985, fournit en tous cas
une information intéressante : « Il a été rendu
public que Saïd a écrit, pour 30.000 DM, la thèse de doctorat
pour le membre du Conseil central de OLP Mohammed Abbas (Abu Mazen).
Mazen a étudié en URSS ».
C’était là, peut-être, la
vraie raison qui avait conduit les Russes à demander le dossier
de la Stasi sur Said Dudin, en 1983. M. Mahmoud Abbas était-il
lui aussi, dès cette époque, introduit dans l’entourage de la
CIA/Mossad, à ce que soupçonnait, ou savait, le KGB ? Il
est par conséquent logique que les services secrets se soient
aussi intéressés à Dudin, l’homme qui aurait probablement écrit
la thèse de M.Abbas.
Hasard ? Dès que le contrat
avec l’éditeur berlinois Kai Homilius a été signé, en
juillet 2005, celui-ci m’a mis en contact avec Saïd Dudin, que
je ne connaissais pas. Selon l’éditeur, Dudin avait des
relations, disposait d’informations, et je devais absolument
coopérer avec lui ! Je ne souhaite pas m’étendre
davantage au sujet de la liaison entre Dudin et Homilius.
Revenons à mes relations
d’alors avec Saïd Dudin. Après quelques rencontres, je me suis
aperçu que Dudin se servait essentiellement, pour la « conversation »,
d’une méthode que l’on appelle, en psychologie judiciaire, le
« mensonge incomplet », où de fausses affirmations,
se trouvent mêlées à des déclarations qui reflètent la réalité.
Parce que, dans la conscience du menteur, coexistent deux événements
parallèles —fiction et vérité pour ainsi dire— et le
menteur court toujours le danger de laisser transparaître quelque
chose. Bref, c’est de cette façon passablement écervelée,
qu’il s’est entêté à vouloir connaître les informations
dont je disposais touchant l’enquête sur le dossier Hariri.
Said Dudin séduisait avec des
voyages, des apparitions à la télé, bref, par toute cette
panoplie qui peut amener à la « renommée ». Comme,
avec moi, rien de tout cela ne fonctionnait et que je m’éloignais
de plus en plus de lui, en décembre 2005, il m’a offert de
travailler pour lui comme une sorte de secrétaire particulier,
bien sûr dans son appartement. Je devais réviser certains
documents qui pourraient être « vendus » plus tard
contre « pas mal d’argent ».
Quand il m’a dit de prendre en
considération son offre —qui pouvait permettre d’améliorer
« ma situation économique »— j’ai éprouvé un
sentiment de répulsion. C’est pour cette raison que j’ai
interrompu, par courriel, tout contact avec Dudin, le 12 décembre
2005.
Silvia
Cattori : Cette expérience,
est-elle révélatrice des obstacles dont peuvent être victimes
les journalistes d’investigation qui enquêtent sur des thèmes
« sensibles » ?
Jürgen Cain
Külbel : Je ne peux parler ici que de mes propres
expériences et ne voudrais rien généraliser. Je pense que des
milieux bien précis s’intéressent toujours beaucoup à ces
journalistes qui ont le courage d’enquêter dans des domaines
politiquement « sensibles ».
Pour moi, c’était la première
expérience de ce type. J’avais commencé mon enquête avec la
bonne intention de rechercher la vérité sur un assassinat. Sur
mon chemin, une sirène nommée Saïd Dudin a cherché à me séduire
par son chant. Mais ce chant était par trop strident.
Celui qui ne prend pas garde, à
un tel moment, va devenir son propre prisonnier ; il va se
laisser envoûter et va se trouver rapidement impliqué dans des
affaires illégales qui vont l’exposer au chantage, ce qui est
probablement le but. Si ce but est atteint, le tour est joué.
Le journaliste « honnête »
qui tombe dans ce genre de piège n’a plus qu’à briser son
miroir qui lui renvoie l’image d’un traître. Il ne lui reste
plus qu’un choix restreint : soit il capitule, et il arrête
d’écrire ; soit il devient une prostituée au service de
medias dominants ou encore un informateur qui se laisse manipuler
pour accomplir d’autres missions.
Silvia
Cattori : Y a-t-il, selon vous,
beaucoup de gens qui, par appât du gain, se laissent recruter par
des services secrets pour mener des actions louches ? Quels
conseils donner à de jeunes arabes —particulièrement visés au
Moyen-Orient— qui pourraient, de bonne foi, être entraînés à
coopérer avec des services de renseignement, sans savoir que ceux
qui les approchent peuvent être des agents qui travaillent pour
la CIA, le MI6 ou le Mossad ?
Jürgen Cain
Külbel : L’appât du gain est un levier efficace.
Au sujet de Said Dudin, l’ancienne Sûreté de l’État
est-allemande notait, en 1975 : « Suite à ses
explications il doit recevoir une bourse élevée, puisque son
loyer est d’environ 500 DM, et qu’il est constamment en
voyage, par exemple en Angleterre, en France, en Italie, et un séjour
au Caire pendant 7 mois, en 1974 et 2 mois à Moscou et à
Beyrouth ». L’informateur de la Stasi déduisait à cette
époque « que Dudin vit au-dessus de ses ressources financières
et est soutenu et financé par d’autres services ou personnes. »
En effet, malheureusement, trop de
gens acceptent de fournir des « informations », contre
argent comptant, à certains de ces services. Si les informations
qu’ils fournissent sont exactes est une autre histoire. Dans les
services secrets, presque tout s’achète.
Le recrutement des informateurs et
des agents, est une affaire spécifique et souvent sale. Dans
leurs méthodes, les services secrets occidentaux se différencient
à peine de ceux de l’ancien bloc de l’Est.
On ne peut pas ici formuler un
avertissement ou apporter des recettes. Souvent aussi, les
services secrets recrutent des gens qui ont un lien avec le crime,
qui sont vulnérables au chantage et qui deviennent ainsi dociles.
Ils se trouvent alors dans une situation de dépendance.
Naturellement, il y a aussi des criminels par conviction qui sont
prêts à toutes les fourberies.
Silvia
Cattori : Ces services de
renseignement, qui corrompent des gens, ne constituent-ils pas une
grave menace pour la démocratie et l’État de droit ? Les
citoyens sont-ils en mesure de voir que leurs systèmes politiques
ont un fonctionnement opaque ?
Jürgen Cain
Külbel : Les institutions de surveillance et de
police des États poussent comme des champignons ; particulièrement
dans les soi-disant démocraties. Naturellement, toujours sous la
couverture de la « lutte contre le terrorisme » ;
un slogan, que le Président Bush a claironné pendant des années
dans le monde entier. Les droits fondamentaux et les libertés
civiques qui, dans nos pays « démocratiques », ont été
supprimées dans ce sillage, seront difficiles à reconquérir, même
quand la sombre époque marquée par la politique de Bush fera
partie du passé.
Silvia
Cattori : Vos révélations ont néanmoins
eu un impact certain auprès de la commission onusienne sur une
enquête que vous avez qualifiée de « biaisée » [7].
Votre contre-enquête a dû être dommageable pour le procureur
Melhis. Est-il en mesure de vous faire taire ?
Jürgen Cain
Külbel : Mon livre a probablement été utilisé
comme « preuve ». On lui attribue d’avoir conduit à
d’autres « normes » dans l’enquête ;
c’est-à-dire qu’on ne se focalise plus uniquement sur la
Syrie, et qu’on envisage et prend en considération plusieurs
autres hypothèses relatives aux coupables. Mais le Mossad n’a
pas été jusqu’ici considéré comme un possible suspect, pas
davantage que les faiseurs de démocratie de l’« United
States Comitee for a Free Lebanon » [8]
et du gouvernement du Liban en exil, dirigé par le Mossad/CIA,
avec siège à Jérusalem et Washington.
Quant aux possibilités de M. Mehlis
de me faire taire : en effet, les chiens de garde sont extrêmement
vigilants. Je m’en sens évidemment honoré ; l’avocat de
Monsieur Mehlis est intervenu en septembre 2006 parce que le titre
d’un de mes livres en cours de rédaction, ne le satisfaisait
pas.
Mais l’« expérience »
que j’ai vécue, avec la maison d’édition Homilius, était
bien plus répugnante. Comme je l’ai dit, j’ai rompu en décembre
2005 avec Said Dudin. En mars 2006, Homilius passait un contrat
avec lui, contre ma volonté, pour s’occuper des relations
publiques touchant les éditions de mon livre parues en langue
arabe. Ensuite, tout est devenu très désagréable. Moi,
l’auteur, je n’ai touché aucun « droit d’auteur »
pour la première édition de mon livre Le Dossier
Hariri ; ma part s’est limitée à deux copies imprimées.
Il faut se poser la question :
qui est avec qui dans ce cas, et pour quel objectif, et pourquoi
des auteurs —pas seulement moi— sont-ils traités ainsi ?
En réalité, cela a toujours été une pratique de l’adversaire
politique de couler financièrement les auteurs gênants et de les
réduire ainsi au silence. Et, naturellement, cela fait aussi
partie des traits caractéristiques de la protection de l’État
d’infiltrer des sources, pour gagner de l’influence et savoir
à l’avance ce qui se mijote « d’explosif », dans
les maisons d’édition de façon à pouvoir préparer la
riposte.
Un autre exemple qui montre que,
dans ce maquis de l’édition, quelque chose ne fonctionne
absolument pas comme cela devrait : Saïd Dudin, l’homme
des relations publiques de la maison d’édition Kai Homilius, a
montré, le 7 mai 2006, l’arrogance avec laquelle il se
permettait de mettre le gouvernement syrien dans le pétrin. Ce
jour là, lors d’une conférence, à Damas, où je présentais
la thèse de mon livre sur l’assassinat de Rafic Hariri devant
des centaines d’auditeurs, des télévisions et des journaux
internationaux, des ministres et ambassadeurs, j’avais à peine
terminé que Dudin a pris le microphone et s’est emporté.
Le lendemain on pouvait lire, par
exemple, dans le journal syrien Al Sham News :
« Après l’exposé, le chercheur palestinien Saïd Dudin
s’est exprimé avec violence et a appelé à attaquer les
ambassades et intérêts occidentaux dans la région… » Le
ministre de la culture, Dr. Riad Nassan Agha …a précisé —en
marge de la conférence— que ce qu’a déclaré Dudin n’était
qu’une opinion purement personnelle. » De nombreux autres
comptes-rendus de presse attestent de cette provocation
monstrueuse.
Silvia
Cattori : Saïd Dudin aurait-il était
chargé de se servir de cette tribune pour jeter de l’huile sur
le feu, embarrasser les Syriens, et par-là même discréditer la
thèse que vous exposez dans votre ouvrage ?
Jürgen Cain
Külbel : En effet, le gouvernement syrien dont le
pays a été mis, avec l’Iran, depuis la guerre contre l’Iraq,
tout en haut de la « liste noire » de
l’administration Bush, a dû considérer qu’il s’agissait là
d’une manœuvre. L’Iran, la Syrie et le Liban sont, au Moyen
et au Proche-Orient, les seuls pays qui ne sont pas sous le contrôle
direct ou indirect de l’Occident. Je vous laisse le soin de déterminer
si Monsieur le « politologue » Dudin pourrait être un
agent provocateur !
Silvia
Cattori : Le fait de vous sentir
sous la surveillance permanente de services de renseignement ne
vous décourage-t-il pas de continuer ?
Jürgen Cain
Külbel : Tout est une question d’habitude. J’ai
appris à ne plus prendre trop au sérieux cet environnement
« hostile ». Dès lors que je n’ai rien à
dissimuler, je demeure détendu. Je suis amical et même je passe
parfois le bonjour, à ceux qui écoutent secrètement mon téléphone.
Comme je ne suis pas un auteur salarié, je jouis en outre de la
liberté de pouvoir écrire les choses telles que je les vois et
pas comme elles « doivent » être vues. C’est un
privilège qui donne de la force.
Le journalisme devrait avoir pour
mission d’informer, eu égard justement au rôle agressif que
jouent les États-Unis et Israël dans l’Orient arabe. Mais, en
Allemagne, il y a un problème particulier : on n’y
critique quasiment pas l’État d’Israël. À cet égard, les
partis politiques observent également une prudente réserve. Un
journaliste qui ose briser ce tabou court le risque d’être anéanti
professionnellement —à titre préventif— en qualité de
« criminel antisémite » ou de « criminel nazi ».
Les auteurs salariés, pro israéliens et pro américains, sont
malheureusement partout à l’affût.
L’Allemagne se transforme
actuellement, sous la chancelière Merkel [9],
en un État qui fait peur. Son Ministre de l’Intérieur ferait pâlir
George Orwell [10].
Sur le plan de la politique extérieure nous sommes associés à
Tel Aviv et Washington ; nous sommes présents au Proche et
au Moyen-Orient, en Afghanistan et s’il se pouvait, nous serions
aussi présents en Iran, là où tout ce qui se passe est lié au
pétrole et aux oléoducs ; nous nous battons, avec
d’autres, contre tout ce que les autorités d’Israël et des
États-Unis ont défini comme « terrorisme », même
s’il n’existe pas. C’est pourquoi, dans notre pays, l’élite
politique porte la responsabilité ; c’est donc elle —et
non pas le peuple— qui a toujours eu en Allemagne un esprit
moutonnier, qui court derrière les va-t-en-guerre avides de pétrole,
et qui sous l’étendard de la « Démocratie »,
trompent les populations du globe, et les intoxiquent 24 heures
sur 24 avec le prétendu « danger islamique ». Dans ce
contexte, informer est ici, pour moi, une question d’honneur et
d’éthique journalistique.
Silvia
Cattori : Vous rédigez actuellement
un second livre sur les manipulations qui entourent l’assassinat
du Premier ministre Rafic Hariri. Qu’avez-vous encore à révéler
à ce sujet ?
Jürgen Cain
Külbel : Ce second livre pourrait avoir pour titre Les
poseurs de bombes de Beyrouth - Dissection de l’attentat contre
Hariri. À côté de mes propres réflexions, j’analyse les
rapports des Commissions de l’ONU et je donne la parole aux
experts ou scientifiques reconnus sur le plan international. Il
est intéressant de lire les résultats des enquêtes des
commissaires de l’ONU.
Je m’intéresse tout particulièrement
à tous les crimes restés ignorés qui ont précédé
l’attentat contre Hariri, et qui ont servi, comme quantité
d’autres choses, à dissimuler les véritables circonstances et
mobiles de l’attentat. De même j’ai pu rassembler d’autres
informations en ce qui concerne le véhicule de l’attentat
contre Rafic Hariri, un Mitsubishi Canter. Toutes ces choses
manquent jusqu’ici dans l’énumération du procureur Belge ou
n’ont pas été considérées.
Je voudrais terminer le manuscrit
avant la fin de la mission de Serge Brammertz, dont le mandat
s’achève à la fin de l’année.
Ce livre, je vais le dédier aux
victimes de ce spectaculaire massacre. On ne parle jamais d’eux.
Des vingt tués et des cent blessées, ni des familles des
victimes qui souffrent dans leur âme et dans leur cœur, depuis
ce jour terrible de la Saint Valentin à Beyrouth en février
2005. Il s’agit en effet du meurtre de quantité de personnes,
un fait qui semble déjà oublié et que l’ombre du milliardaire
Rafic Hariri, manipulée politiquement en tous sens, menace
d’effacer définitivement.
Silvia
Cattori : M.Kofi Annan, un diplomate
rompu à la politique, devait parfaitement savoir que M.Bolton [11]
engageait l’ONU vers la mise sur pied d’un tribunal qui devait
servir les projets de déstabilisation de Tel Aviv et Washington ?
D’après vous, pourquoi M. Annan s’est-il pliés à cela ?
Jürgen Cain
Külbel : Ban Ki-Moon, le successeur, me semble être
un personnage plus dangereux ! N’a-t-il pas déclaré récemment :
« Les troupes des États-Unis jouent le rôle principal au
sein de la coalition en Irak, ce qui exige beaucoup de victimes de
leur part. Personne ne peut nier que l’Amérique joue un rôle
considérable dans la stabilisation de l’Irak. Nous devons
savoir reconnaître cette contribution des États-Unis et les
victimes qui y sont liées ».
Du rôle de Kofi Annan, j’en ai
déjà parlé dans mon livre, Le Dossier Hariri.
Il était peut-être devenu vulnérable au chantage, parce que son
fils avait été impliqué dans le « pétrole contre
nourriture ». Il aurait pu choisir de démissionner. Mais
puisqu’il ne l’a pas fait, il est resté pris dans les rouages
de la machinerie de l’ONU, qui est encore asservie aux USA.
Document de la Stasi : Partie 1
(Source : Hauptabteilung II, AG Ausländer,
Berlin, 23.4.1983)
Document de la Stasi : Partie 2
(Source : Hauptabteilung II, AG Ausländer,
Berlin, 23.4.1983)
Silvia Cattori
Journaliste suisse
Traduction Monica Hostettler
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