Un des grands crimes de notre temps
Gaza meurt
dans l'indifférence, au su et au vu du monde
Silvia Cattori
Gaza : des enfants
condamnés avant leur naissance
(rafahtoday.org)
3 juin 2008 Nous continuons
d’écrire, de dire notre refus des horreurs perpétrées par
l’armée israélienne, tout en sachant que ceux des responsables
qui ont la possibilité de les faire cesser ne veulent pas nous
entendre. Des voix courageuses, et prestigieuses, se sont
pourtant élevées. L’ancien
président Jimmy Carter a récemment déclaré que le blocus contre
la bande de Gaza, imposé par le Quartet après la victoire du
Hamas aux élections de 2006, était « l’un des
plus grands crimes contre l’humanité au monde » car il
signifiait « l’emprisonnement de 1,6 millions de
personnes, dont 1 million sont des réfugiés (…) A Gaza, la
plupart des familles ne mangent plus qu’un repas par jour. De
voir les Européens s’accommoder de cela est déconcertant ».
À une question qui lui était posée sur la possibilité qu’ont les
Etats européens de rompre avec l’attitude imposée par les
Etats-Unis, M. Carter a répondu : « Pourquoi
pas ? Ils ne sont pas nos vassaux. Ils occupent une position
d’égalité par rapport aux Etats-Unis » [1].
L’archevêque Desmond Tutu,
Prix Nobel de la Paix sud-africain, s’est rendu récemment à
Gaza, dans le cadre d’une mission de trois jours à la demande du
Conseil des Droits Humains de l’ONU. « La
situation entière est abominable » a-t-il déclaré. « Nous
pensons que les citoyens israéliens ordinaires ne supporteraient
pas ce blocus, ce siège, s’ils savaient que ce cela signifie
vraiment pour les gens ordinaires comme eux ». La communauté
internationale est aussi fautive, a-t-il dit, pour son « silence
et sa complicité » [2].
Mais ces voix restent
malheureusement trop rares et isolées. Malgré leurs appels, rien
ne change, les mois passent. Israël maintient Gaza bouclée ; en
manque d’eau, d’aliments, de médicaments les gens
s’affaiblissent, dépérissent, meurent.
Au moment où nous écrivons
ces lignes, à Gaza, il y a des mères qui mettent au monde des
enfants condamnés avant leur naissance. Le nombre d’enfants qui
meurent à la naissance à cause de la malnutrition s’accroît.
Beaucoup des enfants survivants sont anémiques, car la mère a
elle-même été sous-alimentée durant sa grossesse.
Imaginez l’inquiétude des
parents, l’angoisse des mères à l’enfantement ! Il y a 9’000 à
10’000 nouveaux nés à Gaza chaque mois.
C’est un crime abominable !
Ces enfants, vont devoir supporter toute leur vie les séquelles
de cette situation. Car leurs cellules cérébrales ont subi
d’ores et déjà des dommages irréparables.
La majorité des enfants en
dessous de l’âge de cinq ans se trouvent sous-alimentés, parce
que privés de nourriture par décision du Gouvernement et de
l’Etat Major israélien ! Les dirigeants israéliens savent
parfaitement ce qu’ils font : sans le dire, ils contribuent par
cette mesure cruelle à compromettre la vie des enfants
Palestiniens de façon irréversible. Et nul ne semble pressé de
courir au secours de ces enfants !
La situation à Gaza est
devenue intolérable. Voilà ce que nous disait, l’autre jour, un
habitant de Beit Hanoun : « On est arrivé
au-delà du supportable. Pas d’électricité, pas de mazout, pas de
gaz, pas de nourriture, pas d’eau potable, pas de salaire ; on
n’a rien ; c’est indescriptible. Et ni l’Europe, ni les Etats
arabes ne réagissent, comme si la bande de Gaza était déjà rayée
de la carte ! »
Quand il s’agit de la survie
des Palestiniens, qu’Israël affame et assassine, les
responsables politiques restent inertes ; et les médias ne font
pas une information qui permette aux gens de se rendre compte de
la gravité de la situation. Mais les images terribles existent,
les atrocités ont été décrites, et qui le veut vraiment a la
possibilité de savoir ce qui se passe.
Dès lors, tous ceux qui
s’indignent rétrospectivement du silence et de la passivité de
leurs aînés devant les pratiques concentrationnaires des Nazis,
mais qui ne font rien pour dénoncer la situation qui est faite
aux Palestiniens, ni pour obliger Israël à changer de politique,
devraient commencer par balayer devant leur porte.
Contrairement à leurs aînés, ils disposent, eux, de toutes les
informations. Leur silence et leur passivité ne sont rien
d’autre qu’une complicité dans le crime
SilviaCattori
[1]
Voir :
« Hay
Ride : Jimmy Carter Crosses the Line », by Chris Floyd,
chris-floyd.com, 26 mai 2008.
voir
également : « Jimmy
Carter dénonce le blocus de Gaza », Le
Devoir, 26 mai 2008.
[2]
Voir :
« Tutu
calls for end to blockade of Gaza », by Rory McCarthy,
The Guardian, 30 mai 2008.
traduction
française
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