Le Grand Soir
Chávez à l'ONU : La « bête noire » a parlé
Serge Charbonneau
UN Photo/Erin Siegal
Vendredi 2 octobre 2009
Que dire de son discours ? Que dire ? La seule chose que l’on
peut dire c’est de vous inviter à l’écouter. Ce discours est
disponible en anglais (traduction simultanée) et en espagnol (la
meilleure version) sur le site de l’ONU
http://www.un.org/ga/64/generaldebate/VE.shtml
Il y avait trois ans que Chávez s’était exprimé
à l’ONU, il y avait présenté le livre de Noam Chomsky, un livre
qu’il venait de lire : « Dominer le monde ou sauver la
planète ». Il avait aussi parlé de soufre. « Huele
a sufre todavia aqui » avait-il lancé. Ça sent encore le
soufre ici ! Avait-il dit en soulignant que le Président Bush
était passé là la veille.
Cette année aussi, il a parlé de soufre. Mais
cette fois, il a dit : « Tiens, ça ne sent pas
le soufre aujourd’hui ! Il renifle bien et il dit : Eh ! Non, je
ne sens pas aucune odeur de soufre cette année, je sens plutôt
une odeur d’espoir, une odeur d’espoir qui va droit au cœur. »
Et la main sur le cœur il fait allusion à Obama.
Un discours qui s’écoute comme un
divertissement, presque comme un monologue de Deschamps. Un
discours qui réfléchit, qui accuse, qui dénonce et qui salue
chaque nouveau ou nouvelle venue dans la salle. Il semble
connaître personnellement tous ces gens, il les appelle par leur
prénom ou directement par leur nom sans s’encombrer de leur
titre. Il fouille dans son calepin, réfléchit cherche la note
qu’il a pris la veille ou un peu plus tôt. Lula a dit, Obama a
dit, Kadhafi a dit, Evo a dit, Cristina a dit…
Le capitalisme c’est la ruine, le socialisme
c’est la solution. Il en est convaincu, il en est même
convaincant. Il faut le voir, il faut l’entendre.
Obama… Y a-t-il deux Obama ? Il se le demande à
plusieurs reprises. Il est sans ménagement pour son ami le
Président des États-Unis.
Il s’adresse directement à certains dans
l’assistance, on voit presque l’électricité circuler entre lui
et la personne à qui il s’adresse. Un Président africain le
salut la main sur le cœur, une Équatorienne lui sourit en
rougissant presque. La salle l’applaudit à plusieurs reprises.
Il clôture son discours par un baiser lancé à
l’assistance.
Chávez est un homme de paix, un homme qui a à
cœur les plus démunis de la planète et il est un fier
Latino-Américain.
Chávez est un des politiciens les plus
flamboyants des dernières années. On disait de notre regretté
Pierre Bourgault qu’il était un tribun hors pair, un orateur
incroyable, même notre René Lévesque n’était pas piqué des vers,
mais j’oserais dire que Chávez les bat tous les deux. Par la
qualité de son propos, par le lien qu’il peut établir avec son
auditoire, par la diversité de son style, tantôt sérieux, tantôt
enflammé, tantôt sensible, tantôt catégorique, tantôt poète,
tantôt humoristique et toujours humain, toujours vrai, toujours
sincère. Chávez ne sonne jamais faux. Il n’a rien à cacher. Il
avoue franchement qu’en 1992 lors du sommet sur l’environnement
à Rio, il était en prison. Il dit : je m’en
souviens, j’étais en prison !
Chávez dit bien des choses. Un discours
impossible à résumer. Un discours à écouter. C’est lui « la bête
noire de Washington », écoutez-le.
http://www.un.org/ga/64/generaldebate/VE.shtml
Serge Charbonneau
Québec
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