Centre
Palestinien
d'Information
Opinion
La situation
démographique et économique de l'Entité sioniste d'aujourd'hui
Salman Abou Sitta
Photo CPI
Dimanche 18 juillet 2010
Palestine – CPI
Quelle est la situation d’"Israël"
d’aujourd’hui ? Notons tout d’abord qu’"Israël" n’aurait pas été
"Israël" si elle avait laissé tomber le sionisme ; elle serait
restée la Palestine avec une minorité juive, aussi grande soit
cette minorité. Il est alors inutile de chercher un chef
israélien qui croirait aux droits des Palestiniens, il est
inutile de chercher parmi la gauche ou parmi la droite
israéliennes.
A remarquer aussi qu’"Israël" reste toujours
attachée à la carte de son entité présentée par l’Organisation
sioniste à la conférence de paix de 1919. Tous les évènements
qui la suivirent le confirment. A l’époque, l’Organisation dit
que les frontières occidentales d’"Israël" seraient fixées par
un accord avec l’Egypte et que le mont du Golan serait une
partie d’elle ; et cela, aujourd’hui, est tout à fait réel.
L’Organisation voulait aussi que le Sud du Liban, jusqu’au
Litani, fasse également partie d’"Israël" ; cette convoitise,
"Israël" n’a pu encore la réaliser ; elle ne baisse cependant
pas les bras.
Et pour ce qui est des frontières est, elles
seraient, pour l’Organisation sioniste, la ligne de chemin de
fer d’Al-Hodjaz, la ligne Daraa-Amman, Moaan, Al-Aqaba. Et
actuellement, "Israël" travaille systématiquement dans le désir
de les avoir, en lançant certaines allégations comme celle-ci :
tout Palestinien, en Cisjordanie, n’est qu’un intrus qui devrait
en être chassé, en continuant à construire des colonies, en
retirant les cartes d’identité des habitants arabes de la ville
d'Al-Quds, en privant les habitants de la Cisjordanie de 90% de
leur eau, en ne démantelant pas les 600 barrages installés sur
toutes les routes, en poursuivant les arrestations et les
assassinats, et ce n’est pas tout.
La volonté d’"Israël" de mettre la main sur
le total de la Cisjordanie n’est plus un secret pour personne,
dans les milieux israéliens et occidentaux. Et cela fait
plusieurs années que des Israéliens la mentionnent dans leurs
articles tels Akifa Ildar, Amira Has, Iyal Has, Ayal Wayzman,
Jirchon Ghornberg. Et les rapports du bureau des Nations Unies
d’aides humanitaires (OCHAOPT) la confirment.
Le professeur Jones Mirez Haymer est connu
pour son rapport « Le lobby israélienne » écrit avec son
collègue le professeur Steven Walt. Cet Américain, qui ne
s’intéresse qu’à l’intérêt de son pays, a donné des détails sur
cette volonté israélienne, dans une conférence faite au Centre
de la Palestine à Washington.
Il fit une analyse précise des politiques
israéliennes. Il dit que la Cisjordanie connaîtrait une
judaïsation complète, excepté quelques poches arabes ici et là.
Ainsi, "Israël" serait un Etat d’apartheid sur la totalité de la
Palestine historique. Cela ouvrirait la porte à une déportation
collective des Palestiniens, car "Israël" devrait garder une
majorité juive, sinon elle ne serait pas un Etat sioniste. Elle
serait un Etat démocratique qui comprendrait tout le monde, et
cela n’est en aucun cas acceptable pour "Israël" qui l’éviterait
même si elle devait commettre un holocauste contre les
Palestiniens.
La démographie d’"Israël"
En 2009, en "Israël", le nombre de juifs
était de cinq millions et demi de personnes, en considérant tous
les gens venant de Russie comme étant juifs (en réalité, 40%
d’entre eux ne le sont pas). La moitié des Juifs sont des
émigrés nés à l’étranger. Les Juifs de la deuxième moitié, nés
en Palestine, sont plus jeunes que ceux de la première.
D’origine, 37% de Juifs vinrent des Etats-Unis et d’Europe. 29%
d’Asie et d’Afrique. Ces derniers ont une natalité plus
importante.
Tous ces chiffres sont l’objet d’un grand
changement, dans le cas d’une Intifada importante ou d’incidents
dangereux ou de guerres dans lesquels "Israël" recevrait des
frappes douloureuses. Tout changement important de la
démographie transformerait "Israël" d’un pays sioniste en un
pays démocratique pour ces citoyens arabes et juifs.
Le professeur américain juif Lan Lustic dit
qu’après l’Intifada d’Al-Aqsa de 2000, beaucoup quittèrent
"Israël". Le nombre de ceux qui reprirent leurs nationalités
européennes augmenta de 40%. A remarquer que trois quarts des
Israéliens vont à l’étranger, au moins une fois par an, disent
les statistiques israéliennes, et que trois quarts d’un million
de porteurs de la nationalité israélienne vivent à l’étranger de
façon permanente et que tout Israélien garde sa nationalité
d’origine.
Remarquons qu’"Israël", malgré sa force
militaire et malgré la faiblesse des voisins arabes, reste
fragile, surtout géographiquement et démographiquement.
Géographiquement, 84% des Juifs vivent sur 17% de la superficie
d’"Israël", la construction ne se fait que sur 5% d’"Israël". Le
reste est exploité pour les bases et les établissements
militaires.
L’économie en "Israël"
Elle est bien forte d’un côté, mais fragile
de l’autre. La production nationale d’"Israël" atteint 207
milliards de dollars ; 32% de cette somme vient de l’industrie,
65% du service et 3% de l’agriculture. Maintenant, 24% vient des
services et 74% de l’exportation industrielle. L’économie
israélienne actuelle se base sur l’industrie technologique
avancée et sur l’exportation vers l’Europe et les Etats-Unis.
Il est naturel de dire qu’"Israël" est une
fabrication occidentale. En effet, elle n’est qu’une grande
usine entourant Haïfa et Tel-Aviv ; les Juifs de l’Amérique et
de l’Europe occidentale font le marketing par leur influence
financière et politique. "Israël" est une zone de commerce libre
pour les Juifs occidentaux et pour les hors-la-loi et pour le
blanchiment d’argent sale que les Juifs gagnent ailleurs.
250 experts israéliens étudièrent l’avenir
d’"Israël", jusqu’à l’an 2020. Ils croient qu’il est important
de rester industriellement lié avec l’occident. L’objectif
d’"Israël" est de rester parmi les six ou huit pays les plus
industrialisés du monde. C’est pour cette raison, elle conclut
des dizaines d’accords industriels et scientifiques avec les
pays occidentaux. Elle leur exporte ses produits avec des
traites de longs termes et ces pays payent les frais de
recherches.
La planification israélienne pour l’an 2020
dit que l’objectif d’"Israël" de sa paix avec les Arabes serait,
non parce que les Israéliens ont peur d’eux et non pour leur
vendre leurs produits, trop avancée pour les Arabes. "Israël"
cherche seulement la reconnaissance des Arabes de la légitimité
d’"Israël". Cette reconnaissance rassurera les investissements
occidentaux en "Israël". En fait, tout incident, aussi petit
soit-il, une Intifada, une explosion ici et là, pourra être un
vrai danger sur son économie et sur celle de l’Occident qui la
soutient.
C’est pour cette raison qu’"Israël" fait
tout pour afficher une façade d’une paix falsifiée ; pour
afficher qu’elle est dans des négociations de paix, mais des
négociations interminables donnant aux Occidentaux et aux Arabes
l’impression que la paix viendrait sans aucun doute. Les
investisseurs occidentaux ne devraient avoir peur : aucun danger
ni sur le terrain, ni juridiquement. Pas de danger, "Israël" ne
serait pas isolée, ses chefs ne seraient pas poursuivis pour
leurs crimes de guerre.
Article
écrit par Dr. Salman Abou Sitta, dans le journal As-Safir,
le 12 juillet 2010
Traduit par le département français du Centre Palestinien
d’Information (CPI)
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