Cuba
L'œuvre
de Fidel Castro
Salim Lamrani
Salim Lamrani
The Times (Londres), 20 février 2008
Fidel Castro a marqué à jamais l’histoire cubaine. En
un demi-siècle, il a transformé son pays tyrannisé par la
dictature de Fulgencio Batista et le joug étasunien en une nation
indépendante respectée dans le monde entier pour son irrévérence,
son courage et son altruisme.
Malgré l’acharnement cruel dont elle a été victime
depuis 1959, malgré les sanctions économiques inhumaines
qu’elle subit, Cuba a réussi à se libérer des affres du
sous-développement grâce à son leader politique, historique et
spirituel.
Tous
les organismes internationaux, des Nations unies à la Banque
mondiale, sont unanimes pour reconnaître que la population de
l’île est la seule du Tiers-monde à avoir atteint un niveau de
développement humain comparable à celui des pays les plus avancés.
Cuba dispose de l’espérance de vie la plus élevée et du taux
de mortalité infantile le plus bas du Tiers-monde (plus bas même
que celui des Etats-Unis). L’UNICEF certifie que Cuba est
l’unique nation d’Amérique latine à avoir éradiqué la dénutrition
infantile.
Depuis
1962, Cuba s’est engagée à soigner les pauvres à travers la
planète. Près de 132 000 médecins cubains ont œuvré bénévolement
dans 102 pays. Actuellement, 31 000 collaborateurs médicaux
offrent leurs services gratuits dans 69 nations. En 2004, Fidel
Castro a lancé l’Opération Miracle qui a permis à plus d’un
million de personnes de 28 pays
atteintes de maladies oculaires, y compris des citoyens étasuniens,
de recouvrer la vue.
Cuba est souvent stigmatisée par Washington et ses fidèles
serviteurs pour la question des droits de l’homme. Contrairement
au reste du continent, à Cuba, depuis 1959, aucun cas
d’assassinat politique, de disparition ou de torture n’a été
rapporté par une quelconque institution internationale. Par
ailleurs, il suffit de consulter les rapports annuels d’Amnesty
International pour se rendre compte que ni les Etats-Unis ni
l’Union européenne ne disposent d’autorité morale pour
donner des leçons aux Cubains.
« Les damnés de la terre », quant à
eux, vouent une reconnaissance et une admiration infinies au
leader de la Révolution cubaine dont les soldats ont, entre
autres, participé à la libération de l’Afrique et à l’élimination
de l’ignominieux Apartheid. Comme l’a souligné Nelson
Mandela, « Quel autre pays pourrait prétendre à plus
d’altruisme que celui que Cuba a appliqué dans ses relations
avec l’Afrique ? »
Le seul crime de lèse-majesté qu’a commis Fidel Castro
est celui d’avoir refusé de courber l’échine face aux
puissants, d’être resté fidèle à ses principes et de
persister à croire qu’un autre monde, moins cruel, est
possible.
Salim
Lamrani est enseignant, écrivain et journaliste français, spécialiste
des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Il vient de publier Double
Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme
(Paris : Editions Estrella, 2008).
Contact :
lamranisalim@yahoo.fr
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