Centre
Palestinien
d'Information
Opinion
L'écho de la
révolution égyptienne dans les médias israéliens :
L'Occident perd le Moyen-Orient
Roï Nahimas
Photo CPI
Mardi 8 février 2011
Palestine occupée
L’Iran n’y est pas pour quelque chose.
L’organisation d’Al-Qaïda n’a pas mené d’opération terroriste et
n’a pas publié de bande enregistrée. Et le Hezbollah n’est pas
apparu sur la scène. Sans tout cela et après un mois de
perturbations dans le Moyen-Orient, il est clair que le camp
allié des Etats-Unis au Moyen-Orient a reçu un coup dur. Bien
que les partisans du président égyptien Hosni Moubarak aient
attaqué les protestants mercredi 2 février, il est certain qu’en
quelques jours seulement sont tombées plusieurs personnalités
qui avaient de très bonnes relations avec la Maison Blanche.
Le premier dirigeant à avoir perdu son
fauteuil est le président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali.
Celui-là avait de bonnes relations avec les Américains. Il a
reçu une grande délégation du ministère israélien des affaires
étrangères. Il a fait entrer la laïcité dans son pays et l’a
poussé vers le haut, culturellement. Cependant, la déception et
la colère des Tunisiens l’ont fait tombé et poussé vers
l’extérieur.
L’autre dirigeant qui attend son tour est le
président égyptien Hosni Moubarak qui a déclaré, le 1er février,
qu’il quittera la présidence dans quelques mois. Nous savons que
ce président n’a jamais tourné le dos aux Etats-Unis, dès ses
premiers instants en 1981, sauf un peu avec l’ancien président
américain George Bush fils. Il a même envoyé des troupes aux
côtés des Américains durant la première guerre du Golfe. Il a
préservé l’accord de paix avec "Israël", en dépit de toutes les
guerres et de tous les conflits auxquels notre région fait face.
L’autre dirigeant qui a décidé de payer le
prix avant qu’une révolte populaire n’éclate est le président
yéménite Ali Abdallah Saleh. Celui-ci est resté sur le fauteuil
quelque trente-deux ans. Il a déclaré qu’il ne se présenterait
pas à un nouveau mandat dans deux ans. Il s’est vu obligé de
faire une déclaration suite à de grandes manifestations sorties
protester contre sa guerre contre les tribus houthies chiites et
les sympathisants d’Al-Qaïda au Yémen.
Les opposants au président yéménite
l’accusent d’être un agent des Etats-Unis. Ainsi, la coopération
avec les Etats-Unis devient vilaine pour les dirigeants de la
région.
Voilà qu’en moins d’un mois, trois
dirigeants qui avaient de bonnes relations avec Washington
perdent leurs fauteuils. Dans ces trois pays, les protestataires
ont pris le soin de préciser la coopération de ces dirigeants
avec les Etats-Unis et "Israël". L’affaire n’est pas de bonne
augure, surtout en remarquant le ton du président iranien
Ahmadinejad et celui du premier ministre turc Recep Erdogan,
dans deux pays qui étaient auparavant des amis des Etats-Unis
ainsi que d’"Israël".
L’aiguille, qui a commencé à tourner vers
les Américains, après la guerre d’octobre 1973, commence
maintenant à tourner dans la direction opposée, sous le regard
d’un Occident impuissant et refusant d’intervenir devant les
évènements.
Les regards s’orientent actuellement vers la
Jordanie qui pourrait vivre une révolution populaire contre un
roi qui garde de bonnes relations avec l’Occident. Les regards
s’orientent également vers l’Arabie Saoudite et la Syrie. Les
deux rois Abdallah et Bashar Al-Assad pourraient-ils stopper la
colère populaire montante dans la région ? Réussissent-ils à
traiter avec les masses qui croient de plus en plus en leur
capacité à faire tomber les dirigeants ?
Avant de lire l’avenir, nous devons
souligner que l’affaire n’est pas encore achevée. Ces trois
dirigeants, partis ou sur le point de départ, ne sont pas encore
remplacés. Le combat réel concernera le nouveau dirigeant et sa
nature. En Egypte, une vraie bataille se déroule au sujet du
nouveau dirigeant et de son identité. Sera-t-il du parti
national démocrate, celui de Moubarak, ou du groupe des Frères
Musulmans ?!
Moubarak préfère que le vice-président Omar
Soulayman le remplace. Toutefois, on ne pourrait exclure deux
alternatives : un faible remplaçant ou un membre du groupe des
Frères Musulmans. Ces deux choix montrent, plus ou moins, un
éloignement réel d’"Israël", voire même la possibilité d’un
Egypte à nouveau ennemie. Et en ce qui concerne la Tunisie, on
ne sait encore qui va succéder à Ben Ali, au moment où ses
alliés sont toujours au pouvoir. Et pour le président yéménite,
il a deux ans devant lui pour préparer son successeur.
Vers où s’oriente le nouveau Moyen-Orient ?
L’horizon sera plus clair, après la fin du combat actuel mené
par le président Moubarak et la réaction de Washington. Si
Moubarak réussissait à rester au pouvoir les quelques mois
restant de son mandat, il réussirait à passer le pouvoir à Omar
Soulayman ou à une autre personne de son parti. Nous devons
cependant remarquer que les réactions de la rue égyptienne
n’encouragent point à un tel scénario.
Sur un plan plus large, il est clair que le
camp modéré de la région a reçu un coup. Les preuves sont
explicites. Les Iraniens n’ont pas eu à cacher leur joie, en
comptant les jours avant le départ de Moubarak, qu’ils ont
souvent critiqué. Amman, Damas et Riyad espèrent toujours
limiter les dégâts ; et en Egypte, Moubarak croirait que le
conflit n’est pas encore terminé.
Article
écrit par Roï Nahimas, publié dans le journal hébreu Yediot
Ahronot, le 3 février 2011
Traduit et résumé par le
département français du Centre Palestinien d’Information
(CPI)
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