Le Grand Soir - The Independent
Le pouvoir
de changer
Robert Fisk
Un char israélien à Naplouse -
Photo: CCIPPP
Samedi 29 mai 2010
Si l’Amérique ne réussit pas à assurer la paix au Moyen Orient,
faut-il que les Russes prennent le relais ? Ils ont une longue
histoire avec la région et ne sont pas handicapés par un lobby
israélien.
J’ai toujours dit que quelque part de l’autre
côté de l’Atlantique - ou peut-être de la Méditerranée - il y a
une ligne de fracture géologique, ou une sorte d’écran ou de
voile à travers lequel ce cher vieil Occident (autrefois appelé
la Chrétienté) voit le Moyen Orient de sorte qu’il interprète de
travers tout ce qu’il voit. Une offre iranienne de solution
nucléaire pacifique devient une menace et donne lieu à des
sanctions. De prochaines élections en Egypte sont considérées
comme un pas vers la démocratie plutôt que la prolongation du
règne du parti unique d’un dictateur de 81 ans.
Le début - un de plus- de pourparlers
"indirects" entre les Palestiniens et les Israéliens devient une
autre succès partiel du processus de paix américain au lieu du
symbole éhonté de l’absence de tout espoir pour les
Palestiniens. Et toujours plus de massacres en Iraq et en
Afghanistan sont des signes du "désespoir" des Talibans et non
le signe que nous avons perdu la guerre dans les deux pays.
Cependant, les lignes de fracture entre la
Russie et le Moyen Orient ne sont pas aussi profondes et
n’occultent pas autant la vérité. Il y a à cela plusieurs
raisons. La vieille Union Soviétique a maintenu un pouvoir plus
que colonial sur une poignée de républiques musulmanes - en fait
la Russie Tsariste a combattu la Tchernie au 19ème siècle. Lisez
Haaji Murat de Tolstoï : "Personne
ne parlait de la haine des Russes" écrit Tolstoï à propos
des hommes dont les descendants combattraient l’armée de Poutine
plus d’un siècle plus tard. "Le sentiment qui
les animait... du plus jeune au plus vieux, était plus fort que
la haine. Ce n’était pas de la haine car ils ne considéraient
pas ces chiens comme des créatures humaines, mais c’était de la
répulsion, de dégoût et de la stupeur devant la cruauté gratuite
de ces créatures". Il aurait pu décrire en ces termes la
colère incendiaire du peuple de Grosny ou la fureur sauvage des
Afghans après l’invasion soviétique de 1979.
Cependant les Russes ont beaucoup appris en
Afghanistan ; et notre occupation a maintenant duré plus
longtemps que la leur - même si ce n’est pas une chose que nos
généraux et nos Premiers Ministres admettront. Nos grands
projets pour la bataille de Kandahar, une bataille que je
soupçonne n’aura pas lieu - sont moins ambitieux que ne
l’étaient les projets soviétiques pour Herat et Kandahar. Mais
les Russes se souviennent de ce qui leur est arrivé.
Bin Laden s’est vanté un jour devant moi d’avoir
détruit l’armée soviétique en Afghanistan - une affirmation qui
a le mérite d’avoir un fond de vérité. A Moscou, il y a 5 ans,
j’ai écouté des vétérans soviétiques - certains d’entre eux très
diminués par l’abus de drogues - parler des IED (engins
explosifs artisanaux) qui tuèrent tant de leurs camarades dans
les provinces d’Helmand et de Kandahar, et des soldats
soviétiques capturés vivants à qui on arrachait la peau et les
membres. Il faut rappeler que les Soviets envahirent
l’Afghanistan par intérêt personnel - Brejnev craignait que la
perte de son allié communiste de Kaboul précipite les attaques
de Musulmans de l’Union Soviétique - mais prétendirent (bien
sur) qu’ils venaient libérer le peuple d’un leader corrompu,
apporter l’égalité socialiste spécialement dans les écoles et
pour les soins médicaux et entraîner l’armée afghane. Je n’en
dis pas plus... [remarque du Grand Soir : R.
Fisk commet une erreur ici car l’Armée soviétique est intervenue
officiellement à la demande du pouvoir afghan en place et non
pas "pour libérer le peuple d’un leader corrompu", puisque le
leader en question était un allié.]
Mais les Soviétiques comprenaient bien le monde
musulman, en tout cas sa partie arabe. Ils avaient passé des
dizaines d’années à enseigner à leurs dictateurs la règle de fer
du Kremlin, installant des centaines de mini-KGB pour réprimer
toute opposition, leur fournissant quantités d’armes et d’avions
militaires et entraînant leurs soldats à combattre leur propre
peuple.
Et quand Israël gagna la guerre en 1967, puis en
1973 et encore en 1982 - je me rappelle le moment inoubliable
pendant le siège de Beyrouth par Israel où le leader du Front
Démocratique pour la Libération de la Palestine a supplié Moscou
de lui parachuter des armes dans la capitale libanaise assiégée
- ils ont été les témoins de l’humiliation des Arabes. Les
diplomates russes parlaient arabe bien mieux que leurs
homologues américains (c’est encore vrai aujourd’hui) et
savaient quelles fausses déclarations de soutien ils - les
Russes- devaient faire à la cause "arabe".
Aussi quand le Président Dmitry Medvedev est
arrivé à Damas pour rencontrer le Président Bashar Assad au
début du mois, les Arabes l’ont tout naturellement écouté - et
nous tout aussi naturellement ne l’avons pas fait. Loin d’être
impressionné par "le processus de paix"
Medvedev a dit que la situation au Moyen Orient était "très
très mauvaise" et a demandé aux Américains de passer
sérieusement à l’action. "Le processus de paix
au Moyen Orient s’est profondément détérioré" a-t-il dit. "Si
la situation au Moyen Orient continue à se dégrader, il y aura
une explosion catastrophique". Et les Américains l’ont-ils
écouté ? Pas le moins du monde. A la place La Clinton s’est
précipitée sur la Colline (au Congrès NdT))
pour dire aux législateurs américains que le nouvel accord
nucléaire entre la Turquie, le Brésil et l’Iran n’était pas
assez bon et que les sanctions seraient appliquées - avec l’aide
de la Russie. Ca, on verra.
Après cet avertissement, le Président de la
Russie - qui est membre de l’infâme club des quatre (Quartet)
soi-disant dirigé par le non moins infâme Tony Blair - a fait
alors ce que Blair et beaucoup de diplomates britanniques
auraient du faire il y a bien longtemps - il est allé voir
Khaled Meshaal, le leader de Hamas à Damas et lui a demandé de
libérer le soldat israélien emprisonné à Gaza - que les
héroïques troupes israéliennes, on s’en souvient, n’ont pas
trouvé quand ils ont envahi et dévasté ce petit territoire,
comble de la misère et de l’injustice, il y a presque un an et
demi. Les Israéliens ont très peu critiqué Medvedev - comme ils
l’auraient fait si Blair, Hague ou Obama lui avaient rendu
visite - mais il faut dire que le Ministre fou des Affaires
Etrangères d’Israël, Avigdor Lieberman, est russe, n’est-ce
pas ?
Et ensuite ? Eh bien Medvedev met de l’huile sur
le feu en annonçant officiellement la vente d’un système de
défense aérien à la Syrie - un missile sol-air Pantsir de faible
portée, de batteries anti-aériennes et des avions de combat
Mig-29. Et le même jour que fait Obama ? Il demande au Congrès
d’approuver la dépense de 133 millions de livres pour le
bouclier anti-missiles d’Israël. Et cela un mois exactement
après que le Président Shimon Peres ait affirmé que la Syrie
avait envoyé de nombreux missiles Scuds puissants (et périmés)
au Hezbollah au Liban - ce dont doutent fortement les Américains
même s’ils ne peuvent manifester ouvertement leur scepticisme
aux Israéliens. Ces vieux monstres seraient de peu d’utilité au
Hezbollah, même si ce dernier - qui a déjà déclaré posséder 20
000 roquettes prêtes à être envoyées sur Israël - préfère pour
des raisons tactiques ne pas démentir cette livraison
fantaisiste de Scuds.
Cet énorme gâchis de fonds publics que font les
USA, la Russie et la Syrie - mais pas Israël dont l’économie est
florissante grâce au soutien financier des USA - passe inaperçu
aux yeux de l’Occident trop occupé à ses petits jeux - les
sanctions de l’ONU et l’inquiétude pour la" sécurité" d’Israël
(mais aucune pour celle des Palestiniens). Idem pour Obama qui
déroule - littéralement - le tapis rouge pour Hamid Karzaï, un
Président (afghan) aussi corrompu que corrupteur.
Je ne cesse de me demander pourquoi, mais
pourquoi Obama qui a passé des mois à débattre de l’opportunité
d’un "renforcement de la présence militaire"
(comme je déteste cette expression !) en Afghanistan ne
convoque-t-il pas tous ses "experts" en politique étrangère pour
trouver une solution à la tragédie qui s’aggrave dans cette
région ? D’une mer miroitante à l’autre, les USA possèdent des
armées de doyens de départements d’études du Moyen Orient,
d’études islamiques, d’études hébraïques, d’études arabiques -
et cependant personne ne fait jamais appel à leur sagesse.
Pourquoi ? Parce que les "experts" en politique étrangère - et
leurs copies conformes sur CNN, Fox news, ABC, NBC, CBS etc...-
n’en veulent pas. Pour Harvard c’est l’Institut Brookings ; pour
Berkeley, la firme Rand, etc, etc...("Think
tanks" américains conservateurs NdT)
Et qu’est-ce qui se cache derrière tout ça ? Je
me tourne vers mon vieil ami John Mearsheimer, co-auteur du
livre "Le lobby israélien et la politique
étrangère américaine" qui est devenu un bestseller pour
l’Américain moyen - en dépit des protestations habituelles
d’Alan Dershowitz (celui qui a proféré l’ignoble phrase :"Le
juge Goldstone est un homme inique") - et qui vient de
publier encore un autre article courageux sur la regrettable
influence du lobby israélien sur Washington ; en fait c’est le
lobby du Likoud mais pour le moment cela n’a pas d’importance.
Mearsheimer dit que le président Barack Obama a "finalement
obtenu que les Palestiniens et les Israéliens retournent à la
table des négociations" en espérant que cela mènerait à la
création d’un état palestinien à Gaza et en Cisjordanie. "Malheureusement
cela n’arrivera pas" affirme Mearsheimer. "A
la place, ces terres seront intégrées presque certainement dans
un "Grand Israël" qui sera alors un état d’Apartheid très
semblable à l’Afrique du Sud dominée par les blancs".
Aucun président américain ne peut faire pression
sur Israël pour qu’il change de politique envers les
Palestiniens. Mearsheimer ne mâche pas ses mots. "La
raison principale est le lobby israélien, une coalition
puissante regroupant des Juifs américains et des chrétiens
évangélistes qui a une profonde influence sur la politique des
USA au Moyen Orient. Alan Dershowitz - oui le même - a eu raison
de dire : « Les Juifs de ma génération... font partie du lobby
et de l’organisme de collecte de fonds le plus puissant de
l’histoire de la démocratie »".
Ce n’est pas la première fois qu’un
universitaire américain est aussi direct. Depuis 1967, chaque
président américain s’est élevé contre la colonisation -
reconnue par la communauté internationale comme illégale - des
terres palestiniennes de Cisjordanie. Aucun n’a réussi. Obama
n’aura pas plus de chance que ses prédécesseurs. Quand il est
devenu président il a demandé à Netanyahu d’arrêter l’expansion
des colonies. Netanyahu lui a répondu d’aller se faire voir.
Obama, comme le dit justement Mearsheimer, "a capitulé". Quand
Obama a demandé l’arrêt des constructions israéliennes à
Jérusalem Est, Netanyahu lui a répondu qu’il ne cesserait pas
d’y construire parce que Jérusalem Est "faisait
partie intégrante de l’Etat Juif". Obama a échoué à nouveau.
Netanyahu n’a pas cessé de répéter qu’il n’y
aurait pas d’arrêt des constructions dans cette partie de
Jérusalem où les Palestiniens ont pourtant besoin d’ériger leur
capitale. Obama n’a pas protesté. Et ne croyez pas un seul
instant que Clinton va le faire. Elle veut être le prochain
président après Obama.
La faute des Européens est évidemment qu’ils ne
veulent pas non plus prendre des mesures contre Israël parce que
- comme le prétendent glorieusement tous les ministres des
affaires étrangères européens- c’est l’Amérique qui a de
"l’influence" sur Israël. Oui l’Amérique devrait avoir de
l’influence sur Israël - considérant les subventions massives
qu’elle consent à l’état juif - mais elle n’en a pas ; parce
que, comme dit Mearsheimer le lobby a trop de pouvoir sur la
politique américaine au Moyen Orient. Je ne fais pas référence à
une sorte de "complot" juif, je veux seulement dire que le lobby
israélien du Likoud ôte aux USA toute capacité de négociation
indépendante, castre la politique américaine et met en danger
les relations américaines avec le reste de la région.
L’ancien Premier Ministre Ehud Olmert - qui
comme beaucoup d’ex-ministres ou présidents exprime l’évidente
vérité quand il n’a plus les moyens de la mettre en oeuvre - dit
que si la solution de deux états devient impossible (et elle le
devient) "Israël se trouvera confronté à une
lutte du type Sud Africain" et que "si cela
arrive, c’est la fin de l’état d’Israël". Comme dit
Mearsheimer "le lobby israélien aux USA aide
Israël à détruire son propre avenir en tant qu’état juif".
Et que faisons nous ? Nous continuons à soutenir
tous les pires dictateurs et potentats de la région, les
encourageant à faire confiance aux Etats-Unis, à faire plus de
concessions à Israël et à opprimer leurs peuples. De temps en
temps nous leur demandons d’être plus "démocratiques". C’était
l’idée de Georges W. Bush résumée par sa femme qui trouvait
qu’Abdullah de Jordanie et sa femme étaient de bons exemples de
démocrates - et il s’agit là d’une monarchie
anticonstitutionnelle ! Je suis parfois effaré par le ridicule -
et l’hypocrisie- des pays européens qui veulent apporter la
démocratie aux Arabes.
Et cependant il en est ainsi. Les chefs d’état
arabes sont désormais si sûrs d’eux qu’ils envoient promener la
poule aux oeufs d’or. Quand l’administration Obama a critiqué la
décision d’Hosni Mubarak de prolonger la loi d’exception qui a
déjà 30 ans - Clinton lui a dit que cette prolongation ne tenait
pas compte de toutes les sensibilités égyptiennes - le ministre
égyptien des affaires étrangères lui a rétorqué vivement que
cette déclaration était "trop politisée"
ajoutant qu’elle était destinée aux médias et aux groupes de
défense des droits de l’homme américains. Ce qui est
parfaitement exact.
Alors l’ère américaine touche-t-elle à sa fin ?
Hélas, pas encore. Mais peut-être que quelques unes de nos
illusions sur le Moyen Orient sont tombées. Peut-être que les
dernières attaques en Irak et les attaques encore plus
spectaculaires en Afghanistan, y compris la surprenante attaque
de l’aéroport de Bagram - il me semblait que nous étions censés
nous battre à Kandahar pas à Bagram - nous forcera à admettre
quelques vérités. Que les peuples musulmans - pas leurs leaders
corrompus - ne se laisseront pas vaincre même si leurs révoltes
contre l’Occident sont aussi violentes que rudimentaires. Mais
retenons-nous la leçon ? Les Etats-Unis ont envoyé des quantités
de drones sur le Pakistan, des missiles sur le Waziristan, puis
un Américain né au Pakistan a essayé de faire sauter une voiture
piégée à Times Square pour se venger, puis les Américains se
sont vengés en tuant 15 Pakistanais de plus en tirant des drones
et puis... Je laisse les lecteurs écrire la suite.
En plus nous projetons nos propres idées
préconçues de l’histoire sur cet immense conflit. Je me souviens
souvent de la manière dont nous sommes arrivés en Irlande au
début des années 1970. Nous autres journalistes sommes arrivés
là avec très peu de connaissances historiques à part de vagues
images - des images d’Epinal - d’Irlandais saouls et armés d’un
coutelas, tous prêts à tuer sans raison tous les Anglais
élégants qui étaient venus envahir leur pays et le vague
souvenir que l’Irlande Catholique était neutre pendant la
seconde guerre mondiale (vrai), que de Valera avait rendu une
visite de condoléances à la délégation allemande à la mort
d’Hitler (vrai) et que les Irlandais avaient fourni du
combustible aux sous-marins allemands (faux).
Il en est de même pour les musulmans ; nous
croyons qu’ils veulent islamiser l’Occident (ce qui est faux),
qu’ils veulent se répandre en occident (encore faux, ils l’ont
seulement fait en Andalousie) et qu’ils le feront à la pointe de
l’épée. Croyons-nous vraiment que l’Indonésie, le plus grand
pays musulman du monde, a été envahi par les Arabes ? Il y a
aussi l’histoire que pendant la seconde guerre mondiale les
Arabes étaient pro-nazis. Il est vrai que le grand Mufti de
Jérusalem a rencontré Hitler et a fait quelques honteuses
déclarations contre les Juifs à la radio mais il ne s’est jamais
rendu à Auschwitz comme la propagande israélienne le prétend. Et
il ne faut pas oublier que Anwar Sadat était un espion de Rommel
en Egypte - et aurait été ravi que la Wehrmacht
entre en Palestine - pourtant il devint le meilleur ami arabe
d’Israël et fut invité à Jérusalem quand il décida de faire la
paix.
Mais nos préjugés remontent encore plus loin,
ils remontent à l’époque où nous avons commencé à utiliser le
mot "Turc" à la place de "musulmans". En Italie le terme "Turcs"
était une insulte déjà avant le 16ème siècle. Comme un diplomate
suédois l’a découvert en recherchant un document qu’il avait
envoyé à Istanbul en 2005, les Italiens avaient une expression "puzza
come un Turco" qui signifiait "il pue comme
un Turc". Aujourd’hui nous utilisons encore l’expression
"parler turc" et mon dictionnaire du collège américain Random
House de 1949 définit le "Turc" comme "une
personne cruelle, barbare et tyrannique".
Et ainsi de suite, non sans l’aide de notre cher
Pape dans son discours à Regensburg. En fait, des Arabes
devinrent des empereurs romains et se rendirent en Orient avant
nous. Quand Vasco de Gama "a découvert" l’Inde et est arrivé à
Calicut (Calcutta) le 20 mai 1498 - j’ai lu cette histoire
peut-être apocryphe dans le remarquable ouvrage "Out
of Arabia" de Warwick Ball - il a été accueilli par un Arabe
de Tunisie qui lui a dit :"Que le diable vous
emporte ! Qu’est-ce que vous venez faire ici ?". Et une
chronique de l’Hadramaut (aujourd’hui le Yemen) de la même
époque raconte comment des navires français qui faisaient cap
sur l’Inde apparurent un jour en mer. "Ils
prirent environ sept navires (arabes), tuèrent ceux qui étaient
à bord et firent quelques prisonniers. Ce fut leur première
action. Qu’ils soient maudits !" Les Européens entraient
dans l’Océan Indien alors que nous pensons que les Arabes
essayaient d’entrer en Europe.
Ce fut peut-être la première ligne de fracture.
A moins que ce soit les Croisades ? Ou l’Empire Ottoman - vous
rappelez-vous lorsque la Turquie était considérée comme "le
malade de l’Europe" ? Ou nos mensonges sur la Palestine ? Ou
la révolution iranienne ? Ou notre soutien inconditionnel à
Israël ? Ou notre aide à toutes ces horribles dictatures ? Mais
il est temps de surmonter les lignes de fractures, de voir la
réalité historique et d’écouter - oserais-je le répéter ? - des
gens comme Dmitry Medvedev.
Robert Fisk
27 mai 2010
Pour consulter l’original :
http://www.independent.co.uk/opinio...
Traduction D. Muselet pour le
Grand Soir
Publié le 29 mai 2010
© LE GRAND SOIR - Diffusion
non-commerciale autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources.
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