Opinion
La crise
économique dans tous ses méfaits
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 26
septembre
2012
Le monde va mal,
l’économie, l’industrie, la finance vont
mal, la politique va mal. Les
politiciens sont véreux ou ganaches, il
n’y a plus d’éthique, de justice,
d’équité, de moralité. Pourquoi en
est-il ainsi dans tous les pays, ici au
Canada, en France et partout ailleurs ?
La corruption et
l’assujettissement aux « puissances
d’argent » ne sont que les épiphénomènes
de ce système décadent. La classe
ouvrière l’a bien compris et elle refuse
de se mobiliser pour participer aux
mascarades électorales auxquelles on la
convie régulièrement. Cynisme et mépris
s’épandent de ceux-ci vers ceux-là et
vice versa et les politiciens bourgeois
s’arc-boutent pour sauver leur
profession de bouffon pygmalion. Comment
fonctionne l’économie capitaliste et
pourquoi un Conseil des ministres
national n’y peut-il quoi que ce soit ?
Voici l’explication des crises
économiques éprouvantes.
L’objet d’étude de
l’économie-politique
La finalité de tout
système social – système fondé sur une
économie, une idéologie et une politique
singulière – est de se reproduire en
tant que système et de se perpétuer. Il
en fut ainsi sous l’esclavagisme de la
Rome antique et sous le système féodal
au Moyen-âge.
La finalité du
système capitaliste n’est pas
différente. À proprement parler,
l’objectif de la classe capitaliste
n’est pas d’accumuler des profits
maximums, mais plutôt, à travers cette
accumulation de profits, de se
reproduire en tant que classe dominante,
dont la marche inexorable a menée au
stade suprême, impérialiste, de
développement.
La finalité du
système capitaliste est d’assurer la
reproduction élargie du capital,
qui doit assurer la reproduction élargie
des classes antagonistes (bourgeois –
prolétaire), qui doit assurer la
reproduction élargie de la société
capitaliste dans son ensemble; et pour
ce faire chaque grand monopole doit
tenter d’arracher le profit maximum, ce
qu’il
parvient de
plus en plus difficilement à réaliser à
mesure que le système monopolistique de
propriété se répand sur la Terre toute
entière. Ceci oblige chaque oligopole à
lutter pour sa survie en écrasant ses
concurrents ou en les absorbants, créant
un monstre monopolistique encore plus
effrayant, anarchique, incontrôlable,
obligé de mener des luttes
inter-monopolistiques encore plus
féroces.
Et ainsi va la
spirale concurrentielle, l’objectif de
reproduction élargie devenant chaque
fois plus difficile à atteindre face à
des concurrents toujours plus gourmands,
plus géants et plus difficiles à
évincer. Ce paradigme opère pour
l’activité économique particulière de
chaque oligopole et pour l’activité
politique nationale de chaque État
impérialiste dévoué au service exclusif
de ses oligopoles nationaux. C’est pour
cette raison que nous affirmons que les
monopoles
contrôlent
l’économie et la politique d’une nation
vivant sous système capitaliste.
Pendant ce temps le
système impérialiste de propriété privé
des moyens de production et d’échanges
ne va pas pour autant crouler chemin
faisant. Il faudra le renverser
violemment dans chaque pays où il sévit,
sinon il poursuivra sa destinée
déglinguée jusqu’à déclencher des
guerres de repartage des marchés, des
ressources et surtout des sources de
plus-value comme les première
(1914-1918) et seconde (1939-1945)
guerres mondiales l’ont démontré.
Le paradoxe
capitalistique – Capital constant
-vs- Capital variable
Le processus que
nous venons de décrire fait en sorte que
pour ces monopoles la cible est de plus
en plus difficile à atteindre – à
savoir, la reproduction élargie du
capital dans ses deux composantes
(Capital constant –
CC et Capital variable –
CV) à travers l’accumulation du
profit maximum par le phagocytage de
leurs concurrents. Cette difficulté est
engendrée par les contradictions qui
entravent le développement normal du
système capitaliste, soit la
contradiction entre le capital-privé et
le travail salarié-socialisé.
Qu’est-ce à
dire ?
La richesse «
sociale globale » produite dans le cadre
du système de production capitaliste se
divise en deux parts bien distinctes –
la part représentant la somme totale du
capital accumulé (CC) – qui est sous
propriété privée, faut-il le rappeler –
et
la part représentée par la somme totale
de la valeur de la force de travail (CV)
qui est vendue aux capitalistes privés
par chaque travailleur
salarié-socialisé. Socialisé ce
travailleur l’est dans ses rapports de
production au travail (dans la division
des tâches et dans la négociation de ses
conditions d’exploitation), à son
domicile et dans ses loisirs, etc. En
effet, la famille est la première unité
de vie socialisée où chacun contribue
selon ses capacités et obtient selon ses
besoins – Le père, la mère, les enfants,
chacun amène au foyer ce qu’il peut
gagner et chacun consomme ce dont il a
besoin pour survivre, et ce de façon
élargie lorsqu’il s’accouple pour se
reproduire.
De ce qui vient
d’être écrit, il ressort que pour
assurer la reproduction élargie du
système économique et social capitaliste
il faut assurer la
reproduction élargie du capital constant
(CC), – qui est de la plus-value
cristallisée il ne faut pas l’oublier –,
en mettant en œuvre la force de travail
de l’ouvrier qui est du
capital variable (CV) vivant dont le
rôle est de redonner vie à la plus-value
cristallisée précédente
(CC) d’où émerge la plus-value
nouvelle à distribuer sous forme de
profits divers, de rentes, de
redevances, d’impôts.
Cette mise en œuvre
des investissements capitalistiques (CC
+ CV) produira un profit possiblement
important pour un capitaliste privé,
ou pour un consortium monopoliste privé
quelconque, qui progressera, il est
vrai, mais toujours confronté à ses
comparses monopolistiques. C’est ici que
réside la source de la concurrence entre
ces voraces ennemis. Le plus «
profitable » attirera vers lui la plus
grande proportion de capital
d’investissement (exemple, la compagnie
Apple en ce moment croule littéralement
sous le capital d’investissement)
c’est-à-dire de la plus-value
cristallisée disponible à
l’investissement pour fructifier via la
mise en œuvre du travail salarié de
l’ouvrier – le capital variable
(CV).
À la longue, le
concurrent moins « profitable » aura de
la difficulté à se financer et devra
songer à fusionner ou à s’offrir sur le
marché de la revente ou encore il devra
se résigner à la faillite faute de
liquidité pour prendre de l’expansion et
se renforcer « prospère et accapare ou
stagne et périclite », voilà la doxa
impérialiste.
Dépendant des
entreprises, ces profits maximaux,
moyens ou marginaux seront par la suite
réinjectés dans le processus de
reproduction élargie du capital et du
système social. Évidemment, un groupe
capitaliste comme le groupe PSA en
France ou le groupe Chrysler en
Amérique, ou le groupe Alcan au Canada,
qui empoche le plus faible taux de
profit (ce qui n’est pas
l’équivalent du taux de plus-value)
de leur secteur industriel devront
consacrer une plus grande part relative
de leur capital d’investissement à leur
reproduction élargie et pour cette
raison il seront moins « profitables »
et leur survie sera mise en péril par le
système économique qui les
poussera à
se laisser absorber (ce qui est déjà
fait pour Alcan absorbé par Rio-Tinto)
pour crime de sous-productivité
relative.
Comment dans ces
conditions un groupe industriel
monopolistique sous-productif
pourra-t-il inverser le processus vers
la banqueroute et continuer à
concurrencer ses acolytes, et comment
pourra-t-il attirer à lui davantage de
capital d’investissement à réinjecter
dans le processus de reproduction, gage
de sa survie capitalistique ? C’est ce
que nous allons examiner.
Plus-value (PV) et valeur de la
force de travail (VFT)
Nous venons de
présenter la contradiction
inter-capitaliste qui les pousse à se
concurrencer jusqu’à s’entredéchirer,
fusionner ou s’exterminer (créant
chômage et misère populaire). Mais où se
trouve la
contradiction fondamentale dans ce
processus économique de reproduction
élargie du capital et finalement de la
société capitaliste toute entière ?
La contradiction
fondamentale se trouve au cœur du
processus économique. Afin d’assurer la
reproduction élargie du capital via
l’expropriation du taux de plus-value
maximum, ou bien
le capital investit sert à engranger les
profits – et donc il sert à la
fructification du capital constant
(plus-value cristallisée) pour le
prochain cycle de reproduction élargie –
ou bien le capital investit sert à
défrayer le coût de reproduction de la
force de travail (capital variable
–
CV), ce qui comprend non seulement
les salaires mais aussi le fonds de
retraite, les assurances collectives,
les congés sociaux, la partie qui va aux
impôts, taxes et redevances de toutes
sortes visant à payer l’éducation de la
main-d’œuvre, les services de santé, les
soins destinés aux personnes âgées, la
culture, les sports et les loisirs, les
transports collectifs, l’assurance
emploi, ainsi que les dépenses
gouvernementales servant à maintenir en
vie l’armée de réserve de la société
d’exploitation capitaliste (chômeurs et
assistés sociaux), ainsi que l’armée,
les services judiciaires, policiers et
carcéraux réprimant les récalcitrants.
C’est tout cela que la plus-value (PV)
extorquée aux prolétaires sert à
défrayer.
Le drame de l’impérialisme
occidental décadent
Tant qu’il y avait
moyen, en Occident, d’assurer des
conditions raisonnables de reproduction
de la force de travail (travailleurs) en
se rabattant sur la surexploitation de
la force de travail dans les pays
néocoloniaux d’Asie, d’Amérique latine
et d’Afrique (exploitation infernale qui
dans bien des cas n’assure même pas la
reproduction élargie de la force de
travail africaine, latino ou asiatique),
il était loisible aux capitalistes
occidentaux de conclure un
contrat social avec certains
secteurs des travailleurs occidentaux
(syndiqués), et certaines secteurs de la
petite bourgeoisie (fonctionnaires,
enseignants, cadres…) afin d’obtenir la
paix sociale tout en assurant la
reproduction élargie du capital
occidental à même les surprofits très
abondants tirés des néo-colonies (1).
Pour ce faire, les
capitalistes monopolistes occidentaux
ont investi une partie de leurs capitaux
dans les pays néocoloniaux
(délocalisation industrielle et
transferts de capitaux) et de ce fait y
ont fait germer une bourgeoisie
nationale monopolistique qui, en Chine
notamment, à travers le contrôle de
l’appareil d’État national «mandarin»,
assume aujourd’hui la gouvernance de son
propre processus de reproduction élargie
capitalistique, bénéficiant de taux de
plus-value supérieurs à ceux de leurs
concurrents occidentaux étant donné que
la part des capitaux investis consacrée
à la
reproduction de la force de travail
chinoise (salaires, bénéfices marginaux
et services publics) est bien
inférieure à la part consacrée aux mêmes
fins en Occident.
Cela va changer au
fur et à mesure que le régime
d’exploitation capitalistique se
répandra dans toute la Chine «mandarine»
amenant chez eux la concurrence
monopolistique entre les différents
oligopoles multinationaux (GM, PSA,
Ford, Bombardier et de multiples
entreprises privés et d’État chinoises,
etc.). Le processus est similaire en
Inde et au Brésil.
Tout ceci aura pour
conséquence que si les capitalistes
occidentaux – propriétaires privés des
capitaux – veulent assurer la
reproduction élargie de leur capital et
du système social capitaliste en
Occident, ils doivent impérativement
réduire la part du capital privé et des
dépenses gouvernementales consacrée à la
reproduction de la force de travail
(salaires, bénéfices et services) afin
d’accroître la part du produit de la
vente des marchandises pré-expropriée en
plus-value (PV) et consacrée aux profits
et aux rentes, c’est-à-dire au capital
de réinvestissement qui doit assurer la
reproduction élargie de la société
capitaliste.
C’est la raison
pour laquelle on assiste depuis quelques
années aux assauts généralisés des États
capitalistes contre les programmes
sociaux consacrés à la reproduction de
la force de travail. Aucun parti
politique, social-démocrate, réformiste
ou socialiste, comme le montre leur
collaboration avec le capital depuis un
siècle, ne peut inverser cette tendance
économique irréversible.
La classe ouvrière
renversera le système impérialiste de
reproduction élargie ou elle subira ses
lois autodestructrices et guerrières, il
n’y a pas d’autre voie de sortie.
L’impérialisme stade suprême du
capitalisme décadent
Étant donné que le
marché impérialiste mondial est
totalement accaparé et qu’il ne reste
plus aucun nouveau peuple à pressurer –
ni aucune nouvelle terre à exploiter –
si le capitalisme occidental ne réussit
pas ce transfert de capital du compte
bancaire –
reproduction de la force de travail
– en faveur du compte bancaire –
accumulation du capital privé – via
l’expropriation d’une plus large partie
de la plus-value ouvrière – alors le
système capitaliste occidental risque ou
bien de s’effondrer, ou bien d’être
récupéré – pris en charge – par le
capital privé occidental
revenu de Chine
et des Indes orientales ; ou pire
encore, d’être néo-colonisé par le
capital « national-privé » chinois ou
indien intimement amalgamé au capital
occidental « orientalisé ». Chacun
comprendra que le capital financier –
boursier – bancaire international est
intimement imbriqué en un écheveau
inextricable ce qui entraîne que la
Chine, tout en résistant aux pressions
des impérialistes américains et
européens, continue de financer leurs
déficits gouvernementaux mirobolants,
pour un temps du moins. Cependant, un
jour, le créancier se rappellera aux
bons souvenirs de ses vassaux
occidentaux et africains aliénés (2).
Si les monopoles
occidentaux ne parviennent pas à se
recapitaliser, les monopoles chinois,
asiatiques, brésiliens y parviendront
après les avoir absorbés (fusions ou
achats d’entreprises comme la firme
pétrolière Nexen de l’Ouest canadien
récemment) (3).
Réformistes et opportunistes
orphelins
De tout ceci il
découle qu’il est erroné de prétendre
que l’idéologie « néolibérale »
préconise la non-ingérence de l’État
dans l’économie – c’est de la frime
colportée par les altermondialistes. Les
idéologues « néolibéraux » préconisent
l’interventionnisme d’État en faveur du
capital afin
d’assurer la réduction de la partie du
capital consacrée à la reproduction de
la force de travail (coupures dans
les services gouvernementaux destinés
aux citoyens). Le résultat de cette
politique est de réduire le salaire réel
des travailleurs qui n’ont d’autres
choix que de résister à leur élimination
en tant qu’individu et en tant que force
productive socialisée.
Notez que le
travail salarié étant l’unique source de
plus-value et donc de profit des
capitalistes, l’exploitation à outrance
de la force de travail entraîne la
destruction de l’unique source de
profits, c’est comme Harpagon qui
éventre la poule aux œufs d’or ou encore
comme ce capitaliste qui scie la branche
sur laquelle il est assis; mais il ne
peut faire autrement, les lois du
système économique sont ainsi
constituées.
L’appellation même
de « néolibéralisme » et la promotion de
notions comme l’économie irréelle,
spéculative, parasitaire, intangible,
virtuelle, numérique et informatique
intelligente sont des fumisteries
opportunistes tendant à laisser croire
qu’une nouvelle économie politique
serait apparue sous l’impérialisme stade
suprême du capitalisme, ce qui est
totalement erronée. Rien de nouveau sous
le soleil avec ces crises de
surproduction récurrentes que Lénine
avait déjà parfaitement décrites en son
temps. Rien ne ressemble davantage au
monde impérialiste passé (1929) que le
monde impérialiste présent (2012-2013).
Les trucs et les astuces des
capitalistes pour dissimuler leur
faillite et s’accrocher au pouvoir
économique et politique sont plus
sophistiqués il est vrai, mais au bout
de la course la crise infernale et la
guerre mondiale nous attendent. À quand
la troisième guerre mondiale? Voilà la
question qui devrait nous préoccuper.
Combien de souffrances les mineurs
Sud-africains devront-ils subir avant de
chasser leurs larbins nationaux en même
temps que leurs maîtres internationaux ?
Il est également
faux de prétendre que les capitalistes
ont perdu la maîtrise de la gouvernance
des banques et de la bourse. Toute cette
superstructure capitaliste joue
adéquatement le rôle qui lui a été
dévolu. C’est le système capitaliste
lui-même qui ne peut assurer à la fois
la reproduction élargie du capital
vivant (la force de travail
–
CV) et du capital mort (machinerie et
moyens de production
–
CC). La reproduction élargie du capital
mort (Capital constant
– CC)
se fait au détriment du capital variable
(CV)
et pourtant les deux parts de capitaux
sont requises pour assurer la
reproduction élargie du système
économique capitaliste.
Cette contradiction fondamentale ne peut
être résolue à l’intérieur du cadre
étroit du développement anarchique
impérialiste.
Enfin, il est faux
de prétendre que l’orientation
économique et sociale que l’État
bourgeois pourrait impulser auprès des
entreprises « nationales – nationalisées
» est une question posée et à résoudre.
L’État capitaliste ne peut impulser
autre chose que la contradiction
capitaliste qui régit l’ensemble du
système social qui s’appesantit sur nos
vies.
Les «
nationalisations », sous système
impérialiste, ne servent qu’à arrimer
une entreprise (Hydro-Québec ou EDF,
Hydro-Ontario ou France Télécom, etc.)
ou un secteur économique tout entier
(soins médicaux ou système d’éducation ;
avionnerie ou industrie militaire) au
processus de reproduction élargie du
capital monopoliste.
Détruire les marchandises –
l’environnement – les travailleurs
La présente crise
de surproduction démontre à l’évidence
la contradiction fondamentale de ce
système économique dont la finalité
devrait être d’assurer la reproduction
élargie de l’économie et de la société
capitaliste toute entière. Mais voilà
que ce système, mû par ses propres
contradictions internes économiques,
politiques et idéologiques, réagit en
détruisant des marchandises en
surproduction relative, alors que
produire des marchandises – sources de
plus-value et de toutes formes de
profits et de rentes – est l’objet et la
finalité même de son activité en tant
que système socialisé.
Nous écrivons
surproduction
relative car bien évidemment, au
moment où les famines sévissent dans
nombre de pays à travers le monde, qui
aurait l’outrecuidance de prétendre
qu’il y a surproduction de denrées ?
Allez raconter ceci aux ouvriers grecs
fréquentant les soupes populaires, et je
m’abstiens de discourir sur les pauvres
des peuples somalien, brésilien, irakien
vivant en itinérance, d’une benne de
déchets à une autre.
En conséquence, il
devient évident que ce sont les rapports
de production capitaliste privée qui ne
sont plus adaptés – idoines – par
rapport au développement immense des
moyens de production et des forces
productives socialisées.
Il ressort de tout
ceci qu’aucune réforme de ce système
n’est possible ni même envisageable.
C’est une
chimère que de penser réguler,
normaliser, réglementer ce système
économique les banques et la spéculation
boursière, les paradis fiscaux et le
blanchiment d’argent mafieux, ou encore
d’espérer qu’en « nationalisant » une
partie de
l’infrastructure
ou de nouvelles portions de la
superstructure, un pays, une Union
européenne, une Alliance de Shanghai
résoudront la contradiction fondamentale
qui emportera le malade impérialiste.
Impossible, ou bien
la propriété privée sera complètement
expropriée, sans compensation
financière, soit tous les moyens de
production, d’échanges et de
distribution; ou bien l’humanité
continuera de vivre sous l’anarchie et
l’incohérence, la succession des crises
de sous-production, suivies de crises de
surproduction, enchaînant des crises de
crédit surabondant, suivies de rareté du
numéraire, qu’engendrent ces rapports de
production capitalistes – privés –
désuets qui se contredisent et
s’autodétruisent alors même qu’ils ont
atteint le but qu’ils devraient
rechercher : produire des biens et des
services pour satisfaire les besoins de
l’humanité.
Le fait de
gérer-administrer cette cacophonie
capitalistique à l’échelle européenne –
et de la comptabiliser en euros – ou de
la gérer à l’échelle nationale
canadienne, grecque, espagnole,
portugaise ou française, sous « monnaie
nationale patriotique »
(dollar, drachme, peso, franc, livre
sterling) ne changera rien à cette
contradiction fondamentale du système
impérialiste. Le mal européen ce ne sont
ni l’Union, ni l’Euro ; le mal québécois
et canadien ce ne sont ni l’ALENA, ni le
dollar ; le mal mondial dont souffrent
tous les peuples de la Terre, c’est le
capitalisme monopoliste caduc.
Cette
contradiction fondamentale entraîne l’un
des vecteurs de l’équation économique et
sociale,
l’axe capital-privé, à détruire
l’autre vecteur nécessaire –
l’axe du travail-socialisé – et à
détruire également de façon irrémédiable
l’environnement social naturel (la
nature). L’exploitation écologique et
durable de l’environnement et des
ressources naturelles de la planète est
impossible sous ce système
d’appropriation privée du capital
(moyens de production et forces
productives) et sous ce système de
reproduction élargie du capital privé.
La course concurrentielle aux profits
maximums, seule apte à assurer la
reproduction élargie du capital et donc
la reproduction du système social
capitaliste, entraîne la destruction
irréversible des conditions écologiques
de survie sur la planète, nonobstant la
volonté des décideurs économiques et
politiques qui ne peuvent tout
simplement pas interférer sur la
contradiction fondamentale qui fait
marcher leur système
d’économie-politique.
Les oligarques
décideurs économiques et politiques sont
incapables d’empêcher les crises
économiques et sociales en rafales,
ils ne savent pas davantage empêcher la
surexploitation et la destruction
écologique de la Terre-mère soumise aux
lois inéluctables de la production de
marchandises (parfois inutiles).
Seul, le renversement radical du système
capitaliste pourra permettre d’inverser
cette tendance anti-écologique
apocalyptique.
Le système
capitaliste est tellement moribond,
déchu et décadent que depuis quarante
ans déjà il détériore les conditions de
travail ainsi que les conditions de
survie de la classe ouvrière
au point paradoxal qu’il a rendu
impossible la reproduction biologique de
cette classe sociale qu’il doit pourtant
impérativement exploiter pour survivre.
De nos jours, les
deux conjoints d’un couple travaillent
d’arrache-pied, de longues heures
d’affilée, et malgré ces sacrifices le
couple ne dispose ni du temps ni des
revenus suffisants pour engendrer –
éduquer – et soutenir plusieurs enfants.
En Occident, le taux de fertilité est
passé de 2.15 par femme en 1980 à 1,60
en 2010, ce qui n’assure aucunement la
reproduction biologique de l’espèce (3).
Cette tendance sociale autodestructrice
se répand dans plusieurs pays d’Orient
(en Iran par exemple) en processus
d’industrialisation capitaliste
accéléré. Et nous faisons l’impasse ici
sur tous les maux sociaux – taux de
suicide hallucinant, crimes conjugaux
violents, que cette conjoncture sociale
catastrophique engendre parmi la classe
ouvrière et les peuples autochtones. Ces
faits ne sont pas signes d’émancipation
féminine, ni de progrès humanitaire,
mais des indices de dégénérescence
grégaire.
De l’incapacité de la reproduction
élargie
En résumé, nous
vivons une crise d’incapacité de
reproduction élargie du capital assurant
la reproduction élargie du système
social capitaliste dans son ensemble et
seule la classe ouvrière – la classe
sociale d’avant-garde – peut et doit
nous sortir collectivement de ce guêpier
économique, social, écologique,
idéologique et politique. Et pour
renverser ce système moribond, pour le
bien du peuple et de la classe ouvrière
toute entière il est impératif de forger
un parti politique capable de diriger
tous ceux qui comprennent l’impérieuse
nécessité de sauver l’humanité de
l’anéantissement programmé que lui
propose l’impérialisme.
(1)
MAI-68 – MAI-2012.
http://www.orgcomfr.com/mai68mai2012.pdf
(2)
http://www.refletsdechine.com/apres-la-france-afric-la-chine-en-afrique.html
(3)
http://www.ledevoir.com/politique/canada/359868/nexen-la-chine-en-mode-seduction?utm_source=infolettre-2012-09-24&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne
et
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2012/07/23/002-cnooc-achat-nexen.shtml
(4)
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BilanEssai?codetheme=1&codeStat=SP.DYN.TFRT.IN&anneeStat1=2009&codetheme2=2&codeStat2=x
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