Opinion
Y aura-t-il un
modèle tunisien de transition
démocratique ?
Ridha Kéfi
Photo:
Kapitalis
Vendredi 23 décembre
2011
A trois semaines du premier anniversaire
de la révolution, les Tunisiens semblent
les mieux à même de construire la
première démocratie au sud de la
Méditerranée. La partie est cependant
loin d’être déjà gagnée.
Par Ridha Kéfi
En un peu moins d’un an, beaucoup de
chemin a été fait. Le vide
constitutionnel a été évité. Les
institutions républicaines ont
fonctionné tant bien que mal. Il en est
de même de l’administration et des
services publics. Trois gouvernements de
transition et des élections, pluralistes
et transparentes, nous ont permis aux
Tunisiens de préserver leur unité et de
regarder l’avenir avec espoir.
Le pire est-il écarté?
L’impact de la guerre civile en
Libye, qui a renvoyé dans le sud
tunisien près d’un million de réfugiés,
a été amorti grâce à la mobilisation de
la communauté internationale et à
l’hospitalité des Tunisiens. Le plus dur
est donc passé, mais le pire est-il pour
autant écarté?
Une Tunisienne vote à Tunis pour
élire l'Assemblée constituante
Le Premier ministre Hamadi Jebali,
issu du parti islamiste Ennahdha, a
présenté, jeudi, la composition (et le
programme) de son gouvernement aux
membres de l’Assemblée constituante,
élue deux mois plus tôt, presque jour
pour jour.
Ce 4e gouvernement provisoire en
moins d’un an durera, tout au plus, un
an et demi, le temps de rédiger une
nouvelle constitution et d’organiser des
élections législatives et
présidentielles. Ses tâches sont
cependant immenses: rétablir la sécurité
et la paix sociale, atténuer l’impact du
chômage, qui touche plus de 800.000
personnes (1 actif sur 5), calmer les
régions intérieures longtemps oubliées
par les programmes de développement,
contenir la hausse des prix qui rogne
dangereusement le pouvoir d’achat et,
last but not least, relancer la machine
économique grippée par les grèves et les
sit-in, tout en mettant en œuvre des
réformes structurelles tout aussi
urgentes (de la magistrature, de la
police, de l’administration, des médias,
etc.).
Hamadi Jebali
Des
inquiétudes dérisoires?
Face à l’ampleur de ces défis
auxquels tous les Tunisiens, quelles que
soient leurs obédiences, doivent faire
face, qui plus est, dans un
environnement régional des plus
explosifs, les inquiétudes des élites
intellectuelles pro-occidentales devant
la montée des mouvements islamistes
pourraient sembler dérisoires, si ces
derniers ne montraient pas déjà une
grande avidité de pouvoir.
Aussi est-ce de notre capacité à
gérer les urgences socio-économiques
sans céder sur nos acquis sociaux et nos
libertés individuelles si chèrement
payées que dépendra la réussite de ce
que l’on peut qualifier déjà de «modèle
tunisien de transition démocratique». Et
que nos voisins du Maghreb et du Machreq
observent déjà comme une promesse de
renouveau… autant pour nous que pour
eux.
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Publié le 23 décembre 2011 avec l'aimable
autorisation de Kapitalis
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