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Opinion
Tunisie. Hizb
Ettahrir toutes voiles dehors
Ridha Kéfi
Samedi 12 mars 2011
Salafistes et fiers de l’être, les
membres du parti Ettahrir (Libération) affichent désormais leur
projet de société régie par la chariaâ. «Une fois arrivés au
pouvoir, nous allons interdire tous les autres partis»,
affirment-ils sans ciller?
Vaste projet en perspective, et qui menace, avant même
d’exister, d’annuler tous les autres. Les Tunisiens sont donc
prévenus: le projet de société démocratique et progressiste
qu’ils ont payé par le sang de leurs enfants risque d’être
phagocyté par des groupuscules de dogmatiques et d’illuminés.
La chariaâ en guise de loi
Ridha Belhadj, porte-parole officiel de Hizb Ettahrir, a
rappelé, dans un point presse tenu jeudi à Tunis, les
fondamentaux idéologiques de son parti, qui vient de sortir de
la clandestinité à la faveur de la chute de l’ancien régime et
de la libération de l’expression politique induite par la
révolution tunisienne.
Le parti Ettahrir préconise «la souveraineté de la oumma
islamique», considère le califat comme le régime le plus
approprié et la chariaâ comme l’unique loi viable pour la
Tunisie et le reste du monde islamique.
M. Belhadj nous apprend aussi que son mouvement va soumettre un
nouveau projet de Constitution tunisienne à l’Assemblée
nationale constituante, qui sera issue des élections du 24
juillet prochain.
Le parti Ettahrir, qui va se présenter à ces élections, afin de
faire connaître ses positions et de demander des comptes au
gouvernement, ne cache pas son ambition de prendre un jour le
pouvoir, même au prix d’un mouvement de désobéissance civile, et
d’interdire aussitôt les partis politiques. Car ses membres ne
croient à la démocratie qu’en tant que moyen pour accéder au
pouvoir. Cela nous promet des lendemains qui chantent…
Où allons-nous?
M. Belhadj, dont le mouvement a été soupçonné d'avoir
organisé, début février, une manifestation devant la synagogue
de l’avenue de la Liberté à Tunis, ce qu'il a démenti se
déclarant pour le respect des religions, ne se pose pas de
questions sur l’état d’esprit de la majorité des Tunisiens et
sur leur disposition à mettre en danger leurs acquis économiques
et sociaux en courant derrière des chimères idéologiques.
On peut reprocher M. Belhadj ses idées rétrogrades. On doit
néanmoins lui reconnaître une qualité: la clarté. Lui, au moins,
n’y va pas par quatre chemins. Il dit haut et fort où il compte
nous mener… Autant dire dans le mur. A nous donc de savoir où
nous allons. Nous avons, pour la première fois dans notre
histoire, la possibilité de nous exprimer dans une élection
libre et transparente. Sachons mettre notre avenir, et celui de
nos enfants, entre de bonnes mains.
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Publié le 13 mars 2011
avec l'aimable autorisation de Kapitalis
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