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Opinion
Tunisie. Au secours,
les «benalistes» reviennent (2)
Ridha Kéfi
Vendredi 4 mars 2011
Ce sont des
confrères et consœurs qui ont longtemps loué leurs services –
sans doute bénévolement et par patriotisme – à la défense de
l’ancien régime et à la stigmatisation de ses opposants. Au lieu
de demander pardon aux Tunisiens, ils élèvent la voix…
Les écrits et les engagements passés de ces confrères et
consœurs parlent pour eux. S’ils comptent sur l’amnésie des
Tunisiens, qu’ils sachent que ces derniers peuvent oublier
parfois, mais ne pardonneront jamais à ceux qui ont contribué
activement et souvent avec zèle renouvelé à armer la main de Ben
Ali, leur ex-oppresseur.
Certains de ces confrères et consœurs n’ont visiblement pas
apprécié que je fasse partie de l’Instance nationale
indépendante qui devra plancher sur la réforme du secteur de
l’information et de la communication, avec d’autres collègues
qui ont longtemps subi la répression de l’ancien régime et les
attaques de ses sbires.
Ces journalistes qui ont frayé avec
l’ancien régime
Parce que j’ai appelé ici même à démasquer les journalistes
qui ont frayé avec l’ancien régime et à les empêcher de se
refaire une miraculeuse virginité au nom de la révolution du
peuple et du sang des martyrs, ces «benalistes» ont cru pouvoir
profiter de l’annonce de la constitution de cette instance pour
porter des attaques contre… ma personne.
Ces adeptes de la devise «Mentez, mentez, il en restera toujours
quelque chose», comme leurs œuvres complètes l’attestent du
reste assez largement, ont donc enfourché leurs grands chevaux
pour porter contre ma personne des accusations aussi ignobles
que ridicules.
A les croire, j’aurais été coupable d’un plagiat. Je les
remercie de me fournir ici l’occasion de lever le voile sur un
épisode, dont j’ai été victime, et qui dénonce leurs pratiques
anciennes et leur contribution active à la chasse organisée par
l’ancien régime contre leurs collègues opposants ou, comme moi,
simplement indépendants.
L’épisode remonte à 2007-2008. J’avais démissionné de ‘‘Jeune
Afrique’’ pour cofonder avec Raouf Cheikhrouhou un magazine
hebdomadaire ‘‘L’Expression’’. Le magazine devait paraître le 3
décembre 2007. Le numéro 1 était bouclé et les invitations pour
le lancement étaient distribuées, lorsque la décision
d’interdiction est tombée. Ma personne posant problème, on avait
conseillé à M. Cheikhrouhou de chercher un autre directeur de la
rédaction. Ce que ce dernier a refusé, arguant du fait qu’il ne
pouvait rompre son accord avec moi. Il a donc fallu des
négociations d’une année pour qu’Abdelwaheb Abdallah (AA) et ses
collabos acceptent enfin d’autoriser le magazine à paraître, à
une condition (du reste respectée par un commun accord entre
l’éditeur et moi) que mon nom ne figure pas dans l’ours comme
étant directeur de rédaction ou rédacteur en chef. Il fallait
sauver le projet dans lequel M. Cheikhrouhou avait déjà beaucoup
investi.
Comme il fallait s’y attendre, la ligne éditoriale indépendante
du magazine, mes articles sur la grève de la faim de Néjib
Chebbi et Maya Jéribi, sur les événements de Redeyef et les
problèmes de la succession de Ben Ali, entre autres «crimes»
impardonnables, m’ont valu d’être poussé à la porte au bout
d’une année.
Abdelwaheb Abdallah et ses chiens
aboyeurs habituels
Entre le 3 décembre 2007, date de mon entrée dans le groupe
Assabah, et le 31 novembre 2008, date de mon départ forcé à
l’instigation du ministre de la Communication de l’époque, Rafaâ
Dekhil, j’ai eu droit à plusieurs campagnes de dénigrement dans
la presse de caniveau, commanditée par les services d’AA et
exécutée, comme tout le monde sait, par ses chiens aboyeurs
habituels et qui émargeaient sur ses générosités Atce-esques,
Afh-esques, etc.
L’une de ces campagnes a commencé avec une lettre anonyme
m’accusant de plagiat (pas moins !) Et la machine du dénigrement
de se mettre en branle, relayée par ceux et celles que tous les
Tunisiens connaissent désormais. On avait alors fait circuler
une pétition dans les rédactions.
Quand j’ai eu vent de l’affaire, j’ai demandé des explications
au bureau de l’ex-Association des journalistes tunisiens (Ajt)
où les agents de Ben Ali étaient majoritaires. Et c’est un
collègue ancien de Dar Assabah, Ahmed Ben Abdallah, qui m’a
apporté une copie de la lettre de dénonciation.
Le dénonciateur courageusement anonyme – il s’est révélé être un
rédacteur en chef encore en exercice, qui s’est illustré par des
articles de référence sur la bonté de Leïla Ben Ali et des
Trabelsi – me reprochait d’avoir repris des éléments
d’information sur la vie et le parcours d’un jihadiste français
converti, un certain Christophe Caze, d’un rapport publié sur le
site Internet du Raid, une unité d'élite de la police nationale
française, qui avait participé à l’arrestation de ce dernier.
Voici, par ailleurs, le
lien du site en question (autant dire la preuve de ma
forfaiture) et le lien de l’article ‘‘Christophe
Caze: de l’islamisme radical au grand banditisme&’’, publié
le 16 janvier 2007, dans le cadre d’une enquête-feuilleton d’une
trentaine d’épisodes sur ‘‘Le jihad des convertis’’ (autant dire
mon «crime»). Les lecteurs jugeront d’eux-mêmes.
Rumeurs et les bruits de
couloirs
J’avais à l’époque écrit une lettre au président de l’Ajt,
que notre collègue Ahmed Ben Abdallah s’est chargé de
transmettre à la direction de l’association. Dans la lettre, je
demandais à mes accusateurs d’apporter les preuves de leurs
accusations, en menaçant de porter l’affaire devant les
tribunaux. Les rumeurs et les bruits de couloirs se sont
aussitôt tus. Je n’ai pas reçu de réponse à ma lettre ni de
notification d’une quelconque procédure. Et voilà que l’on agite
aujourd’hui ce piteux épisode qui en dit long sur les mœurs de
ses instigateurs…
Mes pourfendeurs m’accusent, par ailleurs, de vouloir
américaniser l’information en Tunisie. Le ridicule, on le sait,
n’a jamais tué, sinon les «benalistes» seraient tous déjà morts.
Mes articles stigmatisant la politique américaine en général et
dans région du Moyen-Orient en particulier sont si nombreux – et
publiés dans différents journaux et magazines tunisiens et
européens – que cette accusation ne me surprend pas, connaissant
l’identité de ses auteurs. Elle me fait plutôt rire. Les
lecteurs pourront faire une recherche sur le web pour y trouver
des articles de moi critiquant les politiques ou les décisions
de Washington (concernant l'Irak, l'Afghanistan, l'appui aux
dictatures arabes, etc.).
Que me reproche-t-on en plus? D’avoir fait une interview à
l’ex-Premier ministre Mohamed Ghannouchi, le 21 janvier dernier,
une semaine après la fuite de l’ex-dictateur aimé de Mme Fatma
Karray, mon accusatrice d’hier, d’aujourd’hui et de toujours,
ci-devant membre du glorieux Observatoire des élections
présidentielle et législatives de 2009. Lequel observateur n’a
rien trouvé à redire sur les conditions de déroulement d’une
énième mascarade électorale, en octobre 2009, qui a porté Ben
Ali au pouvoir à près de 99% des voix.
Voici par ailleurs les liens des articles publiés sur
Kapitalis et qui me valent aujourd’hui la campagne de
dénigrement des «benaliens» d’hier, d’aujourd’hui et de
toujours.
Tunisie.
Les «observateurs» de l’élection de Ben Ali ont-ils été
récompensés?
Tunisie.
Au secours, les «benalistes» reviennent !
Tunisie.
Le Rcdiste Abdeljélil Messaoudi fait de la résistance
Tunisie.
A Dar al Anwar, jamais plus de peur et de pression
Tunisie.
Opération sauvetage de Sakher El Materi
Les Tunisiens, qui n’ont pas la mémoire courte, sauront
reconnaître les leurs. Ils sauront aussi démasquer et mettre
hors d’état de nuire ceux qui ont toujours servi avec zèle leurs
oppresseurs et comploté contre sa révolution et sa soif de
liberté.
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Publié le 4 mars 2011
avec l'aimable autorisation de Kapitalis
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