Réseau Voltaire - En bref
Les garanties d'Obama à Netanyahu
Jeudi 30 septembre 2010
Le président des Etats-Unis, Barack Obama, a adressé une
lettre au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour
lui demander de prolonger le moratoire interrompant l’extension
de la colonisation de la Palestine. Ce document n’a pas été
rendu public, mais l’administration Obama en a fait fuiter le
contenu auprès du Washington Institute ofr Near East Policy
(WINEP), le think-tank de l’American Israel Public Affairs
Committee (AIPAC).
Selon ces sources, les termes de la lettre ont fait l’objet
d’une négociation préalable entre le Conseil de sécurité
nationale US d’une part et, côté israélien, le ministre de la
Défense Ehud Barack et le conseiller du Premier ministre chargé
des négociations Yitzhak Molcho.
Il aurait été convenu :
que
l’avenir des colonies juives récemment implantées dans les
Territoires palestiniens ne serait pas défini en préalable des
négociations, mais serait discuté au cours des négociations ;
que
les Etats-Unis mettront leur veto à toute proposition de
résolution concernant Israël, d’où qu’elle vienne, durant la
période des négociations, laquelle est fixée à un an ;
que
Washington reconnaît comme légitime les exigences de sécurité
d’Israël et ne cherchera pas à les redéfinir. La dotation
militaire annuelle des Etats-Unis à Israël, de 3 milliards de
dollars, serait augmentée et Tel-Aviv pourrait avoir accès à de
nouvelles armes et systèmes de surveillance, y compris
satellitaires.
En retour, Israël accepterait de prolonger le moratoire
relatif à l’implantation de nouvelles colonies juives en
Territoire palestinien pour une durée de deux mois.
Ces négociations sont déjà dépourvues de légitimité au regard
de l’absence de représentativité du président de facto de
l’Autorité palestinienne ; le mandat électif de celui-ci ayant
pris fin le 9 janvier 2009.
Si le contenu de cette lettre est confirmé, les négociations
sont également biaisées et ne peuvent que coûter aux
Palestiniens. En effet ;
le
droit international déclare illégales les récentes colonies
juives, leur retrait n’a donc pas à être négocié, c’est leur
maintient qui pourrait l’être ;
durant
l’année de négociations, Israël disposera d’une impunité
complète puisqu’aucune résolution ne pourra être adoptée par le
Conseil de sécurité à son encontre, quel que soit son
comportement ;
le
principe des deux Etats, défendu par Barack Obama à l’ONU, ne
signifie pas que ces Etats auront les mêmes droits. Bien au
contraire, le territoire du futur Etat palestinien sera
considéré comme augmentant la profondeur stratégique d’Israël.
Par conséquent l’Etat palestinien ne pourra pas avoir d’armée et
devra accepter d’ouvrir son territoire aux besoins de l’armée
israélienne. Dans ces conditions, l’Etat palestinien ne sera
qu’une fiction comparable aux Bantoustans durant l’apartheid
sud-africain, c’est-à-dire un paravent juridique permettant de
maintenir l’apartheid entre Palestiniens et Israéliens, sans que
le reproche puisse en être fait à Israël.
Enfin
le
moratoire de la colonisation n’étant que de deux mois et Israël
ayant l’impunité au Conseil de sécurité, chaque prolongement du
moratoire se fera au détriment des Palestiniens contraints de
mettre une concession dans la balance pour faire appliquer leur
droit.
En définitive, cette fois comme les précédentes, les
négociations sont faites pour céder à Israël de nouveaux
grignotages et non pour aboutir à la paix.
Partager
Le sommaire du Réseau Voltaire
Le dossier négociations
2010
Dernières mises à
jour
|