Mardi 2 juin 2009
Un nouveau rapport de l’United States
Institute of Peace remet en cause la vision états-unienne du
Hamas et affirme qu’il n’est pas antisémite et pourrait
coexister pacifiquement avec Israël. Intitulé Hamas :
Ideological Rigidity and Political Flexibility (Le Hamas :
rigidité idéologique et souplesse politique), il questionne la
doctrine du Hamas au regard de son interprétation du Coran.
[Voir document téléchargeable au bas de cette page]
Pour opérer ce changement de point de vue, le rapport
souligne que les déclarations du Hamas et sa charte de 1988 ne
doivent pas être pris comme des barrières infranchissables,
malgré leur caractère outrancier. Alors que les États-uniens ont
coutume de classer leurs interlocuteurs entre pragmatiques et
idéologues, le Hamas ressortirait d’une troisième catégorie :
celle des mouvements intransigeants sur l’énoncé des principes,
mais souples quant à leur application. Encore faut-il comprendre
dans sa phraséologie ce que sont ces principes.
Le rapport note que le Hamas n’est pas hostile aux juifs ni à
leur présence en Palestine, mais conteste la création d’un État
non-musulman sur une terre d’islam, d’autant que la Palestine
abrite le troisième lieu saint de cette religion. De même, il
établit une distinction entre lui-même, dévoué à l’islam et
astreint à diverses obligations, et le peuple palestinien qu’il
entend défendre dans sa diversité. En tant que formation
musulmane, il ne lui revient donc pas de reconnaître la création
d’un État juif en Palestine, mais il ne s’opposerait pas à ce
que le peuple palestinien le reconnaisse par référendum et il
s’accommoderait du « fait accompli » dans le cadre de la
« solution à deux États » (théorie de la « libération
séquencée »).
Le rapport note également que le Hamas a pratiqué durant le
second semestre 2008 une tahadiya (cessez-le-feu) et
s’est montré demandeur d’une hudna durable (trêve) dans
l’intérêt du peuple palestinien. Celle-ci suppose
le
retrait inconditionnel des Israéliens de Jérusalem-Est, Gaza et
la Cisjordanie ;
le
démantèlement des colonies illégales ;
des
compensations pour les personnes déplacées ;
des
élections générales auxquelles participeraient tous les
Palestiniens où qu’ils résident.
Tous ces éléments sont connus depuis longtemps de nos
lecteurs [1] et l’on ne peut que se réjouir de voir Washington
abandonner son manichéisme et revenir à la réalité.
L’United States Institute of Peace est un organisme
bipartisan dont le budget dépend du département de la Défense.
Les secrétaires à la Défense et d’État, ainsi que le recteur de
l’École de guerre en sont administrateurs de droit.
« Hamas : Ideological Rigidity and Political
Flexibility » (USIP, june 2009)
(PDF - 672.7 ko)