Opinion
A propos des
combats de Syrie
René Naba
Mercredi 22 mai
2013
Syrie-Palestine-Désinformation
En souvenir du 15
Mai 1948, date de la proclamation
unilatérale de l’indépendance de l’Etat
d’Israël, une date traumatique vécue
depuis soixante-cinq ans par les
Palestiniens et les Arabes comme la «Nakba»,
la catastrophe absolue en ce qu’elle a
marqué le début du processus visant à
rayer la Palestine de la carte du Monde
et du sociocide palestinien,
c’est-à-dire le déracinement puis
l’éradication de toute expression
politique, culturelle au niveau national
du peuple palestinien.
A propos des combats
de Syrie, de la passivité syrienne face
à Israël et de son interprétation
académique.
René Naba |
22.05.13 | Paris
Ce texte ne porte
pas caution du régime syrien. Il se
penche sur une technique de
communication et son usage dans la
société moderne de l’information. Le
signataire de cet article estime
toutefois nécessaire de rappeler que la
turpitude d‘une dictature ne saurait
absoudre les turpitudes des autres
dictatures arabes et que la fonction
d’un intellectuel est d’exercer une
fonction critique et non une fonction
supplétive d’un pouvoir politique quel
qu’il soit, par alignement sectaire.
Sauf à considérer la bataille de Syrie
comme une forme d’abdication déguisée au
diktat américano israélien, de la même
manière que la guerre anti soviétique
d’Afghanistan a eu une fonction
dérivative au combat pour la libération
de la Palestine, par détournement du
champ de bataille de Jérusalem vers
Kaboul, à 5.000 km du terrain de la
lutte, l’avènement de la démocratie doit
être unanimement souhaité non seulement
en Syrie mais également dans tous les
pays arabes. En aucun cas se réaliser à
coups d’intoxication, de désinformation,
de bobards de toutes sortes, comme en
témoigne la fumeuse intox de la «pink
syrian», la fameuse lesbienne syrienne
combattante de la Liberté qui s’est
révélée être un étudiant américain en
agronomie basé en Irlande.
La problématique du conflit de Syrie a
été déjà abondamment traitée sur ce site
dans de précédents papiers, dont
certains joints en annexe de cette
analyse pour l’information des nouveaux
lecteurs.
Décryptage d’un tweet
de Nabil Ennasri à propos de la
passivité syrienne face à Israël.
Ci-joint le texte
du tweet intitulé «Ennasri Nabil» il y a
9 minutes «Message depuis Gaza: « Syrie
libre ».
«Comme la très
grande majorité des factions
palestiniennes, nous devons rester
solidaires de la cause du peuple syrien.
Sur le dernier raid de l’armée
israélienne, je vs fait part des propos
du chercheur Karim Emile Bitar qui
résume bien la perfidie du régime d’Assad:
« À ce stade, le régime syrien incitera
probablement le Hezbollah à la retenue.
La priorité de Bachar el-Assad est de
mater les rebelles et sûrement pas de
faire la guerre à Israël. La Syrie a
déjà été frappée 12 fois par Israël
depuis 2003, et à chaque attaque, elle
s’est contentée de publier un de ces
fameux communiqués disant qu’elle
choisirait «le lieu et l’heure» de la
riposte. » En gros, comme le peuple
palestinien l’a compris depuis
longtemps, Assad se contente de menacer
verbalement Israël mais massacre les
Syriens. Bientôt ce peuple, comme le
montre le message inscrit sur le visage
de ces deux Gazaouis, la Syrie se
libérera. InchaAllah».
La déconstruction du
texte par une lecture en contrechamps de
l’histoire officielle ou le
démantèlement du raisonnement d’un
supplétif.
Première
affirmation: «Comme la très grande
majorité des factions palestiniennes,
nous devons rester solidaires de la
cause du peuple syrien».
Primo: Alors que
les Palestiniens et le Monde arabe
commémorent dans la douleur le 65me
anniversaire de la Naqba, la très grande
majorité des factions palestiniennes
considère que le libération de la Syrie
ne se fera pas à coups de cannibalisme
ni de prédation sexuelle de pubères
syriennes et la route de Jérusalem ne
passe ni par Damas, ni par Kaboul, ni
Tombouctou, ni Toubrouk, pas plus que
par Bâmyân, Boston, via la Tchétchénie,
ou le World Trade Center de New York,
via Kaboul, mais «straight on», et qu’il
appartient aux Palestiniens de veiller à
ne pas laisser instrumentaliser leur
cause, en la dévoyant dans des combats
menés au nom de la démocratie pour des
objectifs inavoués contre un pays arabe,
pour la survie de dynasties
déconsidérées.
Elle constate que la destruction de la
Syrie passera dans les annales
militaires comme la première guerre qui
aura couté «Zéro mort, Zéro dollar» tant
aux Etats-Unis qu’à Israël, c’est-à-dire
à un état considéré par la totalité des
Palestiniens comme «l’usurpateur de la
Palestine» et à son protecteur
américain.
Elle garde en mémoire la douloureuse
expérience du djihad post afghan en
Europe qui a abouti à ce navrant constat
que les deux seuls pays musulmans
d’Europe, l’Albanie et Bosnie, auront
voté contre l’admission de la Palestine
à l’ONU, même doté du statut minoré
d’observateur, alors qu’il sont
partiellement redevables de leur
indépendance aux disciples d’Oussama Ben
Laden, l’ancien sous-traitant de la
coopération saoudo américaine dans la
guerre anti soviétique d’ Afghanistan,
l’ancêtre du Jobhat an Nosra, crypto
syrien.
Elle souhaite en conséquence que les
Palestiniens maintiennent comme objectif
prioritaire le combat pour la libération
de leur pays occupé et de préserver son
identité arabe. De se lancer dans des
opérations militaires contre des
objectifs militaires israéliens, plutôt
que de prendre en otage des «Casques
Bleus» de l’ONU, sans défense sur le
Golan.
Deuxio: La très
grande majorité des factions
palestiniennes et des peuples du Monde
arabe ont vivement déploré que de
prétendus «combattants de la liberté» se
livrent à du cannibalisme sur leurs
adversaires, un acte contraire à la
religion du djihadiste et aux principes
élémentaires de l’humanité, donnant
ainsi la preuve de leur trop grand amour
de la liberté, de leur trop grand
respect de la démocratie et de la
personne humaine. L’homme, Khaled Al
Hamad, de son nom de guerre Abou Sakr
(l’épervier), appartient, il est vrai, à
la Brigade Al Farouk, la fameuse brigade
vouée dans la dramaturgie internationale
à servir de fer de lance à l’épopée de
Bab Amro, (Homs), afin de faire de ce
fief sunnite, le «Stalingrad» du régime
syrien, en février 2012, et servir de
tremplin à la réélection de Nicolas
Sarkozy, à tout le moins à la propulsion
d’Alain Juppé à tête du parti néo
gaulliste.
http://www.marianne.net/Syrie-Les-barbares-devorent-le-coeur-de-la-revolution_a228854.html
ainsi que l’épopée
de Bab Amro de la brigade Al Farouk
http://www.renenaba.com/alain-juppe-le-meilleur-d-entre-nous-vraiment/
Tertio : La très
grande majorité des factions
palestiniennes et des peuples du Monde
arabe ont relevé avec étonnement le
mutisme observé par les grands pays
arabes sunnites devant ce raid de
l’aviation israélienne contre Damas en
synchronisme avec les assauts
djihadistes des néo islamistes pro
monarchiques contre un pays, certes
dirigé par un clan alaouite, mais
néanmoins à l’identité arabe bien
affirmée.
Etonnement devant leur passivité face à
une agression contre un pays arabe,
ayant soutenu trois guerres contre
Israël, quand les chameliers du désert
de l’ère ante islamique (Al Jahilyah) se
vautraient dans la fange de leur fatuité
à l’ombre des derricks générateurs des
engouements intéressés à leur égard.
Etonnés de leur mutisme, sans la moindre
demande de saisine du Conseil de
sécurité, créant ainsi un précédent
lourd de conséquences pour l’avenir.
Mutisme et passivité qui ont scellé dans
l’ordre symbolique leur connivence de
fait avec celui qu’il considère comme
«l’ennemi officiel du Monde arabe». Une
connivence confirmée par l’expulsion de
la ligue arabe de ce membre fondateur de
l’organisation collective pan arabe.
Qu’un spécialiste reconnu du Monde
arabe, de surcroît nullement suspecté de
sympathie pro-Assad, Abdel Bari Atwane
ait admis dans un remarquable éditorial
de son journal «AL Qods Al Arabi» que le
raid israélien se superposant aux
assauts néo djihadistes a conféré un
regain de sympathie et de popularité au
président syrien Bachar Al Assad
corrélativement à un supplément
d‘opprobre à la cohorte de ses
adversaires du fait de leur passivité
pro israélienne, devait sans doute
s’imposer même aux plus réticents à
l’admettre comme la force de l’évidence
en résonnance profondes avec les
sentiments réels des peuples arabes.
Invraisemblable scénario mais vrai, au
point que certains se sont même pincés
le nez devant cette imposture constituée
de l’alliance entre Israël et les néo
djihadistes dans un combat contre la
Syrie.
http://libnanews.com/2013/05/08/syrie-incroyable-mais-vrai-israel-et-le-hamas-combattent-le-gouvernement-syrien/
La très grande
majorité des factions palestiniennes
souhaite, n’en déplaise aux bateleurs de
foire, que soit dénoncé, en premier
lieu, l’alliance contre nature entre la
Turquie et Israël, c’est-à-dire
l’alliance d’un grand pays musulman
sunnite avec, bis repetita, un pays que
la totalité des Palestiniens et leur
nombreux alliés dans le monde
considèrent comme «l’usurpateur de la
Palestine».
Une alliance doublement contre nature
entre le premier état génocidaire du XXI
me siècle et les rescapés du génocide
hitlérien. Deux pays de la mouvance
atlantiste qui prennent en tenaille, en
une alliance de revers, la Syrie. Tous
deux liés par une détestation commune de
la Syrie, en ce que, pour l’un, Israël,
elle constitue la base arrière du
ravitaillement stratégique du Hezbollah
libanais, le fer du combat arabe
anti-israélien, et, pour l’autre, la
Turquie, elle abrite à Deir ez Zor,
comme un remord éternel, le mémorial
commémoratif des massacres des Arméniens
par les Turcs.
Meilleur allié de l’alliance atlantique
dans la stratégie globale de
containement de ses rivaux, l’Islam
sunnite aura été le grand perdant de
cette coopération en ce que la Turquie
n’a pas droit à un strapontin au sein de
l’Union Européenne, malgré son statut de
gardien du flanc sud de l’Otan, ni la
Palestine à la moindre parelle de
territoire indépendant.
La Syrie
serait-elle le cadeau compensatoire à la
Turquie pour son rejet de l’Union
européenne et aux sunnites pour leur
perte définitive de la Palestine en voie
de transformation en «Etat du peuple
juif», comme l’exige désormais le
premier ministre israélien Benyamin
Netanyahu, dans la foulée de
l’acceptation du principe d’un échange
de terres? Acceptation consentie par les
pays de «l’axe de la modération», la
configuration des grands états sunnites
– (Algérie, Syrie et Irak exceptés)- de
l’axe de la soumission
israélo-américain.
Deuxième affirmation:
«La Syrie a déjà été frappée 12 fois par
Israël depuis 2003, et à chaque attaque,
elle s’est contentée de publier un de
ces fameux communiqués disant qu’elle
choisirait «le lieu et l’heure» de la
riposte»
Primo: Certes 12
fois depuis 2003. Mais depuis 2003,
l’Irak a été envahi par les Etats-Unis
avec le soutien des pétromonarchies du
Golfe et des dictatures pro occidentales
(Moubarak), aménageant un formidable
goulot d’étranglement autour de la Syrie
avec la triangulation Turquie, Israël,
en superposition aux 200.000 soldats du
corps expéditionnaire américain en Irak,
sur le flanc de la Syrie. Une invasion
qui a propulsé près de deux millions de
réfugiés irakiens en Syrie, sans le
moindre soutien humanitaire
international, particulièrement arabe,
déstabilisant considérablement
l’économie et la société syriennes.
Cette même grande majorité des factions
palestiniennes remet en mémoire à
l’attention des nouveaux venus sur la
scène du commentaire géostratégique que
la Syrie, en prévision de l’invasion
américaine de l’Irak, avait été placée
par le congrès américain sous le régime
de la «Syrian Accountability Act»; une
seringue diplomatique plantée au cœur de
la Syrie dans l’attente du Momentum
stratégique visant à l’exfiltrer et la
déstabiliser.
«De publier un de
ces fameux communiqués disant qu’elle
choisirait «le lieu et l’heure» de la
riposte».
Toujours à l‘intention des novices,
amnésiques précoces, cette grande
majorité de faction palestinienne
rappelle, se fiant aux documents
d’archives et aux témoignages des
journalistes à l’époque sur place,
-c’est-à-dire sur le terrain et non
derrière les pupitres de leur auguste
personne-, qu’en septembre 1973, alors
que les regards du Monde étaient tournés
sur le Chili avec l’assassinat de
Salvadore Allende par la grande
démocratie américaine et ses supplétifs
locaux, l’aviation israélienne abattait
dans l’espace aérien syrien deux
appareils syriens en vol d’entrainement,
des chasseurs bombardiers Mig dernier
cri de la production soviétique,
fraichement livrés à Damas.
Certes, un fumeux communiqué avait
vaguement indiqué que la Syrie
choisirait le lieu et l’heure de la
riposte, laquelle, à la grande
stupéfaction des observateurs formatés
par les écoles de la pensée stratégie
occidentale, est intervenue moins d’un
mois plus tard, en tandem avec l’Egypte,
avec la guerre d’octobre en 1973,
marquée par la destruction de la ligne
Bar Lev sur le Canal de Suez et la
récupération de Kuneitra, chef-lieu du
Golan syrien.
La très grande majorité des factions
palestiniennes se souvient aussi que,
depuis lors, les raids israéliens ont
fait l’objet de riposte oblique de la
part de la Syrie, en application de la
doctrine moderne de l’art de la guerre
du «combat disséminé, asymétrique et
furtif».
La réplique
adéquate d’une loi du faible au fort,
brillement illustrée par le Hezbollah
libanais, la digue ultime de retenue du
naufrage arabe, et à ce titre, la fierté
absolue des Arabes, au-delà de toute
considération ethnico religieuse. Et
rappelle aux lecteurs de la jeune
génération d’activistes arabes ou
musulmans, les vérités suivantes, en
matière de riposte oblique:
-Dégagement israélien du sud Liban,
premier reflux militaire israélien d’un
pays arabe, sans négociations, ni de
traité de paix (2006), sans déploiement
d’une ombrelle protectrice américaine,
ni pétro dollars générateurs d’élogieux
commentaires de zélés commentateurs.
-Riposte balistique victorieuse de la
guerre asymétrique du Hezbollah libanais
(2006), en concertation avec L’Iran et
la Syrie, point de passage obligé de
l’ultime ligne de la confrontation
arabo-israélienne, avec destruction du
navire amiral de la flotte israélienne.
-Résistivité militaire victorieuse de
Gaza dans l’opération «Plomb durci»
2007-2008 menée par Israël contre
l’enclave palestinienne, avec la
passivité des grandes pétromonarchies
arabes sunnites et la complicité active
de l’Egypte dans le blocus de Gaza. Mais
avec le vigoureux soutien et le
ravitaillement de l’Iran, la Syrie et le
Hezbollah libanais.
-Résistivité récidivée à Gaza, en
novembre 2012, face à Israël, grâce au
ravitaillement balistique de ses anciens
alliés non sunnites, en dépit des
expressions de gratitude manifestées
publiquement par les dirigeants du Hamas
à leurs nouveaux alliés, la Turquie,
l’alliée majeure d’Israël dans la
région, le Qatar, son allié souterrain,
dans une tragique manifestation
d’ingratitude à l’égard de leurs anciens
frères d’armes.
3eme affirmation «En
gros, comme le peuple palestinien l’a
compris depuis longtemps, Assad se
contente de menacer verbalement Israël
mais massacre les Syriens».
La douloureuse
conscience palestinienne se souvient que
ce fait n’est pas le privilège du clan
Assad. Elle rappelle à cette occasion
que Hussein de Jordanie a massacré le
peuple palestinien en septembre 1970, le
fameux «septembre noir», avant d’alerter
Israël sur l’attaque conjointe syro
égyptienne préludant à la guerre
d’octobre 1973… avant que son fils
Abdallah n’autorise les Etats Unis à se
servir de son pays comme tremplin vers
l’assaut anti Saddam Hussein, en 2003 et
la constitution de ce fameux «arc
chiite», vaillamment dénoncé par les
monarchies pour masquer leur connivence
et camoufler leur responsabilité dans sa
constitution du fait de l’échec de
l’aventurisme américain en Irak.
Elle rappelle l’accueil réservé par le
Maroc, ce «royaume de bagne et de
terreur» à Tzipi Livni, l’ancien agent
du Mossad, coordonnatrice de l’assaut
contre Gaza, dans la foulée de la
destruction israélienne de l’enclave
palestinienne, en 2007-2008. De même que
la coopération souterraine entre les
pétromonarchies du Golfe,
particulièrement le Qatar, et Israël, le
tortionnaire du peuple palestinien.
Elle rappelle en outre les 400.000
Palestiniens expulsés du Koweït, en
représailles à l’attitude temporisatrice
de Yasser Arafat à l’égard d’une
mobilisation occidentale anti Saddam
Hussein, en 1990. Elle rappelle surtout
enfin le silence tonitruant des grands
amis de l’Amérique devant la mise en
résidence surveillée dans son complexe
de Ramallah de Yasser Arafat, le symbole
absolu de la cause palestinienne.
Leur silence persistant devant la
phagocytose de la Palestine et la
transformation de leur pays natal en un
vaste camp de concentration à ciel
ouvert avec 700 barrages militaires et
une fraction importante de sa population
sous les verrous.
Pour reprendre la formule du thésard,
«En gros, comme le peuple palestinien
l’a compris depuis longtemps, Assad se
contente de menacer verbalement Israël
mais massacre les Syriens» ……De la même
manière que le Roi de Bahreïn, souverain
minoritaire d’un peuple majoritairement
chiite, massacre son peuple, à huis
clos, avec l’aide militaire saoudienne,
sous le regard complice des grandes
démocraties occidentales et le soutien
actif de la France «La patrie des Droits
de l’Homme», fournisseur attitré de
matériel de répression en Tunisie, comme
en Libye comme à Bahreïn. Sans doute
l’apologie interdit-elle de pointer du
doigt les turpitudes monarchiques
vraisemblablement en raison de la
sacralité du pouvoir monarchique dans
les pays arabes et de leur pouvoir non
libérateur, mais lubrificateur. Et ceci
le peuple palestinien l’a compris depuis
bien longtemps, qui explique ainsi sa
pitoyable situation.
De la confusion entre
intellectualoïde et intellectuel
La très grande
majorité des factions palestiniennes
s’étonne aussi que les néo islamistes du
Qatar au pouvoir dans trois pays arabes
(Egypte, Libye et Tunisie) -par ailleurs
forts actifs en Syrie, en Irak, au
Yémen, ainsi qu’aux confins sahélo
sahariens-, se soient abstenus de la
moindre démarche en vue de la libération
du tiers du Parlement palestinien détenu
en Israël, dont une grande majorité de
membres du Hamas, la branche
palestinienne des Frères Musulmans,
c’est-à-dire les amis du Qatar et alliés
tacites des pays occidentaux et
d’Israël.
Elle se désole enfin que le sort du
Monde arabe soit décidé par huit
monarchies sous protectorat américain
avec en appoint deux confettis d’empire,
Djibouti et les Iles Comores. Décider du
sort de la guerre et de la paix, alors
que le poids de la bataille a été
supporté, constamment, par les «pays du
Champ de bataille» (Egypte, Syrie,
Liban, Palestine), c’est-à-dire le
versant méditerranéen du Monde arabe. De
leur acharnement à détruire des pays non
théocratiques.
Consternée à l’idée que trois mille
milliards de dollars aient été
dilapidés, en pure perte, en un
demi-siècle, dans des dépenses
d’armement, sans parvenir à sécuriser
l’espace national arabe, ni à réussir à
faire fléchir les Etats-Unis, leur
protecteur mais néanmoins partenaire
majeur d’Israël, sur la seule question
qui vaille: la Palestine, clé du devenir
du Monde arabe.
Affligée que l’Iran, pays pourtant
musulman, soit parvenu au rang de
puissance du seuil nucléaire, en dépit
de quarante ans d’embargo, apportant la
démonstration de la comptabilité de
l’Islam avec la technologie, alors que
les pétromonarchies, qui font commerce
d’islamisme, en soient encore à la quête
d’un parapluie américain contre l’Iran
et non contre Israël, détenteur d’un
solide arsenal nucléaire et considéré
théoriquement dans leur logomachie comme
«l’ennemi officiel du Monde arabe».
La très grande majorité des factions
palestiniennes est abasourdie par la
prestation des chefs de la révolution
syrienne et leurs zizanies mortifères.
Sans doute l’unique «révolution» au
Monde déclenchée depuis les salons dorés
des forums diplomatiques occidentaux,
«en talon aiguille, costumes cravates,
carte de crédits et hôtels cinq
étoiles», selon les propos amers d’un
diplomate occidental sans doute désabusé
par la prestation des poulains des
occidentaux, les bi nationaux
franco-syriens.
Abasourdie de la confusion qui persiste
à régner au sein des cercles
d’intellectuels arabes d’Europe entre «intellectualoïde»
et intellectuel en ce que «l’intellectualoïde
est à l’intellectuel ce que l’androïde
est à l’humain, une vague ressemblance à
l’extérieur, à l’intérieur juste un amas
de câblage programmé».
La très grande majorité des factions
palestiniennes ne pratique pas la
mémoire sélective. Elle n’a pas non plus
vocation à se laisser abuser par des
stratégies de communication, visant à
détourner les véritables responsabilités
sur ce nouveau désastre infligé au Monde
arabe par alignement sectaire. Elle
s’étonne à cette occasion que les
meilleurs alliés de l’Amérique, malgré
leur trop grande servilité à l’égard du
grand protecteur d’Israël, n’aient
jamais pu obtenir la restitution de la
moindre parcelle de la Palestine, leur
patrie usurpée. Qui plus est sans le
moindre communiqué de leur part
promettant une riposte appropriée en
temps opportun ne serait-ce que pour Al
Aqsa, le 3me Haut lieu Saint de l’Islam.
In petto, dans son for intérieur, la
grande majorité des factions
palestiniennes souhaite que le thésard
du monde arabe et Président du Conseil
des Jeunes Musulmans de France révise
ses classiques avant de se lancer dans
ses prédictions tant il est vrai que
l’ignorance ne s’apprend pas (Pascal) et
que lorsque l’on a la prétention
d’informer l’on prend la précaution de
s’informer.
Le devoir d’un intellectuel musulman
formé à l’école occidentale est de faire
conjuguer Islam et modernité, Islam et
progressisme et non de provoquer
l’abdication intellectuelle des
modernistes et progressistes devant un
islamisme basique, invariablement placé
sous les fourches caudines
israélo-américaines.
Que la jeunesse arabe ou musulmane de
France prenne note du fait que tant les
Américains que les Européens redoutent
l’émergence d’un mouvement arabe non
religieux en ce qu’il est porteur de la
dénonciation de la duplicité occidentale
et de son du discours disjonctif, alors
que l’Islam atlantiste est pourvoyeur
d’une rente sécuritaire pour les
dynasties régnantes et que le combat
contre l’obscurantisme islamiste,
thématique majeure de la Story telling
occidentale, a pour fonction essentielle
de faire de l’Islam et des Musulmans un
repoussoir aux yeux de l’opinion
occidentale. Au point que le «péril
vert» se substitue ainsi au «péril
rouge» dans l’imaginaire de l’hémisphère
nord dans l’attente de la promotion du
«péril jaune» dans la fantasmagorie
occidentale.
Que la jeunesse arabe ou musulmane de
France pardonne enfin cette intrusion
dans les enseignements de sa figure de
proue, mais devant les dérives d’une
telle pensée, il a paru impératif à la
très grande majorité des factions
palestiniennes de lui recommander de
tirer profit des erreurs de ses aînés
pour éviter la répétition des errements
passés, avec le vif souhait qu’elle
forge son opinion en puisant ses
éléments de réflexion aux meilleures
sources de l’information et non de la
désinformation…la forme hideuse et
pernicieuse de la démagogie. Inchallah
Pour aller plus loin
sur la problématique de la bataille de
Syrie
http://www.renenaba.com/la-bataille-de-syrie-et-la-capture-par-liran-dun-drone-americain-sophistique/
http://www.renenaba.com/la-controverse-a-propos-de-basma-kodmani/
http://www.renenaba.com/syrie-algerie-raison-detat-ou-deraison-detat/
http://www.renenaba.com/la-fabrication-de-la-violence-et-du-sectarisme-dans-les-medias/
http://www.renenaba.com/syrie-opposition-un-paravent-kurde-a-la-tete-de-lopposition-off-shore/
http://www.renenaba.com/un-paravent-kurde-a-la-tete-de-lopposition-off-shore-2/
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