Tunisie-Politique
Même mort, Chokri Belaïd fait peur à
Ghannouchi ! Rachid
Barnat
Mercredi 10 avril 2013
Quand l'inauguration de la place Chokri
Belaïd à Sidi Bou Saïd est empêchée par
des énergumènes des « Comités de
protection d'Ennahdha» invoquant la «chariya»
(légalité). Par
Rachid Barnat
Le maire de Sidi Bou a programmé,
le 9 avril à 17 heures, l'inauguration
de la place Chokri Belaïd, actuellement
rue de la gare, en présence de Basma
Khalfaoui, de Jawhar Ben M'Barek, de
Sophie Bessis et bien d'autres
personnalités.
Comme à leur accoutumé, des nervis du
«Comité de protection d'Ennahdha» se
sont invités à ce qui devait être une
cérémonie d'hommage au martyr de la
seconde république, Chokri Belaïd!
Prétextant l'absence d'autorisation
du ministère de l'Intérieur, les nervis
et à leur tête un type à la tête
patibulaire habitués à la violence,
s'apprêtaient à en découdre avec les
sympathisants de Chokri et Basma Belaïd
venus pour la cérémonie inaugurale.
Et comme d'habitude, ils sont
parvenus à s'imposer au maire et à
interdire le changement de nom de la
place.
Basma
Khalfaoui, veuve du martyr Belaïd, prend
la parole
lors de la cérémonie perturbée par les
sbires d'Ennahdha.
Le maire en colère rappelle qu'il a
déjà débaptisé d'autres rues, telle que
celle du «7-Novembre», qu'il a remplacée
par le «14-Janvier», et une autre qu'il
a baptisée «Lotfi Nagdh»... et s'étonne
qu'on lui invoque le «règlement» à
propos de «Chokri Belaïd»!
Puisqu'on lui oppose la «légalité»,
il en conclue qu'il était dans
l'illégalité pour les changements déjà
accomplis; et menace de retirer les
nouvelles plaques pour redonner leurs
anciens noms aux rues débaptisées... en
attendant de légaliser tout à l'avenir,
le nom de Chokri Belaïd compris... mais
auquel il réservera mieux que la petite
placette contestée : une grande avenue
ou une grande place de Sidi Bou,
promet-il!
Basma Khalfaoui en colère, elle
aussi, qu'Ennahdha continue à s'en
prendre à son mari même mort, s'indigne
d'un tel parti et dénonce le régime
dictatorial qu'il met en place !
Et comme d'habitude, la police était
absente et ne viendra sur les lieux que
lorsque la forfaiture du «Comité de
protection d'Ennahdha» sera accomplie
quand un jeune brandira le drapeau
salafiste au dessus de l'abri de gare,
comme pour narguer les participants
dépités!
«Si Chokri Belaïd dérange tant
Ghannouchi, c'est que ses partisans
doivent être pour quelque chose dans son
assassinat», disent certains
commentateurs présents !
Sophie Bessis, en colère rentrée, m'a
dit que les nervis d'Ennahdha font tout
un cirque avec la religion... alors
qu'une fois rentrés chez eux, ils
prendront une ou deux bières... voulant
dire par là, que ce sont de pauvres
types dont Ennahdha exploite la misère
matérielle et intellectuelle!
Or l'opposition comme l'Ugtt,
en prolongeant une légitimité finie le
23 octobre 2012 à des constituants qui
l'ont déjà perdue pour n'avoir pas
respecté le mandat que les électeurs du
23 octobre 2001 leur ont accordé; et que
ceux sortis de leur rang pour gouverner
et présider la Tunisie ont perdue eux
aussi pour n'avoir rien fait pour
protéger les citoyens et leurs biens et
pour empêcher les violences qui ont mené
à l'assassinat de Chokri Belaïd, avaient
exigé en contrepartie, entre autres
conditions, la dissolution des Comités
de protection de la révolution que tout
le monde sait au service d'Ennahdha et
du Congrès pour la République!
L'opposition et l'Ugtt auraient-elles
donné un chèque en blanc à la troïka et
à Ennahdha qui la domine? Comment
tolèrent-elles le pied de nez que leur
fait Ghannouchi et qu'il fait, par leur
faute, aux Tunisiens?
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