Opinion
Les masques
tombent:
Israël et les terroristes
combattent dans la même tranchée
Pierre
Khalaf
Photo:
Sham Times
Lundi 6 mai 2013
Les masques sont tombés en Syrie.
L'armée israélienne est directement
entrée dans la bataille aux côtés des
groupes terroristes après que ces
derniers eurent échoué dans la mission
qui leur a été impartie par l'alliance
composée de l'Otan, les pétromonarchies
du Golfe et Israël, sous la direction
des Etats-Unis.
L'aviation israélienne a violemment
bombardé, dans la nuit de samedi à
dimanche, plusieurs objectifs militaires
et civils syriens, faisant des dizaines
de morts. La télévision russe Russia Today
évoque un bilan de 300 morts, dont de
nombreux militaires, dans ces attaques
qui ont visé des dépôts d'armes et de
munitions, des casernes et des positions
de la défense anti-aérienne dans la
périphérie de Damas. Selon des
informations sûres, près de 40 avions
ont participé à ces raids qui
constituent une violation flagrante de
la souveraineté d'un pays indépendant.
Les raids israéliens interviennent donc
après les revers stratégiques infligés
aux groupes terroristes dans les régions
de Damas et de Homs, où leurs structures
de commandements, bâties ces 15 derniers
mois à grands renforts de milliards de
dollars provenant du Golfe et des
milliers de tonnes d'armes venant des
entrepôts de l'Otan, de Libye et de
Croatie, se sont effondrés en quelques
semaines. Et avec eux se sont envolés
les espoirs de l'Otan de renverser le
régime syrien.
Devant la débandade de ses auxiliaires,
Israël n'avait plus le choix que de se
jeter directement dans la bataille, sous
de futiles prétextes: empêcher les armes
chimiques de tomber entre des "mains peu
sûres", lutter contre
l'approvisionnement du Hezbollah en
armes... tous ces arguments ont été
avancés dimanche pour justifier
l'agression israélienne. Mais la
véritable explication est ailleurs:
depuis des semaines, les responsables
israéliens multiplient les déclarations,
appelant l'Occident à prendre des
mesures urgentes pour renverser le
régime du président Bachar al-Assad,
surtout depuis que son armée a repris
l'initiative militaire.
La coordination entre les Israéliens et
les groupes terroristes s'est clairement
manifestée lors des raids de
samedi-dimanche. A peine les avions
israéliens avaient-ils largué leurs
missiles et leurs bombes que des
centaines de terroristes ont tenté de
prendre d'assaut les check-points de
l'armée pour entrer dans Damas. Ils se
sont cependant heurtés à l'armée
syrienne qui les a repoussé facilement.
L'apparition publique du président
syrien, samedi, pour la deuxième fois en
trois jours, illustre ce changement
stratégique sur le terrain. Le leader
syrien a eu droit a un véritable bain de
foule à l'université de Damas, où il a
été accueilli en héros par des milliers
d'étudiants lors de l'inauguration d'une
stèle érigée à la mémoire des dizaines
d'étudiants tués par les terroristes à
Alep, Damas et ailleurs.
Malgré les pressions exercées par le
lobby pro-israélien à Washington, Barak
Obama n'est pas enthousiaste à l'idée de
se lancer dans une nouvelle guerre pour
le compte d'Israël, alors qu'il vient
juste de quitter le marécage irakien et
s'apprête à évacuer le bourbier afghan.
Il a d'ailleurs clairement déclaré,
samedi au Costa Rica, ne pas prévoir
d'envoyer des soldats américains sur le
territoire syrien s'il était prouvé que
le régime de Bachar al-Assad avait eu
recours à son stock d'armes chimiques.
"Je n'envisage pas de scénario dans
lequel des soldats américains sur le sol
syrien seraient une bonne chose pour les
Etats-Unis, et même une bonne chose pour
la Syrie", a déclaré M. Obama. D'autant
plus que les sondages montrent que les
Américains sont majoritairement hostiles
à une intervention des Etats-Unis en
Syrie. Dix pour cent seulement des
personnes interrogées dans ce sondage
réalisé en ligne entre le 16 avril et le
1er mai estiment que Washington devrait
intervenir dans les combats.
Soixante-et-un pour cent sont hostiles à
toute intervention. Mais Obama a donné
son feu vert à Tel-Aviv en ressassant
l'éternel refrain sur "le droit d'Israël
à se défendre".
Devant la gravité de l'agression
israélienne, le commandement politique
et militaire syrien s'est réunit
d'urgence dimanche pour examiner les
moyens de riposter, alors que la Ligue
et les pays arabes se muraient dans un
silence de mort, après avoir remué ciel
et terre pendant plus de deux ans pour
soi-disant "défendre le peuple syrien et
son droit à la liberté". Seul l'Iran a
réagi en condamnant vigoureusement
l'agression israélienne, affirmant que
la Syrie "n'est pas et ne sera pas seule
face aux agressions israéliennes".
Le vice-ministre syrien des Affaires
étrangères, Fayçal al-Moqdad, a qualifié
les raids de "déclaration de guerre",
affirmant que la Syrie se réserve le
droit de riposter "à l'endroit et au
moment qu'elle juge opportun".
Malgré l'aide israélienne venue du ciel,
les terroristes ont poursuivi leur recul
face à l'armée syrienne sur tous les
fronts. Au sud d' Alep, les troupes
régulières ont pris la localité de
Hreibil, dans la province de Homs, elles
sont entrées dans les quartiers Sud et
Est de la ville de Qoussair, dernière
position où les terroristes sont encore
présents après avoir été chassés de
l'ensemble de la région. Selon les
premières informations, de nombreux
terroristes de diverses nationalités ont
été tués ou arrêtés.
Le sommaire des Tendances d'Orient
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|