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Chronique
À qui profitent les
« terroristes du dimanche » ?
Philippe Randa
Philippe Randa
Lundi 28 décembre 2009
Un attentat déjoué n’est pas forcément un grand soulagement.
C’est même, en général, plus angoissant, même si on ne peut, à
l’évidence, qu’être soulagés que le sang n’ait pas coulé.
Lorsque des terroristes sont tenus en échec, tout laisse
supposer que leurs commanditaires n’ont ensuite que la
perspective de recommencer. Tôt ou tard, ils réussiront… Et la
peur qu’ils instillent au ventre de tout à chacun est une
victoire plus importante que l’agonie de leurs victimes, surtout
quand celles-ci sont d’anonymes passagers.
Ainsi en est-il de l’attentat raté du vol 253 Amsterdam-Detroit
au lendemain de Noël dans lequel les observateurs se perdent en
conjectures… Al-Qaïda ou pas Al-Qaïda ? Vaste complot planétaire
ou acte isolé ?
À chaque tentative d’attentat, les mêmes interrogations
reviennent… sans que soient apportées jamais, ou très rarement,
de confirmations ou de preuves.
Le citoyen peut donc légitimement se perdre lui aussi en
conjectures sur la finalité de telles actions.
Si Umar Farouk Abdulmutallab, jeune Nigérian musulman de 23 ans,
fils d’un riche banquier et étudiant brillant, a agi seul, ce
n’est alors ni plus ni moins que l’acte isolé d’un illuminé
religieux. Rien ne pouvait le laisser prévoir, rien ne pouvait
l’empêcher, rien ne pourra interdire à autres illuminés, à
l’avenir, de l’imiter. Avec ni plus, ni moins de chance de
succès.
Ce qui pourrait expliquer la mauvaise qualité des explosifs
utilisés, l’amateurisme de l’apprenti-kamikaze, l’échec de sa
tentative… et n’explique pas tout le battage médiatique autour
de cet « échec d’attentat », sinon à traumatiser les opinions
publiques pour mieux faire passer de nouvelles contraintes de
sécurité dans les aéroports pour les voyageurs et dans la vie
quotidienne pour tous.
Des contrôles renforcés dans les aéroports du monde entier ont
d’ailleurs immédiatement été ordonnés. Heureusement, penseront
certains… Peut-être, mais pourquoi les contrôles n’étaient-ils
pas au maximum de ce qu’ils devraient être ? À quoi bon, des
contrôles imparfaits, même pas toujours capables d’empêcher les
« terroristes du dimanche » de passer à l’acte. La preuve par
Umar Farouk Abdulmutallab qui a réussi à passer à travers les
dispositifs de surveillance et de sécurité des aéroports pour
prendre place dans un avion de ligne avec tout son attirail de
mort sur lui.
Parce que, tout de même, Al-Qaïda, c’est autre chose, à en
croire tous les experts en la matière, CIA en tête : des
ramifications dans le monde entier, des moyens financiers
colossaux, une expérience du terrorisme à nulle autre pareille…
Alors, si les contrôles dans les aéroports laissent à désirer,
on peut légitimement s’inquiéter… à moins, justement, que des
contrôles trop draconniens s’avèrent à terme impossibles à
maintenir.
D’où l’hypothèse qu’Umar Farouk Abdulmutallab soit pourquoi pas
! téléguidé par l’organisation d’Oussama Ben Laden, mais que le
succès ou l’échec de sa tentative soit secondaire : il ne se
serait agi alors que d’instiller davantage la peur que de
répandre la mort dans l’opinion publique.
Si c’est véritablement le but des terroristes, comment ne pas
s’interroger sur la responsabilité des medias du monde entier
dans la retransmission en boucle de cette tentative d’attentat,
accompagnée de commentaires plus alarmistes les uns que les
autres ?
On s’interroge beaucoup pour connaître les instigateurs des
attentats, qu’ils soient réussis ou empêchés… beaucoup moins,
voire même pas du tout, à qui ils profitent le plus, dans un cas
comme dans un autre…
Aux gouvernements des pays occidentaux qui augmentent à leur
guise les contrôles physiques autant qu’administratifs,
renforcent les surveillances et multiplient les contraintes
quotidiennes sur les citoyens ?
À la mouvance terroriste qui, à peu de frais, voient ses actions
ou ses simples tentatives d’actions, répercutées médiatiquement
dans le monde entier, suscitant aussitôt un renforcement de ses
soutiens, un renouvellement de ses troupes, une augmentation des
vocations de kamikaze ?
Aux medias à qui est ainsi offert sur un plateau une actualité
de premier choix, en cette période de fêtes où il ne se passe
pas grande chose, sinon une folledingue tentant de bisouiller le
Pape ou trois spéléologues n’ayant rien trouvé de mieux à faire
qu’à réveillonner dans le gouffre de Romy d’où ils ont
d’ailleurs réussi à s’extraire avant même que les sauveteurs ne
les aient retrouvés ?
À qui profitent réellement les attentats ? Une question trop
gênante pour être trop souvent posée.
Les chroniques de Philippe Randa
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