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Politique
Éventuels vainqueurs et présumés vaincus
Philippe Randa
Philippe Randa
Mardi 9 juin 2009
Le paysage politique français est-il véritablement changé depuis
que le résultat des élections européennes dimanche soir ? Force
est de constater qu’il suscite en tout cas beaucoup de
perplexité. Pour les éventuels vainqueurs, tout comme pour les
présumés vaincus.
Tout d’abord, sur l’Europe… Avec 60 % d’abstention, il est clair
que l’immense majorité des Français s’en désintéresse, d’autant
que le nombre impressionnant de listes en compétition offrait
tous les choix possibles. Cette abstention remet bien évidemment
en cause la représentativité réelle des 72 élus nationaux et
n’en donne pas davantage aux abstentionnistes, suivant l’adage
que les absents n’ont pas seulement toujours tort, mais
n’existent pas ! Les urnes ont beau avoir été plus qu’à moitié
vide, les fauteuils du parlement européen n’en seront pas moins
occupés, ne leur en déplaise.
L’UMP, avec un tiers des suffrages exprimés, confirme que
Nicolas Sarkozy est incontestablement passé maître d’œuvre dans
l’art de diviser ses adversaires. Car c’est à l’évidence bien
davantage sur la faiblesse (euphémisme !) de ses opposants, bien
davantage que sur les résultats de son action présidentielle,
que les Français, faute de mieux, ont confirmé le leadership
électoral de son parti.
Mais ce parti ne rassemble toutefois qu’un électeur sur trois
sur moins d’un Français sur deux autorisé à déposer un bulletin
de vote… Et il ne peut compter sur aucun allié politique
potentiel. Il reste donc un géant aux accords électoraux
d’argile et aux très possibles déconvenues électorales à venir.
Le Parti socialiste s’est certes ridiculisé dans cette élection
avec 14 % de suffrages, mais on rappellera que la liste menée
par un certain Nicolas Sarkozy (avec Alain Madelin) avait obtenu
le brillant score de 12,82 % à ces mêmes élections de 1999,
tandis que celle menée par Charles Pasqua et Philippe de
Villiers les devançait à 13,05 %. On sait ce qu’il est advenu
ensuite des uns et des autres…
L’incontestable percée des listes écologistes de Daniel
Cohn-Bendit, Eva Joly et José Bové est à relativiser…
Sauront-ils faire perdurer leur succès, voire l’augmenter ? Il
est clair que dans un premier temps, leur succès va surtout
contribuer à diviser encore plus l’opposition au chef de l’État.
D’autant que ces écologistes-là doivent tout au soutien
médiatique dont ils ont outrageusement bénéficié, le point
d’orgue de ce soutien ayant été la diffusion télévisuelle du
film « Home », le vendredi soir précédant l’élection.
Le Modem essuie un échec tout aussi incontestable, du moins dans
les ambitions qu’il affichait durant la campagne électorale et
en comparaison du résultat de François Bayrou à l’élection
présidentielle. Mais ce n’est pas le premier essuyé par le
Béarnais et il a montré son incontestable aptitude à rebondir.
Ceux qui ne cesse de l’enterrer ont sans doute encore beaucoup
de pelletées électorales à lui asséner. Et s’ils se lassaient
avant lui ?
Celui qui a rempli sa mission électorale, c’est à l’évidence
Jean-Luc Mélenchon. Chargé par ses camarades socialistes de
ramasser au fond des urnes les derniers des mohicans communistes
et de stopper l’ascension d’Olivier Besancenot. Il peut être
pleinement satisfait.
Enfin, Marine Le Pen tire incontestablement son épingle
électorale du scrutin. Sa réélection dans la région nord lui
assure la légitimité que lui contestait tous ceux qui ont quitté
le Front national. Ces derniers ont par ailleurs démontré qu’en
politique, les démissionnaires sont comme les abstentionnistes,
ils perdent toute légitimité.
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