Politique
Entre les gouttes
fiscales
Philippe Randa
Philippe Randa
Vendredi 4 septembre 2009
Il n'y a bien que le ministre Éric Besson pour penser (en privé,
souligne-t-on) son « étonnement » de voir ses ex-camarades
socialistes attaquer bille en tête une idée aussi populaire que
la taxe carbone. Populaire au sens probablement des
ex-démocraties du même nom puisque les deux tiers des Français
la rejettent. 73 % d'entre eux la jugent totalement inefficace
pour diminuer la consommation d'énergie dans le pays (sondage de
TNS Sofres/Logica pour Europe 1).
D’autant qu’« appliquer de
façon progressive cette taxe, en partant du prix de la tonne sur
le marché, soit 14 euros » comme le souhaite François Fillon,
serait « inefficace aussi bien sur le plan écologique que sur le
plan énergétique » d’après l’eurodéputé Europe Écologie
Jean-Paul Besse, reçu jeudi soir à l’Élysée en compagnie de la
secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflo.
L’ancien Premier
ministre Alain Juppé s’est quant à lui déclaré favorable à cette
taxe carbone, tout en rejetant toute idée d’impôt
supplémentaire... oubliant au passage d’expliquer ce que
pourrait bien être une taxe sinon un impôt.
Mais le gouvernement
a pris soin d’annoncer cette « contribution climat-énergie » en
plein mois d’août. La chaleur estivale a donc largement atténué
l’effet désastreux d’un impôt supplémentaire dans l’opinion. En
ce début septembre, c’est forcément du réchauffé, d’autant que
Nicolas Sarkozy n’aurait encore « rien décidé », et que François
Fillon s’est empressé d’assurer que les ménages devraient
bénéficier en compensation « d’une diminution de la fiscalité
sur le travail, soit par l’impôt sur le revenu, soit par une
baisse des cotisations sociales. »
En France, c’est une vieille
habitude : ce qu’on prend d’une main, on en redonne une partie
de l’autre ; chaque Français se dit ainsi qu’il pourrait passer
entre les gouttes fiscales et tant que c’est le voisin qui
trinque, il n’y a jamais péril en la demeure. Et toute cette
cacophonie sur le coût réel et l’utilité ou non de la taxe
carbone fait que la majorité des gens finit par ne plus rien y
comprendre. Il est donc probable que ceux-ci s’en désintéressent
rapidement... ce qui pourrait bien être finalement le but
recherché par le gouvernement.
© Les chroniques de
Philippe Randa sont libres de reproduction à la seule condition
que soit indiquée leurs origines, c’est-à-dire le site
www.philipperanda.com
|