Bernie Thau appartient au conseil
d’administration du
Hebron Fund, qui collecte de l’argent au profit de colons en
Cisjordanie. Rich Siegel, lui, appartient au conseil
d’administration de l’association (pro-palestinienne)
Deir Yassin Remembered. Demain matin, Thau estera en justice au
Tribunal Municipal de Teaneck contre Siegel, à qui il reproche
d’avoir apposé des autocollants « Free Palestine » sur sa
voiture.
Siegel, qui est un
musicien habitant Teaneck, a été élevé dans le sionisme. Il
a dirigé une association sioniste de la jeunesse, et il a même
vécu en Israël. Mais, désespéré par la violence sans fin, il a
quitté Israël depuis quelques années et il s’est mis à se
documenter. Il pensait que cela lui permettrait d’approfondir
son engagement sioniste, mais c’est le contraire qui s’est
produit : sa lecture des Nouveaux historiens israéliens n’a fait
qu’augmenter son outrage.
« J’étais horrifié. J’avais été élevé dans
la notion qu’Israël ne pouvait faire strictement rien de mal, et
qu’il n’avait jamais rien fait qui pût avoir blessé qui que ce
soit… J’étais persuadé que nous, en tant que juifs, nous étions
privilégiés d’appartenir à ce groupe que le monde entier déteste
sans raison – et, tant que j’y suis, que nous sommes plus futés
que quiconque. Ah oui, aussi : les Arabes nous haïssaient sans
raison, nous voulions simplement aller là-bas et être leurs
voisins… Quand j’ai pris conscience qu’il y avait eu des
terroristes juifs et que des juifs avaient voulu créer un pays
exclusiviste, tout en continuant de jouer de la carte victimaire
à propos de l’Holocauste – ce fut pour moi une révélation
absolument terrifiante. Cela m’a amené à être actif, à militer,
le fait d’être tellement en colère parce qu’on n’avait cessé de
me mentir. L’on m’avait menti durant toute ma vie : ma
synagogue, ma famille, ma communauté juif : tous m’avaient
raconté des bobards ! »
Désormais, Siegel défend le droit des
réfugiés palestiniens à retourner chez eux, dans leurs maisons.
Il a décidé de se forger une opinion bien à lui et de la
revendiquer ouvertement en apposant quatre autocollants sur sa
Honda Civic grise, vieille de treize ans. Son épouse n’y voyait
aucun inconvénient. Deux de ces autocollants disaient :
« Liberté pour la Palestine ! Fin de l’occupation ! », un autre
disait : « Arrêtez l’aide militaire américaine à Israël ! », et
un quatrième proclamait : « Nous refusons d’être ennemis ! Les
chrétiens, les juifs et les musulmans oeuvrant pour la paix et
la justice. »
Les autocollants ont effectivement attiré
l’attention. Beaucoup de gens faisaient à Siegel des signes
approbateurs, les pouces en l’air, ou en donnant un coup de
klaxon. Mais les localités de Teaneck et Fairlawn sont de
véritables pépinières pour les types dans le genre
Gush-Emonim-terre d’Israël, et beaucoup de gens tiquaient à la
vue de sa Honda et le montraient du doigt. Il en a l’habitude.
Certains ont même vandalisé sa bagnole.
Dans l’après-midi du 20 avril, Siegel a
remarqué qu’une voiture le suivait d’un peu trop près tandis
qu’il rentrait chez lui, à Teaneck, sur la River Road. La
voiture suivit Siegel après que celui-ci eut pris la North
Avenue, sur sa droite, puis à nouveau sur la droite, une rue
conduisant à Elm, son quartier. Siegel dit que le conducteur l’a
suivi jusqu’à sa maison, et qu’il s’est garé à côté de sa propre
voiture, après quoi il lui a fait un ‘doigt d’honneur’. Ensuite,
il a poursuivi sa route jusqu’au bout du pâté de maisons, il a
fait demi-tour, et il est repassé devant la maison de Siegel,
très lentement.
Siegel a eu la présence d’esprit de noter
le numéro d’immatriculation du type, et il a décidé de porter
plainte contre lui au commissariat de police. Le conducteur
était Bernie Thau, quelqu’un d’actif dans la communauté juive de
Fairlawn (dans l’Etat du New Jersey). Après une convocation
destinée à entendre sa version des faits, il y a une quinzaine
de jours, à laquelle Thau s’est rendue et où il a nié sa
culpabilité, le juge James Yound, du Tribunal municipal, a
trouvé des preuves suffisantes pour mettre Thau en examen pour
harcèlement. Le Sergent Thomas Sullivan, du commissariat de
Taeneck, qui a enquêté sur la déposition de Siegel, dit qu’il
est accusé d’un délit passible d’une peine maximale de six mois
de prison accompagnés d’une amende.
Siegel dit : « Je n’ai subi strictement
aucun dommage du fait de cette affaire. Si cela avait été le
cas, j’aurais porté plainte. Mais la question, c’est que j’ai
droit à la libre expression. Ce type m’a suivi jusqu’à chez moi
parce qu’il ne pouvait pas encadrer mes autocollants. J’ai eu
des expériences auparavant : ma voiture avait déjà été
vandalisée à plusieurs reprises. A deux reprises, le pare-chocs
avait été renversé : quelqu’un avait forcé ma bagnole avec une
barre à mine et ils avaient complètement retourné le pare-chocs.
Nous disposons de la liberté d’expression, dans ce pays, mais la
communauté sioniste pense apparemment que cette liberté n’est
plus de mise dès qu’il est question de critiques à l’encontre
d’Israël. En ce qui me concerne, je suis en colère ; c’est tout…
Et, oui, cela fait que nous nous sentons un petit peu moins en
sécurité, ma famille et moi. Mais si notre sécurité était
vraiment en danger, j’aurais enlevé ces autocollants… »
Thau, quant à lui, affirme qu’il dort mal
depuis sa mise en examen, et qu’il fait des cauchemars. Il
regrette ce qu’il a fait, et il désire présenter des excuses
publiques à Siegel et oublier toute cette affaire. Je lui ai
demandé s’il avait contacté Siegel.
« Après
ma mise en examen, je suis allé boire un verre d’eau, et j’ai
dit quelque chose à Siegel, qui m’a répondu qu’il ne pensait pas
que nous devrions nous parler… »
Thau dit qu’il n’était absolument pas au
courant de ce que Siegel avait vécu : « Quelles que soient ses
positions politiques, il a été maltraité par pas mal de
personnes… »
Il se dit désireux d’apporter une
contribution à l’association Deir Yassin Remembered, afin
d’apaiser la situation.
Thau n’a pas contredit la version que
Siegel a donnée de l’incident, sauf pour dire que « certains
faits ont été un peu exagérés ». Je lui ai demandé pourquoi il a
fait ça ?
« Dans l’ensemble, ce fut un acte impulsif.
Je ne voulais pas le harceler ; c’était plus quelque chose comme
une déclaration politique ». Et le Hebron Fund ? Vous auriez pu
tout aussi bien mentionner qu’il travaille pour une association
caritative rattachée à une synagogue, qui aide cinquante-sept
familles nécessiteuses des environs ?
PS : Siegel a coécrit une chanson intitulée
"In Palestine", qui est dédiée aux centaines d’enfants
palestiniens massacrés par les Israéliens à Gaza. Ce gars est un
musicien magnifique. Remarquez, dans cette chanson, la fusion
des narrations juive et palestinienne – il n’est absolument pas
question de savoir qui a commencé.
Avertissement Palestine - Solidarité a pour vocation la diffusion
d'informations relatives aux événements du Moyen-Orient, de l'Amérique
latine et de la Corse.
L' auteur du site travaille à la plus grande objectivité et au respect des opinions
de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui lui seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité
de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas Palestine -
Solidarité ne saurait être
tenue responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et
messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou
faisant lien vers des sites dont elle n'a pas la gestion, Palestine -
Solidarité n'assume
aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces
sites. Pour contacter le webmaster, cliquez
< ici >