Syrie
Les chrétiens de
Syrie craignent l'arrivée des islamistes
après Assad
Pavel
Davydov
© RIA
Novosti Valeriy Melnocov
Mercredi 16 mai
2012
Les chrétiens qui vivent en Syrie
craignent d'être victimes de
l'extrémisme religieux si le régime du
président Bachar al-Assad est renversé
et que les islamistes s'emparent du
pouvoir.
Je crains que dans tous les cas on
passera un mauvais quart d'heure", a
déclaré à RIA Novosti un professeur
d'une université de Damas et membre de
la communauté orthodoxe de la capitale,
qui a demandé de l'appeler simplement
Georges.
Selon lui, la Syrie sera frappée par
une guerre civile si les opposants d'Assad
et ceux qui les soutiennent en Occident
et dans la région continuent d'essayer
de le renverser par la force.
"Si le régime est renversé, il sera
remplacé par les islamistes qui rendront
la vie des chrétiens très difficile, car
ils estiment à tort que nous aidons le
régime actuel et sommes de son côté",
a-t-il déclaré.
"Les musulmans sunnites qui
représentent la majeure partie de la
population syrienne pourraient penser
qu'après le départ du régime du
président Assad représentant la minorité
alaouite ils vivront mieux. Mais
personnellement je pense qu'ils se
trompent. La Syrie est un Etat laïque et
les gens, y compris les musulmans,
n'apprécieraient pas qu'un nouveau
gouvernement leur impose les normes
islamiques en termes de morale et de
comportement", a déclaré Georges.
Il est convaincu que ce ne sont pas
les libéraux, mais les forces
extrémistes intransigeantes qui
arriveraient au pouvoir.
Un ingénieur de Homs, qui a trouvé un
refuge provisoire à Damas et qui a
demandé de ne pas divulguer son nom par
crainte pour sa vie, est convaincu que
si le régime d'Assad s'effondrait, les
chrétiens seraient immédiatement chassés
du pays.
A l'heure actuelle, il ne reste
pratiquement aucun chrétien à Homs, où
la situation demeure particulièrement
difficile. Leurs maisons sont occupées
par les combattants et leurs familles,
les magasins ont été pillés. Les
réfugiés qui fuient vers d'autres
régions du pays éprouvent des
difficultés et la privation.
Selon le professeur Georges, les
islamistes cherchent à montrer que les
chrétiens ne souffriront pas si le
régime est renversé.
"Il s'agit de les rassurer, de les
faire passer de leur côté en
affaiblissant ainsi le soutien du
régime", déclare-t-il.
En particulier, ils nient le
préjudice infligé aux résidences des
chrétiens et à plusieurs églises de
Homs, en rejetant la responsabilité sur
les forces gouvernementales. Dans les
réseaux sociaux, les leaders musulmans
disent dans leur communiqué que les
chrétiens et les musulmans ont toujours
vécu ensemble en Syrie. Cependant, les
chrétiens craignent que les actions des
combattants islamiques soient dirigées
contre eux, qu'on cherche à les chasser
de Syrie. Selon la presse locale, début
mai un groupe de combattant a chassé
tous les chrétiens.
10 familles ont été expulsées du
village Qastal al-Borj, près de Hama,
dans la région centrale du pays. Selon
une source du quotidien Al-Watan, les
combattants ont occupé toutes les
maisons du village et l'église est
devenue leur QG.
"Encore trois jours et l'armée les
aurait délogés de notre région. Mais le
plan de Kofi Annan (émissaire de l'Onu
et de la Ligue arabe) a été adopté. Les
opérations militaires ont été stoppées.
Mais cela ne nous a rien apportés. Nos
maisons restent occupées par les
combattants", déclare l'ingénieur de
Homs.
Selon lui, malgré la situation
difficile des réfugiés chrétiens, peu
envisagent de quitter le pays.
"C'est notre patrie. Le christianisme
est arrivé en Syrie plusieurs siècles
avant l'islam. Alors pourquoi
devrions-nous partir?", déclare-t-il.
Les chrétiens représentent près de
10% des 23 millions d'habitants syriens.
Il est impossible d'établir leur nombre
exact, car le recensement ne prend pas
en compte l'appartenance religieuse.
Près de la moitié des chrétiens syriens
font partie de l'Eglise orthodoxe
d'Antioche.
La Syrie vit dans les conditions de
crise depuis plus d'un an. Chaque jour
on rapporte la mort aussi bien de civils
que de représentants des forces de
l'ordre. Selon l'Onu, le nombre total de
victime a dépassé 9.000 morts, le nombre
de réfugiés a atteint 230.000 personnes
et près de 1 million ont besoin d'une
aide humanitaire.
Les autorités syriennes annoncent que
plus de 2.500 militaires et policiers
syriens ont péri dans les affrontements
contre des combattants bien armés, et
que le nombre de victimes civiles
dépassait 3.200 personnes. A l'heure
actuelle, une trêve très fragile est en
vigueur entre la fraction d'opposition
de l'Armée syrienne libre et l'armée
gouvernementale, réglementée par le plan
de paix de Kofi Annan.
© 2012
RIA Novosti
Publié le 24 mai 2012
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