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La Révolution du Jasmin ne doit pas être
trahie ni confisquée au peuple tunisien
Patrick Le Hyaric
Photo: L'Humanité
Dimanche 16 janvier 2011
Le surgissement de la jeunesse et du peuple tunisien sur la
scène mondiale est une très bonne nouvelle pour tous les peuples
du monde. Il montre qu’une voie de l’émancipation est possible.
Ils sont en train de faire la première révolution de ce 21e
siècle. Nous sommes à leurs côtés ; aux côtés de toutes les
forces démocratiques.
Nous souhaitons ardemment que ce peuple sage, tolérant,
cultivé réussisse la transition démocratique. Ils ont d’autant
plus notre soutien que nous avons à cœur de laver l’honneur
souillé de la patrie des droits de l’homme par les dirigeants de
notre pays et ceux de l’Union Européenne qui auront soutenu
l’autocrate dictateur corrompu Ben Ali et sa clique jusqu’à la
dernière minute. Il se dit aujourd’hui que nos ministres et le
président de la République lui-même auraient mal apprécié la
situation ou auraient fait des erreurs d’appréciation à cause de
certains services d’Etat mal renseignés. Ce serait risible si ce
n’était si triste. Il ne s’agit pas d’erreurs. Il s’agit d’une
politique. Cela a été leur politique, décidée en conscience
parce qu’ils se situent de ce côté de la barrière : celui des
puissants contre la démocratie et les peuples. Non seulement
cela ne grandit pas notre pays, mais cela lui cause et lui
causera un lourd préjudice.
Nous souhaitons maintenant que les autorités provisoires
tunisiennes créent les conditions pour assurer la sécurité des
populations et mettent fin à la terreur, aux exactions et aux
pillages commis par des bandes dont tout indique désormais
qu’elles sont liées au clan des vaincus. La Révolution de Jasmin
ne doit être ni souillée, ni trahie, ni volée au peuple tunisien
qui n’a pas pu voter librement depuis 23 ans. Cette révolution
ne doit être ni détournée ni confisquée. Rien ne serait pire que
des faux semblants, qu’un aménagement du régime sans Ben Ali ;
cela est vrai pour les principes démocratiques mais cela est
aussi vrai pour la vie économique et sociale. Ce qui a été
confisqué par l’ancien régime doit être rendu au peuple. L’Union
Européenne, qui a des accords de coopération et d’association
avec la Tunisie, doit dans la période actuelle être active pour
reconnaitre le droit du peuple tunisien de choisir sa voie
démocratique vers le changement qu’il souhaite, dans le respect
du pluralisme politique mais aussi dans le respect de sa liberté
de disposer de sa souveraineté économique et d’évoluer vers le
progrès social .
Les travailleurs, la jeunesse et le peuple tunisien tout
comme les forces progressistes peuvent être assurés de notre
vigilance.
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Publié le 16 janvier 2011 avec l'aimable autorisation de
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