Opinion
Non au
communautarisme de gauche !
Pascal Boniface
Pascal
Boniface - Photo IRIS
Mercredi 14 mars
2012
Être attaqué en
compagnie de Stéphane Hessel et Jean
Glavany est un grand honneur. Je devrais
donc a priori remercier Benjamin Djiane
et Jeremy Sebbane de l'avoir fait dans
leur article «
Hollande va prolonger le chemin de
Mitterrand au Proche-Orient ».
Il est néanmoins nécessaire de rétablir
quelques vérités malmenées.
Ils parlent de ma « note restée
tristement célèbre appelant le Parti
socialiste à abandonner son amitié pour
l’Etat hébreu afin de gagner des voix ».
La célébrité de cette note ne lui a
apparemment pas permis de venir
jusqu'aux auteurs de l'article. En la
résumant ainsi, ils prouvent soit qu’ils
ne l’ont pas lue et donc sont
inconséquents, soit qu’ils l’ont lu mais
la déforment volontairement et qu’ils
font donc preuve de malhonnêteté
intellectuelle.
Dans cette note, je déplorais qu’on
n’applique pas au conflit du
Proche-Orient les principes universels
défendus pour les autres conflits. Je ne
voyais pas en quoi demander à Israël de
mettre fin à l'occupation des
territoires occupés consistait à
abandonner son amitié pour cet État. Je
soulignais enfin que le « deux poids
deux mesures » appliqué à ce conflit
commençait à lasser une partie de
l'opinion. Si le PS risquait de perdre
des voix c'est justement parce qu'il
était en contradiction avec ses idéaux
proclamés sur ce conflit et que soutenir
une politique injuste ne pouvait être
populaire à gauche.
Je proposais par ailleurs d'appliquer à
ce conflit les principes universels et
non pas le poids des communautés.
Cette note a été plusieurs fois déformée
par des gens de mauvaise foi disant que
j'avais suggéré de prendre des positions
trop palestiniennes parce qu'il y a plus
d’arabes que de juifs en France. C’est
faux, et calomnieux. J’ai obtenu sur ce
point une décision de justice, confirmée
en appel
(http://www.iris-france.org/docs/pdf/communiques/2006-12-05-jugement.pdf).
Les auteurs de cet article comme
certains de leurs amis s'inquiètent
certainement de la dérive à droite d'une
partie de la communauté juive, notamment
au sein du Crif. Ils ont bien raison.
Mais pour combattre cette dérive,
faut-il donner des gages à la droite de
la communauté ou affirmer clairement des
principes de gauche ? Sont-ils obligés
pour faire repencher la balance à gauche
de trouver des boucs émissaires et de
déformer leurs positions ? Une cause
juste n'a pas besoin d'être soutenue par
des procédés malhonnêtes
intellectuellement.
Pourquoi s’attaquer à ceux qui, en
France, plaident pour une solution à
deux États et rester muets à l’égard du
gouvernement de droite et d’extrême
droite en Israël ?
La référence à Mitterrand est
relativement hypocrite car ce dernier a
vu nombre de ses actions critiquées par
le Crif, entre autres la réception
d'Arafat à Paris. Contrairement à ses
successeurs, il n'a pas cédé au
communautarisme.
Or, ce que veulent les auteurs c'est
justement faire triompher le
communautarisme de gauche sur le
communautarisme de droite. Nous sommes
nombreux à préférer l’universalisme.
C’est d'ailleurs en grande partie parce
que j'ai mis en avant les contradictions
entre positions communautaires et
principes universels que certains amis
d'Israël au sein du PS m'en veulent.
Il est bien sûr plus difficile d'assumer
une position en contradiction avec
l'universalisme lorsque l'on se prétend
de gauche, que lorsque l’on s’affirme de
droite.
Mais que les auteurs assument leur
communautarisme et cessent d'évacuer
leur malaise en s’en prenant à ceux qui
défendent des positions universalistes.
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sont réservés.
Publié le 14 mars 2012 avec l'aimable
autorisation de l'IRIS.
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