IRIS
Israël prêt à
l'offensive médiatique pour 2011
Pascal Boniface
Pascal Boniface - © Photo: IRIS
Vendredi 10 décembre 2010
Un
article paru sous la plume de Barak Ravid sur le site
internet du journal Haaretz n’a peut-être pas reçu l’attention
médiatique qu’il aurait pu (et du) mériter. Curieux car cet
article parle justement d’une bataille médiatique à venir.
Le ministre des Affaires Étrangères israélien Lieberman a en
effet appelé les ambassades de son ministère en Europe à faire
un usage extensif des experts en relations publiques. D’ici le
16 juin, les ambassades de Londres, Berlin, Rome, Madrid, Paris,
La Haye, Oslo et Copenhague doivent préparer une liste de 1000
alliés qui seront régulièrement « briefés » par l’ambassade. Il
s’agit de lancer une campagne de relations publiques et de
défense et d’illustration de la politique israélienne. Ces
« alliés » devront organiser des manifestations et réunions,
publier des articles dans la presse. Le budget de relations
publiques des ambassades dans ces capitales sera doublé l’an
prochain dans cette optique. Parmi les personnes dont on
recherchera le soutien, il y a des membres des communautés
juives nationales, mais aussi des militants dans des
organisations chrétiennes, des journalistes, des politiciens,
des hommes politiques, des intellectuels, des experts et des
militants dans des organisations étudiantes.
Le ministère israélien des Affaires Étrangères fournira trois
types de support à cette campagne :des messages politiques sur
les positions israéliennes sur le processus de paix, les
colonies, etc.(afin de montrer l’attachement d’Israël à la paix)
des messages sur les positions israéliennes dans des secteurs
aussi différents que la technologie, l’économie, le tourisme
(pour valoriser la société israélienne et ne pas réduire
l’évocation du pays au conflit israélo palestinien), et enfin
des messages sur des développements politiques au Proche-Orient
qui peuvent concerner les droits de l’homme en Iran ou en Syrie,
la montée en puissance du Hezbollah au Liban (afin de montrer le
caractère nocif des adversaires d’Israël). Chaque ambassade
devra faire deux évaluations de la campagne l’an prochain et
faire un rapport tous les trois mois sur le travail des amis en
question.
La curiosité, qui sera sans doute non satisfaite, pousserait à
aimer connaître cette liste de 1000 « amis ». On observera tout
de même avec intérêt certaines prises de positions à la lumière
de cette information. Certains amis d’Israël sont bien connus et
d’ailleurs affichent franchement et ouvertement leur position.
D’autres se veulent plus discrets.
On est en fait dans un cadre classique de stratégie d’influence
que tout pays met en œuvre avec plus ou moins de bonheur selon
le degré ressenti d’importance et le talent pour le faire. La
France qui parle souvent de stratégie d’influence n’a jamais
vraiment excellé dans cet exercice.
Le fait qu’Israël veuille doubler son effort, montre que le
gouvernement de ce pays est conscient que son message passe
moins bien qu’auparavant.
Quelle que soit l’efficacité de la communication d’Israël, son
gouvernement est en train de perdre la bataille de l’opinion en
Europe. Ce qu’il faut pour restaurer son image, ce n’est pas un
changement de communication mais de politique.
Pascal Boniface, Directeur de l'IRIS
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Publié le 10 décembre 2010 avec l'aimable autorisation de l'IRIS.
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