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Parti Anti Sioniste
La Chine
soutient le Pakistan face aux États-Unis (3/3)
Parti Anti Sioniste
Youssouf Raza Gilani, Premier ministre pakistanais
Photo: P.A.S.
Jeudi 2 juin 2011
Si les États-Unis ont
réellement besoin d’un prétexte pour justifier de nouveaux raids
au Pakistan, il leur sera facile d’évoquer la présence supposée
au Waziristan de Saïf al-Adel, désormais déclaré par la CIA
comme le successeur de Ben Laden à la tête d’al-Qaïda (The
News, Pakistan, le 19 mai 2011). Il est clair que le fait
pour Obama de prétendre que Saif al-Adel se trouve tout près de
la frontière la plus sensible au monde et non pas à Finsbury ou
Flatbush, convient parfaitement à ses intentions belliqueuses.
Après le raid américain non autorisé du 1er mai, le général en
chef pakistanais Ashfaq Kayani a lui-même prévenu les Etats-Unis
qu’une telle « opération aventureuse » ne devra pas
être répétée, et a annoncé que le personnel américain au
Pakistan serait considérablement réduit. D’après les estimations
de l’ISI, il y a actuellement environ 7 000 agents de la CIA au
Pakistan, dont beaucoup sont inconnus du gouvernement
pakistanais. D’après certaines sources, le partage d’information
entre les services pakistanais et américain aurait été réduit.
En réponse à la réaction de Kayani, l’opération de propagande de
la CIA connue sous le nom de Wikileaks a une fois de
plus montré sa véritable nature en essayant de discréditer le
commandant en chef pakistanais au travers de la diffusion de
télégrammes douteux d’ambassades américaines établissant que
celui-ci avait demandé aux États-Unis davantage -et non pas
moins- d’attaques de drones, ces dernières années.
Depuis le discours d’Obama à West Point, la CIA a utilisé les
attaques de drones pour massacrer des civils dans le but de
fomenter une guerre civile au Pakistan, et d’amener la division
du pays selon les lignes ethniques du Penjab, du Sind, du
Baloutchistan et du Pachtounistan. L’objectif géopolitique de
tout ceci est de mettre fin au rôle joué par le Pakistan de
couloir énergétique entre l’Iran et la Chine. Comme par hasard,
l’expert Selig Harrison a récemment émergé comme un éminent
partisan américain pour la sécession du Baloutchistan. Depuis le
1er mai, six attaques de drones américains ont fait au moins 42
morts dans la population civile pakistanaise, conduisant
celle-ci à une haine frénétique anti-américaine. En réponse, une
session commune du parlement pakistanais tenue le 14 mai, a
demandé officiellement et à l’unanimité, l’arrêt des attaques de
missiles américains, et a appelé le gouvernement à couper la
route de soutien logistique de l’OTAN vers l’Afghanistan si les
attaques continuaient. Alors que la ligne de ravitaillement
Karachi-Khyber via la passe du même nom, transporte les deux
tiers du ravitaillement des envahisseurs de l’Afghanistan, une
telle mesure causerait un véritable chaos parmi les forces de
l’OTAN. Tout ceci souligne la folie inhérente consistant à
rentrer en conflit ouvert avec le pays par lequel passent vos
lignes de ravitaillement.
Devant le parlement, le Premier ministre Youssouf Raza Gilani a
rejeté les accusations américaines de complicité avec Oussama
Ben Laden. Il a retracé l’historique de la création par la CIA
d’Al-Qaïda et du « mythe Ben Laden ». Enfin, il a mis
en garde Washington contre toute nouvelle ingérence. Les
États-Unis veulent utiliser le chef des Talibans, le Mollah
Omar, contre le Pakistan. Le département d’État a renoncé à
toutes les conditions préalables dans ses négociations avec les
Talibans en février dernier, et selon le Washington Post,
les États-Unis seraient maintenant en train de parlementer avec
les envoyés du Mollah Omar, le légendaire leader borgne du
conseil de la Quetta-Shura, autrement dit, le Haut conseil des
Talibans. Il paraît évident que les États-Unis offrent aux
Talibans une alliance contre le Pakistan. Marc Grossman,
l’envoyé spécial américain dans la région est hostile au
Pakistan, mais au sujet des Talibans, on l’a affublé du surnom
de « Monsieur Réconciliation » (The Telegraph,
Royaume-Uni, le 29 mai 2011). À l’inverse, certains affirment
que les États-Unis veulent assassiner le chef du réseau Haqqani
au moyen d’une opération comparable à celle qui a visé Ben
Laden. Les Pakistanais sont tout autant déterminés à conserver
Haqqani comme allié.
Si la Chine se range derrière le Pakistan, il sera alors tout à
fait envisageable que la Russie s’aligne derrière la Chine. En
vue de la prochaine réunion de l’Organisation de Coopération de
Shanghai le 15 juin, le Président chinois Hu Jintao s’est
félicité des relations sino-russes qu’il décrit comme ayant
atteint « un niveau sans précédent » et d’ « un
intérêt stratégique évident ». Lors d’ une conférence de
presse donnée cette semaine, le président Dmitry Medvedev a été
obligé de reconnaître indirectement que le « renouveau
» des relations entre les Etats-Unis et la Russie tant acclamé
par Obama se résumait à peu de choses depuis l’annonce du
programme américain d’implantation de missiles ABM en Roumanie
et dans le reste de l’Europe de l’Est, programme si évidemment
dirigé contre la Russie, et qui signifie que le traité START
n’est plus d’actualité, ce qui réveille le spectre d’une
possible nouvelle Guerre froide. Étant donné l’actuel assaut de
l’OTAN contre la Libye, Medvedev a déclaré qu’« il n’y
aurait pas de résolution de l’ONU contre la Syrie ».
Poutine avait raison, depuis le début, et Medvedev essaie de lui
emboîter le pas pour se ménager quelque chance de rester au
pouvoir.
La crise qui a mené à la Première Guerre mondiale a commencé
avec l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo,
le 28 juin 1914, mais la première déclaration de guerre majeure
n’eut lieu que le 1er août. Et durant le mois de juillet, une
bonne partie de l’opinion publique européenne se réfugia
derrière une espèce d’illusion idyllique élégiaque, alors même
que la crise mortelle s’amplifiait. Quelque chose de similaire
est en train de se produire aujourd’hui. Nombreux sont les
citoyens américains qui pensent que la mort supposée de Ben
Laden marque la fin de la guerre contre le terrorisme et de la
guerre en Afghanistan. C’est le contraire qui se passe,
l’opération contre Ben Laden a clairement conduit à une nouvelle
situation d’urgence stratégique. Des forces qui s’étaient
opposées à la guerre en Irak, de MSNBC aux nombreux libéraux de
gauche appuyant le mouvement pour la paix, soutiennent
désormais, d’une manière ou d’une autre, l’agression sanglante
d’Obama en Libye, voire célèbrent en Obama un va-t-en-guerre
finalement plus efficace que la clique Bush-Cheney, auréolé
qu’il est de son succès supposé aux dépens de Ben Laden.
Auteur : Webster G.
Tarpley, historien et journaliste américain.
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