Tendances de l'Orient - L'Egypte
Relents de
nassérisme dans les rues du Caire
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Orient News
Mercredi 14 septembre
2011
Les manifestations géantes organisées en
Egypte vendredi 9 septembre constituent
un tournant dans la longue marche de la
révolution égyptienne, de par la
constitution de la foule et des slogans
brandis. Bien que les Frères musulmans
et les principaux mouvements islamistes
aient boycotté ces manifestations, les
organisateurs ont réussi à mobiliser des
centaines de milliers de personnes, qui
ont scandé des slogans patriotiques et
nationalistes d’inspiration nassérienne,
hostiles à Israël et favorables à la
Palestine.
Une foule en colère s’est ensuite
dirigée vers le siège de l’ambassade de
l’Etat hébreu, pris d’assaut par des
centaines de jeunes. Devant l’ampleur du
mouvement, l'ambassadeur d’Israël en
Egypte, Yitzhak Levanon, n’a eu d’autre
choix que de s’enfuir. Avec le personnel
de l'ambassade, il a quitté Le Caire à
bord d'un avion privé qui a décollé
après que l'ambassade, installée dans
les derniers étages d'un immeuble du
quartier de Giza, ait été envahie par
des manifestants.
Les manifestants ont jeté des documents
confidentiels par les fenêtres.
Plusieurs documents ramassés proviennent
des services diplomatiques israéliens.
Certains sont rédigés en arabe mais
portent des tampons diplomatiques
israéliens et sont visiblement des
courriers de fonctionnaires israéliens à
leurs homologues égyptiens.
Cet événement montre la détermination
des jeunes égyptiens à donner à la
révolution une dimension nationale
dépassant le cadre des libertés et de la
démocratie. Dix-huit d’entre eux ont
trouvé la mort et près de 1000 ont été
blessés par les charges violentes des
forces de l’ordre et de l’armée. Cela ne
les a pas empêché de poursuivre le
mouvement jusqu’à la réalisation de leur
objectif déclaré qui est d’expulser
l’ambassadeur d’Israël et de fermer les
locaux de la chancellerie. Deux buts
aujourd’hui atteints.
Le Conseil militaire suprême, qui dirige
le pays depuis la destitution de Hosni
Moubarak, ne peut plus ignorer la
réalité que la chute du dictateur
pro-américain, son procès et les
promesses de la tenue d’élections
libres, ne sont pas suffisantes pour
calmer la rue. Tant que le pays n’aura
pas rompu ses liens avec Israël, le
peuple égyptien estimera que sa
révolution est incomplète.
De leur côté, les islamistes, qui
ménagent l’Etat hébreu et l’Amérique,
parce qu’ils convoitent le pouvoir, sont
maintenant débordés à leur gauche.
L’incident de l’ambassade ne les réjouit
pas, car il a prouvé, aux yeux des
Etats-Unis, qu’ils ne contrôlent pas la
rue comme ils le prétendaient, dans
l’espoir de gagner les faveurs de
l’Occident pour prendre le pouvoir.
Devant la détermination de la jeunesse
égyptienne, tous les acteurs, internes
et extérieurs, devront revoir leurs
copies. L’Egypte de Gamal Abdel Nasser
est de retour.
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