Opinion
Présidentielles:
la médiocrité s'annonce
Nazim
Rochd
Samedi 13 avril
2013
La
déception sera inévitable en termes de
débat politique. Les prochaines
élections présidentielles ne détonneront
pas avec les législatives et municipales
passées. Pour le moment, les premiers
qui ont occupé les tribunes vides sont
d'une indigence à fendre le cœur. Les
Algériens attendront encore longtemps
avant que de riches alternatives
s'offrent à eux. Entre jérémiades
lassantes et catastrophisme de
circonstances, rien ne vient éveiller
l'intérêt des futurs électeurs. Réalité
qui révèle un vrai problème politique.
La société n'arrive pas à sécréter des
courants de pensée qui pourraient
exprimer les préoccupations des
différentes classes et couches sociales
qui la composent. Nous avons alors droit
à des prétendants au trône dont la
consistance repose sur la seule
complaisance des médias, qui leur
donnent l'illusion de représenter
quelque chose et tentent de faire croire
à leurs lecteurs que les figures dont
ils font la promotion ont des
propositions à faire valoir. En
conséquence, il ne reste que l'ironie
populaire en réponse à l'agitation en
cours, parce qu'à la menace du chaos qui
se profilerait si nos candidats,
chouchous de la presse, ne sont pas
investis de notre destin, il n'y a rien
d'autre de probant à opposer. Cela
pourrait les amener à plus de respect du
peuple auquel il s'adresse et qu'ils
accusent, sournoisement, d'être soit
manipulable par le pouvoir en place,
soit porté sur l'émeute. Car c'est de
cela qu'il s'agit quand le
catastrophisme est érigé en argument
central. Etant donné qu'il faut aborder
ce type de discours en fonction du poids
et de la représentativité de ses tenants
et non dans l'absolu. Eux ne sont pas
des révolutionnaires, loin s'en faut, ni
des leaders d'opinion entourés de
centaines de milliers d'adeptes prêts à
déferler sur la «paix sociale». Ils font
seulement semblant de surfer sur les
peurs supposées de la société qu'ils ne
cherchent pas vraiment à gagner,
puisqu'en dernière instance ils
s'adressent au «pouvoir» et rien qu'à
lui. Marginalement, ils rêvent d'être
rejoints par une partie du bloc social
dominant, de façon à construire un lobby
au sein des institutions qui comptent,
infiniment loin d'un mouvement de masse
conscientisé sur les enjeux
socioéconomiques. Parallèlement, bien
que la chose ne soit pas ouvertement
affichée, il y a ces clins d'œil au
monde de l'argent et à ses porte-parole,
«experts» et «spécialistes» en
gouvernance libérale. La prédiction de
«déflagration» ou d'«explosion sociale»,
n'étant en fait qu'une dramatisation de
la conjoncture destinée à se poser en
prophètes de la stabilité versus
l'aventurisme, préjugé, de la politique
actuelle. Admis dans le sérail, reconnus
et promus en décideurs, ils rétabliront
l'Algérie sur les rails de la stabilité
et du développement. S'ils ne disent pas
comment, c'est qu'ils n'en savent rien.
Peut-être n'espèrent-ils qu'une carrière
dorée, qu'une cooptation providentielle
leur offrirait? Nous comprendrions plus
facilement leur démarche malgré l'écart
incommensurable qui sépare leur
consistance politique réelle de leurs
ambitions.
N. R.
Publié sur
Le Jour d'Algérie
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