Une semaine avant la date de la Marche pour la
« Liberté de Gaza », le comité international d’organisation de
l’initiative s’est vu signifier de la part du Ministère des
Affaires Etrangères égyptiens que « la frontière restera fermée
jusqu’au mois prochain ». Cette réponse est ambiguë, surtout
qu’elle fait suite à de longues négociations, qui ont duré plus
de deux mois, entre les autorités égyptiennes et le comité
international qui représente l’ensemble des délégations venues
du monde entier. Négociations qui se sont déroulées dans la plus
grande coopération. Ce comité est à l’origine de l’appel lancé
pour la Marche dont l’objectif est de commémorer le premier
anniversaire de l’agression israélienne sur Gaza. La marche est
non violente et essentiellement humanitaire. Elle vise à
constater la situation à Gaza « Un an après ». elle voudrait
apporter aux gazawis un message de solidarité, et les soutenir
face à une situation épouvantable qu’ils endurent. Les
informations concernant l’identité de chaque participant, dont
le nombre a atteint les deux mille personnes, ont été réclamées
et transmises aux autorités égyptiennes. Tout comme il leur a
été demandé de se soumettre à l’ensemble des conditions décidées
par ces autorités, ce que tous les participants ont admis. Ils
ont suivi des séances d’information et d’encadrement pour
assurer le bon déroulement de l’événement. Ils ont également
pris en charge, individuellement et personnellement, le coût de
ce voyage (billets d’avion et frais d’hébergement). Les
Internationaux viennent de toutes les régions du continent
américain, d’Europe, d’Inde, du Japon et d’ailleurs. Y
participent à la marche de nombreuses personnalités
intellectuelles, artistiques et politiques, les représentants
d’organisations qui travaillent depuis des années à construire
la solidarité avec la Palestine, mais aussi de simples citoyens
touchés par la souffrance du peuple palestinien.
Il a été admis que la Marche ne fait que
traverser l’Egypte. Aucune activité publique n’aura lieu durant
la traversée du pays, afin d’éviter les difficultés avec les
autorités égyptiennes. Toutes les sollicitations de rencontre
émanant de l’opposition égyptienne, qu’elle soit politique ou
sociale, ont été déclinées par le comité international, qui a
expliqué que ce choix visait à préserver le caractère
« international » de la marche et son unique objectif : arriver
à Gaza ! Et ne pas laisser les donnes complexes de la réalité
égyptienne entraver la réalisation de cet objectif. Ce
positionnement a été compris et acceptée par ces mouvements de
manière responsable et respectueuse de notre démarche.
Le comité d’organisation, qui gère les
négociations avec les autorités égyptiennes au Caire ont
réaffirmé leur intention de se soumettre à l’ensemble des
recommandations qui pourraient être réclamées par les autorités
égyptiennes afin de faciliter la logistique du transport, des
modalités de contrôle et le respect des contraintes horaires
d’entrée et de sortie de la bande de Gaza. Les différentes
organisations participantes ont visité chacun dans son pays les
ambassades égyptiennes afin de clarifier leurs positions. Le
comité a également obtenu le soutien de l’ensemble des
représentations officielles palestiniennes de tous les pays d’où
partent les participants. Des pressions ont également été fait
sur les ministères des affaires étrangères des différents
pays pour leur demander de soutenir cette initiative auprès des
autorités égyptiennes.
Dans le même temps, une deuxième marche
internationale partira de Jérusalem en direction de Gaza, tout
en sachant qu’elle ne pourra pas atteindre le point de passage
d’Erez, ni entrer dans la bande de Gaza. Participeront à cette
marche des militants internationaux, des israéliens
anticolonialistes, des palestiniens de 48. Contrairement à la
première Marche, vise à être symbolique du fait qu’aucune
demande d’autorisation ni aucune coordination n’ont eu lieu avec
les autorités israéliennes. Il s’agira ici de condamner les
autorités israéliennes et de leur faire porter l’entière
responsabilité des événements de Gaza de l’année dernière,
marqués par les destructions massives, les bombardements au
phosphore qui s’accompagnent aujourd’hui d’un blocus total
visant à annihiler toute vie normale, à imposer la faim et
l’humiliation au jour le jour.
Le Comité International, a su faire preuve de
maturité politique exceptionnelle, parce qu’il été capable de
différencier les deux situations, malgré la ressemblance
formelle de la fermeture des frontière des deux côtés : il a
clairement désigné Israël comme étant le responsable essentiel
de la situation. C’est uniquement sur ce mot d’ordre que s’est
construite la Marche, malgré les convictions de plusieurs
organisations constituantes de la Marche, concernant les
alternatives possibles à la gestion actuelle par les pays
voisins de la Palestine. Ces convictions ont été tues pour faire
aboutir la Marche.
L’ensemble des délégations participant à la
marche mettront également en exergue la complicité de la
communauté internationale qui traite Israël d’une façon
exceptionnelle et la laisse jouir d’une totale impunité en
refusant de la soumettre à d’éventuelles sanctions, lui
permettant ainsi de continuer à agir comme elle le fait. La
dernière en date de cette complicité étant la récente promesse
faite par le gouvernement britannique à Netanyahou de modifier
la loi afin d’empêcher le principe de « compétence universelle »
qui permet aux tribunaux britanniques de recevoir les procédures
pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, sans exiger
l’intérêt personnel d’une personne lésée. Cette promesse a été
faite suite à la délivrance d’un mandant à l’encontre de Tsipi
Livni par un juge anglais. Et c’est un exemple parmi bien
d’autres.
La voix pacifique et politique de cette marche
sera-t-elle entravée par les craintes sécuritaires et les
petites considérations ? La Marche pour la liberté de Gaza
pourra t elle se dérouler sans entraves et entrer dans la bande
de Gaza les 27, 28 et 29 décembre pour commémorer, avec les gazaouis l’avènement de la nouvelle année, dans une gigantesque
manifestation commune ? Les participants internationaux pourront
ils aller leur transmettre leur message, à savoir que les crimes
commis ne peuvent être oubliés et que les gazaouis, et
l’ensemble des palestiniens, ne sont pas seuls ? Car voilà bien
l’objectif des organisateurs de cette initiative et l’objet de
la Marche, et c’est ce qui est attendu.