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Aujourd'hui le Maroc
Barack Obama s'invite pour la première
fois chez Nicolas Sarkozy
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui
le Maroc
25 juillet 2008 La rencontre entre
Nicolas Sarkozy et Barack Obama est politiquement originale dans
les sens où les deux hommes appartiennent presque à la même
génération.
Après l’Afghanistan, l’Irak, la Jordanie , Israël et les
territoires palestiniens, et l’Allemagne, Barack Obama, le
candidat démocrate à la présidentielle américaine, pose son sac
à dos de globe-trotteur à l’Elysée ce vendredi pour une
rencontre inédite avec Nicolas Sarkozy. Alors que son concurrent
républicain John McCain est un habitué des lieux, Barack Obama
profite pour la première fois des honneurs de l’Elysée.
La photo des deux hommes, Nicolas Sarkozy dont le pays préside
l’Union européenne et Barack Obama dont, en théorie, seulement
quelques mois le séparent de la Maison-Blanche, est attendue
avec beaucoup de curiosité et d’impatience. Il s’agit, à n’en
pas douter, d’un des moments les plus forts de la semaine
politique avec pourtant des instants de stress provoqué par la
visite de Nicolas Sarkozy en Irlande et des instants de vertige
provoqués par le vote à couteaux tirés de la réforme des
institutions.
Barack Obama, que la Chancelière allemande décrit comme «un
homme plein de force physique, psychologique et politique» vient
à Paris après avoir fait le tour des principales crises qui
menacent la paix dans le monde. Bien avant d’entamer sa tournée,
le candidat démocrate avait tenté de distinguer son projet
politique de celui des républicains en faisant de l’Afghanistan
le centre de gravité de la lutte contre le terrorisme. Plus il
décrivait la dangerosité d’un pays comme l’Afghanistan, plus il
amplifiait, par ricochet, l’erreur républicaine d’avoir envahi à
tort un pays comme l’Irak.
Sur Israël et la paix avec les Palestiniens , Barack Obama n’a
pas révolutionné son approche. S’il a redit son soutien à
Jérusalem capitale d’Israël, il a tout de suite laissé ouverte
aux négociations à venir : «Je n’ai pas changé ma position. Je
continue de dire que Jérusalem sera la capitale d’Israël. Je
l’ai dit dans le passé et je le répète. Mais j’ai aussi dit
qu’il s’agit d’une question liée au statut final». Le tout
accompagné de cette profession de foi générale et pleine de
bonnes intentions que ne renierait pas le plus néoconservateur
des républicains «La prochaine administration américaine devrait
aider les parties à construire à partir des progrès déjà
réalisés vers l’objectif de deux Etats vivant côte-à-côte en
paix et en sécurité».
La rencontre entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama est
politiquement originale dans les sens où les deux hommes
appartiennent presque à la même génération. Ce qui peut les
rapprocher est beaucoup plus fort et beaucoup plus évident que
ce qui les peut les séparer. Le candidat démocrate n’oublie pas
que Nicolas Sarkozy avait fait assauts d’amabilités et de
soutien à l’encontre de l’administration Bush dans le but de
réparer une relation franco-américaine gravement détériorée par
la guerre contre l’Irak. D’ailleurs sur la manière dont
l’administration républicaine a gérer cette crise et les
critiques internationales qu’elle a dû subir, Barack Obama
pourrait facilement épouser une approche complice avec les
positions anti guerre qu’avaient adopté en leur temps des hommes
comme Jacques Chirac ou Dominique De Villepin.
Et s’il y a un sujet sur lequel Barack Obama et Nicolas Sarkozy
pourraient jouer une partition harmonieuse, c’est l’Iran et la
nécessité absolue de l’empêcher d’acquérir l’arme nucléaire.
Nicolas Sarkozy l’a répété à plusieurs reprises et Barack Obama
vient de le redire avec force et clarté : «Un Iran nucléarisé
serait une grave menace et la communauté internationale doit
empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire». A Berlin comme à
Paris, Barack Obama sait qu’il est en terrain conquis. A part
les choix rationnels des pouvoirs politiques dans des pays comme
la Grande-Bretagne, l’Italie ou la France de Nicolas Sarkozy,
l’Europe était devenue un gigantesque conglomérat de «Bush
haters» qui voient la fin de mandat de George Bush comme une
délivrance. Les opinions en Europe, saisi par «une Obamania»
impossible à dissimuler, attendent avec impatience le changement
de locataire de la Maison-Blanche. A titre d’exemple en
Allemagne, une un récent sondage montre que 76% des Allemands
souhaitent la victoire du jeune sénateur, contre 10% seulement
qui préfèreraient celle de John McCain.
Mustapha Tossa
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Aujourd’hui le Maroc 2008
Publié le 27 juillet 2008 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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