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Opinion
Nicolas Sarkozy
rattrapé par le boomerang Kadhafi
Mustapha Tossa
Photo: Aujourd'hui le
Maroc
Jeudi 24 février 2011
Plus le raïs libyen s’enfonce dans sa folie meurtrière,
plus épais est l’embarras de Sarkozy à justifier qu’au début de
son quinquennat, il avait déroulé un tapis rouge à un des plus
sanglants dictateurs de son époque.
C’est un chapelet de mésaventures diplomatiques que subit
Nicolas Sarkozy. A son autisme tunisien s’est ajoutée son
hésitation égyptienne, le tout mixé à fortes doses aux
maladresses de sa ministre des Affaires étrangères Michèle
Alliot-Marie et des étincelles de son ambassadeur Boris Boillon.
Voilà que maintenant le président de la République subit de
plein fouet l’effet boomerang de Mouammar Kadhafi. Plus le raïs
libyen s’enfonce dans sa folie meurtrière, plus épais est
l’embarras de Nicolas Sarkozy à justifier qu’au début de son
quinquennat, il avait, contre l’avis d’une grande partie de sa
majorité et de l’opposition, déroulé un tapis rouge à un des
plus sanglants dictateurs de son époque. Dans une démarche, un
brin sadique, la presse, écrite et télévisuelle, se plaît à
remuer le couteau dans la plaie en sortant les images et les
citations encore fraîches de Nicolas Sarkozy qui sous prétexte
de vouloir vendre l’industrie française à Kadhafi lui trouve les
circonstances les plus atténuantes. La chute annoncée de
Mouammar Kadhafi amplifie le rêve brisé de Nicolas Sarkozy en
Méditerranée. Avec le départ de Zine El Abidine Ben Ali et de
Hosni Moubarak, le président français avait déjà perdu les deux
grands piliers sur lesquels il avait décidé de reposer son
chantier diplomatique méditerranéen. Les malheurs actuels de
Mouammar Kadhafi offrent aux détracteurs de Nicolas Sarkozy
l’occasion de souligner à quel point le président français,
candidat à sa propre succession, s’est trompé lorsqu’il avait
décrété une incompatibilité entre la realpolitik chargée de
défendre les intérêts stratégiques de la France et une certaine
idée des droits de l’Homme qui avait toujours fait partie de
l’essence même de la touche France. Ce n’est donc pas un hasard
si la secrétaire d’Etat, Rama Yade, qui avait incarné cette
philosophie sous la houlette de Bernard Kouchner au début du
mandat de Nicolas Sarkozy, a retrouvé de la voix. Elle avait à
l’époque créé la sensation du moment en déclarant à l’occasion
de la visite de Kadhafi à Paris : «notre pays n’est pas un
paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut
venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits». Cette phrase
lui avait valu une chute dans l’estime présidentielle suivie
d’une traversée de désert rebondissante qui l’avait conduite à
s’occuper des sports sous la tutelle très encadrée de Roselyne
Bachelot pour finir aujourd’hui ambassadeur de France à
l’Unesco. Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy rencontre toutes les
difficultés du monde à justifier une telle proximité avec le
raïs libyen. Un des arguments qui peuvent alléger la pression
est de dire que les principales capitales européennes, par le
marché libyen alléchées, avaient déroulé le tapis rouge à
Mouammar Kadhafi. Sauf qu’en termes de protocole et de caprices,
les concessions faites au raïs libyen à Paris ont paru
spectaculaires. Mais au-delà de ces symboles, l’ensemble de la
gouvernance diplomatique de Nicolas Sarkozy est objet à
critiques. En témoigne la sortie inédite dans les colonnes du
journal «Le Monde» d’un groupe de diplomates qui signe, de
manière anonyme, un réquisitoire contre les choix et la méthode
présidentiels. Ce groupe fait ce constat : «notre politique
étrangère est placée sous le signe de l’improvisation et
d’impulsions successives, qui s’expliquent souvent par des
considérations de politique intérieure» Constat qui aboutit à ce
résultat : «L’Europe est impuissante, l’Afrique nous échappe, la
Méditerranée nous boude, la Chine nous a domptés et Washington
nous ignore».
Par : Mustapha Tossa
DNCP à Paris
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Aujourd’hui le Maroc 2011
Publié le 27 février 2011 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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