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Aujourd'hui le Maroc
La burqa, un
tapis magique pour Nicolas Sarkozy
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui le Maroc
Vendredi 23 avril 2010
L’interdiction totale de la burqa dans l’espace public a
été le sujet cardinal qu’a choisi Nicolas Sarkozy pour signer
son grand retour en politique.
L’observateur étranger qui ose s’aventurer dans les arcanes de
la politique française sera étonné de constater que la polémique
sur le port de la burqa occupe une place disproportionnée par
rapport aux autres crises qui secouent l’Hexagone. Sur un agenda
des priorités, le voile intégral n’est certainement pas la
préoccupation majeure et quotidienne des Français, tant sur un
plan purement arithmétique, il ne concerne qu’une minorité
infinitésimale, théoriquement incapable de mobiliser autant
d’efforts et d’énergie. Et pourtant, l’interdiction totale de la
burqa dans l’espace public a été, après la sécurité, le sujet
cardinal qu’a choisi Nicolas Sarkozy pour signer son grand
retour en politique après une grande parenthèse de vagabondage
capricieux et narcissique considéré par son entourage comme la
source principale du désamour persistant des Français à son
égard. Nicolas Sarkozy a été un des premiers à avoir senti tout
le potentiel politique que contenait la spectaculaire décision
d’interdire le voile intégral dans l’espace public. Il avait
choisi la majestueuse scène du Congrès de Versailles pour dire
avec le verbe grandiloquent des circonstances que la «burqa
n’est pas la bienvenue sur le territoire de la République». La
mission parlementaire qui avait débattu de la question et le
Conseil d’Etat qui avait rendu un avis défavorable quant à son
interdiction dans l’espace publique, n’ont pas suffi à éteindre
cette polémique. C’est qu’entre-temps, la burqa, phénomène
marginal en France, touchant principalement quelques converties
passionnées, était devenu un vrai enjeu de surenchère politique.
D’abord au sein de la majorité présidentielle. Un homme comme
Jean-François Copé, président du groupe parlementaire UMP, le
parti du président et qui, depuis le début du quinquennat, avait
inscrit sa démarche comme un défi permanent à Nicolas Sarkozy,
s’est saisi de la question. Il s’est proposé, au nom de son
groupe de déposer une proposition de loi pour une interdiction
totale. Cette initiative avait le don de montrer les hésitations
de Nicolas Sarkozy qui se grattait encore la tête de savoir si
une loi était adéquate pour traiter cette épineuse question. Les
arrière-pensées de Jean-François Copé étaient visibles pour tous
: apparaître comme le grand chevalier défenseur de la laïcité là
où l’ensemble de l’exécutif, sous la houlette du couple,
Sarkozy-Fillon, bégayait d’hésitation. En rejoignant la positon
de Copé, Nicolas Sarkozy fait d’une pierre deux coups :
apparaître comme le champion incontesté de la laïcité et couper
l’herbe sous les pieds de Jean-François Copé pour l’empêcher de
faire cavalier seul sur une question aussi sensible. Même si
Nicolas Sarkozy sait mieux que quiconque que cette loi a de
fortes chances d’être critiquée par le Conseil d’Etat et
retoquée par le Conseil constitutionnel, il insiste pour aller
jusqu’au bout de sa démarche. Il sait aussi que l’opposition,
notamment socialiste, ne peut pas batailler ouvertement contre
ce projet sous peine d’apparaître aux yeux de l’opinion comme
une complice objective avec les forces radicales qui fantasment
sur une islamisation rampante de la société française.
L’embarras de l’opposition est un pur gain pour un président qui
cherche à polir son image. Mustapha
Tossa
DNCP à Paris
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de diffusion réservés
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Aujourd’hui le Maroc 2010
Publié le 27 avril 2010 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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