Opinion
El-Baradei ou
l'énigme de la cinquième colonne
Mohsen
Abdelmoumen
Mercredi 21 août 2013
Dans un précédent article, nous avions
mentionné entre autres la menace de
démission d’El-Baradei de son poste de
vice-président. Un retour en arrière
s’impose pour savoir ce qui s’est passé
la semaine dernière, lorsque ce
personnage a décidé de déposer sa
démission le jour même où les sit-in
étaient en train d’être dispersés et que
toute l’Egypte brûlait. On a souvent
évoqué le manque de volonté politique de
la part du gouvernement provisoire
égyptien, les hésitations et les
contraintes ainsi que les chantages
multiples utilisés par El-Baradei pour
bloquer la décision de dispersion des
sit-in des Frères musulmans. Cette fois,
notre source nous confirme qu’El-Baradei
a commencé ses menaces dès le lendemain
de la manifestation du 26 juillet
octroyant à Al-Sissi l’aval du peuple
pour combattre le terrorisme, et affirme
qu’il n’a jamais cessé depuis. Nous
apprenons bien davantage encore : El-Baradei,
après sa démission, a directement
demandé à rejoindre Paris, alors qu’au
même moment le quai d’Orsay demandait à
l’ONU de soumettre la question
égyptienne devant l’Assemblée. La
demande de partir en France
immédiatement après sa démission à 16h30
est tout simplement effarante. Notre
source nous l’a confirmé sans ambiguïté
et révèle qu’une enquête est envisagée
pour connaître ce qu’a fait exactement
El-Baradei et les raisons de ce voyage
en France. Le projet de partir à Paris
juste après sa sortie du gouvernement
transitoire pose bien des questions que
seule une commission d’enquête peut
démêler, pouvant même aboutir au pénal.
El-Baradei a donc commencé à parler de
démission dès le 27 juillet, lors de la
réunion de la défense nationale.
D’autres personnes dont un ami personnel
de notre source, le docteur Ibrahim
Aissa, très écouté par El-Baradei et
appelé comme médiateur, ont tout fait
pour éviter qu’on puisse lui attribuer
un scandale, surtout après l’élan
populaire de soutien à l’armée, pendant
que lui essayait de créer des problèmes
dans le but inavoué de préparer sa
démission. Les efforts déployés pour
exaucer toutes ses demandes ont provoqué
des divergences et des mésententes,
notamment de la part du général-major
Abdelmoumen Fouda, chef de cabinet de
l’actuel président, et dont El-Baradei
s’est plaint parce qu’il aurait critiqué
ses diverses requêtes exigeant d’avoir
un palais digne de son rang, ainsi que
le respect du protocole à son égard, un
salaire plus important et des gardes du
corps supplémentaires. Le lendemain de
la réunion, El-Baradei a contacté de
lui-même Catherine Ashton pour
solliciter sa venue en Egypte, ce qui
n’a pas été apprécié de notre source qui
a multiplié ses tentatives pour essayer
de le raisonner. Les tensions se sont
amplifiées surtout que l’objectif était
de converger les forces contre le
terrorisme. Et notre source de poser
cette question : si les autorités
avaient dispersé les sit-in le 28
juillet, directement après l’aval du
peuple égyptien à l’appel d’Al-Sissi,
que se serait-il passé ? Il n’y aurait
pas eu cette riposte des Frères
musulmans boostés par les ingérences
occidentales pourvoyeuses de soutien
moral et financier. A chaque délégation
étrangère ramenée par El-Baradei, la
violence des manifestations des Frères
musulmans augmentait, voulant
internationaliser leur conflit avec
l’armée en s’octroyant comme toujours le
rôle de la victime. Pour notre source,
El-Baradei porte l’entière
responsabilité de cette situation.
Ajoutons à cela, comble de l’hypocrisie,
que le nom d’El-Baradei figure dans le
PV dressé lors de la décision concernant
la dispersion des sit-in, marquant son
accord pour mettre fin aux
rassemblements et prouvant ainsi sa
duplicité. Il a ouvert les portes à tous
les Occidentaux, les incitant à venir au
Caire. Lorsque le sénateur américain
républicain McCain est venu au Caire –
sachant le contentieux entre Obama et
les Républicains qui ont auditionné le
président quelques semaines plus tôt sur
ses liens avec les Frères musulmans
qu’il a avoué avoir financés à raison de
25 milliards de dollars – McCain a
immédiatement évoqué un coup d’Etat de
la part de l’armée égyptienne et un bain
de sang. D’après notre source, El-Baradei
avait livré au préalable de fausses
informations à McCain selon lesquelles
les forces de l’ordre égyptiennes
n’étaient pas en mesure de disperser les
sit-in et que l’armée égyptienne
connaissait de grands problèmes au Sinaï
où elle était empêtrée dans la lutte
contre le terrorisme. Il a poussé le
zèle jusqu’à annoncer un chiffre énorme
de victimes potentielles en cas d’une
intervention contre les sit-in. Ainsi,
au moment où la confrérie des Frères
musulmans à travers leurs antennes
mondiales, négociait une sortie
honorable avec les parties au pouvoir en
Egypte, et qu’El-Baradei avait demandé
aux dirigeants occidentaux de faire
pression sur le gouvernement égyptien
pour le pousser à négocier avec les
Frères musulmans et de leur accorder
toutes les concessions possibles, McCain
a renversé la donne avec ses
déclarations qui sont le fruit de sa
conspiration avec El-Baradei. La
position américaine est passée par
plusieurs phases dont la dernière s’est
achevée avec l’intervention d’El-Baradei
qui a fait pencher la balance vers le
soutien aux Frères musulmans, alors
qu’au début les Etats-Unis tenaient à
garder une bonne relation avec l’Egypte
de peur que celle-ci se rapproche de la
Russie, surtout dans le cadre d’un
partenariat militaire. El-Baradei a
quelque part provoqué la violence
terroriste vécue par l’Egypte, et notre
source souligne que pas un mot sur le
combat antiterroriste n’a été évoqué par
lui. Fait marquant très important, c’est
qu’à chaque visite des responsables
occidentaux, les Frères musulmans
amplifiaient leurs manifestations, ce
qui ne relevait absolument pas du
hasard. Le fait aussi de refuser la
présence d’une tierce personne lors des
réceptions ou des tête-à-tête à la
présidence alors que le protocole de
rigueur exige d’enregistrer les
entretiens, démontre que bien des
tractations ont été cachées. Nous
apprenons, par ailleurs, que 200 milions
dollars ont été versés à une entreprise
de communication américaine pour qu’elle
diffuse à travers des journaux et des
conférences qu’il y a bien eu un coup
d’Etat en Egypte. Ajoutons pour
l’anecdote que cinq journalistes d’Al
Jazeera ont été virés parce qu’il n’ont
pas bien rempli leur mission de
propagande. Notre source soutient qu’El-Baradei
a une ambition présidentielle, ce qui
est avéré par l’interview qu’il a
accordée au Washington Post peu
après Al-Sissi, et où il a évoqué le
sujet de la présidentielle en
interrogeant le journaliste sur
l’intention éventuelle du général
Al-Sissi de se présenter aux élections.
Pourquoi donc a-t-il demandé au
journaliste des informations concernant
les prétentions d’Al-Sissi ? Le
feuilleton continue avec sa deuxième
interview accordée à la chaîne Al Hayat
qu’il a ramenée en Egypte pour
l’occasion et où il a longuement
expliqué qu’on avait mal interprété ses
propos et autres justifications
lénifiants. A l’heure actuelle, El-Baradei
a quitté l’Egypte et continue son
travail de sape depuis les capitales
occidentales et ne perd pas l’espoir de
revenir un jour comme le sauveur de
l’Egypte avec la bénédiction de
l’Occident et de leurs alliés
stratégiques, les Frères musulmans. La
dernière sortie de McCain affirmant
qu’il entrevoit une volonté de sortie de
crise de la confrérie des Frères
musulmans, mais pas du côté du
gouvernement prouve qu’El-Baradei
continue à peser de tout son poids
contre les autorités égyptiennes à des
fins politiciennes. Le général-major
Abdelmoumen Fouda ainsi que le docteur
Ibrahim Aissa et d’autres personnalités
sont prêts à témoigner des agissements
d’El-Baradei depuis qu’il a été nommé
vice-président. C’est pour cette raison
que notre source veut coûte que coûte
une enquête politique qui aboutira sans
aucun doute à un procès au pénal contre
Mohamed El-Baradei. Le Front du salut
qui a proposé El-Baradei à la présidence
et son propre parti Al Doustour peuvent
commencer d’ores et déjà le travail
d’enquête. Plus de 30 églises ont été
brûlées pour essayer de provoquer une
guerre confessionnelle, mais les Coptes
ont fait preuve de leur attachement à
leur pays et de leur patriotisme,
sachant qu’ils sont minoritaires et
qu’ils pourraient fournir un alibi
d’intervention occidentale directe sous
prétexte de la protection des minorités,
des droits de l’Homme, etc. Or, aucune
demande d’intervention occidentale de la
part des chrétiens d’Egypte n’a été
formulée, contrairement aux Frères
musulmans qui n’ont pas cessé d’émettre
ce vœu, soit par leur guide suprême
Badie ou leur secrétaire général El-Beltagui,
ou le mufti du dollar et du djihad niqah,
le sinistre Al-Qardawi qui a appelé
toutes les organisations à intervenir,
et par toute la clique des dirigeants de
la confrérie. Bas les masques ! Ce sont
les Frères musulmans qui ont voulu
internationaliser la crise égyptienne et
ils n’entendent pas s’arrêter là,
gonflés à bloc par le soutien
occidental. Ainsi, ils promettent
l’enfer le 30 de ce mois, en riposte à
la date symbolique de la grande
manifestation du peuple égyptien du 30
juin, qui demandait le départ de Morsi
et de sa confrérie. Ils misent sur la
scission de l’armée, misant sur
l’éventualité d’une armée égyptienne
libre, copiée collée sur l’armée
syrienne libre. Un processus se met en
place qui consiste à recourir à des
attentats ciblés contre des
personnalités de différents courants
politiques opposés aux Frères musulmans,
contre des artistes, des hommes des
médias, des artistes, des intellectuels,
etc. Une liste de noms à abattre
circulait déjà à l’époque de Morsi, mais
elle risque de passer à la phase
d’exécution dans très peu de temps. De
nombreuses armes, dont des RPG,
circulent en masse et des mercenaires
étrangers se sont infiltrés et sont déjà
en place au Caire et dans toute
l’Egypte. Les médias occidentaux
s’apitoient sur le sort des Frères
musulmans victimes de leur propre
terrorisme, mais parlent-ils des
dizaines de policiers tués dont certains
ont été sauvagement massacrés en
occultant le dernier rapport de RSF, qui
n’est pourtant rien d’autre qu’un outil
de l’impérialisme et qui dénonce la
torture et les agressions que subissent
des journalistes tombés aux mains des
Frères musulmans ? On mentionne
également un plan américain de
déstabilisation de l’Egypte via
l’implication des médias tels CNN et Sky
News, rejoints par la BBC, qui suivent
les terroristes en vue de filmer des
scènes de terreur et d’apocalypse en
Egypte, reproduisant le scénario libyen
et syrien. Toutes ces informations
portent un éclairage sur la personnalité
d’El-Baradei qui symbolise la
bourgeoisie compradore liée aux intérêts
étrangers bien plus qu’aux intérêts de
son propre peuple, et qui ne connaît ni
patrie ni sens patriotique, tout en
sachant les dégâts que cet individu a
occasionnés en Irak en servant
l’impérialisme américain. Il a montré à
ceux qui avaient espéré qu’il
apporterait une caution de légitimité
internationale qu’il ne travaille que
dans son propre intérêt. Sa démarche de
démission vise à lui octroyer une
virginité politique et de rester une
alternative potentielle à laquelle tout
le monde peut avoir recours. Même les
Frères musulmans ne vont pas afficher la
moindre opposition envers lui, sachant
les services qu’il a rendus en
internationalisant la question
égyptienne et en empêchant la dispersion
des sit-in. Il est l’exemple type de
cette bourgeoisie compradore qui n’agit
que dans l’intérêt de ses maîtres
occidentaux et dans son intérêt
personnel, loin des aspirations des
peuples. Bien évidemment, tout cela a
échoué et comme on l’a dit auparavant,
il y a aujourd’hui une reconfiguration
suite à l’échec cuisant des Frères
musulmans en Egypte, notamment avec la
fracture entre des alliés stratégiques
comme les Etats-Unis et l’Arabie
Saoudite, et le Qatar soutenant les
Frères musulmans s’est retrouvé isolé
dans les pays arabes. Cette fracture des
alliances aura des répercussions
stratégiques, notamment dans le dossier
syrien, sonnant le glas de la mouvance
islamiste à travers le monde. On
remarque la faillite de l’administration
Obama et dans son plan du Grand
Moyen-Orient avec des «printemps arabes
» factices qui ont échoué. Les jours qui
vont suivre, nous allons certainement
assister à un revirement des Qataris qui
ne pourront que suivre l’Arabie
Saoudite, les Emirats et le Koweit, tous
ces éléments marquant l’échec de la
politique du président Obama au
Moyen-Orient qui a misé sur la mouvance
islamiste. Or, celle-ci a montré
aujourd’hui qu’elle est à bout de
souffle et qu’il ne lui manque que le
coup de grâce. L’Algérie restera dans
l’Histoire comme le premier pays qui a
disqualifié et brisé les reins des
islamistes et du terrorisme
international.
Mohsen Abdelmoumen
Publié sur
Algérie patriotique
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