Conférence internationale d'urgence
contre l'ingérence
Soutenir et
prolonger l'appel
Mohamed Bouhamidi
Jeudi 8 décembre
2011 Soutenir et prolonger l’Appel pour
une conférence internationale
d’urgence «Contre les guerres
d’occupation, contre l’ingérence
dans les affaires internes des pays
en défense de l’intégrité et de la
souveraineté des nations». Le
premier et probablement le plus
grand intérêt de l’Appel du Parti
des travailleurs et de l’UGTA pour
une «Conférence internationale
contre les agressions et les
ingérences dans les affaires des
états nationaux», reste sans
conteste d’opposer à la diplomatie
souterraine qu’imposent les grandes
puissances une autre idée des
relations internationales fondée sur
l’initiative et sur la volonté des
peuples. Nous en avions bien besoin.
Car à l’internationale du crime
qu’ont toujours constituées les
organisations internationales vouées
à la défense du Capital et de
l’économie de marché que sont le FMI, la Banque Mondiale,
ou encore l’OCDE et l’Otan, il est
temps d’opposer une internationale
des peuples. L’effondrement du bloc
socialiste et le «triomphe post Mur
de Berlin» ont aussi entraîné
l’affaiblissement et l’affadissement
de l’internationale anti coloniale
que furent les «Conférence de
Bandoeng» et le «Mouvement des Non
Alignés». Cette lente disparition
des solidarités du Tiers-Monde sous
l’effet du reclassement social
d’anciens militants de la
libération, des pressions du FMI et
des chantages aux crédits, des
actions de la subversion des
mercenaires et des services secrets
dont nous découvrons, chaque jour un
peu plus, l’ampleur et la globalité
ont laissé chaque Etat national seul
face à cette internationale du
capital financier et du marché et
ont érodé en chacun d’eux les parts
essentielles de souveraineté pour
lesquelles nos peuples se sont
battus. Le plus grand succès de
l’empire dans cette période des
cinquante dernières années est
d’avoir découplé, avec une ruse et
une patience infinies, les idées
d’indépendance et de développement
national. Ainsi, ils ont réussi ce
coup double d’avoir renvoyé une
bonne part de nos élites dans la
lise d’une explication de nos
«retards» par notre nature et notre
essence et de leur avoir fait haïr
leurs peuples de trop leur rappeler
leurs destins indigènes. Le Forum
Social Mondial a achevé de ruiner
toute perspective de solidarité des
peuples en ramenant tous les
problèmes de la planète à des
questions sociales formulées dans
les mêmes équations pour les paysans
du Mali comme pour les travailleurs
de l’Europe. Ce Forum a bien réussi
aussi à entraîner les élites au
renoncement à la question centrale
de notre époque, celle de la
souveraineté des peuples sans
laquelle ils ne peuvent accéder à
l’émancipation. Et pas seulement nos
peuples du Tiers Monde. Mais même
les peuples européens, aussi, qui
découvrent que les vrais mandants de
leurs élus sont les banques et pas
les bulletins de vote. Cette réunion
d’Alger ne renversera pas toute la
tendance tout de suite. Elle ne
consiste pas à recréer Bandoeng.
Mais elle met au cœur de nos
questionnements la vitale et urgente
nécessité de promouvoir une réponse
collective des peuples à une
agression collective des pays
impérialistes. En Yougoslavie puis
en Serbie, en Afghanistan puis en
Irak, en Libye et demain, dès
aujourd’hui de façon à peine
secrète, en Syrie ces pays
impérialistes se coalisent et
mutualisent leurs moyens pour
détruire alors que peine à voir le
jour le front des peuples contre les
guerres et les agressions dans les
circonstances d’aujourd’hui avec les
gens d’aujourd’hui et surtout les
jeunes d’aujourd’hui à qui il faut
quand même transmettre ce que nous
savons de l’infinie duplicité des
pays impérialistes qui, à chaque
fois qu’ils vous déroulent le tapis
rouge ou vous donnent des
satisfecit, vous arrachent des
concessions mortifères qu’ils vous
font prendre pour des compromis. Ce
qui est infiniment précieux dans
cette conférence c’est la ligne
qu’elle définit et qu’elle revivifie
: Pas d’ingérence ! Quelle qu’en
soit la forme, quels qu’en soient
les prétextes. A la question sociale
qu’il n’abandonne pas au vu de son
action et de ses déclarations, le
Parti des Travailleurs donne son
socle national sans lequel cette
question sociale ne peut
s’accomplir. Pour que l’initiative
soit pleinement nationale du point
de vue de notre pays il faut que s’y
mettent, aussi, les patrons qui
produisent en Algérie et que
l’hégémonie des compradores, les
barons de l’import/import, les
concessionnaires incapables de
monter une usine de mobylettes en
douze ans de généreux crédits à la
consommation des produits extérieurs
et les «capitaines d’industries»,
qui nous font croire que le fin fond
de l’industrialisation est de
conditionner les produits importés,
empêchent de se transformer en
classe sociale nationale consciente
de ses intérêts à l’intérieur de la
nation et pas contre elle. Mais
c’est à chacun selon son point de
vue et selon ses intérêts
catégoriels de postuler et de
défendre un Etat qui soit celui la
Nation et que les compradores ont
réussi en partie à retourner contre
la Nation.Cette Conférence revêt une
deuxième importance capitale. De
l’agression de l’Irak à celui de la
Libye, l’Empire U.S. et ses vassaux
a réussi à éliminer toutes les
contraintes que rencontraient ses
agressions. Exit les millions de
manifestants qui ont protesté contre
l’invasion de l’Irak. La
stigmatisation et la diabolisation
de l’adversaire ont atteint des
sommets du raffinement. En Irak, les
journalistes étaient «Embedded»,
aujourd’hui les médias ont tous la
même ligne éditoriale, reprennent
sans discuter les dépêches de l’AFP
qui reprend l’Otan ou les «sources
autorisées». Il n’existe plus qu’une
seule vérité médiatique que
contestent difficilement les sources
alternatives, il n’existe plus
qu’une seule pensée correcte, celle
de l’Otan, reprise par les journaux
qui appartiennent aux milliardaires
que défend l’Otan. Cette conférence
est aussi une occasion de réfléchir
à la manière de contrer cette
hégémonie. De l’Irak à la Libye nous
savons aujourd’hui que dans ces
guerres les médias sont devenus une
arme comme une autre et pas moins
importante que le génie ou
l’artillerie. Personne parmi les
algériens opposés à l’agression qui
se prépare en sous main contre notre
pays ne peut ignorer ce facteur
décisif. La crise qui secoue
l’Europe va jeter les masses de ce
continent dans les bras de la droite
et du fascisme. La crise elle-même a
réanimé dans la gauche européenne
ses atavismes coloniaux, car elle
sait qu’elle ne pourra offrir la
paix sociale au capital qu’en la
finançant par le pillage colonial.
Enfin les masses européennes
elles-mêmes sont incitées à se
consoler de leurs déboires par le
sentiment de supériorité que leur
donne la suprématie de leurs armes.
Les amis alors se compteront sur les
doigts quand arrivera l’épreuve et
les opinions européennes se
placeront plus que certainement du
côté de «leur impérialisme», comme
vient de le montrer toute la gauche
européenne qui a mis sur les hommes
de l’Otan l’habillage de son
«humanisme». La presse néocoloniale
d’Alger va se gausser de notre
anti-impérialisme. Elle va attaquer
les personnes en bottant en touche
les idées. L’incroyable maladresse
de nos ministres de l’Intérieur et
des Affaires étrangères, acceptant
de rendre des comptes à Guéant ou au
élus français – ce qui est plus
grave – est pour elle du pain béni.
Elle s’est saisie de ces actes
incompréhensibles venant d’un Etat
qui se dit contre les ingérences
étrangères et qui fait tout pour
apparaître sous tutelle de Sarkozy,
pour nous dire : «Voilà l’Etat que
vous défendez et qui s’avilie devant
les français !». C’est là évidemment
un joli coup pour les français qui
obtiennent de telles concessions
tout en activant leurs médias
indigènes pour qu’ils donnent aux
choses le sens qu’ils désiraient et
qu’ils mettent effectivement dans
ces actes. Demain la presse
française traitera le sujet de sorte
que nous n’ayons d’autre
compréhension que celle d’un
abaissement de l’Etat national. Et
ils font coup double : ils taillent
des costumes de patriotes à cette
presse qui ne cesse d’appeler à
l’ingérence étrangère et n’a cessé
d’appeler à l’alignement sur la
France dans tous les sujets brûlants
de l’heure notamment la Libye et la
Syrie. Pourquoi le gouvernement
algérien a-t-il cédé à la pression
de cette presse et de ce courant
politique pro-français qui a
gangrené une partie de nos élites et
de notre Etat ? Une des raisons
relève de notre responsabilité de
patriotes : nous avons laissé ces
courants néocolonialistes occuper de
façon hégémonique tout l’espace
médiatique et tout l’espace
politique de peur de «passer pour
des pro- pouvoir !». Il faudra à
cette presse néocoloniale et à ses
prolongements dans le pouvoir faire
d’autres efforts pour nous rouler
dans la farine et nous amener à ses
vues en empruntant à notre langage.
Et il faudra bien d’autres
inconséquences du pouvoir pour nous
faire confondre pouvoir et Etat et
jeter le bébé avec l’eau du bain. Il
est temps de rappeler quelques
vérités. Le gouvernement ce n’est
pas l’Etat. Nous défendons l’Etat
national parce qu’il est la
condition unique de réalisation de
nos rêves d’hommes et de notre
liberté en tant que peuple. Sans lui
c’est le retour au gourbi, aux
punaises, aux poux, aux écoles
indigènes et aux bidonvilles pour
90% de la population. La démocratie
française ne nous a libéré d’aucun
de ces maux et elle ne le fera pas
demain pour son propre peuple. On
nous a raconté les mêmes fadaises
sur nos dirigeants pendant la guerre
: «Ils se sont rendus, ils se la
coulent douce à Tunis et au Caire,
c’est des sanguinaires au maquis…»
Nous avons fait la guerre pour le
pays pas pour les chefs. Aujourd’hui
nous continuons de défendre le pays
pas les chefs. Et défendre le pays
c’est empêcher qu’il retombe
totalement dans les griffes du
néocolonialisme. L’empêcher c’est se
battre pied à pied pour faire
reculer les idées du FMI, les
pressions pour «mieux vendre notre
gaz et notre pétrole», pour aider
les industriels algériens à
construire de vrais projets et pas
de la frime de la mise ne bouteille,
c’est de freiner la casse du secteur
public et inverser le rapport du
désarmement industriel, c’est garder
le principe du 51/49, c’est aider
les jeunes, les étudiants, les
familles etc. bref il faut restituer
l’Algérie à son peuple qui saura,
lui, la défendre et faire planer sur
ceux qui veulent brûler l’Algérie la
dissuasion de leur propre incendie.
Il faut restituer à la jeunesse
d’autres ambitions et d’autres rêves
que d’être les réceptionnistes des
show-rooms. Ce bouclier régional dont
nous avons un besoin vital nous sera
nécessaire sans être suffisant.
Cette initiative doit donner à
réfléchir pour son prolongement
interne en vue de constituer, dans
la patience qu’il faut, les
rassemblements sur les bases
qu’auront choisies les gens
librement pour constituer les
soubassements du Front qui fera
réfléchir plusieurs fois les
agresseurs avant de passer à l’acte
contre notre pays.
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