Mondialisation.ca
La Tunisie et les
dictats de FMI:
Comment la politique macro-économique entraîne la pauvreté et le
chômage dans le monde
Michel Chossudovsky
Lundi 24 janvier 2011
Voir la vidéo (2008) «
Quand
Dominique Strauss-Kahn félicitait Ben Ali pour sa politique
modèle... »
Photo : En 2008, « le président Ben Ali a décoré M.
Dominique Strauss-Khan des insignes de Grand officier de l’ordre
de la République en considération pour ses qualités
intellectuelles et ses contributions au renforcement du
développement économique à l’échelle mondiale et notamment
celles appelant à une meilleure intégration dans le bassin
méditerranéen et la prise en compte des aspirations des peuples
à la stabilité, la paix et la prospérité.» Source
InfoTunisie.com
Les médias occidentaux proclament, en chœur, que le général Zine
el-Abidine Ben Ali, ancien président déchu de la Tunisie, est un
dictateur.
Le mouvement de protestation tunisien est simplement décrit
comme la conséquence d’un régime antidémocratique et autoritaire
défiant les normes de la « communauté internationale ».
Toutefois, Ben Ali n’était pas un « dictateur ». Les dictateurs
décident et dictent. Ben Ali était un serviteur des intérêts
économiques occidentaux, un pantin fidèle qui obéissait aux
ordres, avec l’appui soutenu de la communauté internationale.
L’interférence étrangère dans les affaires intérieures de la
Tunisie n’est pas mentionnée dans les reportages médiatiques.
Les hausses de prix de la nourriture n’ont pas été « dictées »
par le gouvernement Ben Ali, mais imposées par Wall Street et le
Fonds monétaire international (FMI).
Le rôle du gouvernement Ben Ali a été d’appliquer la médecine
économique mortelle du FMI, laquelle, sur une période de plus de
20 ans, a servi à déstabiliser l’économie nationale et à
appauvrir la population tunisienne.
En tant que chef d’État, Ben Ali n’a pas pris de décision
importante. La souveraineté nationale était un souvenir. En
1987, au plus fort de la crise de la dette, le gouvernement
nationaliste de gauche d’Habib Bourguiba a été remplacé par un
nouveau régime, fermement engagé à adopter des réformes du
« marché libre ».
La gestion macro-économique sous le commandement du FMI était
aux mains des créanciers extérieurs de la Tunisie. Au cours des
23 dernières années, la politique sociale et économique du pays
a été dictée par le consensus de Washington.
Ben Ali est demeuré au pouvoir, car son gouvernement a obéi et
appliqué efficacement les dictats du FMI, tout en servant à la
fois les intérêts des États-Unis et ceux de l’Union européenne.
Ce système a été implanté dans de nombreux pays.
La continuité des réformes fatales du FMI requiert un
« changement de régime ». La mise en place d’une marionnette
politique assure l’application du programme néolibéral, tout en
créant des conditions propices à l’effondrement éventuel d’un
gouvernement corrompu et impopulaire ayant servi à appauvrir une
population entière.
Le mouvement de
protestation
Ce ne sont pas Wall Street et les institutions financières
internationales situées à Washington qui sont la cible directe
du mouvement de protestation. L’implosion sociale a été dirigée
contre un gouvernement plutôt que contre l’interférence des
puissances étrangères dans l’orientation de la politique
gouvernementale.
Au début, les protestations n’étaient pas le résultat d’un
mouvement politique organisé et dirigé contre l’imposition des
réformes néolibérales.
De plus, des indications laissent croire que le mouvement de
protestation a été manipulé dans le but de créer un chaos
social, ainsi que d’assurer une continuité politique. Des
reportages non corroborés révèlent des actes de répression et
d’intimidation par des milices armées dans de grandes zones
urbaines.
La question qui importe est comment la crise évoluera-t-elle?
Comment la question plus large de l’interférence étrangère
sera-t-elle abordée par le peuple tunisien?
Du point de vue de Washington et de Bruxelles, on prévoit le
remplacement d’un régime impopulaire et autoritaire par un
nouveau gouvernement fantoche. Des élections sont envisagées
sous la supervision de la soi-disant communauté internationale,
auquel cas des candidats seraient présélectionnés et approuvés.
Si ce processus de changement de régime devait être mis en œuvre
pour le compte d’intérêts étrangers, le nouveau gouvernement
mandataire assurerait sans doute la continuité du programme
politique néolibéral ayant servi à appauvrir la population
tunisienne.
Le gouvernement transitoire mené par le président intérimaire
Fouad Mebazza se trouve actuellement dans une impasse, avec une
opposition féroce émanant du mouvement syndical (UGTT). Mebazza
a promis de « rompre avec le passé » sans toutefois spécifier si
cela signifie l’annulation des réformes économiques
néolibérales.
Aperçu historique
En chœur, les médias ont présenté la crise en Tunisie comme une
question de politique intérieure, sans offrir de perspective
historique. La présomption veut qu’avec la déposition du
« dictateur » et l’installation d’un gouvernement dûment élu, la
crise sociale se résoudra tôt ou tard.
Les premières « émeutes du pain » en Tunisie remontent à 1984.
Le mouvement de protestation de janvier 1984 a été causé par une
hausse de 100 pour cent des prix du pain. Cette augmentation a
été exigée par le FMI dans le cadre du programme d’ajustement
structurel tunisien (PAS). L’élimination de subventions
alimentaires était une condition
de facto de l’accord
de prêt avec le FMI.
Le président Habib Bourguiba, qui a joué un rôle historique dans
la libération de la Tunisie du colonialisme français, a déclaré
un état d’urgence en réaction aux émeutes :
Alors que les tirs retentissaient, la police et les troupes
d’armée en jeeps et en véhicules blindés de transport de troupes
se sont déployées à travers la ville pour réprimer l’« émeute du
pain ». La démonstration de force a finalement amené un calme
inquiétant, mais seulement après que plus de 50 manifestants et
passants furent tués. Ensuite, dans une émission dramatique de
cinq minutes diffusée à la radio et à la télévision, Bourguiba a
annoncé qu’il annulait la hausse de prix. (Tunisia:
Bourguiba Lets Them Eat Bread - TIME, janvier 1984)
Après le désaveu du président Bourguiba, la hausse de prix du
pain a été annulée. Bourguiba a congédié son ministre de
l’Intérieur et a refusé de se conformer aux demandes du
consensus de Washington.
Le programme néolibéral avait tout de même été établi et avait
mené à une inflation galopante et au chômage de masse. Trois ans
plus tard, Bourguiba et son gouvernement ont été chassés dans un
coup d’État sans effusion de sang, « en raison d’incompétence ».
Cela a conduit à l’installation du général Zine el-Abidine Ben
Ali comme président en novembre 1987. Ce coup ne visait pas
Bourguiba : il était largement destiné à démanteler de façon
permanente la structure politique nationaliste établie
initialement au milieu des années 1950, tout en privatisant les
avoirs de l’État.
Le coup militaire a non seulement marqué la fin du nationalisme
postcolonial mené par Bourguiba, il a également contribué à
affaiblir le rôle de la France. Le gouvernement Ben Ali s’est
fermement aligné sur Washington plutôt que Paris.
À peine quelques mois après l’installation de Ben Ali comme
président en novembre 1987, un accord majeur a été signé avec le
FMI. Un accord avait également été conclu avec Bruxelles
concernant l’établissement d’un régime de libre-échange avec
l’Union européenne. Un programme de privatisation massive sous
la supervision du FMI et de la Banque mondiale a aussi été
lancé.
Avec des salaires horaires de l'ordre de 0,75 euro, la
Tunisie était par ailleurs devenue un paradis de main d’œuvre
bon marché pour l’Union européenne.
Qui est le dictateur?
Un examen des documents du FMI suggère que depuis l’inauguration
de Ben Ali en 1987 jusqu’à aujourd’hui, son gouvernement s’était
fidèlement conformé aux conditionnalités du FMI et de la Banque
mondiale, incluant le congédiement de travailleurs du secteur
public, l’élimination du contrôle des prix de biens essentiels à
la consommation et l’implantation d’un programme de
privatisation radical. L’abolition des barrières commerciales
ordonnée par la Banque mondiale a favorisé le déclenchement
d’une vague de faillites.
À la suite de ces bouleversements de l’économie nationale, les
remises en espèces provenant des travailleurs tunisiens dans
l’Union européenne sont devenues une source de plus en plus
importante de recettes en devises.
Environ 65 000 Tunisiens vivent à l’étranger. En
2010, le montant total des remises en espèces étaient de l'ordre
de 1,960 milliards de dollars, une hausse de 57 % par
rapport à 2003. Une grande part de ces remises en devises sera
affectée au service de la dette extérieure.
L’augmentation
spéculative des prix de la nourriture dans le monde
En septembre 2010, un accord a été conclu entre Tunis et le FMI,
lequel recommandait l’annulation des subventions restantes comme
moyen d’atteindre un équilibre fiscal.
La prudence fiscale demeure une priorité très importante pour
les autorités [tunisiennes], qui, dans l’environnement
international actuel, voient également la nécessité de maintenir
en 2010 une politique budgétaire d’un grand secours. Au cours de
la dernière décennie, les efforts visant à réduire
significativement le ratio d’endettement public ne devraient pas
être compromis par un politique budgétaire trop laxiste. Les
autorités sont engagées à contrôler fermement les dépenses
actuelles, incluant les subventions […] (IMF Tunisia: 2010
Article IV Consultation - Staff Report; Public Information
Notice on the Executive Board Discussion; and Statement by the
Executive Director for Tunisia
http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2010/cr10282.pdf)
Il convient de noter que l’insistance du FMI relativement à
l’austérité budgétaire et à l’abolition des subventions coïncide
chronologiquement avec une nouvelle augmentation des prix des
aliments de base aux bourses de marchandise de London, New York
et Chicago. Ces hausses de prix sont en grande partie le
résultat des spéculations pratiquées par d’importants intérêts
financiers et commerciaux de l’industrie agricole.
Ces augmentations des prix des aliments, résultant d’une
manipulation pure et simple (plutôt que de la rareté), ont servi
à appauvrir des populations partout dans le monde. Ces hausses
constituent une nouvelle étape dans le processus
d’appauvrissement mondial.
« Les médias ont simplement induit l’opinion publique en erreur
en ce qui concerne les causes de ces augmentations de prix, en
se concentrant presque exclusivement sur les questions des coûts
de production, du climat et d’autres facteurs entraînant la
réduction des réserves et pouvant contribuer à l’augmentation du
prix des produits essentiels. Bien que ces facteurs puissent
entrer en jeu, leur pertinence est limitée dans l’explication de
la hausse impressionnante et dramatique des prix des produits de
base.
La montée en flèche des prix des aliments est largement due à la
manipulation des marchés. Elle est attribuable aux transactions
spéculatives sur les marchés des produits de base. Les prix du
grain sont augmentés artificiellement par des opérations
spéculatives de grande envergure aux Bourses mercantiles de New
York et de Chicago.
Les transactions spéculatives sur le blé, le riz ou le maïs
peuvent avoir lieu sans qu’il y ait de transactions réelles sur
marchandises. Les institutions qui spéculent sur le marché de
grains ne sont pas nécessairement impliquées dans la vente et la
livraison réelles du grain.
Les transactions peuvent utiliser des fonds de l’Index des
marchandises, lesquels sont des paris sur le mouvement général à
la hausse ou à la baisse des prix des produits de base. Une
« option de vente » est un pari que le prix diminuera, une
« option d’achat » un pari que le prix augmentera. Par une
manipulation concertée, les négociateurs institutionnels et les
institutions financières font monter le prix et ensuite placent
leurs paris sur un mouvement à la hausse des prix d’un produit
en particulier.
.
La spéculation génère de la volatilité sur les marchés. En
retour, l’instabilité qui en résulte encourage davantage
d’activité spéculative.
Les gains sont réalisés lorsque les prix augmentent.
Inversement, si le spéculateur vent à découvert, les gains
seront enregistrés lors de la chute des prix.
Cette récente hausse spéculative du prix des aliments a favorisé
un processus mondial de création de la famine d’une ampleur sans
précédent. » (Michel Chossudovsky, Global Famine, Global
Research, 2 mai 2008, http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=8877)
Il y a eu, de 2006 à 2008, une hausse dramatique des prix de
tous les produits essentiels, dont le riz, le blé et le maïs. Le
prix du riz a triplé en cinq ans, passant d’environ 600 $ la
tonne en 2003 à plus de 1800 $ la tonne en mai 2008.
(Michel Chossudovsky, http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=9191.
Pour plus de détails voir Michel Chossudovsky, chapitre 7,
Global Poverty and the Economic Crisis dans Michel Chossudovsky
et Andrew Gavin Marshall, éditeurs, The Global Economic Crisis,
The Great Depression of the XXI Century, Global Research,
Montréal 2010, http://globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=20425 )
L’augmentation récente du prix du grain est caractérisée par un
bond de 32 % enregistré durant la deuxième moitié de 2010 dans
l’indice composite des prix alimentaires.
La forte hausse des prix du sucre, des céréales et des
oléagineux a conduit les prix alimentaires mondiaux à un record
en décembre, dépassant les coûts de 2008, lesquels avaient
déclenché des émeutes à travers le monde, et suscitant des mises
en garde à l’effet que les prix s’aventuraient en terrain
dangereux.
En décembre, un indice compilé mensuellement par les Nations
Unies a battu son record de juin 2008 pour atteindre le niveau
le plus élevé depuis la création des registres en 1990. Publié
par
l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture (ONUAA) située à Rome, l’indice, qui suit les prix
d’un panier de céréales, des oléagineux, des produits laitiers,
de la viande et du sucre, a augmenté pendant six mois
consécutifs. (Jill Treanor, World food prices enter 'danger
territory' to reach record high, The Guardian, 5 janvier 2011)
Amère ironie : avec une augmentation du prix des aliments en
arrière-plan, le FMI recommande l’annulation des subventions
dans le but d’atteindre l’objectif d’austérité budgétaire.
Manipulation des données
sur la pauvreté et le chômage
Il règne un climat de désespoir social, les vies sont brisées.
Alors que le mouvement de protestation en Tunisie est
visiblement le résultat d’un processus d’appauvrissement de
masse, la Banque mondiale soutient que les niveaux de pauvreté
ont été réduits grâce aux réformes de libre-marché adoptées par
le gouvernement Ben Ali.
Selon le rapport de la Banque mondiale sur la Tunisie, le
gouvernement tunisien (avec l’appui des institutions de Bretton
Woods) a contribué à réduire les niveaux de pauvreté à 7 % (des
niveaux nettement plus bas que ceux enregistrés aux États-Unis
et dans l’Union européenne).
La Tunisie a enregistré des progrès remarquables en matière de
croissance équitable, de lutte contre la pauvreté et
d’indicateurs sociaux. Son taux de croissance s’est maintenu à 5
% en moyenne au cours des vingt dernières années, avec une
progression régulière du revenu par habitant et une augmentation
parallèle du bien-être de sa population mise en évidence par un
taux de pauvreté qui est parmi les plus bas de la région (7 %).
La réduction de la pauvreté est attribuable principalement à la
progression régulière du revenu par habitant […] L’amélioration
du réseau routier rural a joué un rôle particulièrement
important en permettant aux populations pauvres vivant dans les
campagnes d’accéder aux marchés et aux services urbains. Les
programmes de logement ont amélioré les conditions de vie des
populations pauvres et permis de dégager des revenus et de
l’épargne pour financer des dépenses alimentaires et non
alimentaires, ce qui a contribué également à agir favorablement
sur l’allégement de la pauvreté. Les subventions alimentaires,
qui étaient destinées aux pauvres, quoiqu’elles n’aient pas
fonctionné de façon optimale, ont également aidé les habitants
pauvres des villes. (Banque mondiale,
Note de présentation de la Tunisie)
Ces chiffres sur la pauvreté sont de pures fabrications, sans
compter l’« analyse » économique et sociale sous-jacente. Ils
présentent le libre-marché comme le moteur de réduction de la
pauvreté. Le cadre analytique de la Banque mondiale est utilisé
pour justifier un processus de « répression économique »
appliqué dans plus de 150 pays en développement à travers le
monde.
Comme seulement 7 % de la population vit dans la pauvreté (comme
le suggère l’« estimation » de la Banque mondiale) et que 93 %
arrive à satisfaire ses besoins fondamentaux en termes de
nourriture, de logement, de santé et d’éducation, il n’y aurait
pas de crise en Tunisie.
La Banque mondiale participe activement à la manipulation de
données et à la déformation de la détresse des Tunisiens. Le
taux de chômage officiel est de 14 % et le niveau réel de
chômage est beaucoup plus élevé. Le taux de chômage enregistré
chez les jeunes est de l’ordre de 30 %. Les services sociaux,
dont la santé et l’éducation, se sont effondrés sous le poids
des mesures d’austérité économique du FMI et de la Banque
mondiale.
La Tunisie et le monde
Ce qui arrive en Tunisie relève d’un processus économique
mondial qui détruit la vie des gens par la manipulation
délibérée des forces du marché.
De manière plu générale, « les dures réalités économiques et
sociales sous-jacentes aux interventions du FMI sont la forte
hausse du prix des denrées alimentaires, des famines au niveau
local, des mises à pieds massives de travailleurs urbains et de
fonctionnaires, ainsi que la destruction des programmes sociaux.
Le pouvoir d’achat à l’échelle nationale s’est effondré, des
cliniques médicales et des écoles ont été fermées, et des
centaines de millions d’enfants sont privés de leur droit à un
enseignement primaire ». (Michel Chossudovsky, Global Famine, op
cit.)
Il est nécessaire de diriger le mouvement de protestation non
seulement contre le gouvernement mais aussi contre l’ambassade
étasunienne, la délégation de l’Union européenne et les missions
du FMI et de la Banque mondiale en Tunisie. [M. C. mis à jour le
on 22 janvier 2010]
Article original en anglais :
Tunisia and the IMF's Diktats: How Macro-Economic Policy
Triggers Worldwide Poverty and Unemployment, publié le 20
janvier 2011.
Traduit par Julie Lévesque pour
Mondialisation.ca.
Michel
Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur
la mondialisation et professeur émérite de sciences économiques
à l'Université d'Ottawa. Il est l'auteur de
Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre
et de la
Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller
international publié en 12 langues).
© Copyright Michel Chossudovsky, Global Research, 2011
Publié le 25 janvier 2011 avec l'aimable autorisation de Michel Chossudovsky
Le dossier Tunisie
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