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Les opposants libyens gagnent la
confiance de la communauté internationale
La Ligue arabe lâche Kadhafi
Merzak Tigrine
Mardi 8 mars 2011
Devant les
massacres perpétrés par les forces armées de Mouammar Kadhafi,
les appels à aider militairement la rébellion libyenne
deviennent nombreux, et même la Ligue arabe a donné son feu vert
pour une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye.
Le déséquilibre sur
le terrain entre les insurgés et l’armée libyenne, qui utilise
l’aviation et l’infanterie dans sa contre-offensive, ne laisse
pas la communauté internationale insensible comme en témoigne la
multiplication des appels en faveur d'un soutien militaire aux
rebelles libyens, notamment à Washington, accusé de “traîner les
pieds” par un ancien ministre libyen. En effet, face à l’excès
de prudence affichée par l'Administration US, qui est encore au
stade de l’examen de “toutes les options”, y compris militaires,
la pression est montée d'un cran sur le président Barack Obama.
À l'instar de l'influent sénateur républicain John McCain pour
qui une zone d'exclusion aérienne permettrait “d'envoyer un
signal” de fermeté au dirigeant libyen, le sénateur démocrate
John Kerry a estimé qu'une telle zone devait être décrétée pour
empêcher l'aviation libyenne de s'en prendre aux rebelles et à
la population civile. “La dernière chose que nous voulons est
une intervention militaire mais je ne considère pas que la zone
d'exclusion en constitue une”, a affirmé sur CNN M. Kerry,
président de la commission des Affaires étrangères du Sénat.
“Nous ne voulons pas de troupes sur le terrain, ils ne veulent
pas de (nos) troupes sur le terrain”, a-t-il convenu, tout en
précisant qu'il y avait d'autres moyens de montrer la puissance
américaine pour faire plier Mouammar Kadhafi. Ce dernier a été
lâché hier par la Ligue arabe, qui a annoncé son soutien au
projet d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye,
selon le ministère français des Affaires étrangères, citant une
assurance de son secrétaire général au chef de la diplomatie
française Alain Juppé.
Amr Moussa, qui souhaitait la veille que le dirigeant libyen
Mouammar Kadhafi engage “tout de suite” un “processus de
réconciliation avec son peuple”, tout en relevant que le peuple
n'allait probablement pas l'accepter, a donné hier son feu vert
pour la zone d’exclusion aérienne.
Interrogé par la chaîne de télévision TV5-Monde, Radio France
Internationale et le Monde sur le point de savoir si le colonel
devait se retirer après les massacres de grande ampleur commis
par ses forces, M. Moussa a observé : “Je propose qu'il commence
tout de suite un processus de réconciliation avec son peuple,
s'il veut rester ; mais je ne pense pas que le peuple va laisser
passer ça, c'est triste”, a-t-il commenté. Mais au cours de son
entretien hier au Caire avec Alain Juppé, “M. Moussa a confirmé
le soutien de la Ligue arabe à une zone d'exclusion aérienne”, a
révélé le porte-parole du ministère français des Affaires
étrangères, Bernard Valero. Pour rappel, mercredi dernier, la
Ligue arabe avait indiqué qu'elle pourrait soutenir la mise en
place d'une zone d'exclusion aérienne en Libye, tout en restant
opposée à une intervention militaire dans le pays.
Entre-temps, la France et la Grande-Bretagne tentent d'obtenir
l'accord du Conseil de sécurité de l'ONU pour l'établissement
d'une telle interdiction de l'espace aérien libyen. En
attendant, les habitants de Ras Lanouf, poste avancé de la
rébellion dans l'Est libyen, ont fui la ville avant des raids
menés par les forces loyales au colonel Mouammar Kadhafi dans
une nouvelle tentative du régime de contrer l'insurrection qui
secoue le pays depuis trois semaines.
Deux raids aériens ont visé dans la matinée le port pétrolier
stratégique de Ras Lanouf, pris vendredi par l'insurrection à
300 km au sud-ouest de Benghazi, où des combattants ont répliqué
avec l'artillerie anti-aérienne. Dimanche, Ras Lanouf avait déjà
été la cible de deux raids qui n'ont pas fait de victimes. À
chaque passage de l'aviation militaire, un feu nourri éclate de
toutes les armes au sol, batteries antiaériennes, lance-grenades
ou simples armes automatiques, visant l'origine supposée du
bruit de l'appareil, sans parvenir à l'atteindre.
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Publié le 8 mars 2011 avec l'aimable autorisation de
Liberté.
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