Elle demande sa
mise à l'écart des négociations
L'UA laisse
tomber Kadhafi
Merzak Tigrine
Dimanche 3 juillet
2011
En dépit de profondes divergences sur la
question libyenne, les chefs d’État de
l’Union africaine ont fini par parler
d’une seule voix pour appeler Mouammar
Kadhafi à ne pas participer aux
négociations visant à sortir la Libye de
la crise.
Longtemps divisée par le leader libyen,
l’Union africaine a tranché sa position
sur cette crise qui dure depuis plus de
quatre mois maintenant en refusant que
Mouammar Kadhafi prenne part aux
négociations pour aboutir à une
solution. En effet, les chefs d'État
africains, réunis en sommet à Malabo,
ont difficilement adopté vendredi, après
de longues heures de négociations,
éclipsant tous les autres dossiers du
sommet, un accord-cadre proposé aux
parties libyennes prévoyant notamment
que le leader libyen Mouammar Kadhafi
soit écarté des négociations pour sortir
son pays de la crise et une “force de
maintien de la paix”.
Citant cet “accord-cadre”, Ramtane
Lamamra, commissaire à la paix et la
sécurité de l'Union africaine a affirmé
: “Kadhafi ne doit pas participer au
processus de négociations”. Ce texte
n’est en fait qu’une sorte
“d'actualisation” des propositions des
médiateurs de l'UA que sont l’Afrique du
Sud, le Congo, le Mali, l’Ouganda et la
Mauritanie, du 26 juin à Pretoria, selon
la même source. Lamamra soulignera qu’il
y est question de “l'engagement du
colonel Mouammar Kadhafi en faveur du
processus de dialogue inclusif avec la
participation du Conseil national de
transition (organe de la rébellion
libyenne) et son acceptation de ne pas
faire partie du processus de
négociations”. Par ailleurs, le document
adopté prévoit de “mettre un terme au
conflit (...) d'entamer un processus
politique qui permettra de répondre aux
aspirations légitimes du peuple libyen à
la démocratie”, et indique que “la
période de transition s'achèvera par des
élections démocratiques”. Celle-ci
“implique un transfert de pouvoir à un
gouvernement intérimaire”, précise le
texte qui prévoit le déploiement d'une
“force de maintien de la paix”. Selon le
président sud-africain, Jacob Zuma, le
document a été remis vendredi en soirée
aux deux parties qui l'ont “accueilli
chaleureusement”. Très confiant, le chef
de l’État sud-africain a souligné :
“Nous sommes à un point où nous pourrons
bientôt attaquer le problème et amener
la paix et la stabilité en Libye (...)
Nous ne sommes pas pour une solution
militaire.”
Il a précisé que la résolution 1973 de
l'ONU “ne dit pas — laissez-nous
bombarder la Libye —. Elle parlait de
zone d'exclusion aérienne”. Ceci étant,
les présidents africains ont décidé,
dans une autre résolution, que “les
États membres ne coopéreront pas à
l'exécution du mandat d'arrêt” contre
Kadhafi. Ainsi, l’UA se dit “préoccupée”
par la manière dont le procureur de la
Cour pénale internationale gère la
situation en Libye et “note que le
mandat (...) complique sérieusement les
efforts visant à trouver une solution
politique négociée à la crise”.
Tout en attaquant le procureur de la
CPI, Luis Moreno-Ocampo, auquel il
lancera : “On lui dit de lire le droit,
pas de faire la politique. Comme l'a dit
un dirigeant : — Ocampo, it's a joke — (Ocampo
c'est une blague)”, le président de la
commission de l'Union africaine, le
Gabonais Jean Ping, insistera néanmoins
sur la phrase : “Nous sommes contre
l'impunité.”
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Publié le 3 juillet 2011 avec l'aimable
autorisation de Liberté.
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