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Guerre globale au « terrorisme »
11 mars 2004
à Madrid : était-ce vraiment un attentat islamiste ?
Mathieu Miquel
El Pais :
« Enfer terroriste à Madrid : 192 morts et 1 400 blessés.
Le ministère de l’Intérieur enquête sur la piste al-Qaïda sans
écarter celle d ’ETA »
Dimanche 11 octobre 2009
Il y a cinq ans, une série d’attentats
endeuillait Madrid. Après avoir été successivement attribuée à
ETA, puis à Al-Qaïda, cette opération a été considérée par la
Justice espagnole comme d’inspiration islamiste, mais sans lien
avec des réseaux internationaux.
Cette conclusion, qui répondait à une nécessité politique, est
contestée par une partie de la presse,
El Mundo
en tête. Nous revenons sur cette affaire, comme nous l’avions
fait pour les attentats du 11-Septembre aux États-Unis, ou
encore ceux de Bali, Casablanca et Londres.
192 tués et 1800 blessés : l’attentat
de Madrid est un traumatisme pour la société espagnole, d’autant
que la polémique sur les auteurs réels de l’attentat n’est
toujours pas close. Le 11 mars 2004 vers 7 heures 40, dix bombes
explosent dans quatre trains de banlieue en l’espace de quelques
minutes. La date semble choisie soigneusement, on est à trois
jours des élections générales, le Parti Populaire (droite)
sortant de José-Maria Aznar en est favori. Les médias et la
majorité des espagnols ont immédiatement suspecté l’ETA, le
groupe nationaliste basque, contre lequel Aznar a prôné la
manière forte. Mais les soupçons de l’opinion publique se
retournent vers Al-Qaïda quand les premières informations
filtrent de l’enquête et quand des suspects marocains sont
arrêtés, à la veille de l’élection. Cette attaque pourrait être
une représaille à la participation de l’Espagne dans la guerre
d’Irak, même si les autopsies montrent qu’il n’y a pas eu de
kamikaze. L’entêtement du gouvernement Aznar à condamner l’ETA
passe pour un calcul électoral et le vote du 14 mars donne la
victoire au Parti Socialiste de José Luis Zapatero. Trois
semaines plus tard, le 3 avril, 7 suspects maghrébins « se
suicident » en faisant exploser leur appartement alors qu’ils
sont assiégés par la police. L’instruction de l’enquête dure
plus de deux ans et en février 2007 le procès de l’attentat
s’ouvre. Le verdict est rendu en octobre 2007 : la Justice
valide la thèse de l’attentat islamiste. Mais les commanditaires
présumés de l’attentat sont absouts, seul un prévenu est reconnu
coupable d’avoir posé des bombes dans les trains, et la plupart
des 29 inculpés sont condamnés pour leur appartenance à des
groupes jihadistes et non pour leur implication dans l’attentat.
Le jugement en appel confirme cette sentence en juillet 2008.
En Espagne cet attentat, désigné comme « 11-M » d’après sa
date, est l’objet d’une intense polémique. La presse étrangère
n’a pratiquement pas rendu compte de la polarisation des médias
espagnols sur le sujet [1].
Les deux principaux quotidiens nationaux s’opposent rudement.
Pour El Pais (centre gauche, atlantiste), la thèse
islamiste ne fait aucun doute, tandis que pour El Mundo
(centre-droit, souverainiste), cette piste est une fabrication
policière. Le journaliste le plus emblématique de cette opinion
est sans doute Luis Del Pino, du premier quotidien numérique
d’Espagne Libertad Digital, et également auteur de
plusieurs livres et documentaires de TéléMadrid [2]
sur le thème. Cette position est souvent traitée de théorie du
complot ou de « consparanoïa » par d’autres médias, plus
soucieux de jeter le discrédit que d’entrer dans un débat
argumenté. Les sceptiques sur la thèse de l’attentat islamiste
sont eux-mêmes divisés : certains incriminent l’ETA, d’autres
suspectent des services secrets, espagnols ou étrangers. Cet
article ne rentrera pas dans la discussion des véritables
auteurs de l’attentat, il s’en tiendra à démontrer que la
version officielle est fausse.
La Justice espagnole ayant validé la thèse de l’attentat
islamiste, on se doit de commencer par exposer cette thèse.
Pourtant, aussi incroyable que cela paraisse, les preuves qui
l’étayent ne résistent pas à l’analyse. Et les agissements
suspects de certains éléments de l’appareil policier montrent
clairement une volonté de sabotage de l’enquête. Toutes les
informations contenues dans cet article proviennent des médias
espagnols cités plus haut et des documents judiciaires
officiels : acte d’inculpation, audiences du procès et verdict.
La piste islamiste
La thèse de l’attentat islamiste est la
conclusion d’une enquête qui s’est développée à partir de deux
pistes. On va exposer le cheminement de cette investigation, en
mettant en évidence les preuves retenues par la Justice
espagnole [3].
La première piste de l’investigation part d’une bombe qui n’a
pas explosé. Au total trois bombes déposées dans les trains
avaient un défaut et n’ont pas sauté ce jour-là. On a ainsi
rapidement su qu’elles étaient dissimulées dans des sacs de
voyage ou des sacs à dos. Les démineurs ont neutralisé deux
d’entre elles par explosion contrôlée dans la matinée du 11
mars, mais le troisième sac est passé inaperçu et a été regroupé
avec les objets abandonnés sur les lieux par les victimes. Ce
n’est qu’au moment où est fait l’inventaire de ces objets que le
sac piégé est découvert, au commissariat du quartier de Vallecas,
dans la nuit du 11 au 12 mars. La bombe, connue comme « sac de
Vallecas », est composée de 10 kg de dynamite de type « Goma 2
Eco », de mitraille, d’un détonateur et d’un téléphone portable
qui devait la mettre à feu avec la fonction réveil. Ce téléphone
contient une carte SIM dont l’enquête auprès du réseau de vente
permet de déterminer la route de commercialisation. Celle-ci
aboutit à une téléboutique de Madrid tenue par un marocain :
Jamal Zougam. Sur la base de ces éléments, la police arrête
Zougam, deux de ses employés et deux Indiens qui auraient pour
leur part vendu le téléphone. Nous sommes le 13 mars, veille des
élections, ces arrestations sont médiatisées et les photos des
suspects sont largement diffusées. Dans les jours qui suivent,
des usagers du métro témoignent les avoir vu dans les trains
attaqués. Finalement la faiblesse des témoignages conduira à
relâcher 4 des 5 suspects au bout de quelques semaines. Zougam
restera incarcéré car les témoignages à son encontre sont plus
solides.
L’autre piste d’où est partie l’enquête sont les révélations
de Rafa Zouhier, un petit trafiquant de drogue marocain,
indicateur de la Garde Civile (le second corps de police en
Espagne [4]).
Quelques jours après l’attentat, il fait part aux policiers,
dans une conversation téléphonique enregistrée, des forts
soupçons qu’il a sur un certain Jamal Ahmidan, alias El Chino.
El Chino est aussi un petit trafiquant marocain, et Zouhier
l’avait mis en contact avec une bande d’Asturies (région du nord
de l’Espagne) soupçonnée de divers trafics, notamment
d’explosifs miniers. L’un des membres de cette bande, Emilio
Trashorras, confirme à la police qu’il a fourni des explosifs de
type Goma 2 Eco à El Chino, ce que corrobore un jeune gitan qui
a participé à cette transaction. D’autre part il se trouve que
certains membres de la bande d’El Chino étaient sur écoute dans
le cadre d’une enquête sur un trafic de drogue. Et ces
enregistrements confirment leur voyage en Asturies.
Les deux pistes de l’investigation mènent à des acteurs
complètement différents : d’un côté Zougam, et de l’autre El
Chino et sa bande. Aucun lien personnel n’est trouvé entre eux.
La jonction est faite par l’intermédiaire de 7 cartes SIM dont
les numéros sont apparus lors de l’enquête auprès du réseau de
commercialisation de téléphones. Ces cartes SIM sont liées à
Zougam car il les a achetées en même temps que la carte SIM
retrouvée dans le sac de Vallecas. Et elles sont liées à El
Chino car l’opérateur téléphonique Amena déclare qu’elles ont
été allumées pour la première fois la veille de l’attentat, dans
la zone de couverture d’une antenne qui est celle qui dessert la
maison d’El Chino. C’est dans cette maison que les explosifs
auraient été stockés et que les bombes auraient été montées. Les
7 cartes SIM n’ont jamais eu d’activité suite à leur allumage,
ce qui pourrait indiquer leur utilisation dans les bombes. Le
lien est ainsi fait entre Zougam et la bande d’El Chino.
Le 3 avril en début d’après-midi, trois semaines après
l’attentat, la police localise enfin la bande d’El Chino, dans
un appartement de Léganes, en banlieue Madrilène. Remarquant la
présence de la police, les suspects refusent de se rendre et
ouvrent même le feu. Dans la soirée, le GEO (Grupo Especial de
operaciones, équivalent du GIGN) donne l’assaut pour tenter de
capturer le commando terroriste. La police a été avertie par les
services de renseignement que les assiégés ont réalisé des
appels téléphoniques où ils annoncent leur intention de se
suicider. Peu après le forçage de la porte, l’appartement
explose, tuant les 7 occupants et un policier du GEO. Dans les
décombres de l’appartement, on retrouve des explosifs Goma 2
Eco, des textes et une vidéo revendiquant l’attentat, mais des
cagoules empêchent d’identifier les personnes qui y
apparaissent. La majorité des 7 morts sont, comme El Chino, de
petits trafiquants de drogue. Les autres appartiennent à des
cercles islamistes radicaux. La sentence du procès conclura
qu’ils ont posé les bombes avec Zougam, et qu’ils projetaient de
perpétrer d’autres attentats dans la région de Grenade, où ils
avaient loué un appartement.
Un certain nombre d’indices secondaires viennent corroborer
les conclusions de cette enquête. Parmi eux il faut évoquer une
fourgonnette Renault Kangoo car elle a été le premier élément
important à apparaitre dans l’investigation et elle a
cristallisé de nombreuses polémiques. Ce véhicule se trouvait
garé sur le parking de la station de métro d’Alcala, par
laquelle sont passés tous les trains qui ont explosé. Un
concierge du quartier a signalé dès le matin du 11 mars qu’il
avait vu trois individus suspects rôder autour de cette Kangoo.
Ils étaient quasiment masqués par leurs écharpes et leurs
bonnets, et l’un d’eux s’est dirigé vers la station de métro
avec un sac. En fin de matinée, la fourgonnette est ouverte et
inspectée. Deux chiens policiers dressés à la détection
d’explosifs fouillent la Kangoo et n’y trouvent rien de suspect.
Comme elle figure dans le fichier des véhicules volés, elle est
ensuite transportée dans une dépendance policière. Là-bas, après
une nouvelle inspection on découvrira 7 détonateurs, un petit
morceau de Goma 2 Eco emballé sous un siège, et surtout une
cassette audio coranique, qui aura un impact décisif sur
l’opinion publique espagnole. Le verdict du procès conclut que
le but de ce commando terroriste était d’imposer par la violence
la loi islamique en Europe, et qu’il s’inspire d’Al-Qaïda sans
avoir de lien avec cette organisation [5].
Les failles du verdict
On vient d’exposer toutes les preuves
importantes sur lesquelles s’appuie la thèse de l’attentat
islamiste. Or elles sont toutes entachées de suspicions, comme
on va le voir en les reconsidérant une à une. La preuve
matérielle centrale est une des bombes qui n’a pas explosé le 11
mars : le sac de Vallecas. Mais il pèse de forts soupçons de
falsification tant sur sa composition que sur les circonstances
de son apparition. Tout d’abord cette bombe n’a pas explosé
parce qu’un câble du montage n’était tout simplement pas
connecté. Le démineur qui l’a désactivée a déclaré avec
perplexité au procès que ce « petit bâclage » cadrait mal avec
la complexité du reste du dispositif [6].
Ensuite il y a une différence de composition majeure entre cette
bombe et les autres. Le sac contient 640 grammes de vis et de
clous faisant office de mitraille, or les autopsies ont révélé
qu’aucune victime n’a été atteinte par des projectiles
métalliques [7].
Et les deux bombes neutralisées le matin du 11 mars n’en
contenaient pas non plus selon les policiers qui les ont
manipulées. Pourquoi les terroristes auraient-ils mis de la
mitraille dans une seule bombe ? Enfin les circonstances de
l’apparition du sac de Vallecas sont confuses. Lors du procès,
les démineurs ont expliqué avoir fouillé quatre fois les objets
abandonnés dans les wagons, et ils ont certifié que cet engin
explosif ne pouvait pas s’y trouver [8].
Son origine est d’autant plus mise en doute que les objets
abandonnés parmi lesquels il est apparu ont subi trois
transports dans la journée du 11 mars, sans être toujours bien
surveillés [9].
Et ils ont fini au commissariat de Vallecas, contrairement à ce
qu’avait ordonné le juge. Si on ajoute les témoignages
contradictoires sur le moment de sa découverte [10],
l’absence de mention de la bombe dans les inventaires d’objets
abandonnés [11]]
et l’inexistence de photos avant qu’elle soit décomposée, on se
rend compte de la faiblesse de cette pièce à conviction. Le
tribunal en a pourtant fait la clef de voûte de son verdict.
L’enquête auprès du réseau de commercialisation de téléphones
a conclu que la carte SIM contenue dans le sac de Vallecas avait
été en vente dans la téléboutique de Zougam. Sur quoi
s’appuie-t-elle pour arriver à cette conclusion ? Les cartes SIM
passent généralement par 3 ou 4 intermédiaires avant d’être
vendues au consommateur dans une téléboutique. Or seuls les
premiers intermédiaires font figurer sur leurs factures le
numéro d’identification de chaque carte SIM vendue, les suivants
ne notent que le nombre total de cartes SIM. En l’occurrence
aucune facture ne prouve que la carte SIM incriminée ait été
achetée par Zougam [12].
Seul le témoignage de son fournisseur, qui affirme se souvenir
lui avoir vendu cette carte SIM particulière parmi des centaines
d’autres, permet d’arriver à cette conclusion. Considérons cet
élément comme une preuve suffisante et continuons à examiner le
cheminement de l’enquête.
Le fait de vendre une carte SIM ne rend pas le vendeur
responsable de l’usage, éventuellement délictueux, qu’en fait
son acheteur. Mais Zougam était apparu en qualité de témoin dans
une enquête antérieure sur des terroristes islamistes. Il semble
que ce fait ait été l’unique argument motivant son arrestation
le 13 mars, puisqu’aucun témoin ne l’a décrit ou identifié à
cette date. Si on reconsidère le comportement de Zougam jusqu’à
cette arrestation, on s’aperçoit qu’il aurait commis une série
d’imprudences invraisemblables. Premièrement il utilise une
carte SIM en vente dans sa propre téléboutique pour monter la
bombe de Vallecas. Deuxièmement il laisse cette carte SIM dans
le téléphone alors qu’elle n’est pas nécessaire pour utiliser la
fonction réveil. Et troisièmement il poursuit son activité
normale jusqu’à son arrestation le 13 mars dans l’après-midi,
alors que toute l’Espagne sait depuis le 12 mars au matin qu’une
des bombes a été démontée par la police. A partir de ce moment
Zougam doit forcément savoir que les enquêteurs disposent d’une
carte SIM menant jusqu’à lui, et pourtant il ne cherche pas à se
cacher ni à prendre la fuite. L’incohérence d’un tel
comportement conduit à douter de sa culpabilité.
Les arrestations du 13 mars sont très médiatisées et la photo
des suspects est diffusée. Des passagers des trains attaqués
viennent spontanément témoigner sur des individus suspects vus
le 11 mars dans les trains. Certains de ces témoignages sont
retenus contre Zougam et constituent la seule preuve de son
implication dans l’attentat. Mais ici encore, cette preuve est
incroyablement faible au vu de la gravité des faits. Une
première faille vient de la diffusion dans les médias de la
photo de Zougam, car elle empêche les témoignages de respecter
une règle fondamentale qui est que le souvenir ne soit pas être
influencé par d’autres images vues par la suite. D’autre part
certains témoignages sont incompatibles à propos du parcours que
Zougam aurait suivi dans les trains, ils se contredisent sur sa
description, son habillement, ou ils le voient poser un sac à un
endroit où aucune bombe n’a explosé [13].
Finalement le verdict rendu en octobre 2007 ne retient que
trois témoignages contre Zougam [14].
En appel, en juillet 2008, un de ces trois témoignages est
invalidé par la cour car le témoin avait déposé devant le juge
d’instruction mais pas devant le tribunal, où il n’avait même
pas été convoqué. Cela avait empêché la défense de Zougam de
l’interroger alors qu’il pesait de nombreux doutes sur ses
déclarations. Par exemple d’après son témoignage, le suspect
aurait quitté le train en sortant sur le quai, puis il serait
revenu dans le même wagon par la porte communiquant avec le
wagon voisin. Comportement d’une indiscrétion étrange pour qui
pose des bombes. Il ne reste donc que deux témoignages accusant
Zougam : deux amies roumaines qui voyageaient ensemble. La
première est venue témoigner trois semaines après l’attentat. La
description qu’elle parvient à faire du suspect ce jour-là est
très sommaire : 1 mètre 80, carrure moyenne et portant un sac,
pas un détail de plus. Par contre cette description s’étoffe
quelques jours plus tard, quand la police lui montre une série
de photos parmi lesquelles elle reconnait Zougam : cheveux
jusqu’aux épaules, nez plutôt gros, bouc, lèvre inférieure plus
grosse que la supérieure, etc. On se demande alors si ce qu’elle
décrit n’est pas ce qu’elle voit sur la photo plutôt que ce dont
elle se souvient. Ses déclarations évoluent aussi sur d’autres
aspects comme la position du wagon dans le train. Au bout d’un
an elle se souvient que le suspect l’a bousculée afin de
justifier qu’elle ait vu son visage, et elle dit pour la
première fois qu’elle voyageait avec une amie, qui deviendra
ainsi le second témoin accusant Zougam. Pourquoi n’avoir jamais
mentionné cette amie pendant un an ? Pourquoi ce second témoin
a-t-il attendu un an pour se manifester ? De quoi peut-elle se
souvenir après ce temps ? Et ce témoignage peut-il être
considéré comme indépendant de celui de son amie ? C’est sur la
base de ces deux témoignages douteux qu’est prononcée la seule
condamnation pour l’exécution matérielle de l’attentat du 11
mars. Zougam a par ailleurs toujours nié être impliqué dans
l’attentat.
Tous les autres poseurs de bombes supposés sont morts dans
l’explosion de l’appartement de Léganes, trois semaines après
l’attentat, le 3 avril. Une conséquence importante de leur
disparition est que l’enquête n’a pas reconstitué leurs rôles
exacts dans le scénario de l’attentat, focalisant son attention
sur les prévenus. La Justice reconnait dans son verdict ne pas
savoir exactement qui parmi ces 7 individus a posé des bombes et
à quel endroit [15].
Ceci contraste avec le cas de Zougam qui est clairement accusé
d’avoir posé les bombes du train ayant explosé à la station
Santa Eugenia. Au vu des difficultés pour maintenir le dossier
d’accusation contre Zougam, on peut penser que ce flou, en
évitant toute confrontation avec la réalité, a paradoxalement
bénéficié à qui soutenait la culpabilité de ces 7 suspects.
Ainsi, l’enquête s’est principalement attachée à démontrer que
leur mort dans l’appartement de Léganes est un suicide. Ce
suicide aura mis en évidence le caractère fanatique des
suspects, et la découverte dans les décombres de documents de
revendication fera office d’aveu posthume de l’attentat.
Les circonstances de la découverte de cet appartement, à un
moment où les 7 suspects l’occupent, restent confuses. Pendant
longtemps la police a évoqué une fusillade en ville entre des
agents et une bande de maghrébins. S’en serait suivi une
course-poursuite qui les mène à se réfugier dans l’appartement
de Léganes [16].
Par la suite cet épisode disparait du discours officiel pour
faire place à une toute autre explication. La police aurait
épluché la liste d’appels d’un téléphone suspecté de servir au
commando terroriste. En joignant un numéro de cette liste, elle
serait entrée en contact avec un propriétaire affirmant louer un
appartement de Léganes à des arabes depuis un mois. Le verdict
retient cette version de la découverte de l’appartement et élude
complètement l’épisode de la course-poursuite.
La police assiège donc cet appartement en début d’après-midi
du 3 avril. Vers 21 heures le GEO donne l’assaut, de manière
précipitée selon les déclarations de plusieurs membres de cette
brigade [17].
Mais avant qu’ils ne puissent entrer, l’appartement explose,
tuant les 7 occupants et un membre du GEO. Étant donné l’état
des cadavres, les 7 suspects sont identifiés avec leurs
empreintes digitales ou leur ADN. L’enquête conclue au suicide
collectif, mais le caractère suicidaire de cette explosion n’est
pas aussi clairement établi que l’affirme le verdict. Avant
l’assaut du GEO et l’explosion, les habitants du voisinage ont
entendu des coups de feu, des cris et même des cantiques en
arabe provenant de l’appartement. Mais personne n’a pu voir
clairement les suspects. Et il n’existe aucune trace, aucun
relevé des impacts de balles que l’échange de coups de feu
aurait dû laisser dans la zone [18].
L’argument décisif pour soutenir la thèse du suicide est le fait
que les suspects auraient appelé leurs proches pour leur dire
adieu pendant le siège de l’appartement. Lors du procès, le seul
proche cité à témoigner de ces appels fut le frère d’un des 7
suspects, Abdenabi Kounjaa. Ce dernier a déclaré ne pas avoir
reconnu la voix de son frère lors de cet appel, et avoir pensé
que ce n’était pas lui [19].
C’est pour cette raison qu’il a prévenu immédiatement la police,
et n’a pas rappelé son frère pour le dissuader de se suicider.
Ce témoignage met sérieusement en doute l’authenticité des
appels, d’autant qu’aucun autre proche contacté par les suspects
n’a été cité à témoigner au procès. On n’est pas davantage
éclairé par le dossier de l’instruction, qui contient trois
rapports successifs sur ces appels. Chaque rapport contredit le
précédent sur de très nombreux points : les téléphones utilisés,
l’identité de certains destinataires, le nombre d’appels
effectués à certains destinataires [20].
De telles divergences laissent perplexe quant à la fiabilité de
ces données.
Les suspects se sont-ils vraiment suicidés ? Et dans quelles
conditions se sont-ils retrouvés dans cet appartement ? Le 3
avril cela faisait quatre jours que les médias annonçaient
qu’ils étaient recherchés et diffusaient leurs photos. Dans ce
contexte, quelle imprudence de se réunir dans un appartement de
la banlieue de Madrid au lieu de fuir chacun de son côté. Et
pourquoi ces criminels de masse ont-ils attendu que la police
évacue tout le voisinage avant de faire exploser l’appartement ?
Les incohérences ne s’arrêtent pas là. En s’intéressant aux
agissements des suspects entre l’attentat et le suicide, on
apprend par exemple qu’El Chino a fait la fête avec sa
belle-famille 8 jours après l’attentat, dans la maison où il
aurait monté les bombes. Le profil même de la plupart des
membres du commando cadre mal avec l’islamisme radical qui est
censé les avoir poussé au massacre, puis au suicide. Quatre
d’entre eux étaient des délinquants de petite envergure du
milieu du narcotrafic, peu compatible avec cet islamisme. El
Chino vivait avec une espagnole “de souche”, portant des tenues
légères, et leur fils était inscrit dans une école catholique [21].
La mort de ces 7 suspects aura en tout cas permis de
reconstituer un scénario de l’attentat sans trop entrer dans les
détails, et sans contradiction de la part des accusés. Par
ailleurs le lien évoqué plus haut entre les 7 suicidés et Zougam
est mis en doute par des journalistes ayant eu accès au dossier
de l’instruction [22].
Selon eux les documents fournis par l’opérateur téléphonique
Amena ne comportent aucune indication que les 7 cartes SIM en
question ont été allumées près de la maison d’El Chino. Au
procès le problème a été soulevé par la défense, mais les
employés d’Amena invités à livrer leur expertise n’ont pas pu y
apporter de réponse [23].
Le dernier élément important qui étaye la thèse de l’attentat
islamiste est la Renault Kangoo. Le verdict établit que certains
membres du commando terroriste, sans préciser lesquels [24],
ont utilisé cette fourgonnette pour se rendre à la station de
métro avec leurs bombes. Le tribunal n’a donc pas pris en compte
le témoignage au procès du maître-chien qui l’a inspecté. En
effet si celui-ci concède que le petit bout d’explosif ait pu
passer inaperçu, il affirme que la manipulation de sacs
contenant des dizaines de kilo d’explosifs aurait dû laisser des
traces olfactives dans le volume du véhicule, et que son chien
les aurait détectées [25].
D’autre part le concierge qui a attiré l’attention de la police
sur cette Kangoo déclare qu’il lui a semblé que les individus
étaient des Européens de l’Est. Et la guichetière de la station
à qui l’un des individus a acheté un billet affirme qu’il
parlait sans accent étranger [26].
Ici encore le comportement des suspects surprend : pourquoi
attirer l’attention en s’adressant à la guichetière avec le
visage à moitié masqué, au lieu d’utiliser un distributeur
automatique ? Pourquoi prendre le risque d’utiliser un véhicule
volé sans changer les plaques ? Et pourquoi les terroristes
ont-ils abandonné ce véhicule ? Surtout si on sait qu’ils ont
laissé des détonateurs, de l’explosif et des vêtements à
l’intérieur ? D’après l’acte d’inculpation ces vêtements
contiennent l’ADN des suspects, mais le verdict ne retient pas
cette preuve. La thèse de l’attentat islamiste perd toute sa
crédibilité devant tant de failles dans les preuves qui la
soutiennent. D’autant qu’on ne les a pas toutes évoquées dans
cet article, voir par exemple comment Gerhard Wisnewski montre
l’incohérence des différentes revendications islamistes de cet
attentat dans son ouvrage Les Dessous du Terrorisme [27].
En validant cette thèse, la Justice espagnole a jugé de manière
stupéfiante que ces failles n’étaient pas significatives.
L’ombre de la police
Existe-t-il d’autres éléments qui
permettraient soit de confirmer la thèse de l’attentat
islamiste, soit d’orienter l’enquête dans une autre direction ?
Le problème est que des pièces fondamentales de l’investigation
ont fait l’objet de négligences pour le moins inquiétantes. Tout
d’abord les wagons où les bombes ont explosé ont été détruits
deux jours seulement après l’attentat [28].
Quel besoin y avait-il de se débarrasser si vite de la « scène
de crime » ? En 2006 un métro accidenté à Valence a été conservé
deux ans pour les besoins de l’enquête. La Justice reconnait
dans son verdict que de nombreux doutes auraient pu être levés
si les wagons avaient été conservés plus longtemps [29].
Parmi ces doutes, le plus important est celui qui concerne la
nature de l’explosif. L’analyse des substances chimiques
déposées sur les objets proches des foyers d’explosion aurait du
être la donnée fondamentale de l’enquête. Or, on ne sait
toujours pas avec certitude ce qui a explosé dans les trains,
comme le reconnait le verdict [30].
Voyons pourquoi l’explosif n’a pas pu être déterminé. La
première négligence concerne le choix du service qui a réalisé
l’expertise des échantillons. Elle a été confiée aux démineurs,
alors que leurs laboratoires ne disposent que de moyens
rudimentaires pour analyser les explosifs. Selon la procédure
habituelle c’est la police scientifique qui aurait dû faire ces
analyses, ce pour quoi elle dispose de matériel beaucoup plus
pointu. Les résultats de l’expertise sont ainsi très imprécis :
le rapport remis au juge d’instruction conclut à la présence de
« composants génériques de dynamite » dans les échantillons. Il
ne désigne pas quel est le type de dynamite : Titadyne, Goma 2
Eco, Goma 2 EC ? Plus surprenant : il ne donne pas la liste des
composants chimiques qui ont été trouvés. Devant un tel flou, le
tribunal a enfin ordonné une nouvelle expertise à l’ouverture du
procès, en 2007. Malheureusement cette expertise a dû se baser
sur les échantillons déjà analysés, et non sur de nouveaux
prélèvements dans les trains, ceux-ci ayant disparu. Les experts
se sont plaints du trop petit nombre d’échantillons conservés
par la police, et des négligences grossières qui les avaient
altérés lors des tests antérieurs [31].
Finalement leurs conclusions n’éclairent pas davantage sur le
type de l’explosif puisqu’elles font apparaître une liste de
produits chimiques qui ne correspond à aucune composition de
dynamite [32].
À la fin du procès, le témoignage de la directrice du
laboratoire des démineurs était très attendu pour répondre aux
interrogations concernant le travail qu’elle avait rendu en mars
2004. Mais elle a déclaré qu’elle ne disposait plus des supports
de chromatographie où les éléments chimiques apparaissent [33],
ni même des documents où elle les a notés pendant son analyse [34].
Par contre elle a provoqué la stupeur du tribunal en citant pour
la première fois la liste précise des composants chimiques
trouvés, et en expliquant qu’elle n’avait jamais donné cette
liste car personne ne lui avait explicitement demandé [35].
L’imprécision du rapport d’analyse avait créé une telle
polémique en Espagne pendant les 3 ans écoulés entre l’attentat
et son témoignage que cette explication est grotesque. Quel
crédit peut-on accorder à cette liste qu’elle n’a donnée qu’au
bout de trois ans et qui correspond à la composition de la Goma
2 Eco ?
Au sujet de l’explosif, il faut ajouter les doutes provoqués
par la déclaration du chef des démineurs qui a supervisé les
opérations le 11 mars. En voyant les dégâts provoqués par les
bombes, il a déclaré que les déchirures des structures des
wagons étaient caractéristiques d’explosifs de haute puissance,
de type militaire, et non de dynamite [36].
Rappelons que certains explosifs militaires ne laissent pas de
traces chimiques sur le lieu de l’explosion, ce qui les rend
difficilement détectables. Une autre source de doute est
l’emplacement des bombes qui a été reconstitué dans l’acte
d’inculpation [37].
Selon ce document la plupart des sacs contenant 10 kg d’explosif
n’étaient pas du tout dissimulés : par exemple déposé entre deux
sièges se faisant face près de la fenêtre, ou posés sur le
porte-bagage, ou déposés à coté de la poubelle, ou encore déposé
sous un strapontin (qui devait pourtant être replié). Seule une
bombe était cachée sous un siège non-pliable. Pourquoi les
terroristes n’ont-ils pas mieux dissimulé les sacs ? Et pourquoi
des sacs si lourds, déposés en des endroits si visibles,
n’ont-ils pas attiré l’attention des voyageurs ? Pour répondre à
ces questions certains journalistes émettent l’hypothèse de
bombes de tailles beaucoup plus réduites, chargées d’explosifs
de haute puissance et non de dynamite [38].
La Goma 2 Eco qui a été retrouvée dans la Kangoo, dans le sac de
Vallecas et dans l’appartement de Léganes ne constitue pas une
preuve de ce qui a explosé dans les wagons. Les soupçons qui
pèsent sur ces pièces font plutôt penser à des leurres destinés
à détourner l’attention de la scène de crime : les trains.
Dernier exemple de négligence, les enregistrements des
conversations entre les patrouilles de police auraient permis de
tirer au clair l’épisode de la course-poursuite à Léganes. Mais
quand le juge d’instruction les a sollicités, la police a
répondu qu’elles n’avaient pas été conservées [39].
Plus grave que les négligences, il y a de forts soupçons de
falsification sur plusieurs pièces de l’enquête. Nous avons déjà
évoqué le sac de Vallecas, la Kangoo et les appels d’adieu des
suicidés à Léganes. Mais il existe d’autres éléments dont la
falsification est devenue tellement évidente qu’ils n’ont pas
étés retenus dans le verdict, comme par exemple les
conversations téléphoniques de Rabei Osman, un égyptien qui
résidait en Italie. La police italienne a enregistré et traduit
ses conversations en 2004, et dans l’une d’elles il se serait
attribué l’organisation de l’attentat. Au procès, de nouvelles
traductions sollicitées par la défense ont fait apparaître que
les phrases où il revendique l’attentat ont purement et
simplement été inventées par les traducteurs italiens [40].
La Justice a dû l’absoudre de tout lien avec l’attentat, alors
qu’il avait été présenté comme le cerveau du groupe terroriste.
Le verdict ne désigne donc pas de commanditaire de l’attentat,
déclenchant l’indignation des associations de victimes, qui ont
fait appel.
Mais la falsification la plus notoire de l’enquête est une
Skoda Fabia que la police à trouvé près de la station de métro
d’Alcala, à 20 mètres de l’emplacement de la Kangoo. Cette
découverte ne se fait que le 13 juin 2004, soit trois mois après
l’attentat. Ce deuxième véhicule permet de renforcer la thèse
des 7 ou 8 terroristes arrivant en voiture à Alcala, et il
contient des traces d’ADN d’un des morts de Léganes. Cependant
de nombreux observateurs doutent qu’un véhicule stationné si
près de la Kangoo ait pu passer inaperçu pendant trois mois,
d’autant que son immatriculation ne figure pas dans les relevés
effectués le 11 mars. Cette preuve reste donc dans le flou
jusqu’en juin 2005, quand la police apporte au juge
d’instruction le témoignage d’un prisonnier chilien. Celui-ci
affirme qu’il a volé la Skoda puis qu’il l’a vendue à l’un des
morts de Léganes en octobre 2003. Mais la preuve est de nouveau
discréditée en mars 2006, quand un journaliste d’El Mundo
retrouve le témoignage d’un gardien d’un quartier de Madrid où
la Skoda a été abandonnée en novembre 2003. Selon lui, le
véhicule était resté en stationnement gênant pendant trois
semaines et avait reçu de nombreuses contraventions, puis il
avait disparu. En vérifiant ce témoignage dans les fichiers des
contraventions, il est apparu que le véhicule était impliqué
dans plusieurs délits, comme des vols à l’arraché. Ces délits
ont été commis entre septembre et octobre 2003, période où le
véhicule est supposé être en possession du Chilien. Or la
police, comme le Chilien, avait jusque-là totalement occulté ces
faits au juge d’instruction. En voulant interroger de nouveau le
prisonnier sud-américain, le juge a appris qu’il avait été
extradé vers le Chili sans qu’on l’avertisse. À toutes ces
contradictions s’ajoutent l’incohérence du comportement des
terroristes. Pour aller commettre l’un des pires attentats
jamais vu en Europe, ils auraient ainsi utilisé une voiture
volée, impliquée dans des délits, laissée un temps à l’abandon,
verbalisées plusieurs fois, et n’auraient même pas changé la
plaque d’immatriculation. Le tribunal n’avait pas d’autre choix
que d’écarter la Skoda des preuves étayant le verdict [41].
D’autre part l’ADN retrouvé dans cette pièce probablement
falsifiée jette le doute sur les traces d’ADN trouvées dans
plusieurs vêtements si « opportunément » laissés par les
suspects dans cette affaire.
Citons enfin quelques cas de soupçons de falsification de
témoignages. Emilio Trashorras a affirmé que la police lui avait
demandé d’inventer l’épisode dans lequel il fournit des
explosifs à El Chino [42].
Il pensait qu’il bénéficierait du statut de témoin protégé et
qu’il ne serait pas inquiété par la Justice. Pour sa part le
témoin Hassan Serroukh a déclaré au juge d’instruction que sa
déposition devant la police avait été falsifiée. Cette
déposition décrivait Zougam comme un religieux fanatique, alors
que Serroukh affirme ne l’avoir jamais mentionné [43].
Négligences, soupçons de falsification : les agissements
suspects de la part d’éléments policiers sont nombreux dans
l’enquête qui a suivi l’attentat. Mais la suspicion augmente
encore quand on examine la préparation de l’attentat tel que la
présente le verdict. Deux acteurs clés de l’attentat sont
indicateurs des forces de sécurité [44].
Le premier, Zouhier, a mis en contact le commando terroriste
avec un trafiquant d’explosifs. L’enquête a révélé que le garde
civil qui le contrôle l’a appelé les deux jours précédents
l’attentat. Le second, Trashorras, est ce même trafiquant
d’explosif. Il a eu des conversations téléphonique avec son
référent policier la veille, le lendemain et le surlendemain du
jour où il aurait fournit l’explosif à El Chino. Mais ce
policier assure que Trashorras ne lui a rien dit à ce sujet.
D’autre part, les téléphones portables utilisés dans les bombes
ont été débloqués dans une téléboutique qui appartient à un
policier d’origine syrienne, Maussili Kalaji [45].
Quelle coïncidence que tous ces collaborateurs des
terroristes soient liés à la police. Mais surtout quelle
« chance » qu’aucun ne les ait dénoncés avant leur crime. Le
sort aura également souri aux terroristes concernant la
surveillance dont ils faisaient l’objet par la police. D’après
sa documentation, depuis janvier 2003 la police surveillait
étroitement un groupe islamiste comprenant plusieurs terroristes
qui mourront à Léganes. Au total ce groupe est soumis à des
filatures pendant 81 journées régulièrement réparties entre
janvier 2003 et février 2004. Cette surveillance semble
s’intensifier dans la première quinzaine de février 2004, mais
elle s’arrête brusquement le 17 février, soit 11 jours avant
l’opération de récupération des explosifs, et 24 jours avant
l’attentat [46].
La même chance bénéficiera à deux complices du commando
terroriste qui étaient sur écoute téléphonique dans le cadre
d’une enquête sur un trafic de drogue. Ces écoutes sont
soudainement levées le 12 mars, le lendemain de l’attentat [47].
Donnons un dernier exemple où la police apparaît en filigrane
derrière les terroristes. Après l’explosion de l’appartement de
Léganes, des documents concernant l’ETA ont été trouvés parmi
les décombres. On a appris qu’ils provenaient en fait de
l’appartement voisin, partiellement détruit. Ce logement était
occupé par un policier qui, coïncidence encore, se dédiait à la
lutte anti-terroriste [48].
Tous ces agissements suspects avant et après l’attentat,
conjugués à la faiblesse évidente de la piste islamiste,
laissent penser que les véritables coupables sont couverts par
des éléments de l’appareil d’État. Il faut cependant bien noter
que seule une réouverture de l’enquête permettra de savoir si
ces soupçons sont fondés. En révélant des témoignages qui
battent en brèche la version officielle et en absolvant les
commanditaires présumés, le procès n’a fait que confirmer
l’extrême fragilité de la thèse de l’attentat islamiste.
Au demeurant, dans le contexte politique, le tribunal n’a pas
cherché à établir précisément les faits. Il devait confirmer que
les accusations de José-Maria Aznar à l’encontre d’ETA étaient
sans fondement, ainsi que l’avait déjà tranché le plus vaste des
jurys populaires, le corps électoral. Il devait également
confirmer que les accusations des néo-conservateurs à l’encontre
d’Al-Qaïda étaient, elles aussi, sans fondement, ce qu’avait
déjà tranché le nouveau gouvernement de José-Luis Zapatero. Le
tribunal a pointé que les premiers indices avaient été falsifiés
pour accuser calomnieusement l’organisation basque ETA, mais il
n’a pas voulu en savoir plus sur les manipulations auxquelles
certains éléments policiers se sont adonnés. Sans surprise, il a
choisi de s’en tenir à l’hypothèse qu’on lui présentait et qui
était la seule capable de rétablir le calme dans la société :
celle de la responsabilité islamiste sans lien avec al-Qaïda.
Documents joints
Jugement en première instance, Audiencia nacional (31
octobre 2007).
(PDF - 2.7 Mo)
Arrêt en appel, Tribunal Supremo (17 juillet 2008)
(PDF - 2.9 Mo) Autres
documents
Auto
de procesiamento del 11-M (Pdf en quatre parties d’environ 50 Mo
chacune)
Parte I
Parte II
Parte III
Parte IV
Enregistrements
vidéo des audiences
Retranscriptions
des audiences
Les
192 éditoriaux qu’El Mundo a consacré à l’attentat.
[1]
Un des rares articles en français qui évoque le positionnement
d’El Mundo : « Espagne
- attentats de Madrid : enjeu politique du procès »,
Latinreporters.com, 13 fevrier 2007. L’article n’entre cependant
pas dans la discussion des preuves.
[2]
Ces deux documentaires (en espagnol) : Las Sombras del 11-M
et 11-M : 1000 Días Después, très intéressants pour une
première approche rapide du travail de Luis Del Pino, sont
disponibles sur
cette page du site du collectif pour la réouverture de
l’enquête.
[3]
L’exposé des preuves dans le verdict (2007) est fait dans les
parties Hechos Probados (Faits prouvés, pages 172 à 228)
et Fondamenos Juridicos (Fondements juridiques, pages 423
à 722). En français, on peut retrouver cet argumentaire sur le
blog de Jean Chalvidant, auteur de
La Manipulation : Madrid, 11 mars, principal livre
centré sur cet attentat disponible en français.
[4]
Bien que récemment rattachée au ministère de l’Intérieur, la
Guardia civil est d’essence militaire.
[5]
Verdict en appel, pages 581-582 : « La dépendance idéologique
par rapport aux postulats défendus par Al-Qaïda est avérée par
le contenu des revendications des actes terroristes et le reste
du matériel saisi. Cependant il n’apparait aucune relation de
caractère hiérarchique avec d’autre groupes ou d’autres
dirigeants de cette organisation, ce qui permet d’établir que la
cellule qui opérait à Madrid, dans la mesure où elle a été
identifiée, ne dépendait pas hiérarchiquement d’une autre et
donc qu’elle peut être considérée pénalement comme un groupe ou
une organisation terroriste différente et indépendante. » (La
dependencia ideológica respecto de los postulados defendidos por
Al Qaeda resulta asimismo del contenido de las reivindicaciones
de la autoría de los actos terroristas y del resto del material
incautado. Sin embargo no aparece relación alguna de carácter
jerárquico con otros grupos o con otros dirigentes de esa
organización, lo que permite establecer que la célula que
operaba en Madrid, en la medida en que ha sido identificada, no
dependía jerárquicamente de otra y por lo tanto puede
considerarse a los efectos penales como un grupo u organización
terrorista diferente e independiente.)
[6]
Témoignage de ce démineur, témoin protégé 64501, 19 mars
2007. « La conception du téléphone portable cadre mal, parce que
même si elle est simple, elle est très ingénieuse (...) et ça ne
cadre pas avec le petit bâclage entre guillemets de ne pas
assembler les câbles, non ? Parce que ce n’est pas logique. »
(no cuadra la concepción del teléfono móvil, porque, aunque es
sencilla es muy ingeniosa, (...) y eso no cuadra con la pequeña
chapuza entre comillas de no encintar los cables, ¿no ?, porque
no es lógico.)
[7]
Entretien avec Carmen Baladia, chef des médecins légistes du 11
mars, par Luis del Pino pour Libertad Digital TV, 23
janvier 2008. Titre de l’entretien : « Mais ni clous, ni écrous,
ni vis. Il n’y avait pas de mitraille dans nos 191 morts ». (Pero
ni clavos, ni tuercas, ni tornillos. No había metralla entre
nuestros 191 muertos. )
[8]
Témoignage du chef des démineurs de Madrid, témoin protégé
28296, 14 mars 2007. « Ce dont je suis totalement convaincu,
c’est qu’après la fouille des démineurs qui ont travaillé là, il
n’y avait pas un seul sac qui contenait un engin explosif, et ça
je peux vous l’assurer. » (Lo que sí estoy totalmente convencido
es de que después de la revisión de los TEDAX que trabajaron
allí, no había ni una sola mochila que contuviese un artefacto
explosivo. Y eso se lo puedo asegurar.)
[9]
« La
fiscal prescinde del testigo clave de la custodia de la mochila
de Vallecas » (La procureur fait abstraction du témoin-clé
de la surveillance du sac de Vallecas.), El Mundo, 21
mars 2007.
[10]
Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres
éd, 2006), chapitre 24 « Llamame ».
[11]
[Verdict (2007), page 517 : « Ce qui est sûr c’est que, comme
l’ont dit plusieurs parties, dans cette documentation le sac de
sport qui contenait l’explosif n’apparait pas. » [Lo cierto es
que, como pusieron de manifiesto varias partes, en esa relación
no aparece la bolsa de deportes que contenía el explosivo.
[12]
Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres
éd, 2006), chapitre 17 « Los
intocables ».
[13]
Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres
éd, 2006), chapitre 21 « Déjà
vu ».
[14]
« La
Sentencia del 11M. La autoría material (II) », par Lucía
Velasco, Asturias Liberal, 1e septembre 2008.
[15]
Verdict en appel (2008), page 7 : « trois membres de la cellule
terroriste décrite, sans qu’on ait la certitude absolue de leurs
identités, se sont déplacés jusqu’à la localité de Alcala de
Heranes dans une fourgonnette blanche (...) En même temps,
d’autres membres du groupe faisaient de même en montant dans les
trains dans des lieux indéterminés » (tres miembros de la célula
terrorista descrita, sin que se tenga la certeza absoluta de sus
identidades, se desplazaron hasta la localidad de Alcalá de
Henares en una furgoneta blanca (...) Al tiempo, otros miembros
del grupo hacían lo mismo subiendo a los trenes en lugares no
determinados).
[16]
Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres
éd, 2006), chapitre 20 « La
busca », paragraphe « ¿Cómo llegó la Policía al piso de
Leganés ? ».
[17]
« Nos
llaman héroes (...) y somos tontos por ir donde fuimos »
(« On nous dit héros (...) et nous sommes des imbéciles d’y être
allé »), Cadena SER.com, 7 avril 2004 (la Cadena SER est
l’émettrice radio la plus écoutée d’Espagne) « Certains agents
des opération spéciales qui ont participé à l’assaut de
l’appartement de Léganes samedi dernier mettent en question la
manière dont l’assaut de l’immeuble a été ordonné. Ceci est le
témoigne intégral recueilli par la Cadena SER. » (Algunos de los
agentes de operaciones especiales que participaron en el asalto
del piso de Leganés el pasado sábado cuestionan la forma en la
que se ordenó el asalto al inmueble. Este es el testimonio
íntegro recogido por la Cadena SER.)
[18]
« Las
piedras de Pulgarcito » (Les cailloux du Petit poucet), par
Fernando Mugica, El Mundo, 11 mars 2005 : « 300 à la
minute est la cadence de tir de ces armes. Mais dans la
documentation exhaustive des démineurs et de la police
scientifique, les douilles des cartouches prétendument tirées
par ces mitrailleuses n’existent pas. Et où sont les impacts de
ces balles ? Et le marquage exact de leurs trajectoires, comme
cela se fait toujours dans n’importe quelle enquête
policière ? » (Trescientas por minuto es la cadencia de disparo
de esas armas. Pero en la relación exhaustiva de los Tedax y de
la Policía Científica no existen las vainas de los cartuchos
presuntamente disparados por esas ametralladoras. ¿Y dónde están
los impactos de esas balas ? ¿Y la marcación exacta de sus
trayectorias, como se hace siempre en cualquier investigación
policial ?)
[19]
Témoignage d’Abdelkader Kounjaa, 9 avril 2007. Il déclare
qu’il ne reconnaît pas la voix à trois reprises. Notamment :
« La voix qu’il avait... je suspectais que c’était pas mon
frère. Je lui dis : qui es-ce ? Et il me dit : c’est Abdula. Et
je lui dis : qui est Abdula ? - Ton frère. » (la voz que tenía…
que tenía duda como no si fuera mi hermano. Y le digo : ¿quién
es ? Y me dice : Soy Abdulá. Y le digo : ¿quién es Abdulá ? Tu
hermano.) Remarquons d’autre part que le verdict, éludant
totalement les doutes émis dans ce témoignage, pousse
l’incohérence jusqu’à le citer comme preuve de l’authenticité de
ces appels d’adieu (pages 568-569).
[20]
Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres
éd, 2006), chapitre 26 « Las
llamadas de Leganés ».
[21]
Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres
éd, 2006), chapitre 12 « El
cuento de El Chino », paragraphe « Un terrorista hacendoso ».
[22]
Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres
éd, 2006), chapitre 39 « Los
registros de Amena », paragraphe « ¿Qué pasa con las 7
tarjetas ? »
[23]
Témoignage des experts en téléphonie, 21 mai 2007. Défense
de Zougam : « Pourriez-vous indiquer exactement dans quel folio
de ce rapport se trouve l’information qui vous permet d’affirmer
que ces 7 cartes ont été allumées à Morata ? » (podrían indicar
ustedes exactamente en qué folio de este informe se encuentra el
dato que les permite afirmar que se encendieron esas 7 tarjetas
en Morata ?) Suite à quoi les experts n’apportent aucune réponse
consistante.
[24]
Cf. Verdict en appel (2008), page 7, Op. cit.
[25]
Témoignage du maître-chien, témoin protégé 28226, 19 mars 2007.
Défense de Zougam : « Dans le cas où dans cette fourgonnette on
aurait transporté 50 ou 30 kilos d’explosif. Le chien aurait
détecté cette odeur ? » - Maître-chien : « Oui il l’aurait
détecté, immédiatement. Parce qu’il reste des résidus
d’explosifs et le chien les auraient détectés. » (En el caso de
que en esa furgoneta se hubieran transportado 50 o 30 Kilos de
explosivo ¿El perro habría detectado ese olor ?- Si lo habría
detectado, inmediatamente lo habría, porque quedan residuos del
explosivo y el perro lo habría detectado.) Plus loin : Un autre
avocat demande ensuite si le chien l’aurait senti dans le cas où
l’explosif aurait été particulièrement bien emballé. Ce à quoi
le témoin répond que oui, car avec une telle quantité la
manipulation provoque toujours des traces.
[26]
Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres
éd, 2006), chapitre 5 « Las
miguitas del pulgarcito », paragraphe l« La furgoneta de
Alcala ».
[27]
Les Dessous du Terrorisme, par Gerhard Wisnewski,
Demi-lune éd. (2007), pages 23 à 28.
[28]
Verdict, page 476 : « les trains qui, comme cela figure dans la
documentation, ont été démantelés le 13 mars 2004 » (los trenes
que, como consta en el rollo de Sala, fueron desguazados el 13
de marzo de 2004).
[29]
Verdict en appel, page 652 : « Cependant on peut être surpris
d’une destruction si rapide, qui a empêché une étude postérieure
plus posée et approfondie d’aspects qui auraient pu être
d’intérêt pour l’enquête, et même son éventuelle réitération. »
(A pesar de ello puede resultar sorprendente una tan apresurada
destrucción, que impidió un estudio posterior más reposado y en
profundidad, e incluso su reiteración de haber sido necesaria,
de aspectos que pudieran haber resultado de interés para la
investigación.)
[30]
Verdict page 538 : « On ne connait pas avec une certitude
absolue la marque de la dynamite qui a explosé dans les trains »
(No se sabe con absoluta certeza la marca de la dinamita que
explotó en los trenes)
[31]
« La
nitroglicerina no ha venido volando », El Mundo, 4
juin 2007, entretien d’un des experts avec Antonio Rubio.
L’expert : « quand un chimiste analyse quelque chose, il fait
une dissolution qui passe par des équipements et ce qu’il
convient de faire c’est de la conserver. Dans notre cas, elles
n’avaient pas été conservées » (cuando un químico analiza
cualquier asunto, hace una disolución que pasa por unos equipos
de medidas y lo que procede es reservarla. Pues aquí no estaban
reservadas).
[32]
Verdict, page 541 : « Le tribunal, (...) considère qu’il est
prouvé que dans tous les cas il apparaît des composants de la
GOMA 2 ECO, ce qui indique que cette dynamite était présente
dans tous les foyers d’explosion des trains, bien qu’on ne
puisse écarter la présence d’une ou plusieurs autres marques de
dynamite. » (El Tribunal, (...) da por probado que en todos los
casos aparecen componentes de la GOMA 2 ECO, lo que indica que
ésta dinamita estuvo presente en todos los focos de los trenes,
si bien no se puede descartar la presencia de otra u otras
marcas de dinamita.)
[33]
Témoignage de la directrice du laboratoire des démineurs, expert
17632, 28 mai 2007. Avocat de Zougam : « Ces plaques vous
les conservez ? » - Chef du laboratoire des démineurs : « Non,
évidemment. » (¿Esas placas las conservan ? - Evidentemente no.)
[34]
Ibid. Le juge : « Donc celles [les notes prises par la
chef du laboratoire des démineurs] du 11 mars, de l’analyse que
vous faites le 11 mars même, vous ne les conservez pas ? » -
Chef du laboratoire des démineurs : « Celles-là non. » (O sea,
las del 11 de marzo, la del análisis que hace usted el mismo 11
de marzo no las conserva ? - Esas mismas no.)
[35]
Ibid. L’avocat d’une association de victimes :
« Pourquoi avez-vous attendu jusqu’à aujourd’hui pour les [les
composants chimiques] détailler alors que pendant ces trois
années vous n’évoquiez que « des composants générique » de
dynamite ? » (...) - Chef du laboratoire des démineurs :
« Pardon, à moi ils m’ont demandé quels composants il y avait,
et on a parlé, sans qu’ils me demandent « détaillez-moi ceux qui
apparaissent », ça ne s’est jamais produit. (...) et je ne me
souviens pas qu’on m’ait dit à aucun moment pendant ces quatre
ans que j’écrive les composants. » (¿Por qué ha esperado hasta
hoy para concretarlos y en estos tres años se refería únicamente
a « componentes genéricos de dinamita » ? (...) - Perdone, a mí
me hablaron de qué componentes había, y digo estuvimos hablando
eh, sin que me dijeran detálleme los que le salen a usted en el
análisis, a mí eso nunca se me produjo. (...) y yo no recuerdo
que se me dijera en ningún caso en estos cuatro años que
escribiera los componentes.)
[36]
Acte d’inculpation, page 53 : déclaration du chef des démineurs
de Madrid : « il était clair que ce n’était pas du Titadine
parce que ce type d’explosif mord, c’est à dire qu’il ne découpe
pas proprement, au contraire un haut explosif découpe totalement
et vu le résultat des explosions, ça pourrait être du C3 ou du
C4 » (tenían claro que no era Titadine porque este tipo de
explosivo muerde, es decir, que no tiene corte limpio, en cambio
un alto explosivo corta totalmente y una vez visto los
resultados de las explosiones podía tratarse de un C3 o un C4).
[37]
Acte d’inculpation, à partir de la page 78
[38]
Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres
éd, 2006), chapitre 10 « El
tiempo debe detenerse », paragraphe « Tirando del hilo ».
[39]
Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres
éd, 2006), chapitre 20 « La
busca » : Réponse de la police, 20 mai 2005 : « En réponse à
la sollicitation du tribunal... en rapport avec les faites
survenus dans la localité de Léganes les 3 et 4 avril de l’année
passée, nous informons que, étant donné le temps passé, on ne
conserve plus les bandes d’enregistrement des faits en
question. » (Dando cumplimiento a lo solicitado por ese Juzgado...
respecto a los hechos ocurridos en la localidad de Leganés los
días 3 y 4 de abril del pasado año, se participa que, dado el
tiempo transcurrido, ya no se conservan las cintas de grabación
de dicho suceso).
[40]
Verdict, page 634 : « les conversations de Rabei Osman EL SAYED
AHMED dans lesquelles, selon les accusations, il se déclare
auteur intellectuel des attentats en disant « le fil de ce qui
s’est passé à Madrid est à moi...c’était mon projet le plus
cher, etc. », sont clairement erronées » (las conversaciones de
Rabei Osman EL SAYED AHMED en las que, según las acusaciones, se
atribuye la autoría intelectual de los atentados al decir que
« el hilo de lo de Madrid fue mio...era mi proyecto más querido,
etc. », son claramente equívocas]. Et verdict, page 720 : « NOUS
DEVONS ABSOUDRE ET NOUS ABSOLVONS (...) Rabei Osman EL SAYED
AHMED(...) de tous les délits dont il était accusé. » [DEBEMOS
ABSOLVER Y ABSOLVEMOS A (...) Rabei Osman EL SAYED AHMED(...) de
todos los delitos de que venía acusado).
[41]
Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres
éd, 2006), chapitre 29 « El
Chileno ».
[42]
« Trashorras :
’La Policía me ofreció dinero para incriminar a Zougam y ’El
Tunecino’ », El Mundo, 5 septembre 2006, entretien de
Trashorras avec Fernando Mugica. « J’ai dit au juge que Jamal
Ahmidan, que je connaissais comme ’Mowgli’, emportait les
explosifs parce que c’est la police qui me l’avait demandé
[...] ; j’ai été menacé et contraint à déclarer en ce sens » (Yo
le dije al juez que Jamal Ahmidan a quien conocía como ’Mowgli’,
llevaba los explosivos porque así me lo pidió la Policía [...] ;
fui amenazado y coaccionado para que declarase en ese sentido).
[43]
Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres
éd, 2006), chapitre 7 « Jamal
Zougham, cabeza de turco ».
[44]
Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres
éd, 2006), chapitre 9 « Visperas
de sangre », paragraphe « Quinto enigma : llamadas de
cortesía ».
[45]
Verdict, page 529 : « Six autres [téléphones] ont été confiés
(...) à l’établissement Test Ayman, S. L. par l’employé Cuenca
Medina, selon les déclarations coïncidentes de (...) et de
Maussili Kalaji, propriétaire de Test Ayman, S.L. » (otros seis
fueron encargados (...) al establecimiento Test Ayman, S.L. por
el empleado Cuenca Medina, según las declaraciones coincidentes
de (...) y de Ayman Maussili Kalaji, dueño de Test Ayman, S.L.).
[46]
Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres
éd, 2006), chapitre 15 « Un
ejercicio de escapismo », paragraphes « Con la Policía en
los talones et El escape ».
[47]
Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres
éd, 2006), chapitre 9 « Visperas
de sangre », paragraphe « Cuarto enigma : el tiempo
invertido ».
[48]
Verdict, page 563 : « Les folios 73357 et 73358 contiennent une
comparution du fonctionnaire du Corps National de Police numéro
73.158 dans laquelle, après avoir expliqué qu’il se dédiait
jusqu’en juillet 2003 au secteur spécial de filatures du
commissariat général d’information [service de
l’anti-terrorisme] et qu’il vivait 40 rue Martin Gaite à Léganes,
il reconnait un dossier de documents à son nom et numéro
professionnel. » (Consta a los folios 73357 y 73358 una
comparencia del funcionario del Cuerpo Nacional de Policía con
número 73.158 en la que, tras explicar que hasta julio de 2003
estuvo destinado en el área especial de seguimientos de la
comisaría general de información y que vivía en el calle Martín
Gaite número 40 de Leganés, reconoce una carpeta con documentos
con su nombre y número profesional.)
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