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RIA Novosti
Législatives en
Israël: un tournant vers la droite ?
Maria Appakova
Lundi 9 février 2009 La situation dans la bande de Gaza et
l'Iran sont les principaux sujets des batailles électorales en
Israël. Ils ont notamment été évoqués dans les discours
prononcés par les potentiels candidats au poste de premier
ministre à la tribune de la conférence internationale qui s'est
tenue du 2 au 4 février dans la ville israélienne d'Herzliya.
Cette conférence est traditionnellement considérée comme un
lieu où les hommes politiques israéliens annoncent leur
stratégie de développement de l'Etat hébreu et, en premier lieu,
leur vision des problèmes de la sécurité régionale. Ainsi, c'est
du haut de cette tribune que le premier ministre israélien Ariel
Sharon avait ouvertement annoncé, il y a quelques années,
l'intention des Israéliens de se retirer de la bande de Gaza.
Cette fois, compte tenu de la situation électorale, il n'a pas
été question de tracer une stratégie précise, mais plutôt de la
choisir. C'est pourquoi la parole a été accordée à la conférence
aux potentiels candidats au poste de premier ministre.
Ces candidats formels sont Benjamin Netanyahu (Likoud), Tzipi
Livni (Kadima) et Ehud Barak (Avoda), mais seuls les deux
premiers ont une chance réelle de gagner. Selon les sondages de
l'opinion, le parti Avoda est sérieusement en retard sur ses
concurrents, bien plus, il occupe pour l'instant la quatrième
place dans la course électorale, évincé par le parti "Israel
Beytenou" (Israël, notre maison) mené par Avigdor Lieberman,
ex-ressortissant de l'URSS.
La percée impressionnante d'Avigdor Lieberman mérite une
analyse à part. Mais ce grand phénomène de la campagne
électorale marque un tournant considérable des Israéliens vers
la droite, de même que la perspective de la victoire du Likoud,
qui devance légèrement le parti Kadima dans les sondages
d'opinion. La chance de la formation en Israël d'un gouvernement
de droite, voire d'extrême droite, est très grande.
Est-ce que cela signifie la fin du processus de paix entre
Palestiniens et Israéliens et, en général, des négociations de
paix entre Israël et le monde arabe?
La différence fondamentale entre le Likoud et Kadima formulée
par les leaders des deux partis au cours de la campagne
électorale réside justement dans l'attitude à l'égard des
négociations de paix. En ce qui concerne l'Iran, les positions
de tous les candidats sont, en fait, identiques.
Quant à l'attitude envers les Palestiniens, Tzipi Livni a
l'intention de poursuivre la politique d'Ehud Olmert, son
prédécesseur au poste de leader du parti Kadima, visant à mener
des négociations avec le gouvernement palestinien de Mahmoud
Abbas en vue de créer un Etat palestinien. Tzipi Livni est prête
à céder une bonne partie du territoire occupé par Israël après
1967, entre autres, au prix de l'évacuation des colonies juives.
Cependant, sa volonté de négocier s'associe à la ligne dure à
l'égard du Hamas et n'exclut pas, si nécessaire, la poursuite
des opérations militaires. Tzipi Livni a déjà prouvé sa dureté
au cours de la récente opération militaire lancée par Israël
dans la bande de Gaza qui s'est terminée trois semaines avant
les législatives. En fait, la guerre de Gaza a été une action
électorale de Tzipi Livni qui a pleinement manifesté aussi bien
sa dureté que la volonté de rechercher des compromis politiques,
ainsi que sa capacité de savoir s'arrêter à temps.
D'ailleurs, en ce qui concerne "à temps", ses opposants
politiques, en premier lieu Benjamin Netanyahu, ont beaucoup de
questions à poser. Le leader du Likoud estime que l'actuel
gouvernement israélien, avant tout le premier ministre Ehud
Olmert, la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni et le
ministre de la Défense Ehud Barak (alliance de Kadima et d'Avoda)
ont arrêté trop tôt l'opération dans la bande de Gaza et raté la
chance de porter un coup foudroyant au Hamas. Au lieu de parler
de la création d'un Etat palestinien, Benjamin Netanyahu préfère
accorder son attention aux questions liées à la sécurité. Mais
il n'est pas prêt à discuter du règlement politique du conflit
palestino-israélien tout en étant disposé à régler les problèmes
sociaux et économiques de l'Autorité palestinienne.
En fait, c'est un retour de 10 ans en arrière, à l'époque où
"Bibi" (comme on l'appelle en Israël) fut premier ministre. Il
est peu probable que cela arrange les Palestiniens qui ont déjà
reçu des promesses sur la création de leur Etat dans un proche
avenir, faites non seulement par le gouvernement israélien
précédent, mais aussi par Washington en la personne de la
nouvelle administration Obama. Et le soutien des Etats-Unis est
un atout non négligeable pour les hommes politiques israéliens
dans la campagne électorale, car la stabilité financière et
politique d'Israël, y compris le soutien dans l'arène
internationale, y sont en jeu. Cependant, bien que Barack Obama
ait maintes fois déclaré son attachement à la sécurité d'Israël,
il est fort douteux qu'il apprécie positivement le fait que
Benjamin Netanyahu freine le processus de paix, car c'est une
affaire d'honneur pour l'administration américaine.
Ce n'est pas par hasard que, dans un de ses discours
électoraux, Tzipi Livni a déclaré, en réponse aux reproches de
M. Netanyahu de n'avoir pas achevé l'opération militaire dans la
bande de Gaza, que le leader du Likoud savait comment il faut
faire la guerre, mais qu'il ne savait pas comment il faut
travailler avec les alliés, y compris les Etats-Unis, en vue de
parvenir à l'établissement de la paix. Dans son discours
prononcé au cours de la conférence d'Herzliya, elle s'est
prononcée de façon encore plus dure : "La colombe de la paix est
assise sur le rebord d'une fenêtre, à présent, il faut prendre
une décision: faut-il ouvrir la fenêtre pour la laisser entrer,
malgré nos craintes, ou bien fermer cette fenêtre". Pour parer
aux arguments de Benjamin Netanyahu, elle a notamment déclaré:
"le choix entre la paix et la sécurité n'existe pas, par
conséquent, celui qui contraint la société à faire ce choix fait
une erreur lui-même et induit en erreur la société, il ne
comprend pas le monde dans lequel nous vivons".
Les tentatives des partisans de Tzipi Livni pour présenter
ses opposants du Likoud comme porteurs de l'idéologie dépassée
se sont heurtées à une riposte. Le discours prononcé par
Benjamin Netanyahu à Herzliya était non moins éclatant : "Dans
quelques jours, les citoyens israéliens en finiront avec l'ère
des illusions et de la faiblesse et fraieront la voie à la
reconnaissance de la réalité". Selon lui, l'époque des
illusions, c'est celle de Kadima qui tente de parvenir au
règlement définitif de la crise au Proche-Orient. "Bibi" joue le
rôle d'un prophète qui avait prédit il y a quelques années que
des missiles palestiniens tomberaient sur les villes du Sud
d'Israël et prévu l'accroissement de la menace émanant de
l'Iran. Benjamin Netanyahu promet à ses électeurs de prendre des
mesures énergiques et rigoureuses à la différence des mesures
diplomatiques boiteuses de Kadima.
Et si son époque s'avère une nouvelle ère des illusions au
lieu de devenir une époque des changements si longtemps
attendue? D'ailleurs, comme l'a montré plus d'une fois
l'histoire d'Israël, les actions des premiers ministres de
droite sont bien plus douces que leurs promesses électorales et
celles des colombes de gauche sont parfois autant dures que la
politique des faucons de droite. Les Israéliens, ont-ils un
choix?
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la
stricte responsabilité de l'auteur.
© 2008 RIA Novosti
Publié le 10 février 2009
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