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RIA Novosti
Proche-Orient: la paix ne dépend pas
d'Olmert
Maria Appakova 
Photo CPI
1er
août
2008 Le premier ministre israélien Ehud Olmert a annoncé qu'il
n'avait pas l'intention de participer aux primaires de son
parti, Kadima, qui devraient avoir lieu le 17 septembre, et
qu'il démissionnerait de son poste aussitôt après l'élection du
nouveau leader du parti. Cette décision a été prise à cause des
poursuites judiciaires dont il fait l'objet. Olmert est
soupçonné de corruption et ses opposants politiques et
compagnons au sein du parti réclamaient depuis longtemps la
démission du premier ministre. Cependant, il avait jusque-là
gardé le silence à propos de ses intentions futures.
La déclaration du premier ministre a coïncidé avec les
nouveaux rounds de négociations entre Israël et la Syrie, qui se
déroulent en Turquie, et d'autres pourparlers avec les
Palestiniens aux Etats-Unis. La question de savoir si le
processus de paix progressera après le départ d'Olmert a éclipsé
l'ordre du jour des négociations.
C'est sous son mandat qu'Israël a repris, après une longue
interruption, les négociations de paix aussi bien avec les
Palestiniens qu'avec les Syriens. Mais n'importe quel autre
premier ministre israélien aurait probablement fait de même,
car, comme on dit, il y a un temps pour la guerre, et un temps
pour la paix. C'est ce dernier qui est en cours actuellement.
Cependant, Ehud Olmert n'a pas réussi à obtenir de progrès
significatifs dans le processus de paix. On peut l'attribuer
partiellement à son impopularité dans le pays et à l'instabilité
politique observée aussi bien à l'intérieur d'Israël que dans
les territoires palestiniens. Cependant, étant donné que ni les
Palestiniens ni les Israéliens ne sont prêts à faire des
compromis douloureux, il est peu probable qu'un autre premier
ministre israélien puisse faire plus.
Il en est de même pour le dossier syrien: Olmert a repris les
négociations, mais il n'est certainement pas la bonne personne
pour persuader la société israélienne de restituer les hauteurs
du Golan aux Syriens.
Une nouvelle interruption prolongée des négociations pourrait
frapper douloureusement le dossier palestinien en particulier.
Aucun coup de feu ne retentit à la frontière syro-israélienne,
en revanche, des affrontements ont lieu presque chaque jour
entre Palestiniens et Israéliens. Nous sommes face à un
paradoxe: de nombreuses questions ont été décidées précisément
entre les négociateurs palestiniens et israéliens et la
possibilité de conclure un accord de paix de transition est à
l'étude.
Néanmoins, rien ne prouve qu'il en sera ainsi, tout comme il
est impossible de savoir si le processus de paix ne pourrait pas
s'arrêter brusquement dans le cas où Olmert resterait. Bref,
aujourd'hui, la logique du processus de paix au Proche-Orient
dépend très peu de celui qui tiendra le gouvernail en Israël, à
moins que le nouveau premier ministre ne soit une personnalité
hors du commun, capable d'entraîner toute la société israélienne
derrière lui et de lui imposer sa volonté. Mais, pour l'instant,
il n'existe aucune personnalité de ce type sur la scène
politique d'Israël. D'ailleurs, la situation en Palestine est
probablement la même.
C'est pourquoi la déclaration d'Ehud Olmert n'a pas fait
d'émules au Proche-Orient: elle n'a pas apporté plus de clarté
mais n'a pas non plus embrouillé les choses. En ce qui concerne
Israël, la démission d'Olmert y est essentiellement accueillie
avec soulagement. D'après un sondage effectué à la demande de la
Dixième chaîne de télévision israélienne, plus de 77% des
Israéliens sont mécontents de la politique appliquée par leur
premier ministre. Ils refusent de lui pardonner, en particulier,
la campagne libanaise. Le récent échange de dépouilles de
soldats israéliens enlevés par le Hezbollah contre des
terroristes vivants a définitivement choqué les Israéliens. Ils
n'associent Olmert qu'à la défaite. Mais rares sont ceux qui
réfléchissent à la question de savoir si celui qui le remplacera
sera capable de changer la situation.
Actuellement, pour la majorité des Israéliens, n'importe quel
autre premier ministre, hormis Ehud Olmert, fera l'affaire.
Néanmoins, ils ont des préférences. Selon ce même sondage, 36%
des Israéliens souhaiteraient voir Benjamin Netanyahu, président
du Likoud et leader de l'opposition, occuper le poste de premier
ministre. 24,6% voteraient pour la ministre actuelle des
Affaires étrangères Tzipi Livni, qui remportera probablement les
primaires du parti Kadima. 14,9% sont prêts à donner leurs voix
à Ehud Barak, président du Parti travailliste, et ministre de la
Défense.
Bien qu'ils appartiennent à des partis différents, ces trois
politiques ont beaucoup de points communs. Malgré le fait que
Benjamin Netanyahu soit considéré comme un adversaire du
processus de paix et qu'il soit moins enclin aux compromis,
l'expérience de l'époque où il assumait le poste de premier
ministre (1996-1999) a prouvé qu'il pouvait parfaitement apposer
sa signature au bas des accords de paix. Concernant Ehud Barak
et Tzipi Livni, les deux pourraient aussi très bien s'avérer
récalcitrants. Bien des choses dépendent de la situation en
matière de sécurité au moment des élections, et de l'état
d'esprit de l'opinion israélienne.
Pour le moment, les hommes politiques se préparent à la
bataille. Les primaires du parti Kadima auront lieu le 17
septembre. Ensuite, la situation sera de nouveau incertaine.
Pour le futur leader israélien, il ne suffira pas de gagner les
primaires de Kadima pour occuper automatiquement le fauteuil de
premier ministre d'Ehud Olmert. Il devra tout d'abord former un
nouveau gouvernement. Si cela s'avère impossible (cette variante
est tout à fait envisageable), Olmert pourrait de nouveau
occuper le poste de premier ministre, bien que temporairement,
jusqu'à des élections législatives anticipées. D'ailleurs, quoi
qu'il en soit, elles sont inévitables. Le président du Likoud
Benjamin Netanyahu insiste déjà sur leur tenue car il est
certain de sa victoire. Et malheureusement, la période
électorale n'est pas la plus propice aux ententes, même si les
négociations de paix se poursuivent.
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la
stricte responsabilité de l'auteur.
© 2008 RIA
Novosti
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